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Le Psaume de Marie: Magnificat
Marie Hélène Fournier, NDS

L'hymne « Magnificat », inséré par Luc dans son chapitre 1. monte du coeur de la primitive Eglise ansi que de Marie, nourries également de la méditation des Psaumes (Tehillim a le sens de « louange » en hébreu) et du chant de gratitude de leur ancêtre Anne, mère de Samuel. Il faut relire ce cantique (1 Sa 2,1-10) pour ressentir l'unité nouvelle du « psaume de Marie», avec ses éléments bibliques (pas moins de 18 reminiscences). On les retrouvera ci-dessous notées à droite des versets.

A la louange qu'Elisabeth lui adresse: « Tu es bénie entre les femmes! », Marie répond par ce psaume joyeux, à l'horizon très large, qui rapporte tout à Dieu et perçoit son action libératrice à l'égard des petits. Chantons-le avec elle, mais aussi en Eglise, car si Marie est Mère de Jésus-Christ, l'Eglise aussi porte son Seigneur dont elle est le corps en formation: la communauté en devenir. Et elle a une « mémoire ».

Marquons les trois parties d'un refrain chanté, tiré du premier verset, ainsi mieux adapté au vocabulaire des enfants, et mémorisons les 9 versets en les rythmant.

Louange et grandeur de Dieu: vers. 47-49

Refr. 47
Magnifique est le Seigneur,
tout mon coeur pour chanter Dieu, Ps 104,1
Dieu ma joie et mon Sauveur! 1 S 2,1-10; Ha 3,18

Les paroles du refrain ont l'avantage de garder la consonance du mot « Magnificat ». On peut utilement rétablir, à la reprise, le terme « mon Sauveur » qui donne le climat du psaume. Faire comprendre ce qui se passe d'inouï: la puissance de cette louange: Mon coeur « fait-Dieu-grand », « fait-Dieu-magnifique » en le chantant comme tell

48 Il s'est penché sur sa petite servante, 1 S 1,11; Ps 113.5-6
désormais tous les àges me diront bienheureuse Jdt 13 et 15

49 Le Puissant fit pour moi des merveilles,
Saint est son Nom Ps 111,9; 103,1

— Remarquons les divers titres donnés: 5 façons de moduler le NOM
qu'on ne prononce pas directement, mais qu'on décrit:
Seigneur. Dieu, mon Sauveur, le Puissant, le Saint...

Chacun de ces noms est un attribut qui introduit une action de Dieu: ses actes pour Israël et pour l'humanité.

Seigneur, réservé à la prière au Dieu de tendresse qui visite son peuple;
Dieu, nom du Créateur qui fait toute justice;
Celui qui sauve (rappeler les gestes de salut dans l'histoire);
Celui qui peut tout (a rien n'est impossible à Dieu »);
Celui qui sanctifie en rapprochant de Lui, le Saint, au-delà de tout, parce que tout adorable (Qadosh), dans les hauteurs comme sur la terre.

Expliquons ces termes et écoutons comment ils retentissent pour les enfants.
Marie ajoute deux verbes à sa litanie:
«II s'est penché »: Lui, si grand, vers elle, toute petite, et sur sa communauté élargie dans le temps: «tous les âges »...
«Il fit pour moi des merveilles »: sa Bonté agit et l'émerveille, elle avec nous.

— Quant à Marie, ou à l'Eglise naissante: elle se définit face à Celui qui lui dévoile son projet (par Celui qui tressaille en elle) dès les 2 premiers versets:
« joyeuse... petite servante... bienheureuse » (c'est-à-dire « bénie »). On la dit: « Bénie entre les femmes »; elle élargit ce groupe à « tous les âges »: petits et grands, jeunes et vieux, présent et avenir. L'univers entier forme un vaste horizon, comme dans les psaumes.

— Ces 3 versets sont centrés sur Celui dont le Nom est saint,
Lui pour qui elle chante,
Lui, penché vers elle et vers l'humanité,
Lui, à la fois agissant et rayonnant de sainteté.

On reprendra ici le refrain: Magnifique est le Seigneur.

Description de son action de justice et de libération: vers. 50-53

Voici qu'Il vient! Ce que Marie nous en dit permet de Le reconnaître à son oeuvre: L'amour de Dieu est fidèle à travers toutes les générations pour ceux qui L'adorent et Le respectent (expliquer ainsi: craindre »), c'est-à-dire qui Le reconnaissent comme Seigneur.
Faire trouver l'attitude du corps qui exprime cela.

50 Son amour s'étend d'âge en âge Ps 103,13-17 sur ceux qui Le craignent.
«Je suis ton Dieu qui t'ai libéré», dit Dieu à Moise. C'est la première des Dix Paroles qui annonce: Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi ».

51 Déployant la force de son bras, Ps 89.11
Il disperse les superbes. 2 S 22,28

52 Il renverse les puissants de leur trône, Ps 147,6
Il élève les petits. 1 S 2,7

53 lI comble de biens les affamés, Ps 107,9; 34,11
renvoie les riches les mains vides. 1 S 2,5

L'ordre habituel est bouleversé, comme dans les Béatitudes:
»Heureux » les pauvres, les miséricordieux, ceux qui ont faim de justice... « Hélas!» pour les orgueilleux, les satisfaits, les puissants au coeur dur, les riches égoïstes...

Or, ce que Dieu fait en Marie, il veut l'accomplir pour les plus petits sur toute la terre, et cela pour chacun de nous. Telle est la Bonne Nouvelle pour tous. Chacun peut devenir libérateur avec son Seigneur s'il retrouve un coeur de pauvre, petit devant Lui,

Tel est le signe du Royaume qui vient. Dieu nous invite à « changer de coeur », tous ensemble, pour que les petits aient place de nouveau dans notre maison, notre travail, notre rue, notre ville. Les petits? ce sont ceux qu'on oublie, qu'on laisse de côté, qui n'ont pas la parole, qui ont besoin des autres.

Pour cette action de Dieu, Marie chante de iciie. Reprendre le refrain: Magnifique est le Seigneur.

Fidélité de l'amour de Dieu pour son peuple Israël et pour nous: y. 54-55

Marie s'identifie alors à son peuple, en « Fille de Sion »: c'est le nom que donnent les prophètes à la communauté d'Israël Ils 66,10 [Septante]; So 3,14-17: Za 214; 9,9). Elle chante sa confiance en l'amour de Dieu pour le peuple qu'il choisit toujours et qu'il aime. En se penchant sur Marie, il « relève Israël. son serviteur » qui attend son Sauveur.

54 Il relève Israël son serviteur, Is 41,8
Il se souvient de son amour, Ps 98,3

55 De la promesse taite à nos pères Mi 7,20; Gn 12.3 en faveur d'Abraham
et de sa famille à jamais. Gn 17,7; 18,18; 22,17

(le mot « race » n'est pas heureux. « Semen », c'est la descendance).

Reprendre le refrain: Magnifique est le Seigneur.

Le Psaume de Marie se chante à chaque fête ou événement heureux. Il est l'occasion de rappeler l'identité de Marie, pleine de gratitude pour la longue histoire d'amour entre Dieu et son peuple. L'Eglise se reconnaît aussi comme de la famille spirituelle d'Abraham. Greffée sur cette racine sainte, elle remercie le Seigneur pour les merveilles qu'il continue à opérer pour son « frère aîné », comme pour « tous ceux qui Le craignent ».