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Un Rapport Rendu Public: Les Eglises Protestantes Vaudoises et les Réfugiés Victimes du Nazisme, 1933 – 1949

Eglise Evangélique Réformée du Canton de Vaud (EERV)
Suíça (2001/04/25)

 

Le Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a rendu public le rapport établi à sa demande par Mme Nathalie Narbel sur l’attitude des Eglises protestantes vaudoises à l’égard des réfugiés victimes du nazisme (1933-1949). Avec courage, le Conseil synodal avait souhaité qu’un éclairage soit porté sur cette période. Le canton de Vaud comptait alors deux Eglises protestantes, l’Eglise libre et l’Eglise nationale. Les résultats de cette recherche sont contrastés : extrême prudence des autorités de l’Eglise nationale qui semblent ne pas voir ce qui se passe en Allemagne, s’abstiennent de prises de position publiques, n’évitent pas les attitudes ambiguës à l’égard des juifs, alors que l’Eglise libre dénonce très tôt l’antisémitisme du régime nazi ; mais aussi création en 1939 par l’Eglise nationale de la Commission vaudoise de secours aux réfugiés évangéliques. Durant dix ans, des réfugiés protestants, souvent d’origine juive, reçurent un appui indispensable.

Le Conseil synodal reconnaît avec tristesse qu’il y a eu des attitudes critiquables en regard du message de l’Evangile et salue l’engagement courageux de plusieurs pasteurs aux côtés des réfugiés. Aujourd’hui, il dénonce comme non chrétiens le racisme et l’antisémitisme. Il s’engage, avec humilité puisque la tâche n’est pas facile, à participer avec d’autres à la construction d’une société plus juste et plus fraternelle.

En fonction des sources disponibles, le rapport éclaire surtout l’attitude des commissions synodales (exécutifs) des deux Eglises. Les autorités de l’Eglise nationale ont fait preuve d’une grande retenue à propos de ce qui se passait en Allemagne. La division des protestants allemands entre ceux qui soutenaient le régime hitlérien et ceux qui s’y opposaient, la montée des persécutions à l’égard des juifs, la politique très restrictive de la Suisse à l’égard des réfugiés n’ont guère retenu l’attention de la Commission synodale qui n’a pas pris de position publique sur ces sujets. Deux raisons principales à cette attitude. Se préoccuper de ce qui se passait en Allemagne, s’exprimer publiquement, c’était faire de la politique et troubler l’attitude de réserve de l’Etat de Vaud et de la Confédération. Par ailleurs, l’antisémitisme était répandu dans la société, reprenant les slogans religieux et racistes sur les juifs prétendument « responsables de la mort de Jésus ou avides d’argent et de pouvoir ». Les autorités de l’Eglise nationale ne furent pas à l’abri de ces terribles conceptions, s’opposant mollement, et à la demande de l’Etat, à deux pasteurs ouvertement antisémites. Sur ce point, la Commission synodale de l’Eglise libre fut plus clairvoyante, dénonçant dès 1933 l’antisémitisme du régime nazi, se préoccupant du sort des protestants allemands opposés à Hitler rassemblés dans ce que l’on a appelé l’Eglise confessante. Ce qui précède ne doit pas faire oublier que l’action de l’Eglise nationale s’est plutôt manifestée sur le terrain, à travers la Commission de secours aux réfugiés évangéliques créée en 1939 déjà. Chaque communauté religieuse épaulait ses coréligionnaires. Cette commission travailla jusqu’en 1949, grâce à la générosité des fidèles, intervenant aussi dans les camps de réfugiés civils. C’est là que s’engagea courageusement le pasteur Pierre Secrétan-Rollier, accompagné de ses collègues Vincent, Stoll, Schlienger, Lang, Juillard, Steiner, Engelmann. Cette action menée par l’Eglise nationale durant dix années mérite d’être relevée.

Lire et relire l’histoire est un acte nécessaire. Le regard posé sur le passé permet de comprendre les comportements d’hier, d’en tirer les leçons pour aujourd’hui.

 

 

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