Otros artigos deste número | Versión en inglés | Versión en francés
Présentation
Les editeurs
"Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites...
Comment ipourrez-vous échapper à la condamnation de la géhenne? »...
Mt 23,13-33
Quand Jésus parle ainsi, il ne fait que reprendre le langage des prophètes d'Israël, et pourtant bien des gens sont choqués lorsqu'ils lisent de tels passages dans ;le Nouveau Testament; ils les considéreraient faci lement comme des textes « antisémites». II est vrai que les Ecritures chrétiennes reflètent ~les polémiques entre juifs et chrétiens d'une époque postérieure à Jésus (cf. les Notes :pour les catéchistes at prédicateurs de Juin 1986, par. 4); on jugerait cependant ces passages tout autrement si d'on se rappelait qu'i(l était juif lui-.même, et qu'il parlait alors à ses concitoyens, juifs comme lui, le langage habituel des prophètes, un langage rude, dur à entendre certes, mais símilaGre à celui d'Isaie, de Jérémie et de tant d'autres prophètes en Israël.
En fait, ces paroles de Jésus, quand nous les lisons ou les entendons proclamer à l'église, c'est à nous qu'elles s'adressent aussi et que nous devons les appliquer, tout comme le font nos frère juifs lorsqu'ils écoutent à la synagogue les paroles de Jérémie (7,24):
u Ils n'ont pas écouté... ils ont suivi le penchant de leur coeur mauvais... ».
Les Evangiles rapportent à plusieurs reprises 4e fait que les fou-les, à la suite de certains signes, ont reconnu en Jésus un prophète (cf. Mt 6,14; Lc 7-18; Jn 4,19; 9,17...), et ils témoignent aussi de la présence autour de lui de groupes de croyants, tels Zacharie, Siméon, Anne, Jean Baptiste, qui attendaient quelque -manifestation prophétique, peut-être le « Prophète » annoncé pour La fin des temps.
Jésus, lui, ne s'est .pas attribué le titre de prophète; :mais il n'a pas refusé non plus une telle appellation quand elle lui a été adressée, et il est indéniable qu'il nous est présenté, dans la tradition chrétienne, sous des traits prophétiques. Sa vie, ses paroles, ses actes, le message qu'il porte, sa critique des valeurs reçues, son appel à la conversion... multiples sont les traits, comme le montre bien M. Pesce dans son article (pp. 8-11), qui le rapprochent des grands prophètes d'Israël.
Et en même temps, dès ses origines, la communauté chrétienne a vu en Jésus plus qu'un prophète: elle a eu conscience qu'il n'était pas seulement celui qui transmettait un message, les pa,roles du Père, mais qu'il incarnait en quelque sorte lui-même le Message:
"Le Verbe s'est fait chair
et il a demeuré parmi nous », affirme l'évangéliste Jean (1,14).
Même si nos deux traditions, juive et chrétienne, puisant à la même source de la Torah et des Prophètes, divergent quand il s'agit de la personne st de l'identité de Jésus, nous croyons les uns et les autres que nous avons un témoignage « prophétique » à porter dans le monde. Depuis la chute du Temple, affirme D. Stawsky (dans son article pp. 16-19), la prophétie passe du stade individuel au stade collectif, et c'est « le corps entier du peuple d'Israël » qui est appelé à l'action prophétique, selon le voeu formulé en Nombres 11, 29. Dans l'Eglise, dès les origines, le charisme prophétique est considéré comme important, rattaché à l'événement de la Pentecôte (cf. Ac 2,14 et suiv., 1 Co 14,1-5 etc...); et si, par la suite, cette dimension du peuple chrétien a été mise parfois en veilleuse, voilà que de nos -jours l'Eglise se sent davantage appelée, comme l'affirme 'la Constitution Dogmatique sur l'Eglise (Lumen Gentiurn 11,112) à c participer à la fonction prophétique du Christ».
Oui, de plus en plus, juifs et chrétiens, nous avons conscience d'être appélés ensemble dans le monde à marcher dans la voie des prophètes, en dénonçant toutes les formes d'idolâtrie, oeuvrant pour la justice envers les pauvres et les opprimés, ouvrant une porte sur l'espérance et témoignant, dans la construction du monde, de la force de libération qui vient de la puissance de Dieu.