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Revista SIDIC XXXI - 1998/3
Voix de jeunes (Pages 14 - 15)

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“Je portais en moi comme la nostalgie d’une musique juive...” Groupe de jeunes de l’amitié judéo-chrétienne de rome
Entretien avec Laura Turconi

 

SIDIC – Pouvez-vous me dire qui vous êtes, comment vous avez connu le groupe qui, je crois, existe depuis 1993?
Je m’appelle LAURA TURCONI et je suis chrétienne. J’ai trente ans et j’enseigne le latin et le grec aux jeunes du lycée. L’ “aventure” de l’Amitié judéo-chrétienne a commencé pour moi en septembre 1994, grâce à une rencontre avec Gabriella del Signore. Cette jeune bibliste, au cours d’une retraite diocésaine à laquelle je participais, nous avait été présentée par le prêtre qui nous guidait comme la seule personne qui pendant les travaux du synode romain ait fait une intervention concernant les rapports de l’Eglise de Rome avec les juifs. Sa passion pour le judaïsme répondait à la mienne et j’ai saisi au vol l’invitation qu’elle m’a faite de participer à la rencontre qui, après l’été, marquait la reprise des activités du groupe des jeunes de l’AEC (Amicizia ebraico-cristiana) dont elle faisait partie.

SIDIC – Quand vous avez rejoint le groupe des jeunes, quelle a été votre motivation?
J’avais le désir de connaître le monde juif et aussi les juifs en chair et en os. Puis je portais en moi comme la nostalgie d’une musique juive écoutée dans mon enfance, comme l’écho d’une chose disparue qui m’accompagne encore aujourd’hui.

SIDIC – Quelles ont été les activités du groupe ces dernières années? Vous réunissez-vous souvent? Combien êtes-vous? Y a-t-il une activité dont vous aimeriez parler davantage?
Les activités se sont enchaînées de la manière suivante:
– des conférences ayant pour objet plusieurs thèmes, quelques-uns rattachés en cycles, j’en citerai quelques-uns: les fêtes juives, le règles alimentaires, les songes et les miracles dan la Bible, la naissance dans la liturgie juive, le shabbat, le rapport des disciples juifs avec leurs maîtres, quelques éléments d’une théologie chrétienne du judaïsme, quelques figures significatives pour le dialogue entre chrétiens et juifs (entre autres Dietrich Bonhoeffer et Bruno Hussar)
– des journées d’étude à la bibliothèque de SIDIC. Les séminaires concernaient la Haggada de la Pâque, le préjugé antisémite (considéré dans l’histoire, dans la presse religieuse et laïque, dans la musique rock) et les lieux juifs de Rome (grâce à une visite guidée)
– l’école de la paix, pendant l’année civile qui vient de s’achever: cette expérience s’inspire de celle de Nevé Shalom, elle s’est développée au cours d’une série de dimanches avec un rythme généralement mensuel et j’ai vu une dizaine de personnes juives et chrétiennes engagées dans une dynamique de groupe. Cela a été magnifique!
– des rencontres pendant lesquelles nous avons appris des danses et des chants juifs (nous nous sommes tellement amusées!). Je me permets de remercier ici nos maîtres. Merci, Lilli! Merci, Casare Moscati!
– la fondation de maslulim / incontri (Rencontres), un journal qui veut être un outil le plus ouvert possible, informé du dialogue entre juifs et chrétiens. Le numéro zéro, un programme, est distribué à la librairie Menorah et on prévoit la sortie du premier numéro pour le nouvel an juif.

Nous nous sommes rencontrés en moyenne une ou deux fois par mois, en plus du dimanche après-midi. Notre nombre oscille entre dix à quinze participants et il est animé par une équipe splendide: Alessandra Casagrande, Angela Lupi, Lilli Spizzichino. Pour moi tous les thèmes ont été très intéressants, très riches, au sens que les idées que j’en ai retirées se sont révélées très fécondes, soit au niveau de mon travail à l’école, soit au plan de mon développement personnel, à cause des nouvelles amitiés qui se sont nouées, des nouvelles lectures, de l’approfondissement de ma foi chrétienne. Ce qui a été aussi précieux pour moi, c’est la personnalité des conférenciers, avec qui un dialogue a été souvent possible, une rencontre au plan non seulement culturel, mais humain. Je rappelle ici les noms des personnes qui nous ont visités le plus souvent: le grand rabbin de Bologne, Alberto Sermoneta, le pasteur Daniele Garrone qui nous a donné plusieurs fois l’hospitalité dans les locaux de la faculté de théologie vaudoise, Don Sorani, Renza Fozzati, le journaliste Carlo Climati. L’activité que j’aime, si on peut dire viscéralement, parmi celles que nous avons, ce sont les danses juives. Mais le journal aussi commence à “me prendre” beaucoup.

SIDIC – Qu’aimeriez-vous dire de votre expérience dans ce groupe de jeunes? Pourquoi souhaitez-vous rencontrer des jeunes de religions différentes?
Parce que dans un groupe interreligieux on peut vraiment faire l’expérience de la diversité, du respect, du dialogue, de la recherche de la vérité, de l’enrichissement réciproque. Personnellement, la rencontre avec le judaïsme, avec sa valorisation de l’existence terrestre de l’homme, m’a donné un goût nouveau pour la vie d’ici bas, si belle et digne d’être vécue en plénitude. Et puis, c’est comme si j’avais finalement fait connaissance avec les parents, les amis, l’ambiance sociale de Jésus, comme on devrait le faire pour tout véritable ami.

[Traduit de l’italien par B. Brumelot]

 

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