Otros artigos deste número | Versión en inglés | Versión en francés
Le Travailleur à la tâche
Edward Berkeley, NDS
La collaboration du Père Rijk au Sidic remonte aux origines, c'est-à-dire à l'époque où, à la suite du Concile Vatican II, un Comité d'Évêques le désigna membre du Comité directeur de la nouvelle organisation dénommée SIDIC (Service International de Documentation JudéoChrétienne). Ce service fut créé par les Soeurs de Notre Dame de Sion, à la demande des Évêques, pour favoriser l'application de la Déclaration conciliaire Noswa Aetate concernant les rapports de l'Église avec les religions non chrétiennes.
Depuis cette date, jamais l'intérêt porté par le Père Rijk au SIDIC ne fléchit. Pendant les six premières années de son séjour à Rome, alors que, choisi par le Cardinal Bea, il travaillait comme Secrétaire aux relations judéo-chrétiennes dans le Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens, on le trouvait toujours prêt à partager sa vaste connaissance des problèmes judéo-chrétiens avec le petit groupe des Soeurs de Sion qui oeuvrait â mettre sur pied le SIDIC.
A la fin de l'année 1972, le Pète Rijk quittait Je Secrétariat pour l'Unité et devenait, en janvier 1973, Directeur du SIDIC dont le quartier général avait été installé dans un grand appartement du « Palazzo Doria », grâce à la générosité de la Princesse Orietta Doria Pana. philj. Ce Palazzo » se trouve au centre même de Rome, à cinq minutes de distance de l'Université Grégorienne, de l'Institut Biblique, sur un trajet parcouru chaque jour par des centaines d'étudiants, clercs ou non. C'était chose courante de voir des étudiants se diriger vers le SIDIC pour une brève conversation ou la consultation rapide de quelque texte dans la bibliothèque.
Le Père Rijk était une personnalité chaude et accueillante. Il avait toujours désiré que l'accueil au Sidic soit aussi simple et familial que possible et non comme dans un centre administratif. Il faisait grand cas de l'ambiance, de l'accueil fait aux visiteurs, et tenait à ce qu'ils se sentent au Sidic immédiatement chez eux. En même temps il voulait que le SIDIC soit un lieu de travail et de sérieuses recherches sur les relations judéo-chrétiennes — il était toujours en quête de nouveaux livres et de matériel documentaire —, et un endroit où chrétiens, juifs, étudiants et spécialistes puissent se rencontrer et discuter autour d'une tasse de café. Plus d'une question épineuse se trouva abordée dans cette atmosphère sympathique; plus d'un projet vit le jour en vue de développer les relations judéo-chrétiennes (but du SIDIC) à Rome et à l'étranger.
Une Association SIDIC fut fondée en 1971 dans le but de faire mieux connaître ce Service, d'en accroître les membres, de découvrir des personnes intéressées à ce travail, et d'augmenter les ressources. Après des années d'attente et de négociations, SIDIC fut reconnu par l'État italien, en 1977, comme « Personne morale », comme groupement. Le SMIC fit ainsi un grand pas en avant, mais, selon toute évidence, cette mesure entraînait de grosses responsabilités. Le désir du Père Rijk était de voir le plus grand nombre possible de personnes intéressées aux relations judéo-chrétiennes et aux questions que ces relations soulevaient. Ceci l'amena à regarder loin et de tous côtés. Il cherchait à créer le plus de contacts possibles et suivait, dans ce but, des Congrès et des réunions dans de nombreux pays du monde.
Signalons quelques pays où il se rendit pour faire des conférences: l'Angleterre, la France, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne, Malte, Israël, le Canada, les États-Unis, l'Autriche, l'Australie et l'Indonésie. Cela représentait évidemment des voyages fréquents en peu de temps. Mais toutes ces visites d'affaires étaient préparées dans le détail, afin de perdre le moins de temps possible, car un travail urgent l'attendait toujours à Rome, à son retour. A l'occasion de ces voyages, le Père Rijk s'efforçait d'établir des contacts solides et durables qui, dans la suite, le tiendraient au courant des idées et des questions urgentes.
A Rome, l'une des initiatives les plus réussies fut, à chaque quinzaine, la lecture des Psaumes dirigée par un juifs, le Professeur Augusto Segte et par un chrétien, un bibliste bénédictin, chacun donnant son interprétation du Psaume choisi. Une discussion suivait, amenée par les auditeurs. Puis, chaque quinzaine des conférences furent organisées, donnant la parole parfois à un juif, parfois à un chrétien, de langue italienne, française, anglaise. C'étaient d'excellentes occasions pour les uns et les autres d'enrichir leurs connaissances. Pendant deux ans, des cours furent organisés au SIDIC sur le Talmud etle Shahbat, cours reconnus par l'Université grégorienne.
Il est difficile de compter les cours du Père Rijk. Je ne l'ai jamais vu refuser un cours ou une série de cours, à qui que ce soit, dans n'importe quelle partie du monde, si seulement il pouvait les donner. Son dernier voyage de conférences était celui fait en Australie, où, durant un mois il enseigna un peu partout.
Par la chaleur de son accueil et son sens de l'humour, le Père Rijk avait le don de mettre tout le monde à l'aise. Qu'il reçût un jeune étudiant sans expérience aucune, ou qu'il discutât de questions sérieuses et complexes avec des professeurs et des savants, chacun sentait en lui quelqu'un qui se souciait de son interlocuteur, qui était intéressé à ses problèmes et prêt à lui donner toute l'aide possible.
Chaque année de nouveaux projets prenaient vie. L'un des projets plus récents était l'organisation, avec la Maison éditrice Queriniana, de visites en Israël de caractère scientifique. On demanda aux participants de faire plusieurs heures d'études par jour, de nouer des relations avec la population juive et arabe, de suivre des cours aux Universités de Jérusalem, de Tel Aviv et d'autres villes. Ces visites-étude furent très appréciées par les participants.
On jouissait, au SIDIC, de la visite de nombreuses personnes qui cherchaient à être mieux informées des relations judéo-chrétiennes. Tous les ans, les Responsables de l'Ami-Defamation League venaient honorer le SIDIC de leur visite. Des Étudiants de Centres Universitaires étrangers, comme de celle de Leiden, Hollande, visitaient les bureaux ainsi que des prêtres venus d'un peu partout, quelquefois sur leur route pour Israël.
Si le Père Rijk avait vécu il aurait certainement exploré bien d'autres voies. Ce qui est incontestable, c'est que le Sidic aurait difficilement trouvé, pour diriger le Service, une personne plus engagée dans la recherche de relations judéo-chrétiennes.
Ce compte-rendu, très bref et très incomplet donne cependant, je l'espère, une idée de l'immense travail accompli par le Père Rijk en si peu de temps. En la personne du Père Rijk, le SIDIC, l'Église, et peut-être le Monde ont perdu une personnalité marquante.
C'est avec une immense consternation que j'apprends la disparition du Révérend Professeur Comelis Rijk, votre Directeur que j'estimais vivement et avec qui nous avions commencé une collaboration active, précisément lors d'une réunion qui avait eu lieu chez moi. Ensuite, malheureuseument, les nécessités de la vie nous empêchèrent de la continuer; mais j'espérais toujours et notre Présidente l'avait même sollicitée récemment et le Père nous l'avait promise.
J'imagine le grand vide ressenti par chacun au SIDIC et je m'unis aux prières qui seront faites à sa mémoire.
Aldo Neppi Modena - Vice-Président Amitié judéo-chrétienne de Florence