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Ce qui se passe sur le plan catéchétique
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1.. ISRAEL
Les chrétiens en Esral sont dans une situation différente de celle qui leur est faite dans les autres pays. Ils y vivent en petite minorité parmi une majorité juive et ont l'occasion de participer avec les juifs à une étape unique_de leur histoire. Ramenés par les circonstances mémes de la vie quotidienne à l'origine de leur foi, ils sont obligés de purifier l'attitude et les conceptions chrétiennes et de chercher la fraîcheur originelle de leur croyance. Plus qu'ailleurs, ils peuvent parvenir à une nouvelle ouverture à la réalité juive par l'intermédiaire de contacts quotidiens officiels et non officiels, et d'une façon unique peut se développer chez eux une nouvelle compréhension des relations judéo-chrétiennes.
C'est pour cela que nous vous présentons d'abord, et avec plus de détails (développement historique) la situation actuelle et les possibilités futures de la catéchèse en Israël.
Depuis la dispersion des premiers chrétiens, l'Eglise se retrouve pour la première fois devant la tâche d'annoncer l'Evangile à des chrétiens vivant dans une majorité juive.
Jusqu'à une date récente, l'Eglise était enracinée ici dans un cadre de culture et de langue arabes, et prechait la Parole de Dieu, sauf en quelques cas exceptionnels, dans une langue étrangère. Les professeurs et les pasteurs d'âmes étaient européens et l'Eglise se présentait sots unr aspect européen.
Cependant, avec le retour des juifs en IsraUl l'on vit arriver des milliers de familles dont l'un des conjoints -le plus souvent la femme-était chrétien. Selon la loi ottomane, restée eu vigueur durant la période du mandat britannique et jusqu'à nos jours, l'état civil des personnes se définit d'après la loi religieuse de la confession à laquelle elles appartiennent. Ainsi, selon la Halakha (tradition juive), c'est la religion de la mère qui détermine celle des enfants. Donc si la mère est chrétienne, les enfants sont considérés comme chrétiens, même s'ils ne sont pas baptisés.
L'Eglise n'était pas préparée à cette grande immigration de chrétiens européens. Certaines de ces familles émigrèrent à nouveau ; d'autres s'assimilèrent à la majorité de la population, tandis que beaucoup voulaient rester membres de l'Eglise, mais ne savaient comment s'adapter dans une société différente. De là, il résulta des faux pas. L'Eglise ne savait quelle attitude prendre devant tous ces problèmes à cause de sa réserve vis-à-vis d'Isrel, phénomène religieux nouveau en Terre Sainte et facteur politique nouveau dans le Moyen Orient.
Au début, dans la recherche d'une solution, l'on ne rencontrait que des difficultés. Personne ne possèdait la langue du pays suffisamment pour enseigner et prêcher. Les termes théologiques nécessaires pour exprimer les vérités de la foi n'existaient pas encore en cette langue. A part le Tanakh (Ancien Testament), on ne possèdait pas de livres en hébreu pour la liturgie et la catéchèse. Actuellement encore, le Nouveau Testament n'a pas été traduit en hébreu (les deux versions connues -celles de Delitsch et de Salkenson- datent d'une époque où l'hébreu n'était pas encore redevenu une langue vivante).
L'attitude du foyer était le plus souvent areligieuse ou antireligieuse, ou alors on ne pratiquait plus que des rites extérieurs, selon la tradition des pays d'origine, ce qui ne correspondait pas aux exigences chrétiennes, ou même s'y opposait. Beaucoup de ces chrétiens n'avaient pas de contacts avec l'Eglise, ou s'ils les recherchaient, c'était plutôt par nostalgie de leur pays d'origine. Ils venaient de pays chrétiens et n'étaient pas préparés à faire face à une situation de diaspora.
Les enfants, eux, apprenaient rapidement la langue du pays et s'intégraient à la société ambiante. Tôt ou tard, ils réalisaient cependant qu'ils étaient chrétiens. Leur réaction la plus habituelle était : "Si nous appartenons à une minorité, il faut témoigner de ce que nous sommes". Mais ils n'avaient pas la moindre idée de la manière dont ils devaient se comporter dans cette situation. Souvent, les parents étaient incapables de les aider, et même hésitaient à prendre des décisions, par exemple celle de leur assurer une instruction religieuse, la réception des sacrements, etc. Les jeunes chrétiens attendaient donc l'aide de l'Eglise. Leur problème le plus important était : "Comment puis-je être en même temps un membre de la société et un chrétien en Israël ?"
Ces exigences étaient neuves pour l'Eglise, qui ne pouvait s'appuyer sur des précédents pour prendre ses décisions, la tradition faisant ici défaut, si l'on met à part les rares notions que l'on a sur les premiers chrétiens.
L'Eglise dut alors chercher des voies et des possibilités nouvelles à l'aide desquelles elle pourrait s'exprimer.
Elle trouva de l'aide dans des facteurs extérieurs. Les enfants chrétiens qui fréquentent les écoles israéliennes connaissent la Bible, non seulement dans de courts résumés, mais dans le texte original. L'étude de la Bible occupe une place importante dans leur programme scolaire, car la Bible n'est pas seulement un livre religieux, c'est aussi le livre de l'histoire même de ce peuple. La plupart des événements bibliques se sont passés dans ce pays ; les enfants le savent, aiment leur pays car c'est celui de la Bible ; ils sont fiers de l'avoir pour patrie. Ils étudient la Bible dans la langue où elle a été écrite, qui est aussi la leur. Le fait même de travailler ainsi sur la Bible crée une atmosphère religieuse et de là naît un intérêt naturel pour la religion. A l'école, on étudie la Bible avec ses commentaires traditionnels et scientifiques. Quelques passages -moins que la plupart des chrétiens seraient enclins à le croire- demandent des explications supplémentaires. Les chrétiens sont habitués à considérer l'Ancienne et la Nouvelle Alliance comme deux catégories et à faire ressortir leurs différences, au lieu d'en voir l'unité, comme le faisaient les chrétiens des premiers siècles (par exemple dans la nuit pascale).
Ce fondement biblique constitue une bonne base pour l'enseignement chrétien. Les lieux de l'activité de Jésus sont connus par l'étude de la géographie et par des excursions. La forme littéraire des paraboles est familière aux enfants, ainsi que les thèmes utilisés. Non seulement les noms, les lieux, sont plus proches d'eux, mais tout le symbolisme garde encore sa valeur : le désert, le puits, le berger, l'olivier ou la vigne... toutes ces images employées par Dieu dans le Livre, gardent une puissance mystérieuse et«profonde. Et puis, la façon même dont Dieu nous parle dans la Bible, à partir des événements, de ses interventions dans l'histoire des hommes, ce mouvement du concret au spirituel, comme cela correspond bien à la mentalité de nos jeunes !... Dieu ne cherche pas à prouver, à faire de l'apologétique... Il parle discrètement, par des signes, et c'est à travers ses oeuvres, qui sont des faits sensibles, que nous saisissons quelque chose de sa nature.
