Ce troisième volume de la série UNANIMA International (UI) explore la manière dont le sans-abrisme est vécu par une série de groupes marginalisés des Amériques, d’Afrique, d’Asie et d’Europe, et en particulier par les femmes et les enfants. Il met en évidence la façon dont le sans-abrisme se recoupe avec d’autres problèmes mondiaux et présente les meilleures pratiques que les partenaires d’Ul mettent en œuvre à tous les niveaux dans différentes parties du monde. Le résultat est un récit convaincant, basé sur des preuves, qui fournit un point de vue multilatéral sur le sans-abrisme et ses diverses manifestations, dont beaucoup ont tendance à être négligées.
Coïncidant avec la Journée internationale de la justice sociale, le lancement de la publication à New York le 20 février a présenté le point de vue de douze des personnes et organisations qui ont contribué à l’ouvrage.
Les perspectives locales présentées étaient riches et très variées, mais il y avait quelques fils conducteurs dans le tableau global complexe qui s’est dégagé.
Le sans-abrisme et le déplacement ont été systématiquement présentés non pas comme un phénomène isolé, mais comme un phénomène qui s’entrecroise avec d’autres tendances et problèmes. L’une de ces tendances est le changement climatique, principale cause de déplacement interne au cours de la dernière décennie, qui a forcé un nombre croissant de personnes à vivre dans des établissements informels (bidonvilles) et leur a refusé l’accès à un logement adéquat, aux soins de santé, à l’éducation et au travail. Les guerres et les conflits font également des ravages. Le sans-abrisme est souvent lié à la violence sexiste, à la toxicomanie, aux traumatismes mentaux et à la mauvaise santé physique.
Un autre thème récurrent est le comportement ambivalent des gouvernements qui font des promesses creuses et adoptent en pratique une position punitive ou indifférente. Latonya Ludford de The Shift, Canada, un mouvement mondial visant à garantir le droit humain au logement, a souligné que le sans-abrisme est traité comme un crime dans de nombreux endroits. Indu Prakash Singh, de CityMakers Mission International, a fait écho à ces propos, citant un juge de la Cour suprême indienne qui, il y a seulement deux semaines, a qualifié les sans-abri de « parasites ». Ify Ofong, représentante principale de WorldWIDE Network Nigeria auprès des Nations unies, a apporté la perspective africaine au forum. Elle a expliqué comment les femmes et les jeunes filles en Afrique sont sans abri en raison de pratiques coutumières qui les privent de leurs droits fonciers et sur lesquelles les autorités ferment les yeux.
Sr Jean Quinn, Filles de la Sagesse et Directrice Exécutive d’UNANIMA International, a rappelé aux personnes présentes que bien que les Etats aient un rôle prépondérant dans la prévention du sans-abrisme, ils ne sont pas les seuls à assumer cette responsabilité. « Il est de notre responsabilité à tous, en tant que citoyens du monde, d’instaurer une société juste », a-t-elle déclaré.
Donald Whitehead, directeur exécutif de la Coalition nationale pour les sans-abri (États-Unis), a vécu sa propre histoire de lutte contre le sans-abrisme. Il a évoqué les disparités raciales qu’il a connues dans son combat personnel et les obstacles structurels qui n’ont jamais été levés dans de nombreuses régions du monde, et a souligné l’importance de la mobilisation de la base.
Sr Crystal Anievas, NDS, a contribué à un chapitre du livre sur son expérience de ce qu’elle appelle le « sans-abrisme aggravé », où l’on peut se retrouver encore plus sans-abri qu’avant. Après un typhon dans un district côtier des Philippines, Crystal et sa communauté Notre Dame de Sion ont lancé #QuezonRebuild, une campagne pour aider les habitants à reconstruire leurs maisons. Les familles ont reçu des fonds pour concevoir et reconstruire leurs nouvelles maisons et se sont engagées à respecter un délai pour achever le travail. Bien que Crystal reconnaisse que la solution était temporaire et ne durera que jusqu’au prochain typhon, elle a noté que l’approche participative a stimulé le moral des habitants, et elle considère que les organisations confessionnelles ont un rôle à jouer dans le soutien de la résilience des communautés locales face aux catastrophes.
Bien que les idées partagées soient souvent troublantes, la passion des orateurs et leur détermination à lutter pour le changement étaient tangibles, et de nombreuses voies ont été proposées pour aller de l’avant. La dernière partie de l’ouvrage présente des recommandations globales en matière de politique et de plaidoyer et fournit les ressources nécessaires pour créer des modèles d’accompagnement tenant compte des traumatismes et adaptés au contexte afin de s’attaquer aux causes profondes de l’absence de chez-soi, dans le but d’aider les décideurs politiques et d’autres acteurs clés à développer de meilleures pratiques et à fixer de meilleures normes pour les personnes sans domicile.
UNANIMA International espère que ses recherches et ses actions de plaidoyer favoriseront un changement de paradigme, où le sans-abrisme et le déplacement ne seront pas considérés comme un échec personnel, mais plutôt comme l’échec structurel et la violation des droits de l’homme qu’ils sont.
The Hidden Faces of Homelessness: Global Insights and Pathways Forward est téléchargeable gratuitement en anglais sur le site d’UNANIMA International.
La Congrégation de Notre Dame de Sion est un membre officiel de la coalition d’UNANIMA International.