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Présentation

Un héritage mitigé est le nôtre au début de ce nouveau millénaire chrétien. Le siècle dernier nous laisse à la fois un goût amer de génocides jamais connus jusqu'alors, en même temps que nous bénéficions d'un capital d'espérance grâce aux relations interreligieuses et aux dialogues établis également durant cette période.
Les efforts faits après la Seconde guerre mondiale, particulièrement dans la rencontre de Seelisberg de 1947 en Suisse, et par les déclarations du Concile de Vatican II à travers Nostra Aetate, pour ne citer que ces deux événements, rendent témoignage que la transformation des personnes, des institutions, voire des systèmes de pensées théologiques, sont possibles. Ils présupposent et supposent une transformation des coeurs et des volontés. Mais ce n'est pas d'un trait de plume que des siècles d'incompréhensions, de fausses images et de préjugés peuvent être effacés. Nostra Aetate et les documents d'application, ainsi que les déclarations d'autres Eglises et communautés, cherchent à permettre cette transformation profonde et graduelle de l'esprit, du coeur et de la volonté en appelant clairement au dialogue. Est-il utile de les rappeler ?
... Le Concile veut encourager et recommander entre eux [chrétiens etjuifs] la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et théologiques, ainsi que de dialogues fraternels. (NA, 4)
... Il importe d'établir désormais un vrai dialogue. ... Outre les entretiens fraternels, on encouragera aussi la rencontre de personnes compétentes, en vue d'étudier les multiples problèmes liés aux convictions fondamentales du judai'sme et du christianisme. ... On pourra favoriser une rencontre commune devant Dieu, dans la prière et la méditation silencieuse, si efficace pour faire naître cette humilité, cette ouverture d'esprit et de cceur, nécessaires pour la connaissance profonde de soi-même et des autres. On le fera en particulier à propos de grandes causes comme celles de la justice et de la paix. (1-974, Orientations et suggestions, I)
Dans ce numéro de SIDIC quatre personnes ont accepté de s'exposer et de témoigner des fruits que le dialogue avec l'autre a portés, les transformations opérées par lui en eux et dans des communautés chrétiennes et juives à travers le monde. Mary C. Boys et Hans Herman Henrix, l'une en Amérique du Nord et l'autre en Allemagne, sont des catholiques en dialogue ; Daniel Rossing et Norman Solomon, voix venues d'Israël et de Grande-Bretagne, témoignent eux de leur expérience de juifs engagés dans ce même chemin.
Les documents présentés montrent le souci continuel et actuel d'appeler les personnes, notamment des jeunes, et les peuples à la rencontre, la compréhension et au dialogue mutuel. Les livres recensés privilégient à la fois la recherche théologique dans un contexte de pluralisme religieux, ainsi que les sources bibliques et traditionnelles des sages d'Israël. On notera aussi, dans le domaine francophone, un essai de transmettre « l'indicible de notre époque » à la jeune génération.