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Propositions pour une paix au Proche-Orient
Évêques catholiques des Etats-Unis
Estados Unidos (1973/11/13)
Au cours de leur réunion annuelle, les évêques catholiques des Etats-Unis ont adopté, le 13 novembre 1973, la résolution suivante, dans laquelle ils énumèrent un certain nombre de conditions pour que la paix soit effective au Proche-Orient:
Le conflit du Proche-Orient est un mélange complexe de facteurs politiques, militaires, économiques et religieux. Nous, évêques catholiques des Etats-Unis, nous abordons ce problème en pasteurs préoccupés par les deux camps directement engagés dans le conflit, cherchant à présenter aux catholiques américains quelques lignes directrices, et désireux de faire tout notre possible, même à la distance où sommes, pour apporter notre contribution au dénouement juste, pacifique et durable de cette douloureuse tragédie.
Affrontés à un problème qui a déjoué les efforts des hommes d'Etat depuis des années, nous présentons nos réflexions sans aucunement prétendre formuler une solution définitive. Nous cherchons simplement à mettre en lumière les facteurs qui, de notre point de vue, indiquent la voie vers la réconciliation, la paix et la justice au Proche-Orient. Le problème doit être envisagé à un niveau aussi bien global que régional.
Tout d'abord, nous tenons à souligner les graves dangers de ce conflit. En raison de l'importance stratégique de cette partie du monde et des relations entre les grandes puissances nucléaires et les partis antagonistes, il contient le risque d'un affrontement généralisé, et même d'une guerre nucléaire. Une telle guerre doit être évitée à tout prix. Nous pensons exprimer le sentiment de tous les hommes en rappelant les paroles de Jean XXIII: « Il devient humainement impossible de penser que la guerre soit, en notre ère atomique, le moyen adéquat pour obtenir justice d'une violation de droits. » (Pacem in terris, 127).
Ensuite, les racines du conflit plongent dans la région elle-même; ces causes doivent être supprimées si l'on veut que le Proche-Orient connaisse la paix et que le monde soit à l'abri d'une guerre plus importante. L'histoire de cette région est une suite de revendications contradictoire auxquelles, peut-être, on ne pourra jamais faire parfaitement droit. Nous espérons que les deux camps pourront se dégager de ce passé troublé et complexe et prendront un nouveau départ, dans l'intérêt de tous les peuples du Proche-Orient. Nous pensons que les différentes parties possèdent certaines revendications justifiées, et que, si aucune de ces dernières ne peut trouver de solution parfaite, toutes peuvent se réaliser en partie.
Plutôt que de ressasser le passé, nous voudrions souligner l'importance de la conjoncture actuelle: une convergence de forces internationales et régionales a créé une situation où les différentes parties semblent disposées à faire certaines concessions, à envisager des voies nouvelles et à prendre des initiatives permettant d'espérer un règlement raisonnable.
Le chemin qui mène à un tel règlement est encore long, dangereux et complexe; nous ne nous faisons aucune illusion sur les difficultés qui attendent tous ceux qui sont impliqués dans le conflit. Pourtant, nous découvrons dans l'histoire de la région ainsi que dans les tentatives antérieures pour aboutir à une solution pacifique certains facteurs qui, à notre avis, sont décisifs pour les progrès dans l'avenir. Nous désirons attirer l'attention sur ces éléments, en adressant un appel aux parties en cause.
Nous demandons une solution politique globale qui comprendrait les points suivants:
1. La reconnaissance du droit d'Israël à exister en tant qu'Etat souverain à l'intérieur de frontières sûres;
2. La reconnaissance des droits des Arabes palestiniens, en particulier des réfugiés: cela suppose, à notre point de vue, qu'ils soient admis comme partenaires dans toutes les négociations, que leur soit reconnu le droit d'avoir un Etat et qu'une compensation pour les dommages subis dans les passé leur soit versée, non seulement par Israël mais aussi par les autres membres de la Communauté internationale responsables du plan de partage de 1948;
3. L'acceptation par toutes les parties, comme base de négociations, des stipulations de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies en date du 22 novembre 1967;
4. La reconnaissance d'une nécessité, à savoir la poursuite, par l'Union soviétique et les Etats-Unis, d'une politique de modération et d'un engagement diplomatique responsable; nous pensons que c'est grâce à la coordination mutuelle des initiatives des super-puissan
ces avec les activités de l'ONU que cela pourra se réaliser de la façon la plus efficace;
5. Le soutien apporté aux Nations Unies dans ses efforts diplomatiques et la mise en place d'observateurs;
6. Etant reconnus le statut unique de Jérusalem et sa signification religieuse, qui transcende les intérêts de toute tradition particulière, nous pensons qu'il est nécessaire d'assurer l'accès à la ville par le moyen d'une garantie internationale quelconque. En outre, le caractère de la ville, en tant que communauté où vivent des croyants de plusieurs religions, de même qu'une égale protection pour les droits civils et religieux doivent être garantis au nom de la justice.
En proposant ces réflexions, nous ne cherchons qu'à accomplir notre ministère de justice et de paix. Nous demandons aux hommes et aux femmes de bonne volonté de les examiner dans l'esprit même où elles ont été présentées, comme une contribution à la réconciliation au Proche-Orient et à la paix dans le monde. Nous adressons nos prières au Prince de la Paix pour qu'il bénisse nos efforts et les peuples et les gouvernements qui travaillent à une solution pacifique du conflit.