Jésus n'a pas agi autrement lorsqu'Il est venu habiter en ce pays... Il a repris les mêmes symboles, le même mouvement, pour nous entratner du concret au spirituel, aux choses de 'son Père. Le Christ, Marie, les Apôtres, font partie du peuple juif.
En Israël encore, l'Eglise cherche la route pour remonter à ses sources. Le Kerygme de l'Evangile est né dans ce pays et dans ce peuple, dans des conditions concrètes et spécifiques. Il revient à l'Eglise de découvrir non seulement où elle a été fautive vis-à-vis d'Israël, mais aussi tout ce qui lui reste à apprendre d'Israël. Nous avens oublié nos origines, ou nous les avons volontairement mises à l'écart, et, ce-faisant, nous nous sommes privés d'une source qui nous est indispensable pour comprendre ce que nous sommes. "Pour se comprendre elle-même, la chrétienté a besoin du judaïsme, tandis que le judaïsme, lui, n'a pas besoin de la chrétienté pour se comprendre" (Prof. Werblowsky, dans un symposium tenu à Jérusalem).
Pour la plupart des juifs, le christianisme est associé aux notions de baptêmes forcés, de chasse aux âmes, de mythes.
Les juifs et les chrétiens ne connaissent donc pas ce qui les lie. Le juif en Israël est surpris lorsqu'il aperçoit dans une église des inscriptions empruntées à "son" Tanakh ou lorsque,en assistant accidentellement à la célébration d'une messe en hébreu, il entend les paroles de "ses" prophètes et de "ses'' sages.
La surprise des enfants, elle, devient émerveillement lorsqu'ils découvrent que leur christianisme ne les éloigne pas de leur milieu juif, mais qu'il les en rapproche davantage.
Le fait de vivre en Israël devrait par conséquent aider les chrétiens à approfondir leur christianisme.
Mais même maintenant le catéchisme reste, lui-même, du par coeur traditionnel. Il faudrait partir des traditions positives existantes pour un approfondissement ou pour une ouverture.
Ainsi le catéchisme ne devrait pas se faire tout à fait à l'écart des fêtes juives, puisqu'ici, c'est le cours même de la vie qui est rythmé par le calendrier juif. Il serait bon, au contraire, de montrer combien notre liturgie, nos fêtes ont leurs racines dans la liturgie juive, et comment Jésus a vécu tout cela pour en faire jaillir quelque chose de nouveau.
Cela, permettrait non seulement de comprendre à un niveau plus profond la réalité chrétienne, mais cela éveillerait aussi chez nos jeunes plus d'intérêt et de respect véritable pour ceux qu'ils côtoient et qui vivent la religion juive.
Au plan de la Liturgie, il y aurait à faire ressortir tout le symbolisme des sacrements, qui est profondément biblique. Symbolisme du pain et du vin... du repas pascal revécu dans la Messe, etc... Les signes, ici, pourraient être plus expressifs pour les jeunes, parce qu'ils voient encore vivre sous leurs yeux les réalités religieuses qui furent à l'origine de notre Liturgie.
Lorsque l'enseignement religieux se libérera de schémas de pensée auxquels on s'est attaché et cherchera de nouvelles formes d'expression, tous les problèmes ne seront pas encore résolus, mais un premier pas sera .accompli.
E. H., Haifa
M. G., Jérusalem.
2. MANUEL CATHOLIQUE SUR LES JUIFS EN ANGLETERRE
La Commission Nationale créée en juin par le Cardinal 25ENAN prépare trois projets pour rendre effective la Déclaration du Concile du Vatican sur les juifs.
Une co-secrétaire de la Commission, Soeur MARIE LOUIS-GAMIEL, a déclaré au Jewish Chronicle que la Commission allait publier un livre sur la présentation des juifs dans les manuels catholiques de langue anglaise.
Matériel d'éducation
En second lieu on projette de doter les écoles catholiques de matériel éducatif comprenant des reproductions d'objets de culte juifs, tels que les tefilim, les talisim et les hagadot.
Le troisième projet auquel travaille la Commission est l'enregistrement d'une discussion entre un savant catholique et un savant juif sur les buts et les limites d'un dialogue judéo-chrétien. Elle sera envoyée à des groupes d'étudiants juifs et catholiques comme base de discussionspns poussées.
La Commission aurait préféré un dialogue théologique à un niveau plus élevé, mais elle a dû changer ses plans à cause de la difficulté d'obtenir la participation de savants juifs.
Je trouve que le préjugé des savants juifs est tout à fait justifié, a dit S. Louis-Gabriel, car ils craignent que nous fassions du prosélytisme. Cependant nous n'avons pas de telles intentions".
La Commission essaie aussi de stimuler l'intérêt en fourmisaapt des bourses pour donner la possibilité à la jeunesse catholique d'étudier le judaisme au niveau universitaire.
Jewish Chronicle, 14-10-66
En plus de ces trois projets :
- Un certain nombre d'Ecoles Normales organisent régulièrement des conférences pour essayer de faire comprendre aux futurs professeurs la nécessité d'une présentation équilibrée des événements de l'Evangile. Plusieurs étudiants de ces collèges font ensuite leur travail personnel obligatoire sur un thème en rapport avec le judaisme.
- On vient de terminer une étude des manuels de catéchèse en Angleterre pendant ces trente dernières années. On espère la publier bientôt, avec une explication positive des points de controverse.
- La Commission a chargé un sociologue de mettre au point un projet d'enquête sur la manière dont oralement on présente les juifs dans les cours de catéchisme. Il faudra au.moins deux ans pour réaliser ce projet.
C. K. Londres
3. France
En parlant du renouveau catéchétique en France du point de vue qui nous intéresse ici, il faut mentionner le tout premier travail de révision des textes, mené par P. DEMPNN et son équipe "pour corriger maintes vues conventionnelles voire caricaturales sur les chrétiens séparés, le judaisme, les religions non-révélées", travail entrepris à la suite de la vive lumière projetée par Jules ISAAC sur "les racines chrétiennes de l'antisémitisme". Les résultats de ce travail parurent dans un numéro spécial des Cahiers Sioniens (1952) : "La catéchèse chrétienne et le peuple de la Eli17.en7et dans une brochure, de 1952 également, "Les juifs dans la catéchèse chrétienne", d'où nous avons pris la citation ci-dessus dont le ton parait être post-conciliaire. Mgr de PROVENCHEBE remerciait l'auteur de ces pages par une lettre insérée en préface de la brochure, lettre qui résume l'attitude de vérité et de charité dans laquelle doivent s'établir les catéchistes chaque fois qu'ils parlent de "ce peuple juif (où) le Christ a voulu prendre chair".
Un immense effort catéchétique suscité par M. Le Chanoine COLOMB, et poursuivi depuis des années en plusieurs centres régionaux, répand de plus en plus un esprit nouveau caractérisé, en particulier, par la dimension biblique et le souci de former à un amour universel.
