Otros artigos deste número | Versión en inglés | Versión en francés
La révélation de la littérature
La rédaction
L'un des moyens de communication les plus puissants qui soient, est la parole humaine. Par la parole l'homme s'ouvre, il se révèle, il dévoile ses pensées, sa vie intérieure, son coeur. Ainsi entre-t-il en contact avec autrui, crée-t-il des relations, une communion. Si l'autre répond, si les deux s'entendent, un vrai dialogue peut commencer. Celui-ci est signe d'une compréhension plus profonde, d'un terrain commun sous-jacent.
La parole entraîne l'homme dans l'aventure, parce que par celle-ci, il se livre. La parole est un risque pour plusieurs raisons. On ne sait si l'autre la comprendra ni comment il l'utilisera. On ne sait pas toutes les conséquences d'une parole une fois prononcée. C'est comme une pierre jetée dans l'eau. On ne sait pas jusqu'où s'étendront les mouvements de l'eau. On ne connaît pas toujours la force de la parole. Elle peut blesser, tuer, elle peut bénir, rendre heureux, donner la vie. Les écrivains de la Bible ont été très conscients de la puissance de la parole humaine et surtout de la parole divine. A ce sujet on connaît les beaux textes de la Bible. La parole du peuple de Dieu est devenue instrument et expression des rapports entre Dieu et l'humanité.
La parole est aussi un risque, parce qu'elle peut être ambiguë intentionnellement ou par impossibilité de s'exprimer clairement. La parole est toujours expression partielle; elle ne traduit jamais toute la réalité. La conscience de ce caractère de la parole a exercé une influence considérable sur les littératures sémite et occidentale, et surtout sur la littérature scientifique et technique. Tandis que celle-ci essaie d'analyser la réalité, celle-là la décrit, et donne une expression de cette réalité en l'abordant sous différents aspects.
La parole est encore une force créatrice: elle s'exprime le mieux dans la langue hébraïque où le mot davar est utilisé tant pour « parole » que
pour « parler » et « chose ». Ainsi se manifeste un lien dynamique entre la réalité, les pensées exprimées et la réalité qui se fait. La langage humain est capable de conserver les événements, de les interpréter, de les transmettre et d'exercer ainsi une influence. sur l'avenir de l'histoire. Dans un acte sacramentel ou quasi-sacramentel la parole peut faire revivre les événements passés, de sorte que l'histoire exerce son influence sur le présent et prépare l'avenir. Ainsi l'histoire humaine est-elle marquée par un mélange inextricable, une influence mutuelle et multi-latérale d'événements, de pensées, d'actes et de littérature. Dans cet ensemble la réflexion critique peut jouer un rôle déterminant. Profondément ancré dans la réalité et réfléchissant sur l'histoire, l'homme peut, dans une attitude critique, s'efforcer de changer sa manière de penser, de parler et d'agir. Centre de la réalité comme image de Dieu, l'homme peut ainsi influer sur le cours de l'histoire et les relations entre les hommes. Le patrimoine de cette histoire pèsera lourd sur ses efforts.
Le numéro de Sidic que nous présentons aujourd'hui à nos lecteurs se rapporte à la figure du juif dans la littérature non-juive. Il est évi dent que les relations entre juifs et chrétiens ou plutôt l'absence de celles-ci ont leurs répercussions dans la littérature. On pourrait écrire une histoire des relations judéo-chrétiennes à partir de la littérature. Et ici nous ne parlons pas de littérature théologique et exégétique, mais de la « belle » littérature, celle des romans, des nouvelles, des légendes, de la poésie, des pièces de théâtre etc. Bon nombre des caractéristiques que nous avons énumérées plus haut, trouvent leur application à ce sujet.
Cette littérature est une révélation. Les écrivains en général sondent et expriment ce qui vit dans les pensées et les sentiments des peuples. Ils sont dans ce sens des prophètes; ils parlent
au nom des peuples. Mais ils ne sont pas seulement le reflet d'une mentalité, ils en sont aussi la cause. La littérature façonne les générations; elle transmet des interprétations de l'histoire et des événements d'une génération à l'autre; ainsi ranime-t-elle et renforce-t-elle des attitudes.
Quoique dans la littérature qui parle du juif il y ait différentes tendances, la présentation r.égative est dans l'ensemble, très dominante.
Cette littérature n'est pas l'expression d'une attitude de dialogue entre chrétiens et juifs. Au contraire, c'est le plus souvent une création de caricatures, qui de différentes manières et pour divers motifs doivent servir à la gloire et à la bonté « supérieure » de ceux qui « la tête haute » rendent grâces au Seigneur de ce qu'ils ne sont pas comme les autres (cf. Luc 18, 11). ainsi, cette littérature devient-elle une accusation serieuse si l'on commence à se rendre compte de (a réalité dont elle est l'expression. Ce n'est qu'en toute humilité et avec un cceur contrit que le chrétien peut se placer devant ce miroir.
La lecture de ce numéro de Sidic n'est donc pas um passe-temps agréable. Elle nous conduit à un examen de conscience concernant notre attitude intérieure et extérieure vis-à-vis des juifs. Jusqu'à quel point ne sommes-nous pas nous-mêtr.es formés par cette littérature? Quelle tâche est donc la notre: promouvoir aussi à travers la littérature « respect et connaissance mutuelle »!