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Le couvent des Carmélites à Auschwitz
Commission épiscopale pour les relations avec le judaïsme
Polónia (1989/09/06)
Le couvent des Carmélites à Auschwitz
Déclaration de la Commission de l'épiscopat polonais chargée des relations avec le judaïsme, Varsovie, 6 septembre 1989.
Le "Centre d'information, d'éducation, de rencontre et de prière" à Auschwitz, ainsi que la prière des religieuses avaient pour but de contribuer au dialogue entre chrétiens et juifs, dialogue qui a pour objectif une estime réciproque de l'identité des uns et des autres, une connaissance plus pleine et une volonté de collaborer. Au cours de la réalisation de cette entreprise très importante ont commencé à s'accroître les difficultés, la polémique, les disputes et les protestations violentes qui sont devenues la menace la plus grave pour l'idée même du Centre.
Dans cette situation, le métropolite de Cracovie, le cardinal Franciszek Macharski, s'est vu contraint de faire une déclaration dans laquelle il affirme entre autre: "Ce genre d'attitude et d'actions rend impossible la réalisation du Centre que j'avais entreprise. Dans l'atmosphère d'agressivité et d'inquiétude créée autour de nous, il n'y a pas moyen d'entreprendre ensemble la construction d'un lieu destiné â l'estime mutuelle, dans le respect des convictions religieuses et nationales de chacun. » (Texte original en polonais; trad. de la D.C. N° 1991)
La Commission exprime la conviction que la déclaration du cardinal Macharski ne contredit pas la position formulée dans le communiqué 233 de la Conférence de l'épiscopat en date du 9 mars, et soutient les explications données par l'article du secrétaire de la Commission, le P. Stanislas Musial, S.J., publié dans La lettre circulaire du Bureau de presse de l'épiscopat polonais (n'' 22/89/1110, du 29 mai 1989). Le conflit concernant la question du carmel d'Auschwitz conduira jusqu'à la rupture presque totale du dialogue entre chrétiens et juifs dans le monde. La reprise du dialogue judéo-chrétien ne semble pas être possible sans la résolution de ce conflit. Tout ceci confirme l'urgente nécessité de construire le Centre.
Pourtant, nous constatons avec peine que l'idée du Centre ne rencontre pas, du côté juif, l'intérêt et la compréhension qu'il mérite. L'opinion juive n'a retenu que l'un des points de la déclaration de Genève, à savoir le déplacement du carmel.
L'importance exceptionnelle d'Auschwitz, en tant que lieu de mémoire pour la mort de millions d'innocentes victimes, représente une obligation particulière pour que soient employés tous les moyens susceptibles de supprimer les tensions et les malentendus qui se sont produits.
La Commission accueille avec satisfaction la déclaration des organisations juives de Pologne, pour leur disponibilité à participer aux travaux visant à surmonter les difficultés existantes. De son côté, la Commission se déclare prête à collaborer avec tous les hommes de bonne volonté en Pologne et à l'étranger.
Une obligation particulière pour entreprendre cette collaboration est le 50e anniversaire de l'éclatement de la guerre, à laquelle sont liés les plans criminels de l'Allemagne hitlérienne pour la suppression totale des juifs et l'anéantissement du peuple polonais: "De toutes les mesures antihumaines, il en est une qui demeure à jamais une honte pour l'humanité, la barbarie planifiée qui s'est acharnée contre le peuple juif ? (Lettre apostolique de Jean Paul Il à l'occasion du 500 anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale: n° 5) (Cf. D.C. N° 1989.)
Dans le message adressé à la Conférence épiscopale polonaise, Jean Paul Il a indiqué: "L'Église avec les hommes de notre temps, avec les peuples de l'Europe et du monde, essaie de trouver la voie de l'avenir"?
En réponse à ces paroles, la Commission lance cet appel: Ne permettons pas que des problèmes difficiles et douloureux, mais transitoires, nous cachent le but juste, dont l'importance ne saurait être majorée, et que les sentiments l'emportent sur la prudence. Ne perdons pas des yeux la véritable hié- rarchie des valeurs. Si, en tant que croyants de deux religions engagés dans l'éternel plan de salut du Dieu unique, nous rompons le contact, nous cesserons d'être, devant le monde, des témoins dignes de foi, et les uns et les autres nous serons responsables devant lui.
La reprise des entretiens dans l'esprit des rencontres de Genève, sans conditions supplémentaires, permettra, nous l'espérons, de trouver desmoyens réalistes pour la construction de ce Centre où "l'initiative de prière des soeurs carmélites trouvera, dans ce contexte nouveau, sa place, sa confirmation et son véritable sens". (Déclarationde Genève).»
Mgr H. Muszynski, Président de la Commission épiscopale pour les relations avec le judaïsme