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A propos de l\histoire récente
Willehad Paul Eckert, OP
A cause des différentes critiques - avant tout du reproche de tendances antijuives voir antisémites - qui se sont fait entendre au sujet de l’exécution et de la conception du Jeu de la Passion d’Oberammergau, un colloque a eu lieu à Freising auquel ont pris part les responsables de ce Jeu, ainsi que des responsables d’autres lieux de Jeux-d’Erl au Tyrol par ex. - des théologiens et des spécialistes de l’art. Les exposés faits lors de ce colloque ont été publiés sous le titre: «Jeux de la Passion aujourd’hui?» L’unanimité s’est faite de continuer à représenter les Jeux de la Passion, mais d’y éliminer les tendances antijuives.
A Oberammergau, Hans Schweighofer, a pris le parti de remplacer le texte de Daisenberg en recourant au texte antérieur de Nova Passio du bénédictin d’Ettal Ferdinand Rosner de 1750, qui se plaît dans les allégories tant aimées à l’époque baroque. Cette Nova Passio représentée en 1977, sur la scène du théâtre de plein air d’Oberammergau fit grande impression. Cette représentation devait servir de test aux artisans d’une réforme. Trois ans avant la représentation régulière de 1980, elle devait permettre de penser autrement et de commencer quelque chose de nouveau. Mais le conseil municipal ne put se décider majoritairement pour cet essai de réforme du Jeu. On en resta au texte de Daisenberg. L’idée de réforme, fit cependant son chemin. En 1987, dix années après l’échec de l’essai de réforme, la Ammergauer Spielgemeinschaft fit paraître une publication: Le Jeu de Rosner, une documentation sur la Passion baroque dans l’essai de 1977. En 1990, les spectateurs du Jeu de la Passion d’Oberammergau eurent l’occasion de voir également les maquettes et les costumes de la Passion de Rosner, et de comparer ce texte avec la nouvelle version de Daisenberg sensiblement remaniée.
Le Haus der Bayerischen Geschichte mit sur pied une exposition, et publia en même temps un livre, sous le titre: Hört, sehet, weint und liebt, Passionsspiele im alpenländischen Raum (Ecoutez, voyez, pleurez-y et aimez les jeux de la Passion dans les pays alpins), édité par Michael Henker, Eberhard Dünninger et Evamaria Brockhoff, Munich, 1990. La documentation sur la Passion de Rosner, ainsi que sur les Jeux de la Passion dans les pays alpins montre comment les responsables de ces Jeux ont pris au sérieux les reproches d’antijudaïsme.
J’ai vu moi-même les représentations de 1970 et de 1990 à Oberammergau, et j’ai pu me convaincre de ce que les Passionsspiele d’Oberammergau prennent soin aujourd’hui d’éviter toutes les tendances antijuives. Cela vaut aussi bien pour le texte que pour la mise au scène. On y respecte la manière juive de prier. La prière de Jésus et de ses apôtres pour Israël et pour les nations, lors de la dernière Cène, est très impressionnante. Les responsables pour les Jeux s’engagent de même dans ce chemin de réformes en vue des préparatifs de la nouvelle représentation de l’an 2000.
Entre 1965 et 1984 le Père Dr. Willehad Paul Eckert o.p.
fut le président catholique du Deutsche Koordinierungsrat der Gesellschaften für Christlich-jüdische Zusammenarbeit. Il est actuellement membre du groupe de travail pour le judaïsme auprès de la commission oecuménique de la Conférence des évêques allemands. Il fut responsable de la revue EMUNA. (Ce texte est traduit de l’allemand).