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Présentation
Les Editeurs
Les femmes ont toujours eu une grande influence dans la société et nombre de projets importants, audacieux même, ont été inspirés, portés par celles-ci, individuellement ou collectivement, alors, même que l'histoire ne leur attribue souvent qu'un rôle de second plan. Dans sa "Lettre aux femmes" du 10 juillet 1995, le pape Jean Paul II reconnaît que dans "la longue histoire de l'humanité", "les femmes ont apporté une contribution qui n'est pas inférieure à celle des hommes.
Parmi les valeurs de cette "tradition" féminine nous pouvons reconnaître, à la suite de M.T. Porcile Santiso, théologienne citée ici (p.4), celles de l'ouverture à l'Autre, de l'accueil, de la tendresse, de la sollicitude pour la vie, valeurs qui sont potentiellement inscrites dans le corps même de la femme. Si ces valeurs trouvaient davantage la possib.ilité de s'exercer au niveau de la vie sociale, elles contribueraient sans doute à renouveler profondément les relations humaines dans le sens de la reconnaissance de l'autre, de l'hospitalité mutuelle, de I"'humanisation" du monde.
La 4e Conférence internationale des femmes vient de se terminer aux environs de Pékin, et nous avons pu voir des femmes du monde entier brandir des bannières portant des messages d'espérance, de réconciliation et de paix, cherchant à tisser des liens entre des cultures très diverses pour préparer un avenir commun. Cette action symbolique manifestait leur désir profond, leur détermination, leurs efforts en vue d'une "communauté globale". Cette conférence a permis d'élaborer une plate-forme d'action et d'arriver à une résolution finale, une charte sur les droits de la femme; charte rédigée et approuvée par des femmes venues de 189 pays du globe et déterminées à travailler ensemble pour l'égalité et le progrès des femmes dans le monde entier. Ce progrès pourra contribuer grandement à I"'amélioration" du monde, à la paix, au dialogue sous toutes ses formes.
Pour ce qui est du dialogue interreligieux, celui-ci est particulièrement exigeant. II demande le respect, l'ouverture à l'Autre, qu'on sache aussi apprécier des convictions ou un patrimoine religieux différents des siens et s'en enrichir. L'expérience des femmes, si souvent réduites au silence et peu considérées a fait naître en celles-ci un désir de changement: ensemble, elles se sentent plus fortes pour transformer les situations et faire naître une vie nouvelle. Le dialogue interreligieux gagnera à cette évolution, car les valeurs féminines sont nécessaires pour que les êtres humains découvrent une manière nouvelle de vivre ensemble, dont pourrait dépendre finalement le futur de l'humanité sur notre planète.
Ce numéro du SIDIC présente quelques aspects de l'apport spécifique des femmes au dialogue à travers divers témoignages: celui d'une femme chrétienne d'Amérique latine, Margarida Lopes Ferraz (pp.2-6); celui de deux femmes, juive et chrétienne, des Etats-Unis (Sara S. Lee et Mary C. Boys, pp.7-8) collaborant étroitement pour un projet éducatif; celui de Etty Hillesum, (pp.14-22) dont les écrits et la vie témoignent d'une confiance inaltérable en l'humanité dans l'horreur même des camps; celui de Rabbi Lionel Blue enfin, qui nous apporte le point de vue d'un homme de foi, connu en Angleterre pour son don particulier de relations (pp.9-13)
Si les chances du dialogue sont étroitement liées à la capacité qu'a la femme de protéger la vie dans sa naissance et dans son développement, d'être attentive à la personne humaine concrète en sachant lui faire place, souhaitons que le monde féminin qui constitue "l'autre visage de notre commune humanité" puisse se manifester davantage à tous les niveaux de la société.