Parmi les centres catéchétiques particulièrement actifs, on peut citer : Strasbourg dont les cahiers "Vérité et vie" sont parmi les premières publications porteuses de cet esprit ; Lyon c; ,autour du P. VIMORT, une équipe de prêtres et de religieux fait un magnifique travail au plan doctrinal et pédagogique et édite (ed. du Chalet) des livres et brochures où ne se relève plus aucune trace de préjugés ; Paris, où l'I. S. P. C. (Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique) s'occupe, au niveau supérieur, de la formation de prêtres et de directeurs d'enseignement religieux et publie de précieux instruments de travail pour les catéchistes dans une collection intitulée : "Ecole de la Foi" (Ed. Fayard-Mame). D'autres centres et d'autres publications travaillant dans le même esprit pourraient être cités. Nous tenons une liste à la disposition de ceux que cela intéresserait.
Cependant un certain nombre de manuels présentent encore les juifs d'une façon pas assez objective. Ainsi, parmi les ouvrages de valeur : les livres de Mlle DERKENNE, qui ont été parmi les premiers à se préoccuper d'une méthode catéchétique adaptée à l'enfance et qui viennent d'être traduits en italien, contiennent encore quelques traces des anciens préjugés. Récemment une revue juive, "Terre retrouvée", signalait dans "l'Histoire Sainte pour garçons et filles" de R. TAMISIER la citation sans commentaire de ces paroles de Jésus : "Vous avez appris qu'il a été dit : 'Tu hatras ton ennemi" comme propre à blesser nos frères juifs.
"Depuis plusieurs années, la France prépare son nouveau catéchisme national. Immense travail : un fond commun qui donne les lignes de catéchèse pour tous, et qui sera monnayé en 7 adaptations s'adressant aux différents milieux des enfants.pour répondre aux orientations conciliaires au sujet de l'expression de notre foi par rapport au judaïsme, les autorités responsables de la rédaction de ce catéchisme ont fat la révision de tous les textes avec l'intention de prendre contact avec les autorités religieuses juives. Le premier objectif de ce travail et de cette rencontre est de veiller à ce qu'aucune formulation ne puisse alimenter une mésestime du judaïsme".
Ce qui nous semble le plus objectif dans les lignes de catéchèse proposées, c'est :
1) le désir de mettre l'enseignement en harmonie avec les réalités bibliques fondamentales : Parole - Alliance - Histoire.
2) la façon de présenter l'Alliance et la Loi dans l'unité dynamique du dessein de Dieu ; cela doit rendre impossible toute opposition entre les différentes étapes de ce dessein de Salut.
Un grand progrès se poursuit dans la catéchèse. Cependant la mentalité du Français moyen telle que la révèle l'enquête effectuée par le Nouvel Adam (n° 14) est encore fortement marquée d'un antisémitisme instinctif qui montre combien il importe de continuer à travailler pour lutter contre les préjugés.
E. P. Rome.
4. LES JUIFS ET LA CATECHESE EN ALLEMAGNE
Si l'on pense d'une part aux horreurs de l'ère hitlérienne et d'autre part à l'immense effort de renouveau économique et moral de l'Allemagne nouvelle, à l'immense travail théologique et pastoral qui s'y est fait depuis la guerre, l'on s'attend à ce que l'Allemagne soit à l'avant-garde également pour le renouvellement de la présentation chrétienne des juifs dans la catéchèse.
Or il n'en est malheureusement rien malgré les efforts déployés par plusieurs groupes actifs dans le champ de la catéchèse. Le Catéchisme national ("Katholischer Katechismus des BistUmer Deutschlands") et son livre du maître (KatechPtisches Handbuch zum Katholischen Katechismus, de A. Barth), ainsi que l'ensemble des livres catholiques d'instruction religieuse continuent à transmettre aux enfants de tous âges les germes de l'antisémitisme.
Ceci est d'autant plus grave que le catéchisme national, très apprécié pour sa méthode pédagogique en progrès, a été traduit en plusieurs langues, et largement diffusé hors d'Allemagne (voir le n° 5). Il est vrai que dans le récit de la Passion du Christ on y a remplacé "les juifs" par "les ennemis de Jésus", mais l'impression générale qui se dégage des chapitres précédents et de ceux qui suivent est que ces ennemis sont précisément les Pharisiens (en bloc), les scribes et le peuple juif en bloc. Ceci a une conséquence logique immédiate : les juifs (ainsi d'ailleurs que les infidèles, les hérétiques et les schismatiques) sont exclus de la communion des Saints, sans distinction entre ceux qui servent le Seigneur selon leur conscience et les autres.
Le livre du maître ne fait que renforcer cet enseignement : Jérusalem est "la capitale de ses ennemis" ; les juifs auraient l'autorisation de haïr leurs ennemis et ne seraient obligés d'aimer que leurs corréligionnaires et ceux qui partagent leurs intérôts (23e leçon) ; "les Pharisiens et les docteurs de la Loi ne pensaient qu'à eux-mûmes, ne se souciaient ni des malades ni des pauvres..." N'importe quel autre peuple aurait cru au Christ : seul Israël était capable de refuser de croire. Pour avoir rejeté le Christ, les juifs sont rejetés à leur tour ; la destruction de Jérusalem et les souffrances endurées depuis constituent leur juste punition (ch. 29). Le triomphe de Titus, longuement décrit, serait celui du Christ sur ses ennemis et le butin lui appartiendrait. Nous ne pouvons tout citer ici : ces quelques exemples suffisent pour donner une idée de ces préjugés.
De l'analyse faite par le Prof. Th.pruneve sur l'ensemble des catéchismes et livres du mattre utilisés en Allemagne, il ressort que tout l'ensemble relève du môme.genre,antisémite ; certains sont encore pires. Or comme le fait remarquer le Prof. Dr Hans JochenGAMbl (Das gespaltene Gottesvolk ; Deutsche Evangelische Kirchentag ; Cologne 1965) : "Les enfants ne naissent pas antisémites ; c'est leur entourage qui les rend ainsi".
Dans le môme article nous lisons : "Les livres d'école utilisés dans la République Fédérale, en particulier ceux d'Instruction Religieuse et d'Histoire, contiennent souvent -un examen approfondi l'a prouvé- de fortes tendances antisémites, dont les auteurs respectifs ne sont pas toujours conscients". Cette constatation regarde aussi bien les manuels pro-- testants que les livres catholiques.
Que peut-on attendre de l'avenir ?
Un nouVeaU catéchisme national post-conciliaire est en préparation. Quelle atmosphère reflétera-t-il ?
Du côté catholique comme du côté protestant, des théologiens ont attiré l'attention sur le problème et suggéré les améliorations qu'il faudrait apporter : dans le volume collectif publié par le R. P.EOKERr, O. P., et le Dr EHRLICH du Btnai "Judenhass -Sehuld der Christen ?" (La haine du juif, faute des chrétiens ?), Hans Driewer Verlag, Essen, 1964, deux articles dûs aux Abbés J.SOLZBACHER et Clemens THŒA (Autriche) proposent certaines modifications à apporter dans la catéchèse actuelle. Ce dernier consacre également un long chapitre à la question dans son ouvrage "Jdentum und Cnristlicher Glaube" (Judaïsme et Foi chrétienne), Klosterneuburg, 1965. Il y fait d'excellentes suggestions, mais montre qu'il conserve lui-même des préjugés contre l'ensemble des Pharisiens (cf. p. 203)..
