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La théologie chrétienne et le Judaïsme
La rédaction
Le présent numéro de SIDIC est principalement consacré à la réflexion théologique chrétienne sur le judaïsme. Comme on sait, on ne peut pas écrire une histoire de la théologie sur Israël et le Judaïsme. Elle n'existe pas. Il y a une histoire d'Israël et du judaïsme avant la venue du Christ. Après, il y a eu des rapports d'opposition plutôt que de compréhension. Et ce sont exactement ces rapports qui ont rendu difficile sinon impossible une vraie théologie d'Israël. La mentalité des chrétiens était déterminée, pendant des siècles, par la littérature adversus judaeos des Pères de l'Eglise. En général cette attitude était défensive et négative. Chez beaucoup de chrétiens, de papes, d'évêques et autres, il y avait pourtant la vague conception que d'une manière ou d'une autre le peuple juif continue à jouer un rôle dans l'histoire du salut. Mais une vraie théologie sur les rapports entre l'Eglise et le judaïsme dans le plan de Dieu ne s'est jamais développée. Le fait que la théologie chrétienne est devenue, les derniers siècles, plus abstraite et qu'elle a largement perdu le contact vivant avec la Bible, n'a certainement pas contribué à remédier à cette situation. De nos jours et depuis quelques dizaines d'années on constate un lent changement, qui évolue progressivement. La théologie devient plus biblique et plus réaliste. Un certain nombre de faits, la deuxième guerre mondiale avec l'extermination de six millions de juifs et de beaucoup de millions d'autres, l'engagement social des Chrétiens, ardemment souhaité et poussé par des Chrétiens fervents, la conscience des Chrétiens d'être - de plus en plus - une minorité dans le monde, et d'autres faits ont amené un nombre croissant de théologiens à
réfléchir d'une nouvelle manière sur la théologie et à inclure dans leur réflexion certains aspects négligés de l'histoire de Dieu avec les hommes.
Surtout là où une nouvelle ouverture théologique est confrontée avec la réalité juive on voit des efforts de réflexion théologique sur le mystère d'Israël et tout ce que celui-ci comporte. Ainsi en Israël, en France, en Allemagne Occidentale et aux Etats Unis, etc., on trouve un début sérieux de recherche théologique à ce sujet. En plusieurs endroits de petits groupes de théologiens et d'exégètes se réunissent régulièrement en sessions d'études. Ainsi par exemple à Klosterneuburg en Autriche, à Arnoldshaim en Allemagne. A Seton Hall University, U.S.A., un congrès a eu lieu en octobre 1970 sur le thème « Vers une théologie d'Israël » (Towards a Theology of Israël) et le compte-rendu du congrès indique le progrès qui a été fait dans ce domaine.
Dans l'ensemble de la théologie chrétienne ce ne sont pourtant que de petits signes d'une glande tâche à accomplir. On doit surtout se réjouir de voir s'établir des chaires pour l'étude du judaïsme dans un nombre toujours croissant d'universités et d'instituts d'enseignement supérieur. Il n'y a pas de doute que c'est à travers l'éducation qu'on doit créer une mentalité capable de dépasser et de surmonter l'antagonisme séculaire. On ne peut qu'espérer que le nouveau climat d'ouverture, les études bibliques et le contact avec la réalité continuent à pousser les penseurs, malgré les difficultés qu'ils rencontrent, à développer et à approfondir la réflexion théologique sur le mystère d'Israël et les rapports entre l'Eglise et le judaïsme.