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Pharisiens et hasidim
Sh'muel Safrai
Dans un article que j'ai publié dans le Journal d'Etudes Juives 1, j'ai essayé de prouver que les hasidim (les Pieux) et les « premiers hasidim » (hasidim harishonim) dont il est parlé dans la littérature tannaïte et amoraïte ne sont pas identiques à ceux que mentionnent les Livres des Macchabées. Les derniers se développèrent au début du 2è siècle avant J.C.; ils constituèrent l'une des forces les plus importantes du mouvement d'opposition aux Hellénisants et soutinrent sans réserve la révolte contre le roi grec durant le soulèvement asmonéen. Quant aux premiers, j'ai tenté de montrer qu'ils vivaient plus tard et qu'ils appartenaient à la fin de la période asmonéenne; ils déployèrent leur activité alors que florissaient les Sages du Temple et durant les générations suivantes. Cependant, tout en constituant un groupe ou un mouvement lié au monde des Sages, ils ne peuvent pas être identifiés à eux. Ils avaient un même point de vue idéologique, des traditions semblables concernant une étude communautaire de la Torah, et même des vues très proches au plan social et communautaire; mais ils n'étaient en aucune façon identiques aux Sages. Ils avaient leur nature propre, unique en soi, leurs propres traditions sur certaines halakhot; ils vivaient à part dans leur propre milieu, et se consacraient surtout à faire le bien 2. Les traditions caractéristiques relatives aux hasidim ne se trouvent pas dans les maximes de la halahka transmises en leur nom, ni même dans celles de la haggadah, mais bien dans certains récits de leur conduite exemplaire, de leurs oeuvres de miséricorde et des miracles que leur valut l'accomplissement de ces bonnes oeuvres. On les appelait « hommes d'actions »3 (anshei ma'aseh) et l'on rapporte, au sujet de Rabbi Hanina ben Dosa que « lorsque mourut Rabbi Hanina ben Dosa, les hommes d'actions disparurent »4.
Dans les traditions qui parlent des hasidim, certaines personnalités occupent une place prééminente. Citons par exemple Honi, ha-Me'aggel, qui fut tué en 63 avant J.C. par les troupes de Hyrcan durant la lutte entre celui-ci et son frère Aristobule, parce qu'il refusait de prier pour la victoire de l'un ou de l'autre 5; Rabbi Hanina ben Dosa, héros de bien des histoires 6 ainsi que Rabbi Pinhas ben Yair qui exerça une grande influence sur la communauté. De ces hasidim on a gardé des maximes haggadiques, des récits — habituellement un ou deux par Hasid seulement —, mais pas une seule halakhah'. Des énoncés halakhiques transmis sous le nom de « les enseignements des hasidim » (mishnayot ha-hasidim) ou attribués, soit aux hasidim en général, soit à un « hasid » anonyme, s'opposent à la halakhah reçue. Ces halakhot ne sont souvent que de simples restrictions ajoutées à la halakhah officielle mais parfois l'énoncé du hasid est en complète contradiction avec la Weltanschauung halakhique normative et reçue à l'époque 9. Il y a des cas où la tradition talmudique elle-même le relève et souligne le contraste entre la halakhah en usage et celle des hasidim10.
S'il existait parfois un certain degré de tension entre les hasidim et les Sages en général, il y avait aussi entre eux une affinité marquée. On ne doit donc pas être surpris de retrouver dans le corps principal de la littérature talmudique des sentences haggadiques et même toute une collection de pensée hasidique. Je suggérais dans mon article que le Traité Derekh Eres Zuta appartient en grande partie aux enseignements des hasidim". L'une des maximes de ce traité: Si tu veux conserver un ami, soucie-toi de son bien-être, est citée dans Avot de-Rabbi Nathan sous le nom de Megillat Hasidim. Le gros de l'ouvrage concerne la pensée des hasidim, et dès le début nous lisons: « L'homme d'étude est doux, modeste, diligent, intelligent, docile, aimé de tous, humble d'esprit devant les membres de la famille, et craignant le péché; suivant sa vocation, il s'inquiète du bien-être de chacun; il dit; tout ce que je peux avoir en ce monde est pour moi sans importance car ce monde n'est pas le mien. » De la même manière on doit considérer Seder Eliyahu Rabbah comme appartenant principalement à l'école hasidique de littérature 12.