Du c6té protestant, les deux volumes de compte-rendus des Kirchentage (assemblées de l'Eglise Evangélique luthérienne) de 1961, 1963 et 1965 ("Der ungekUndigte Bund", L'Alliance ininterrompue, et "Das Gespaltene Gottesvolk", Le peuple de Dieu divisé, 1966, Kreuz Verlag, Stuttgart,. Berlin), témoignent de ce que la question préoccupe sérieusement cette Eglise, mais que le gros du travail reste à faire.
Le Prof. Th. Filthaut est chargé par l'Assemblée Episcopale catholique de veiller à ce que les nouveaux catéchismes allemands, en commençait par le nouveau catéchisme national, soient débarrassés des éléments antisémites dont les anciens sont truffés et rendent au contraire aux juifs la place qui leur revient à la lumière de la Sainte Ecriture et de l'esprit oecuménique. Mais, après la réforme des textes, il faudra encore un long travail pour rééduquer les catéchistes dans un véritable esprit oecuménique, et faire disparattre des préjugés millénaires ; en attendant, une recrudescence de l'antisémitisme populaire est toujours à craindre.
M. K. Rome.
5. AUSTRALIE
Le catéchisme de l'Australie "My way to God" et "Catholic Catechism", est un des catéchismes de langue anglaise influencé par le catéchisme allemand. Il est évident qu'en s'inspirant de la méthode alors nouvelle du catéchisme allemand, il en a gardé aussi des éléments qui ne sont pas dans la ligne de l'oecuménisme, de la justice et de la charité que nos enfants attendent dans cette période post-conciliaire. Les quelques passages qui suivent sont extraits d'une lettre publiée dans Herder Correspondence (janvier 1967) en réponse à deux articles parus précédemment dans la même revue (novembre et décembre 1966) à propos du catéchisme australien. Après avoir relevé d'autres phrases injurieuses comme :
"Le Vendredi-Saint, c'est Pilate, le paren, qui essaya de sauver Jésus, et les grands prêtres du peuple juif qui crièrent : 'Crucifiez-le", et "Ils (les Pharisiens et les scribes) respectaient en apparence la Loi que Dieu avait donnée à Morse et des centaines d'autres règles, mais beaucoup étaient orgueilleux et durs, et aimaient l'argent", la lettre continue :
"Mais le comble est atteint dans la question et la réponse suivantes :
Q. - Pourquoi le peuple élu a-t-il rejeté Jésus ?
R. - Le peuple élu a rejeté Jésus parce qu'il ne voulait pas se défaire de ses péchés'...
En un court chapitre, on enseigne aux enfants le mépris du peuple juif qui tout entier rejeta Jésus en tant que Messie et qui menait une vie de péché, parce que la religion était dégénérée.
A quelle génération va-t-on donner un enseignement qui ne provoquera pas le mépris ou l'antipathie pour les juifs ou leur religion ? On pourrait être dur et répondre ainsi : à celle qui n'apprendra ni ce catéchisme ni d'autres aux expressions semblables.
Il s'avère que dans beaucoup de pays le jeune catholique moyen ne se rend pas compte que Notre Seigneur ou les premiers chrétiens étaient juifs. Il sait que Judas était juif".
G. J. Londres.
6. LES JUIFS DANS LA CATECHESE CATHOLIQUE EN ITALIE
Excepté sous l'occupation nazie, l'Italie est l'un des rares pays d'Europe dont l'histoire ne relate pas de massacres de juifs. L'antisémitisme, du moins sous ses formes agressives, semble avoir peu de prise sur les masses. C'est ainsi, par exemple, que durant la dernière guerre, les troupes italiennes qui occupaient la Savoie coopérèrent avec la Résistance. pour faire passer des juifs en Suisse. La proportion de juifs ayant échappé au génocide est plus élevée en Italie que dans tous les autres pays d'Europe alliés des nazis ou occupés par eux, excepté le Danemark et la Finlande.
Si l'on admet que l'antisémitisme "chrétien" a pris sa source principale dans l'enseignement de la religion, on s'attendrait à ce que les catéchismes italiens d'avant le Concile soient moins entachés de préjugés antisémites que ceux de la plupart des autres pays. Or il n'en est rien. Une enquête menée par le Sperry Centre de l'Université romaine Pro Deo (à parattre en italien et en anglais, durant l'été.1967) démontre qu'on y trouve largement ce que Jules :7Aec a appelé "l'enseignement du mépris". En fait tous les livres de catéchisme publiés avant 1965 -encore en usage dans la majorité des écoles primaires et secondaires- parlent du peuple juif d'une manière nettement défavorable.
On y trouve généralement l'accusation, parfois le terme même, de "déicide" (1) appliqué à l'ensemble du peuple.ljuif. Partout, ce sont "les juifs", sans distinction, qui haîssent le Christ, qui le condamnent, qui le crucifient, qui se moquent de lui et qui refusent de croire en lui. On les déclare punis par une malédiction durable dont la destruction de Jérusalem, la dispersion, la condition d'errants persécutés seraient les conséquences. Un catéchisme va jusqu'à les assimiler à Judas qui a vendu son mattre pour trente -deniers. Certains prennent un ton spécialement haineux, tel celui de G.RICOICITT, paru en 1943 mais encore en usage (La Religione di Cristo - ed. Mondadori). Dans beaucoup d'autres, on se contente de répéter par habitude, sans insister, ni repenser le texte, les accusations héritées d'un long passé de haine.
Il semble que, dans beaucoup de cas, cette manière de parler des juifs relève moins d'une animosité spéciale que d'une manière devenue traditionnelle d'enseigner le catéchisme et qu'elle va de pair avec une pédagogie surannée et une égale fermeture à tout esprit oecuménique. Les mêmes manuels qui accuseront tous les juifs sans distinction d'avoir perpétré la mort du Christ, qui feront du Pharisien le type même de l'hypocrisie haineuse, enverront tous les hérétiques, les schismatiques (c'est ainsi que l'on désignera habituellement nos frères protestants et orthodoxes) et autres non catholiques en enfer en les mettant d'office hors de la communion des saints ; selon la formule que saint Pierre Canisius avait empruntéd à Saint Albert le Grand.
Et depuis le Concile ? Certainement, la catéchise post-conciliaire connaît un renouvellement, encore partiel et timide, mais qui semble en voie d'accélération. Jusqu'à cette année, les initiatives ont été purement locales, par exemple dans le diocèse de Bologne, ou privées, comme celles des Salésiens de Turin, ou de Sofia CAVALLETIT et G. GOBPI (qui travaillent cependant en liaison avec l'office catéchétique du Vicariat de Rome). L'on a ainsi vu paraître quelques catéchismes nouveaux, dont certains sont bien dans la ligne du Concile en ce qui concerne les juifs et qui tiennent compte des progrès réalisés par la catéchèse en d'autres pays.
