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Revista SIDIC XXI - 1988/3
La Typologie et ses problèmes (Pages 03)

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Les « Notes pour une présentation correcte des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse », publiées par le Vatican en 1985, affirment que c'est par l'emploi de la typologie surtout que l'Eglise a résolu traditionnellement le problème du rapport entre l'Ancien et le Nouveau Testament, mais elles font remarquer en même temps que c la typologie suscite chez beaucoup de gens un malaise» et que c c'est là peut-être l'indice d'un problème non résolu ». En fait, rares sont les exégètes modernes qui usent encore de cette méthode de lecture; et les juifs, eux, ont toujours l'impression pénible qu'elle prive de leur valeur intrinsèque les réalités bibliques et juives. Aussi les uns et les autres ont-ils été ou étonnés, ou heurtés même, par le fait que la lecture typologique soit la seule lecture proposée aux catéchistes -et prédicateurs dans le paragraphe des « Notes » qui traite des rapports entre l'Ancien et le Nouveau Testament (par. II).
Une telle lecture présente en effet des aspects divers et complexes. Elle est, d'une part, comme une re-méditation continuelle par le croyant d'événements de salut (une re-méditation que le chrétien fait à la lumière du Christ mort et ressuscité), et en cela elle ne relève pas tant du rationnel que d'une percep tion directe de la conscience, du symbole et du mystère (cf. Sofia Cavalletti in SIDIC XIX; N. 2-1986): et, en ce sens, nous la trouvons déjà dans la Bible, et dans la tradition juive, celle du Midrash surtout (cf. Florilège p. 23). Mais elle est aussi, dans le sens actuel du mot, un phénomène bien « chrétien ». Elle s'est développée en fait, dans l'Eglise primitive puis chez les Pères de l'Eglise, dans un contexte polémique, hostile au judaïsme, étant marquée de plus en plus par une mentalité triomphaliste et une théologie de la substitution, comme le montre bien l'article de F. Rossi de Gasperis (p. 4-8) et celui même de F. Cocchini (p. 9-11).
La typologie n'est cependant qu'une manière de comprendre la relation qui existe entre les deux Testaments, et l'article de C. Di Sante nous propose une voie différente, nouvelle (p. 12-18). Un autre problème demeure, et il n'est pas encore résolu de nos jours: Comment donner sa véritable valeur de révélation à l'Ancien Testament? Même si, pour les catholiques, un passage en est lu chaque dimanche au cours de l'Eucharistie, le sens de ce passage est rarement développé au cours de l'homélie. Beaucoup de chrétiens ne voient encore trop souvent dans l'A.T. qu'une préparation ou une ombre du Nouveau, et ils se privent ainsi d'une forme, valable et riche, de révélation biblique.
Une manière de redécouvrir le premier Testament, avec tout son poids de révélation, c'est de connaître l'interprétation juive de ces textes qui, depuis les origines, inspirent la vie quotidienne de la communauté. L'article de J. Magonet (p. 19-21) pourra nous aider à découvrir ces richesses. Les biblistes chrétiens devraient aider I'Eglise à découvrir dans l'A.T. un message qui éclaire vraiment sa vie. C'est ce qu'a tenté de faire Robert Murray, S.J.. Dans une conférence intitulée « L'Ancien Testament est-il dépassé?», il faisait remarquer que dans l'A.T. nous sont révélées des faces différentes de Dieu, que nous trouvons des affirmations contradictoires à son sujet, et aussi des réponses humaines très diverses; et il faisait remarquer aussi que cette diversité était un merveilleux «stimulus» pour la théologie. De telles antithèses sont une invitation à ne pas nous contenter d'un seul sens, au détriment de tous les autres, à ne pas nous laisser déconcerter par la diversité, mais à nous rappeler que nous sommes devant des images et des réponses humaines, toutes inspirées par Dieu, mais marquées par certains contextes humains et culturels.
Plus les chrétiens seront sensibles à cette diversité du langage divin et des réponses humaines, plus ils auront de respect pour des groupes religieux différents d'eux, pour des expériences de révélation autres que la leur; et plus ils seront aussi en mesure de faire face aux grands problèmes de la société actuelle. La rencontre judéo-chrétienne pourrait peut-être jouer le rôle de catalyseur dans ce processus de rencontre et de connaissance nutuelle des croyants.

 

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