La tension entre les Pharisiens ou les Sages et les hasidim est absolument évidente dès la première apparition des hasidim dans la littérature talmudique, l'histoire de Honi ha Me'agge priant pour la pluie. Le récit comporte beaucoup de détails dans la Mishnah Ta'anit Ch. III. Totef ta Ta'anit 3, 13 donne une version plus courte et indépendante n. L'histoire se retrouve, avec des suppressions et des additions, dans les baraitot des deux Talmuds 14. Elle apparaît aussi en substance dans la vieille liste aramaïque en Megillat Ta'anit, et, dans le scholion hébreu 15, avec plus d'élaboration. Même Josèphe, dans les Antiquités, raconte le fait fondamental de la sécheresse et de la prière de Honi ". Il est très clair, d'après toutes les versions de l'histoire, que Onias lui-même ne fait pas partie des Sages. Siméon ben Shetah, le porte-parole des Sages fait appel à lui et le Sanhédrin 17 (benei Lishkat ha-Gazit) envoie vers lui. A quel titre le pouvoir de Honi est-il plus grand que celui des Sages qui enseignent la halakhah et la Torah? La Mishnah donne immédiatement la réponse: Honi n'est pas comme un ministre devant le roi, mais il se tient devant lui comme un « fils », comme un « fils de la maison ». La Mishnah atteste que Honi a dit de lui-même: « O Seigneur du monde, tes enfants ont tourné vers moi leurs regards parce que je suis devant toi comme un fils de la maison ». Un « fils de la maison », c'est un serviteur de la maison, le plus cher à son maître. Selon la Mishnah et les baraitot dans les Talmuds, Siméon ben Shetah lui fit envoyer dire: « N'es-tu pas cet Honi que j'ai banni? — Mais que te ferai-je? Tu importunes Dieu et il fait ta volonté comme un père fait la volonté du fils qui l'importune ». L'oeuvre de Siméon ben Shetah nous fait connaître le pouvoir de Honi qui a le comportement d'un fils devant son père; elle nous révèle aussi la tension qui existe entre cette fraction des hasidim, ou tout au moins leurs maîtres, et les leaders des Sages qui se cabrent devant le sentiment d'intimité excessive que les hasidim manifestent dans leurs relations avec Dieu et l'audace avec laquelle ils osent s'adresser à lui.
On trouve aussi des détails du même genre au sujet de Rabbi Hanina ben Dosa, qui vécut à peu près 130 à 150 ans après Honi. Rabbi Hanina ben Dosa avait commencé ses activités dès la période du Temple. Il vivait à Araba en Galilée, là même où Rabban Johanan ben Zakkai passa sa jeunesse quand il était encore en Galilée ". Rabbi Hanina ben Dosa fit ses études chez Rabban Johanan ben Zakkai et voici ce que la baraita dit: « Il arriva que Rabbi Hanina ben Dosa alla étudier la Torah avec Rabban Johanan ben Zakkai dont l'enfant tomba malade. Rabban Johanan ben Zakkai dit: Hanina, mon fils, prie pour lui afin qu'il vive. Il mit sa tête entre ses genoux et il pria pour lui et il vécut. Rabban Johanan ben Zakkai dit: Si ben Zakkai avait coincé sa tête entre ses genoux durant tout le jour, il n'en eût point été tenu compte. Sa femme lui dit: Est-ce que Hanina est plus grand que toi? Il répondit: Non, mais il est comme un serviteur devant le roi et moi je suis devant le roi comme un ministre » ". Dans cette tradition sur la prière de Rabbi Hanina ben Dosa, on trouve à peine la trace d'une tension, mais la différence y apparaît très claire entre les Sages qui occupent des situations éminentes — les « ministres » — et l'« enfant de la maison », le serviteur qui est tout proche de son Maître. Rabbi Hanina porte, certes, le titre de Rabbi, réservé aux spécialistes de la Torah officiellement ordonnés. Mais il est très douteux que ce fait puisse signifier un affaiblissement des tensions entre le Corps des Sages et les hasidim. De toute façon, bien qu'il y ait de nombreux récits sur Rabbi Hanina ben Dosa, nous n'avons de lui aucune halakhah.