Du point de vue de la pédagogie aussi bien que de l'attitude envers nos frères juifs, nous apprécions tout particulièrement les ouvrages de S. Cavalletti, qui ne se contente pas de s'abstenir de toute accusation injuste, mais marque bien tout ce que nous devons à nos ancêtres dans la foi.
Les éditions salésiennes LDC de Turin offrent toute une série de nouveaux catéchismes élémentaires et de livres d'instruction religieuse pour les classes secondaires. Certains sont excellents et comme pédagogie et comme esprit oecuménique, mais les Salésiens ne disposaient malheureusement pas d'auteurs capables de répondre aux besoins de toutes les classes, aussi se sont-ils souvent contentés de traduire des livres français préconciliaires, véhiculant tous les préjugés antisémites traditionnels (par exemple, ceux le Mlle DER KENNE et du P. DEELLY), Les nouveaux petits catéchismes du diocèse de Bologne, eux, sont excellents, réfléchissant bien l'esprit évangélique et l'ouverture oecuménique de l'Archevêque du lieu.
Si l'on ajoute trois petits catéchismes (assez faibles et contenant une phrase antisémite) des "Editione Paoline" et trois autres (excell lents, ceux-là, si l'on met à part une phrase antisémite qui sera corrigée dans la prochaine édition), pour les classes secondaires de l'Office Catéchétique de Rome, l'on aura fait le tour des livres nouveaux. Cependant, il y a des chances sérieuses pour que ces efforts encore trop limités s'amplifient prochainement.
En effet, l'Assemblée Episcopale d'Italie vient de créer une commission nationale chargée du renouvellement de la catéchèse. D'ici un an, cette équitipe devra achever un texte de base, qui constituera lui-même le fondement de quatre ouvrages-types, lesquels serviront de modèles obligatoires pour l'élaboration de tous les futurs livres d'instruction religieuse s'adressant respectivement aux enfants, aux jeunes adolescents, aux élèves des grandes classes et aux adultes.
Mais en Italie comme dans la plupart des autres pays, la réforme de la catéchèse prendra du temps. Il ne suffit pas de publier des livres nouveaux : il faut réformer avant tout la mentalité des catéchistes : prêtres, religieuses et maîtres laTcs professionnels sans compter les jeunes catéchistes volontaires qui aident dans beaucoup de paroisses. Malheureusement l'Italie de possède pas encore d'organisations pour la formation de l'ensemble des catéchistes du pays : pas d'Institut supérieur catéchétique, ni de Lumen Vitae, ni de facultés qui confèrent des "Licences d'Instruction religieuse". Il n'y a pas encore d'organisme prêt à promouvoir des congrès et sessions sur une grande échelle, groupant des milliers de catéchistes et vulgarisant le désir d'opérer 1"aggiornamento" de la catéchèse. Pour le moment, il n'y a que des initiatives locales, des organismes privés qui s'occupent de la formation des catéchistes, tels les Salésiens qui ont un Centre Catéchétique à Turin et organisent chaque année à la Mendola, des sessions pour la formation de catéchistes, suivies surtout par des religieuses et quelques jeunes prêtres, les cours de l'UCD, destinés surtout aux prêtres, et ceux de l'Institut de Pédagogie et de Sciences religieuses des Filles de Marie Immaculée de Turin. L'Office Catéchétique de Rome est aussi en train de mettre sur pied un centre de formation pour les catéchistes du diocèse, dans un excellent esprit d'ouverture aux besoins de la chrétienté actuelle.
M. K. Rome.
7. Espagne
"Dans les livres de textes en usage dans les écoles jusqu'à la récente réforme de l'Enseignement Primaire, on pouvait relever de nombreuses expressions qui dénotaient de forts préjugés religieux et sociologiques de caractère inconscient, transmis par routine dès les temps médiévaux, comme peuple ingrat et déicide', 'pourriture nationale', ainsi que des légendes de crimes rituels, etc..."
Le Comité de l'Amitié judéo-chrétienne a longuement travaillé à relever les passages nocifs de ces livres et par ses interventions aussi discrètes qu'efficaces a obtenu déjà plusieurs corrections suivant les normes et l'esprit de Vatican "Deux livres de textes, de grande diffusion dans les milieux scolaires, constituent le meilleur exemple de cet effort d'adaptation : '"Yo soy espagnol' et 'Hemos visto al Senor' de Agustin Serrano de Haro. Le premier de ces livres était bien connu pour son chapitre sur Dominguito del Val : 'Les juifs tuent un enfant', dans lequel les juifs étaient malmenés. Dans l'édition de 1962 déjà, un effort de rectification avait été obtenu par l'Amitié Judéo-chrétienne de Madrid et dans la dernière édition de 1966, tout le chapitre a disparu ainsi que les nombreux passages qui, tout le long du livre, semaient les préjugés contre les juifs..."
Aidé d'une équipe d'étudiants et de jeunes enseignants, ce même comité a entrepris une révision systématique des livres scolaires actuellement en usage. Il a la satisfaction de constater que : "Quelques phrases seulement marquant des préjugés ont été rencontrées dans un petit nombre de livres d'ailleurs tombés en désuétude et pratiquemeet retirés des Ecoles à cause de leur contenu et de leur présentation par trop vieillis...
Ce travail de révision se continuera et sera étendu prochainement aux textes de l'Enseignement secondaire''.
L'Amitié Judéo-Chrétienne nous informe de plus, que la Commission Episcopale de l'Enseignement est en train de préparer un catéchisme national selon l'esprit du Concile Vatican II. Etant donné l'importance du travail, il faudra un certain temps pour le mener à bien.
Nous pourrions mettre à la disposition 40 ceux que ,lerquentIon. int6resserait une liste de livres de catéchisme déjà recensés.
E. P. Rome
8. ARGENTINE
Nous avons peu d'échos de ce qui se fait en Argentine au point de vue catéchétique. Nous venons seulement de recevoir le "Guide du Manuel de catéchisme 'Pour être heureux avec Jésus'" (Initiation chrétienne des enfants, Editorial Bonum) dont vient de paraîtra la sixième édition. Il cite à deux reprises la Déclaration de Vatican II sur les juifs, avec un réel désir de voir présenter nos frères juifs selon la vérité et la justice. Mais sans doute les préjugés durent-ils depuis trop,longtemps et sont-ils trop profondément ancrés pour que les auteurs se rendent compte qu'ils n'arrivent pas eux-mêmes à les éliminer tout à fait. Ainsi,nous trouvons cette phrase précédant immédiatement la citation de la Déclaration : "En rappelant brièvement ce que Jésus disait et faisait, on doit expliquer que tous les juifs ne croyaient pas en Lui, malgré ses miracles et sa bonté, et que pour cela, certains commencèrent à lui porter envie et décidèrent sa mort". On suggère trop facilement que l'absence de foi peut engendrer automatiquement l'envie et le désir d'homicide. Ceci est encore un de ces malheureux lieux communs antisémites.
