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Revista SIDIC XIII - 1980/1
Rév. C.A.Rijk: In memoriam (Pages 10 - 11)

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L'Homme de dialogue - ICCJ
William Simpson

 

En Août 1966, un Congrès international de chrétiens et de juifs eut lieu à Cambridge. Organisé par le Comité Consultatif International pour la Coopération JudéoChrétienne, qui s'appellerait dans la suite Conseil International Judéo-Chrétien (ICCJ); ce congrès marquait le vingtième anniversaire de la toute première conférence internationale judéo-chrétienne qui avait eu lieu à Oxford en 1946. Parmi les membres de la délégation hollandaise se trouvait le Professeur Cornelis Rijk dont le nom, pour des raisons simplement alphabétiques suivait immédiatement celui de Mgr. C.A. Ramselaar, bien qu'il soit tentant d'attribuer la présence du « Professeur » à l'intuition clairvoyante du « Monseigneur » qui depuis quelques années, était lié au Comité Consultatif International.

De toute façon ce fut le début d'une amitié très heureuse et féconde entre Cornelis — ainsi que nous commençâmes à l'appeler, en réponse à son amicale simplicité — et le Conseil International Judéo-Chrétien. Déjà à Cambridge, dans la commission qui examinait les déclarations du Conseil Mondial des Eglises (New Delhi, 1961) et du Concile Vatican II (1965) sur les juifs et leur rapport avec l'Église, il avait fait une impression profonde sur ceux qui travaillaient avec lui. En effet, c'est lui qui avait, en grande partie, rédigé les critiques de certains passages de Nostra Aetate soulevées par la commission.

A partir de cette date, il devait jouer un rôle de plus en plus important dans les réunions du Comité Consultatif International qu'il suivit en tant qu'observateur, et aussi dans les Conférences internationales de Jérusalem (1976), de Southampton (1977) et de Vienne (1978). L'apport de Cornelis Rijk était toujours positif. Il voyait les situations dans une perspective d'avenir. Ainsi en témoigne cette phrase extraite du compte-rendu de la réunion du Comité exécutif de décembre 1967, le premier après la guerre de six jours: « Le Professeur Rijk demanda que chrétiens et juifs ensemble considèrent la déception créée par le silence des Églises chrétiennes comme un sérieux point de départ pour un rapprochement futur ».

C'est cependant dans ses lettres, mieux que dans l'insuffisance de notes prises ici et là, que l'on rencontre l'homme lui-même et que l'on sent l'humble défi de ses intuitions profondes, l'étendue de ses connaissances et la nature authentique de ses centres d'intérêt.

Ses amis savent bien qu'il n'était pas avant tout un organisateur. En vérité, l'un de ses plus grands soucis concernant l'ICCJ fut que le Conseil, à partir du petit groupe consultatif, informel, des débuts, ne devienne, ainsi qu'il l'écrivit dans une lettre du 31 mars 1978,

«une organisation pleinement efficace et pratique. Si les membres le veulent, très bien! D'accord! Laissez-les avancer. Dans l'ensemble je crois que l'ICCJ est en train de changer de caractère; que dorénavant le Conseil ira selon d'autres voies, dans lesquelles l'argent et l'efficacité joueront un rôle prépondérant; Ceci probablement au détriment de la profondeur, du sérieux, de la tranquillité et d'une vraie atmosphère éducative. »

Mais jamais Cornelis ne fut que critique. « Je continuerai », déclare-t-il immédiatement, «à collaborer avec l'ICCJ d'une certaine façon et il faudra voir de quelle façon exactement ». Malheureusement la maladie qui devait si vite l'atteindre pour nous l'enlever, nous a ôté toute possibilité de voir comment il se serait inséré dans la nouvelle structure de l'Organisation. On pouvait toutefois prévoir certaines choses. Comme Président du sous-comité théologique de l'ICCJ, il s'était entendu avec les Professeurs Zeer Falk de Jérusalem et Clemens Thoma de Lucerne pour que le groupe entreprenne l'étude des concepts de puissance et de paix dans le judaïsme et dans le christianisme. De plus, nous pouvons être certains qu'il aurait continué à insister sur la nécessité de nouvel, les recherches sur la tradition biblique de la Synagogue et de l'Église si l'on voulait arriver à éliminer certains aspects tragiques des erreurs du passé et engager un dialogue plus positif. Ce fut en effet le thème qu'il traita dans une conférence donnée à Southampton en 1977.

Le projet étudié au sein des Églises chrétiennes d'attribuer à la fête de Pâques une date fixe préoccupait vivement Cornelis. Les conséquences d'une décision de ce genre, ne semblaient pas être prises sérieusement en considération par les chrétiens ni par les juifs non plus, ce qui, du reste, est plus compréhensible. Voici ce qu'il écrit dans une lettre du 17 fébrier 1976:

« Il y a des indications très claires et des signes prémoniteurs qui révèlent une Église en voie de s'éloigner petit à petit de la tradition juive, c'est-à-dire des racines humaines, de la réalité cosmique et historique. Une menace pèse sur le christianisme: devenir de plus en plus un système, une doctrine, une idéologie, et perdre progressivement contact avec la vie, l'histoire et la réalité ».

Nous ne saurons jamais, hélas! comment Cornelis aurait continué à collaborer avec l'ICCJ. Mais on peut dire avec certitude qu'il aurait fortement approuvé la décision du Comité exécutif lors de sa récente réunionà la Maison Buber de Heppenheim de nommer comme Secrétaire général, Coos Schoneveld, Factuel directeur de l'Institut théologique oecuménique de Jérusalem. Coos Schoneveld était étroitement lié à Cornelis en tant que membre de la sous-commission théologique: c'était un homme selon son coeur.

Ce fut à cette même réunion que le Comité exécutif exprima en fin d'assemblée un chaud tribut à la mémoire de Cornelis Rijk:

« gratitude pour l'aide splendide apportée pat lui au dialogue entre chrétiens et juifs, d'abord dans la Commission Vaticane pour les relations avec les juifs, ensuite comme directeur du SIDIC, et au long de toute cette période, comme observateur dans le Comité exécutif du Conseil International. »

La motion continue ainsi:

«Son expérience mondiale, son intuition profonde de ce qu'étaient les multiples problèmes des relations inter-confessionnelles, son aimable personnalité, son sens indéfectible de l'humour manqueront douloureuseument à tous ceux qui l'ont connu comme ami et collaborateur. »

Et je laisse le dernier mot à Cornelis lui-même. Le 7 février 1979, il disait, dans une lettre adressée à l'auteur de cet article:

«Je ne vous parlerai pas aujourd'hui de mes expériences de ces trois ou quatre derniers mois; nous ferons cela, un jour, quelque part, devant un bon verre de vin. Mais jamais je n'apprécierai davantage l'amitié que je ne l'ai fait en cette période. Avec l'aide de Dieu, mes amis m'ont vraiment accordé une vie nouvelle. En un sens, c'est un miracle! »

Puis, après avoir décrit les progrès qu'il faisait vers la guérison, y compris « un cours de perfectionnement de l'hébreu »!, il ajoutait:

«Je ne sais pas bien quand je pourrai rentrer à Rome, mais je ne me presse pas, les juifs et les chrétiens (probablement) poursuivront leur existence. L'équipe du SIDIC est tout à fait active. Elle continuera à développer l'oeuvre entreprise. Je suis aussi raisonnable que possible. C'est une étrange "année sabbatique" ».

Étrange certes, mais qui, en Dieu, nous laisse un exemple de courage, de joie et de foi solide dont nous ferions bien de tenir compte et, avec l'aide du même Dieu, de devenir les émules.

 

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