A mi-chemin, peut-on dire, entre l'époque de Honi et celle de Rabbi Hanina, vivait Hillel l'Ancien. Parmi ses nombreuses sentences, nous lisons: « un ignorant ne craint pas le péché, et un am-ha'aretz (lit: un homme de la terre, c'est à dire un ignorant) ne peut être saint (hasid)". La règle des hasidim, qui insistaient sur leur relation intérieure avec Dieu, était, semble-t-il, basée à la fois sur l'étude de la Torah et l'accomplissement des bonnes oeuvres. Ce qu'on raconte de leurs Maîtres fait état non seulement de leur connaissance de la Torah, mais aussi des choses merveilleuses qu'ils accomplirent tout en maintenant avec foi que le salut final vient de Dieu. Cette perspective pourrait, dans une certaine mesure, réduire apparemment l'importance totale et absolue de l'étude de la Torah, et le style de vie des Hasidim pourrait ainsi apparaître, aux yeux des Grands Maîtres de la Torah, comme susceptible de la déprécier. Selon cette explication, les deux parties de la phrase de Hillel signifieraient ceci: de même qu'un ignorant ne peut craindre le péché — car le concept « craindre le péché » est parallèle a « être saint » — de même un am-ha'aretz, celui qui n'a pas étudié la Torah, ne peut être saint 21.
Il est fort douteux, cependant, que le concept amha'aretz ait comporté au temps de Hillel cet aspect d'ignorance et de non-connaissance de la Torah. Il me semble que am-ha'aretz, dans le mot de Hillel, se réfère à celui qui n'observe pas strictement les lois de pureté. Dans la littérature talmudique, on le sait, am-ha'aretz a trois sens fondamentaux: 1) celui qui ignore la Torah; 2) celui qui néglige les lois de l'offrande des Prémices et de la Dîme; 3) celui qui néglige les lois de pureté rituelle ou, du moins, qui se montre accommodant en ce qui les concerne. On peut difficilement croire qu'à l'époque du Temple et de Hillel 22 am-ha'aretz puisse signifier, en littérature, celui qui néglige les lois de l'offrande des Prémices et de la Dîme ou celui qui est ignorant. Par contre, nous avons plusieurs fois trouvé le terme amha'aretz mentionné, explicitement ou implicitement, dans des sources anciennes, avec le sens de celui qui est suspect quant à son observance des lois de pureté rituelle 23.
Chaque fois que nous voyons les hasidim interpréter la loi d'une façon stricte, les lois de pureté rituelle ne sont pas mentionnées; je l'ai prouvé dans l'article précité. Dans une tradition se rapportant aux jours qui suivirent de peu la destruction du Temple 24, il est parlé de Rabbi Joshua ben Hananiah qui fut envoyé par Rabban Johanan ben Zakkai enquêter sur la personnalité d'un certain prêtre, un hasid qui vivait en Galilée. Alors qu'ils discutaient sur les lois des hasidim (halakhot hasidim), il apparut clairement à Rabbi Joshua que le prêtre avait manqué à l'observance des lois de pureté explicitement mentionnées dans la Torah. Il vaut la peine de remarquer que cette tradition, dans Avot de-Rabbi Nathan, est introduite comme une élaboration d'un mot de Hillel qui est semblable en son contenu à la maxime dont nous nous occupons: Et celui qui ne suit pas l'enseignement des Sages mérite la mort 24.