E. P. Rome
9. Etats-Unis
Il est difficile de donner une idée complète de cd qui se fait aux Etats-Unis dans le domaine de la catéchèse. Dans cet article, nous mentionnerons simplement quelques initiatives prises dans le manuel catéchétique actuel, et dans une série de catéchismes, "La Bible, la vie et le culte" ; on s'est efforcé de présenter les juifs d'une façon objective ; on a recherché les relations entre le judaïsme et le christianisme, et souligné la fidélité d'IsraUl à Dieu par l'accomplissement de la loi de Moïse, nos liens bibliques avec 1e pepee au et les efforts communs pour résoudre les problèmes posés par la société contemporaine.
Plusieurs projets de recherche sont dignes d'être mentionnés. S. Rose Albert TMRING, O. P., Ph. D., du centre d'enseignement catholique pour adultes à Chicago, a étudié des textes religieux catholiques et le Dr Bernhard E, OLSON, de la Conférence Nationale des Chrétiens et des Juifs, le matériel religieux protestant (Faith and Prejudice, Yale University Press). La conclusion des deux études est que le préjugé est en quelque sorte "tissé" dans l'histoire de l'Eglise, dans sa doctrine, et profondément ancré dans sa tradition. Ce qui fait problème, c'est un manque d'intérêt et de prise de conscience de l'antisémitisme. Nous trouvons une autre étude révélatrice dans le rapport de Glock et de Stark, de l'Université de Californie (voir n° 14).
L'association d'Enseignement religieux qui groupe des professeurs protestants, juifs et catholiques a tenu sa convention nationale du 20 au 22 novembre 1966 sur le thème : "La Révolution oecuménique et l'enseignement religieux". Des conférenciers des trois religions ont parlé de la nécessité d'apprendre aux enfants et aux adolescents à reconnaître les valeurs et à respecter les droits des autres groupes et individus. Le Rabbin Irving GREENBERG, de New York, a déclaré que bien que les chrétiens ne devraient pas "céder trop et trop facilement aux revendications de ceux qui voudraient tout ramener au naturalisme ou à celles des religions non chrétiennes", ils doivent "reconnaître que l'Alliance avec Abraham et Noise est toujours valable d'une façon beaucoup plus décisive que l'ont fait Vatican II ou môme le Conseil Mondial des Eglises". Philip scHRpm, l'éditeur en chef de Sheed and Ward, à New York, a résumé l'attitude de nombreux chrétiens quand il a dit : "Dans l'histoire religieuse de l'homme occidental, on considère le juif comme un facteur impénitent, ou qui a refusé, avec une perversité caractéristique, de mourir pour confirmer notre théologie du juif, ou qui survit en fait, mais seulement pour nous servir de rappel de la miséricorde de Dieu qui nous a invités dans la maison de la foi chrétienne°. Il ajoute encore qu'il ne suffit pas de savoir et de reconnaître que la chrétienté prend ses racines dans l'Ancien Testament ainsi que ses modèles de pensée et sa liturgie. "On demande aujourd'hui au chrétien de participer au dialogue avec un judaïsme vivant et le chrétien contemporain doit reconnaître qu'il doit échanger avec le juif contemporain".
Dans la série de textes catéchétiques "Bible, Life and Worship", pour classes élémentaires, il y a un effort méritoire pour répondre aux exigences, à la fois de l'intégrité biblique et de la compréhension inter-religieuse. La base du matériel est d'abord biblique; on insiste beaucoup sur l'arrière-plan de l'Ancien et du Nouveau Testaments. Dans le livre 4, par exemple, Abraham, Père de tous les croyants, dépositaire des promesses de Dieu, est présenté dans le contexte historique do la Terre de Mésopotamie. A propos de la vie de Marie et de Jésus à Nazareth et de la vie publique du Christ avec les Apôtres, on se réfère constamment par des récits et de charmantes illustrations à la vie sociale et religieuse des juifs en Palestine, telle qu'elle était et est encore en de nombreux endroits. L'entrée du Christ au Temple à 12 ans, par exemple, est liée à l'ancienne cérémonie juive de Bar Mitzvah, rite d'initiation du jeune juif qui l'introduit pleinement dans la sainte assemblée du Peuple de Dieu. Souvent on donne des passages de l'Ancien Testament avec des références à des textes du Nouveau (pour Abraham: Gen. 12, 14 ; 13, 14-17 ; 15, 1-6 et Romains 4, 3-21). Le Christ prêchait en Judée à un peuple concret dans un temps historique donné. Il respectait avec son peuple "le samedi, jour de Sabbat", avec eux ils"se malade à la sytagogue. Ils écoutaient... la Bible... Ils chantaient les prières et les psaumes... Tous les ans, les juifs célébraient quatre grands jours de fête, la Pâque, la Pentecôte, les Tabernacles et Yom Kippur". Dans les activités que comporte la leçon, on signale à l'attention des enfants que les juifs actuels célèbrent les mêmes fêtes. Tout cela est indispensable pour une compréhension adéquate du Nouveau Testament, et de la spiritualité du judaïsme d'aujourd'hui.
Il y a cependant quelques inexactitudes au sujet de la Crucifixion. Et lorsqu'il s'agit de prier pour les autres : "Nous prions pour que le message apporté par Jésus atteigne leurs oreilles et transforme leurs coeurs", il mangue de la nuance de respect pour l'autre tel qu'il est. Dans de noms breux autres exemples nous trouvons que nos racines religieuses dans le judaïsme ne sont pas signalées clairement comme à la page 21 du livre 4, où le paragraphe sur le Nouveau Testament suit immédiatement celui sur l'Ancien sans aucun effort pour lier les deux. A cet égard, nous devrions peut-être repenser l'emploi des termes "Ancien" et "Nouveau" en parlant de la Bible.
On doit donner aux enfants le vrai respect des valeurs du judarsme d'aujourd'hui. En dépit de certaines attitudes déjà nettement en progrès on manque quelques occasions, par exemple, p. 175, dans l'histoire du Pape Jean XXIII et du groupe de juifs qui sont allés le voir. La morale qu'on en tire ne semble pas s'aventurer trop loin. "Nous aimons les juifs d'une façon spéciale parce que c'est le peuple à qui le Seigneur Dieu a parlé, et parce que par eux Dieu a tenu sa promesse d'envoyer un Sauveur..." Et ne pouvons-nous pas aussi les aimer pour les valeurs dont ils témoignent aujourd'hui ?.
En général, cependant, ces textes représentent un très bon début dans notre recherche pour nous comprendre mieux nous-mêmes en comprenant notre origine et dans nos efforts pour enseigner le respect de l'autre.
