Au service des pauvres à Beth Myriam et au-delà

par Sr Carina Maria Minkarios

Bien qu’originaire d’Alexandrie, j’ai passé de nombreuses années au Caire. Après une longue carrière dans l’éducation, où j’ai été directrice et superviseure de huit écoles, je suis maintenant officiellement à la retraite. Cependant, la retraite ne m’a pas ralentie. Je reste profondément attachée à la cause de ceux qui vivent dans le besoin.

Mon parcours de volontariat a commencé en 1998, alors que j’étais à Jérusalem. Là, j’ai rencontré une femme qui avait eu une vision pour lancer un projet visant à nourrir les pauvres en Terre sainte. J’ai participé bénévolement à son projet pendant un an, mais une idée me trottait dans la tête : L’Égypte, mon pays d’origine, est peuplé de gens affamés. Pourquoi ne fais-je pas cela en Égypte ?

Cette question m’est restée en tête après mon retour au Caire. Lorsque j’ai appris que cette femme venait au Caire pour donner une conférence, je me suis inscrite pour y assister. Après sa conférence, cette femme, que je n’avais jamais rencontrée en personne, s’est adressée directement à moi, me disant qu’elle avait un message de Jésus pour moi : il voulait que j’ouvre une maison pour nourrir les pauvres. Bien que reconnaissante, j’étais aussi dépassée par la situation et j’ ai expliqué que je n’avais pas le temps ; mon travail de directrice d’école me prenait toute la journée et mes soirées à la préparation du travail du lendemain.

Nous avons commencé discrètement à faire les courses et à cuisiner pour quelques familles

Je n’ai pas pour autant ignoré le message. Avec le soutien de deux femmes, nous avons discrètement commencé à faire les courses et à cuisiner pour quelques familles depuis nos maisons. L’absence d’une base commune et le manque de temps rendait le travail difficile, mais nous avons réussi à nous débrouiller.

Lorsqu’une paroissienne locale, qui devait déménager pour un certain temps, a entendu parler d notre projet, elle m’a proposé samaison, en me demandant seulement de m’en occuper en son absence. C’est ainsi que nous avons créé Beth Myriam, en français « la maison de Marie », et cela a marqué le début d’une manière plus structurée de nourrir et de prendre soin des pauvres

Beth Myriam, en français « la maison de Marie »

Au début, Beth Myriam offrait à quelques familles dans le besoin un repas cuisiné deux fois par semaine et de la nourriture à emporter les autres jours. L’association s’est progressivement développée pour servir plus de 150 membres de 33 familles. Le lieu était également utilisé pour des réunions sociales et de prière communautaires ainsi que pour des enseignements, et on organisait des camps d’été pour les enfants.

Avec l’arrivée du COVID, de nouvelles complications sont apparues. J’étais seule, la maison était souvent remplie de sacs de courses remplis de nourriture et de produits de première nécessité, et les distribuer dans les limites de la distanciation sociale exigeait une certaine ingéniosité.

Cependant, la pandémie m’a appris qu’une grande partie du travail de Beth Myriam pouvait être poursuivi sans maison. La maison a donc été fermée et j’ai continué, jusqu’à ce jour, à livrer des dons aux gens à domicile ou à les rencontrer dans des espaces publics, à leur fournir de la nourriture, des médicaments ou à les aider à scolariser leurs enfants.

Je suis engagée dans la mission que Jésus m’a confiée

En plus de perpétuer l’héritage de Beth Myriam, j’ai assumé des rôles bénévoles d’enseignante de français et d’anglais dans deux écoles pour enfants défavorisés depuis que j’ai pris ma retraite de la direction de l’école. Je me rends également au domicile de personnes âgées qui ne peuvent pas se rendre à l’église.

Je travaille six jours par semaine – le dimanche est mon jour de congé ! Je suis parfois épuisée et mes consœurs me disent de ralentir, mais je suis engagée dans la mission que Jésus m’a confiée. C’est ma façon de le servir et je me sens bénie de le faire.