L'action de Rabbi Joshua doit se comprendre en relation avec les efforts des Sages, successeurs des Pharisiens, pour consolider la société et unifier ses différentes branches dans la génération postérieure à la destruction. Durant cette période, entre la destruction et la révolte de Bar-Kochba, les Sadducéens cessèrent d'exister en tant que groupe communautaire luttant pour maintenir son influence et conserver sa position de leader de la nation; le Christianisme juif perdit la place qu'il occupait: il cessa de faire partie de la société et de la communauté juives. Les hasidim, eux, continuèrent d'exister. La lutte pour les éliminer n'a peut-être pas été très acharnée, ou bien, tout simplement, la lutte échoua. En tout état de cause, durant la période tannaïte, nous trouvons des « il arriva qu'un hasid », ou « il arriva que deux hasidim », et l'on nous parle des Sages hasidiques. Peu à peu cependant, au cours de cette période, le concept perdit de sa clarté. Au commencement de la période amoraïque, au milieu du 3è siècle, nous voyons l'un des Maîtres les plus remarquables, Rabbi Joshua ben Levi, qui dirigeait les études de la Torah dans le Sud, sympathiser avec l'idéal des hasidim. Rabbi Joshua ben Levi, qui dirigeait les études de la Torah dans le révèle à lui, et l'on rapporte de lui des oeuvres merveilleuses — ce qu'on ne fait pas pour les Sages en général. Son comportement et ses enseignements dénotent aussi des tendances hasidiques marquees. Contrairement aux nombreux Sages qui fuyaient les lépreux et tout contact avec eux, par exemple, Rabbi Joshua ben Levi les fréquentait et étudiait la Torah en leur compagnie ". Il insistait spécialement sur l'importance de la modestie qu'il considérait comme la plus grande de toutes les vertus. En contraste pourtant avec les générations précédentes, Rabbi Joshua ben Levi, le hasid, était aussi un savant et un leader des Sages. Les exigences particulières de la Torah hasidique, cependant, ne furent ni édulcorées, ni éliminées. Témoin la fameuse histoire rapportée par le Talmud Palestinien 27 sur Rabbi Joshua ben Levi qui accorda asile à un fugitif recherché par les autorités locales: lorsque les forces gouvernementales assiégèrent la ville et menacèrent d'en tuer tous les habitants si cet homme ne leur était pas livré, Rabbi Joshua ben Levi réussit à persuader le malheureux de se rendre lui-même. La tradition précise qu'après cet événement Elie cessa d'apparaître au Rabbi comme il avait coutume de le faire. Rabbi Joshua dut se soumettre à une longue série de jeûnes avant qu'Elie ne lui apparût de nouveau. A la question de savoir pourquoi il avait attendu tout ce temps, puisqu'après tout Rabbi Joshua avait agi conformément à l'enseignement de la Mishnah 28, le Prophète répondit: « Mais est-ce là l'enseignement des hasidim? » Selon la loi établie, une interprétation aussi stricte était injustifiée, car Rabbi Joshua ben Levi avait non seulement le droit de persuader le fugitif de se livrer volontairement, mais, en fait, il en avait le devoir afin que fût sauvée la ville entière; de plus, la halakhah va jusqu'à interdire à quiconque de s'offrir à la mort si cela est contraire à la loi 29. L'enseignement des hasidim, cependant, tel qu'il est présenté par Elie, exige du Hasid qu'il fasse confiance à Dieu et maintienne en lui-même une volonté de sanctifier son Non en toutes circonstances, bonnes ou mauvaises.
Il y avait en effet un certain degré de tension entre les hasidim et les Sages en raison de leurs enseignements respectifs, en raison de leurs comportements respectifs, et peut-être même en raison du sentiment qu'ils avaient, les uns et les autres, d'être uniques. Mais les deux groupes étaient malgré tout si proches l'un de l'autre qu'une bonne partie de l'enseignement des Hasidim s'est maintenu dans la tradition de la littérature talmudique, soit sous la forme de volumineuses collections comme Derekh Eres Zuta et Seder Eliyahu Rabbah, soit sous la forme de sentences isolées dans la Haggadah, soit même comme des halakhot établies selon les normes halakhiques existantes.
1. Journal of Jewish Studies XVI (1965) pp. 15-35.
2. Dans l'article sus-mentionné, je cite de nombreuses traditions, principalement de la littérature tannaïte, qui rapportent les bonnes oeuvres des hasidim, faites individuellement ou en groupe. Il est bon, à ces sources, d'en ajouter une autre, publiée dans la midrash Ha-Gadel sur Genèse 43,14 (p. 735 éd. Margulies), qui parle de deux hasidim qui mirent à la voile pour accomplir un « devar mitzvah » c'est-à-dire une bonne action. La source de l'histoire est inconnue, mais elle est, à n'en pas douter, de nature palestinienne, comme on le voit par la langue employée par les deux hasidim: palestinienne aramaïque.