T. F. Rome.
10. CANADA
Les catéchismes canadiens "Corne to the Father" (Viens vers le Père, Célébrons ses merveilles) publiés en français par Fides et en anglais par la Paulist Press (1966) sont employés expérimentalement dans de nombreux diocèses du Canada et des Etats-Unis. Bien qu'ils aient été largement acee cueillis comme une nouveauté dans la catéchèse, nous avons l'impression que pour ce qui est de la présentation de l'arrière-plan de l'Ancien et du Nouveau Testament, ils pourraient acquérir beaucoup de profondeur en étudiant la série américaine mentionnée ci-dessus. Bien qu'orienté vers la Bible, "Viens vers le Père", aussi bien dans le manuel des parents, dans 1 le guide des professeurs que dans le texte des enfants, me fait pas réfléchir sur le milieu où s'est formé le matériel biblique employé ; nous n'y trouvons que peu de chose, par exemple sur les nouveaux aperçus de la pensée et du mode de vie de nos ancêtres dans la foi. L'emploi de cette série pour un enseignement compétent présuppose une formation biblique et historiqge que n'ont pas encore reçue la plupart des professeurs au Canada. Il est regrettable qu'elle ne soit pas donnée par les manuels et qu'une série nouvelle et largement utilisée comme celle-ci soit dépourvue d'une étude si fondamentale.
L. P. Rome.
1l. HOLLANDE
Une intense activité pour un renouvellement sérieux et profond de la catéchèse, règne en Hollande spécialement en ce qui concerne les rapports de l'Eglise avec le judarsme. On a fait de plus en plus d'efforts pour améliorer les textes des livres d'enseignement et pour procurer des documents qui puissent aider les instituteurs autant que les élèves à se familiariser avec une nouvelle mentalité. On doit noter :
1) L'Institut Lumen (P. O. B. 512, Hilversum) qui a publié quelques excellents films à projection fixe, dont les images et les livrets donnent un bon exemple de la façon de promouvoir une nouvelle rencontre entre le judatsme et le christianisme. Quelques titres : "Pesah, la Pâque juive', une série de quatre films sur "Israël, pays de la promesse", deux films en couleurs sur "Le Judatsme", résumé des données religieuses et culturelles du Judatsme, des origines jusqu'à nos jours avec une attention spéciale pour le rapprochement oecuménique.
2) "Geboren mit de Joden" (Né des juifs, Hoeksteenreeks 45, Actie voor God, Heenstede). Un petit livre bien illustré (25 pages) qui décrit d'une manière claire et attfityamte comment Jésus vivait comme juif, comment l'Eglise et la Synagogue se séparèrent l'une de l'autre et comment lentement une nouvelle attitude se fait jour.
3) Lé périodique Qbr1§Ile_en_Israel (Revue du Conseil Catholique pour Israël, Kastanjelaan 1, Harmelen, Utr.) publie de temps en temps des articles sur la situation catéchétique à ce point de vue. En 1964 on disait, par exemple, "Là où la théologie a déjà acquis une nouvelle conception, la prédication et la catéchèse n'ont souvent pas suivi,précisément en ce qui regarde le mystère du peuple de Dieu".(p..87). Depuis on a fait paraître plusieurs petites études qui signalent les défauts et donnent de bonnes directives (voir la même revue, année 1966).
4) Il y a des écoles (l'école d'industrie pour jeunes filles à Hilversum) où le professeur de religion introduit les élèves dans une nouvelle manière de voir et de vivre la relation entre juifs et chrétiens. Les moyens : des excursions à Amsterdam, expériences de Pesah, danses juives folkloriques.
5) Dans le Katholiek Schoolblad (Revue scolaire catholique, hebdomadaire pour les instituteurs catholiques) on consacrait le supplément du 11 mars 1967, à l'attitude catholique envers les juifs.. beauoapp de suggestions très utiles.
6) "De Nieuwe Katechismus" (Le nouveau catéchisme, Prédication de foi pour adultes, Hilversum-Antwepten, 's Hertogenbosch, Roermond-Maaseik,1966). Le grand progrès de ce catéchisme se trouve dans la méthode et l'approche de La réalité religieuse. Pas de schéma : question-réponse, mais introduction progressive dans la vie de la foi, commençant par une description de l'existence humaine, pleine de désirs et de questions. Suit une exposition moderne et positive de la révélation et de la foi. Cependant, quand on regarde attentivement ce que le catéchisme dit de la relation entre l'Eglise et le judaïsme, on est bien déçu. Certes, on ne trouve plus les expressions et les accusations négatives traditionnelles, le ton du catéchisme étant généralement positif. On parle même de l'existence du judaïsme comme d'un mystère, d'nù viendra un salut futur (p. 240). Mais dans tout le livre il devient très clair qu'on n'a pas expliqué, même pas compris l'importance de cet aspect de la révélation. L'Ancien Testament n'est que préfiguration et préparation. Le dernier chapitre, "La voie jusqu'à la fin", ne fait aucune allusion au rôle spécial du judaïsme. Nulle part, d'ailleurs, dans le livre, on ne trouve la moindre indication de la rencontre et du contact entre l'Eglise et le judaïsme, ce qui est impardonnable quand il s'agit de l'histoire de l'Eglise (p. 250-275) et ce qui est infiniment dommage pour dia formation actuelle des chrétiens. Beaucoup de détails pourraient illustrer cette grave lacune.
Mais l'on s'efforce déjà de corriger ces défauts du catéchisme moderne.
J. R. Leiden C. R. Rome.
12. LIBAN
Au Liban un grand effort est entrepris depuis six ans pour renouveler la catéchèse et donner aux catéchistes une formation capable de les animer de cet esprit "d'aggiornamento". Il existe actuellement au Liban sept centres de formation catéchétique .
Ceux qui connaissent les pays arabes peuvent constater que le travail fait au Liban pour présenter les juifs avec objectivité est remarquable.
"Proche-Orient Chrétien" publie dans son Tome XVI, fasc. IV 1966 le résumé d'une communication donnée en 1965 par Jean COREON au Congrès régional de l'O. I. E. C. (Office International de l'Enseignement Catholique) pour le Moyen Orient.
Dans l'excellent exposé des normes et des méthodes de ce renouvellement, il parait essentiel de relever que le catéchisme doit transmettre une "parole vivante et non pas quelques idées sur Dieu". La catéchèse donc doit être biblique : "il ne s'agit pas d'une vague 'histoire sainte', mais de l'histoire du Salut. La Bible révèle l'événement de Dieu dans l'histoire de l'homme, et par là, révèle l'homme à lui-même... la Bible révèle le sens des événements de notre vie et les éclaire du dedans".
Le P. Corbon insiste aussi sur la foi du catéchiste, "mais une foi qui se traduit par des signes", et sur la liturgie, "signe de la foi".
Enfin il demande au catéchiste de "ne pas négliger les données de nature (tempérament, éducation première, mentalité du milieu) et d'y détecter ce qui est préparation et ce qui est obstacle à l'action de l'Esprit-Saint"... "Il s'agit donc d'initier à la pratique de la charité dans les moindres attitudes du coeur et les moindres comportements extérieurs".
