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« Le mystère d’Israël ».
Les éditeurs

En France diverses rencontres entre Juifs et Chrétiens ont eu lieu depuis la Déclaration Nostra Aetate, en octobre 1965, mais celle qui a eu lieu aux « Avents » (Peyregoux - 81 - Lautrec, Tarn) a été exceptionnelle, en ce sens, que c'est la première à avoir étudié en profondeur le Mystère du Judaïsme, la Liturgie juive, et le rôle présent du Judaïsme dans l'Histoire du Salut. Le résultat de cette rencontre montre clairement l'influence que cette semaine de travail pourrait avoir pour les relations Judéo-Chrétiennes.

Le P. Favre, directeur de la maison « Les Avents » demanda au P. B. D. Dupuy o.p., secrétaire du comité épiscopal français pour les relations avec les Juifs, et directeur de la revue « Istina » (Paris) d'organiser une semaine d'étude sur le Judaïsme et les relations Judéo-Chrétiennes en collaboration avec M. l'abbé Hruby, professeur à l'Institut catholique de Paris et au « Biblicum » de Rome, M.F. Lovsky, secrétaire du Comité protestant « Eglise et Israël », Le P. Dalmais o.p. et S. Bénédicte N.D.S.

Dans une introduction générale à la liturgie juive, l'abbé K. Hruby mit immédiatement son auditoire en contact avec l'esseniel de la prière juive. Dans une autre causerie, il montra la place de la Torah dans la vie du peuple et à travers le peuple comme un instrument de « Salut » et de rédemption dans le sens juif du mot ainsi qu'une analyse historique des courants du Judaïsme moderne.

Le P. Dalmais expliqua les « Racines juives de l'Eucharistie » s'inspirant du livre de L. Bouyer «Eucharistie » (Ed. Desclée).

Dans sa conférence sur le Mystère d'Israël selon St Paul, le P. Dupuy mit l'accent sur l'imperfection des analyses sociologiques employées parfois pour expliquer le Destin d'Israël. Ensuite il indiqua les voies possibles de rencontres entre Juifs et Chrétiens; il montra que l'Eglise a redécouvert la place toujours réelle du Judaïsme dans le plan de Dieu. Les Chrétiens devraient être toujours conscients du fait que le Judaïsme confronte et interroge constamment l'Eglise. Celui-ci reste toujours un témoin de la Révélation pour les nations et par conséquent pour l'Eglise. Il rappelle constamment aux Chrétiens la transcendance et l'« altérité » de Dieu, et qu'il ne fait réellement aucune dichotomie enre l'âme et le corps.

En trois conférences, M. Lovsky traita avec une clarté impressionnante de la perennité d'Israël. Après avoir analysé, puis dénoncé les attitudes de rejet de la théologie (ancienne et nouvelle) qui ont paralysé la pensée chrétienne, M. Lovsky déclara: « Nous n'avons pas le droit de transférer exclusivement sur l'Eglise la totalité du nom « Israël ». Nous devons voir les conséquences de la perennité d'Israël, liée au plan de Dieu. Cette perennité atteste que le « salut vientdes Juifs », que les Juifs sont les témoins du Livre et témoins aussi de l'amour fidèle de Dieu». En parlant de l'antisémitisme des chrétiens il déclara que c'est un échec de reconnaître Jésus-Christ (?), c'est le réflexe de deux hérésies qui ont toujours menacé la foi: le marcionisme et le docétisme. Ceci assombrit l'espoir de l'Eglise et révèle une attitude anti-oecuménique.

M. Lovsky a publié récemment un livre Antisémitisme chrétien - Collection « Chrétiens de tous les temps » ed. Cerf.

L'après midi les 50 participants de la session travaillèrent en quatre groupes sur différents sujets: le texte des Bénédictions qui précède le le 'Shema Israël' du service synagogal du matin (S. Bénédicte). Quelques ,textes de la littérature Talmudique (M. Hruby); la Torah dans l'enseignement du Nouveau Testament, synoptiques et Epître aux Romains (le P. Dupuy); et les textes anti-juifs tirés de l'Epître de Barnabé (B. Lovsky).

Il est difficile de faire ressortir dans un compte-rendu si bref combien enrichissante, par sa profondeur et son atmosphère cordiale, a été cette session pour tous ceux qui y ont participé.