3. La Mishnah Sukkah 5,4 dit: Les hommes de piété (hasidim) et les hommes d'actions dansaient devant eux (devant ceux qui se réunissaient pour la fête de Bethha-Sho'evah dans le Temple ou à la veille de la fête du Sukkot. A partir du texte de la Mishnah, il est possible d'expliquer qu'il y avait deux groupes différents: les Hasidim et les hommes d'actions. Mais les sources parallèles et les détails plus élaborés en Tosef ta Sukkah 4, 2 et dans le Talmud Palestinien Sukkah V. 56b indiquent clairement que les deux noms se réfèrent à un seul groupe.
Mishnah Sotah 9, 15.
5. Antiquités. XVI, 22-24.
6. Voir G. Vermes, « Hanina ben Dosa », Journal Of Jewish Studies XXIII (1972) pp. 28-50.
7. La halakhah au nom de Pinhas ben Yair dans le Talmud Babylonien Baba Kamma 113b traite davantage de moralité et d'éthique.
8. Voir le Talmud Babylonien Menachot 41a. avec sa conclusion: « il en va autrement de ces hommes pieux car ils s'imposent à eux-mêmes des obligations supplémentaires ».
9. Ceci est spécialement vrai dans les cas où la confiance des hasidim dans le salut donné par Dieu et la foi qu'ils seront délivrés des épreuves dues à la nature ou aux méchants a pour résultat leur refus de prendre des précautions que l'on pourrait interpréter comme étant contraires à la halakhah. C'est ainsi par exemple que, persuadés que les serpents et les scorpions ne feront de mal qu'aux personnes méritant la mort, les hasidim défendaient de tuer ces bêtes le jour du Shabbat. « Si quelqu'un tue serpents ou scorpions le jour du Shabbat, l'esprit des pieux (Hasidim) est mécontent de lui ». (Talmud Babylonien Shabbath 121b). Le Talmud conclut pourtant: « Quant à ces hommes pieux, l'esprit des Sages est mécontent d'eux ». (Ibid).
10. Ainsi par exemple la défense radicale faite par les hasidim de livrer quelqu'un au Gouvernement Romain, même si cette attitude devait mettre en danger toute la communauté ou tous les habitants de la ville. Cette halakhah est opposée à la loi établie et le Talmud Palestinien souligne ce fait. Voir la discussion en Talmud Palestinien Terumot VIII 48b et Bereshit Rabba 94, 9 (pp. 1184-1185, éd. Theodor-Albeck). Voir aussi les Responsa de « Rav Shalom Gaon Ha-Yerushalmi » qui furent publiées en Sura I (1954) pp. 23-25.
11. Traduit en allemand par A. Tawrogi, Derech-EresSutta (1885).
12. Une étude scientifique a été publiée par M. Friedmann en 1904. L'opinion prédominante dans la littérature scientifique de la dernière génération est que le livre est de la période post-talmudique. L'auteur de cet article, lui, est tout à fait certain que l'ouvrage est antérieur, qu'il date des premières générations d'Amoraim et que plusieurs des baraitot qu'il contient furent recopiées dans les Talmuds et les Midrashim. Ce n'est pas ici, toutefois, le lieu d'en discuter en détail.
13. Dans la Tosefta, l'histoire débute ainsi: « Il arriva qu'un hasid, etc. ». L'assertion de S. Liebermann en Tosefta Ki-Fshutah V p. 1096 que « nous avons sous les yeux une histoire différente semblable à la première » ne me semble pas exacte. Il est vrai qu'au lieu de Honi (dans la Mishnah), la Tosefta dit: il arriva qu'un hasid, etc. Mais les éléments fondamentaux du récit sont communs aux deux sources et nous nous trouvons simplement devant une version différente de la même tradition. Le fait que la Mishnah attribue l'histoire à Honi et la Tosefta à un hasid est un phénomène périodique. Ainsi l'histoire de son petit-fils Abba Hilkiah, lui aussi sollicité de prier pour la pluie dans le Talmud Babylonien Ta'anit 23a est attribuée dans le Talmud Palestinien Ta'anit III 64b à un « hasid de Kef ar Imi ». Ces deux histoires parallèles sont semblables en presque tous leurs nombreux détails. Bien plus, dans la littérature talmudique, il y a bien des récits sur les Sages (et parfois sur les gens du peuple) qui furent les leaders de la communauté dans la prière pour la pluie.