Tout cela pose des bases solides qui pourront rendre possibles l'étude sérieuse et la révision des préjugés antisémites qui existent encore dans la mentalité et la liturgie orientale.
Cet espoir d'ailleurs est entré en pleine voie de réalisation car le P. J. CORBON et le P.FEVEULT, ont rédigé une série de 15 fiches intitulées : A propos des juifs ! Pour comprendre le Projet du Concile, lisons l'Evangile, avec imprimatur de Mgr IgnaceZIADE, Archevêque de Beyrouth. Ces fiches sont adressées aux enseignants chrétiens. Certaines seraient à citer tout entières car elles répondent aux questions brûlantes qui fondent l'antisémitisme religieux. En voici quelques titres :
Race maudite ?
Que son sang retombe sur nous... "Péché originel" de la race juive ? Race réprouvée ?
Qui a condamné le Christ Jésus ? Tueurs de Dieu : est-ce possible ? La race juive seule coupable?
D'autres cependant gardent encore des traces d'anciennes erreurs sur les Pharisiens, qui n'ont pas mérité d'être désignés dans leur ensemble comme des hypocrites orgueilleux ; de même la fiche n° 13 serait à revoir entièrement dans l'optique d'une nouvelle théologie du Peuple de Dieu. Dans la fiche n° 14, expliquer l'antisémitisme religieux par la "tentation judaïsante des chrétiens" parait paradoxale. Il est vrai qu'il faut observer que le mot "judaïsant recouvre pas ce que l'on entend habituellement par ce mot.
Signalons encore du même auteur les fiches pour les catéchistes des classes de 10e à 3e : excellentes à tous points de vue.
Le catéchisme expliqué français-arabe, édité par la Procure des Pères Lazaristes à Beyrouth (dont la 10e édition date de 1960) applique déjà une exacte théologie de la Passion.
Regrettons pourtant, outre une présentation didactique et rationaliste de la religion catholique, la généralisation péjorative du PharisaTsme, une méconnaissance de l'Ancien Testament faisant opposer la "Loi de crainte" (Loi de Morse) à la "loi d'amour" (loi du Christ) (p. 204) et surtout une totale ignorande du judaisme de tous les temps faisant du sabbat "une servitude insupportable" (D. 2e0) alors qu'il est la joie de tout juif pieux.
Dans les circonstances actuelles on a été cependant heureux de souligner un début de rectifications de la catéchèse.
E. P. Rome.
Dans la section précédente, nous avons présenté quelques études sur la manière dont on parle des juifs dans les catéchismes de langues différentes. Nous vous suggérons maintenant une méthodologie pour des enquêtes de ce genre. Cela pourrait intéresser ceux qui font actuellement de pareilles recherches autant que ceux qui ont l'intention d'en faire dans le futur.
13. RECHERCHE SUR LA PRESENTAITON DU JUDAISME DANS LES MANUELS DE RELIGION DE LANGUE FRANCAISE - LOUVAIN, 1966-1967
Historique de l'étude
La recherche faite à Louvain sur la présentation du judaïsme dams les manuels de religion est une aise ep oeuvre de la déclaration conciliaire sur les religions non-chrétiennes dont la partie principale est consacrée au judaïsme. Elle a été décidée après des contacts pris à Rome, Paris, New York et Louvain, entre personnalités juives et chrétiennes.
Le but de l'étude est d'arriver à améliorer la manière dont le peuple juif est présenté dans l'enseignement religieux catholique. Pour ce faire, une contribution universitaire s'est avérée nécessaire affin de présenter des conclusions sûres, basées sur un travail scientifique.
L'Université catholique de Louvain a donc été sollicitée pour réaliser ce projet. B. E. le CArdinal SUENENS n'a cessé depuis lors de marquer un intérêt tout particulier envers cette initiative. Le Centre de Recherches socio-religieuses et le Centre de Recherches catéchétiques collaborent à cette étude dirigée conjointement par le Chan. HOUTART et le Chan. J. GIBLET.
Après une préparation importante, la recherche a débuté au mois de mai 1966 et doit se terminer au mois d'octobre 1967.
Objet de l'étude
L'objet de l'étude était, au départ, double :
1) Etudier les modes de présentation du monde juif, à la fois dans les références et diens les omissions faites dans les manuels scolaires, missels et Bibles catholiques de langue française.
2) Mettre au point une méthode scientifique qui serait applicable à d'autres aires culturelles, d'autres types de littératures, d'autres périodes historiques et même d'autres problèmes.
Recherche
La méthode consiste en :
1) la détermination du matériel di-analyse,
2) l'analyse du contenu, qui en est la partie principale.
1) Détermination du matériel d'analyse.
L'ampleur de la littérature religieuse d'enseignement catholique, même si elle se limite aux manuels scolaires,demandait un choix.
Une enquête a été menée auprès des directeurs d'écoles et des professeurs de religion dans certaines régions de quatre pays de langue française : Belgique, Canada, France et Suisse. Elle a permis de déterminer une liste de 80 livres de religion sur les 170 manuels cités dans les réponses reçues.
Cette liste présente une variété intéressante d'ouvrages de provenances et de dates diverses et destinés à tous les niveaux de l'enseignement secondaire. Elle suffit pour une analyse qualitative de contenu.
2) Analyse de contenu. L'analyse de contenu comporte quatre parités :
1 - Au niveau des expressions verbales, une analyse des mots (wording) : juifs, IsraUl, peuple, Hébreux, Pharisiens. Ces derniers mots sont rangés dans 9 catégories qualitatives présentant une certaine échelle allant du positif au négatif. Les résultats du wording doivent être mis sur cartes mécanographiques afin d'en tirer les conclusions utiles et de vérigier les hypothèses.
2 - Une analyse des passages relatifs à la passion doit viser à dégager non seulement la qualité des expressions et attitudes vis-à-vis des juifs mais surtout la ou les théories des auteurs qui mettent en jeu la responsabilité des juifs et du judalsme dans ces événements.
3 - Une analyse plus approfondie de thèmes doit permettre de déceler les théories plus générales sur la place du judafsme dans l'exposition de la doctrine catholique. Ces thèmes portent sur la continuité, l'universalisme, le r8le et la destinée d'IsraUl, et sur l'enracinement du christianisme.
4 - Enfin à partir des analyses précédentes, un essai de typologie des manuels va être tenté.
La recherche ne s'est pas orientée vers une classification et une évaluation des manuels par rapport à l'antisémitisme, mais principalement vers une étude des mentalités et des courants qui s'expriment dans ces manuels. L'objet qui avait été assigné à l'étude en obtient, croyons-nous, une plus grande profondeur.
Louvain - Belgique
En arrivant à la fin de cette section, nous constatons que l'image de la catéchèse que nous venons de présenter concernant le peuple juif est assez négative. cela n'était pas dans nos intentions. Nous avons essayé de montrer la réalité telle qu'elle est. Maintenant, avec l'évidence de ce qui précède, nous reprenons l'appel de l'introduction : "Il y a beaucoup à faire, et nous sommes en retard"..