14. Talmud Palestinien Ta'anit III 66d-67a.
15. Talmud Babylonien Ta'anit 23a.
16. H. Lichtenstein, HUCA VIII-IX (1931-2) pp. 348-349.
17. Ainsi dans le Talmud Babylonien.
18. Talmud Palestinien Berakhot IV 72 et parallèles. Talmud Palestinien Shabbath XVI 15d.
19. Talmud Babylonien Berakhot 34b.
20. Mishnah Avot 2, 5. Certains savants, on le sait, se refusent à attribuer cette série de sentences en Avot 2, 5-6 à Hillel l'Ancien, car une autre série de ses sentences se trouve auparavant en Avot 1, 12-14, selon un ordre en accord avec la suite chronologique des différents auteurs de sentences. En conséquence, ils attribuent les sentences en Avot 2, 5-6 à Hillel, le fils de Gamaliel III qui se trouvait mentionné un peu avant. Mais les deux frères Hillel et Juda dont il est parlé dans la baraita sont les fils de Gamaliel II comme je l'ai montré ailleurs (Sinaï 78 (1976) pp. 21-22). Il n'y a d'ailleurs aucune preuve de l'existence d'un fils de Gamaliel III nommé Hillel et rien ne justifie l'attribution à un savant inconnu d'une série entière de sentences en Avot, ouvrage dont le but est de fournir une collection de maximes tannaïtiques. Il est fort douteux que le fils de Gamaliel III soit mentionné en Avot, car aucun autre savant de cette période tardive ne l'est. La phrase dont nous nous occupons est citée en partie, dans les mots de Rabbi Judah B. Mai, en Tosef ta Berakhot 7, 18; et une autre, formulée de façon semblable, est attribuée à Rabbi Avivah en Avot de-Rabbi Nathan, version A chapitre 26 et version B chapitre 33. Pour les autres preuves apportées par les érudits, voir H. Albeck dans son commentaire sur Avot (1953) p. 349.
21. Ainsi en A. Buchler, Der Galiliiische Am-ha-Ares des Zweiten Jahrhunderts (1906) p. 18.
22. Dans la description détaillée des actions de Hyrcan le Grand Prêtre, en relation avec le maintien des Dîmes (Mishnah Ma'aser Sheni 5, 15; Mishnah Sota 9, 10; Tosefta Sota 13, 10; Talmud Palestinien Ma'aser Sheri
V 56d; Talmud Palestinien Sota IX 24a) la phrase sur am-ha'aretz n'est pas mentionnée. Ce n'est que dans le Talmud Babylonien Sota 48a, que ce décret est formulé selon les critères d'une période plus tardive avec la mention de am-ha'artez. Voir Buchler. Ibid.
23. Mishnah Hagigab 2, 7; Tosefta Sanhedrin 3, 4.
24. Avot de-Rabbi Nathan; version A ch. 12; version B ch. 27. Cf. la version publiée en Midrash Ha-Gadol sur Lévitique 11, 35 (ed. Steinzaltz p. 285).
25. Ces mots ne sont pas ceux de Hillel en Avot 1, 113, mais l'éditeur de Avot de-Rabbi Nathan les avait devant les yeux, car la sentence aramaïque est citée parmi celles de Hillel quand l'éditeur travaille en hébreu sur chacune des sentences aramaïques prises séparément.
26. Talmud Babylonien Ketubot 77b.
27. Talmud Palestinien Terumot VIII 46b; Bereshit Rabba 94,9 (pp. 1184-1185 éd. Theodor-Albeck).
28. Ceci n'est pas un midrash mais une baraita trouvée en Tosef ta Terumot 7, 20 (Talmud Palestinien Terumot VIII 46b). Le principe fondamental se trouve déjà dans la Mishnah, Terumot 8, 12.
29. C'est dans cet esprit que le Gaon de Jérusalem répond dans les Responsa publiées par Agus en Sura I (1954) pp. 22-23.