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Le Talmud, hier et aujourd'hui - Extrait du Talmud de Jérusalem - Berakoth Ch VI
S. J. M. des Rochettes
Introduction
« Tout le peuple se réunit ensemble, comme un seul homme sur la place qui s'étend devant la porte de l'Eau. On demanda à Ezra, le scribe, d'apporter le livre de la loi de Moise, que l'Eternel avait prescrite à Israël. Ezra le prêtre apporta la Thora devant l'assemblée — hommes et femmes et quiconque était capable de comprendre — le premier jour du septième mois. Il en fit la lecture devant la place qui précède la porte de l'Eau, depuis l'aurore jusqu'au milieu de la journée en présence des hommes, des femmes et de tous ceux qui pouvaient comprendre. Le peuple était toutes oreilles pour entendre le livre de la loi... » (Néhémie 8, 8) Depuis les premiers temps du judaïsme, les scribes et les prêtres ont, comme Ezra, « disposé (leur) coeur à étudier la doctrine de l'Eternel et à la pratiquer, de même qu'à enseigner en Israël la loi et le droit » (Esdras 7, 10). Ce sont eux, de génération en génération, qui sont « versés dans les détails des commandements de l'Eternel et des règles imposées à Israël » (Esdras 7, 11). Après ces premiers prêtres sont venus les Tanndim, puis les Amordim, les rabbins du Talmud, qui, à leur tour, répétant inlassablement l'enseignement de leurs pères, ont enrichi de leurs interprétations et de leurs commentaires ce patrimoine religieux unique au monde.
Ce trésor est, bien souvent, un trésor caché, ne serait-ce que par la difficulté pour un profane, de se reconnaître dans le dédale de cette forêt touffue. Le Talmud est un tissu de dialogues, de discussions jamais achevées, d'opinions contradictoires ou subtilement complémentaires dont aucune n'exclut la précédente, d'allusions qui ne sont finalement compréhensibles que pour ceux qui, depuis toujours, vivent baignés dans ce monde. Comme le dit très justement Judah Goldin, dansson introduction aux Pirké Abbot: « Le Talmud nous fait entendre des voix 1 ». C'est donc un peu une gageure que de proposer ici la lecture d'un court chapitre 2 du Talmud de Jérusalem, comme illustration des articles qui précèdent. Mais ce contact vivant sera peut-être plus éloquent que les meilleures introductions, surtout si nous pensons que le Talmud vit aujourd'hui, dans les Y eshivot certes, mais aussi dans toutes les communautés juives où nous savons qu'il ne se passe pas de jour sans que le rabbin de la communauté ne reçoive visites ou coups de téléphone de fidèles qui veulent appliquer la loi de leur mieux, même si les conditions de la vie moderne multiplient les cas de conscience à l'infini.
Pour cette lecture, il nous faudra sans doute la patience de Rabbi Akiba tel qu'il nous est présenté dans une parabole rabbinique: « A quoi peut-on comparer Rabbi Akiba? ». Les sources rabbiniques disent: « A un laboureur qui a pris son panier et qui va de l'avant. S'il trouve du blé, il en met dans son panier; s'il trouve de l'orge, il en met dans son panier; s'il trouve des haricots, il en met dans son panier; des lentilles, il en met dans son panier. Quand il rentre chez lui, il trie le blé à part, l'orge à part, les haricots à part, les lentilles à part. C'est ainsi que se conduisait Rabbi Akiba, et il a organisé la Torah entière en compartiments »
Enfin, l'intérêt que les chrétiens pourront trouver à pénétrer, si peu que ce soit, dans le Talmud, se changera peut-être en vénération, si de ce fait, les paraboles de Jésus s'éclairent d'une lumière nouvelle. C'est bien ce même Jésus que ses disciples appelaient Rabbi4 et c'est bien cette même tradition juive qui l'a formé depuis son enfance, au temps où, assis au milieu des docteurs, il les étonnait par sa connaissance de la Loi.
Mishnah
1. Quelle est la bénédiction des fruits 1? Pour les fruits des arbres on dit: « Sois loué, créateur des fruits de l'arbre », excepté pour le vin 2, à propos duquel on dit: « créateur du fruit de la vigne ». Pour ceux de la terre, on dit: « créateur du fruit de la terre »; mais pour le pain on dit: « qui fait sortir le pain de la terre ». Pour la verdure, on dit: « créateur du fruit de la terre », et selon R. Juda: « créateur des espèces de légumes ».
Guemarah
Il est écrit: A l'Éternel appartient la terre avec tout ce qu'elle renferme 3, l'univers avec ses habitants (Psaume XXIV, 1). Aussi celui qui jouit de quoi que ce soit en ce monde avant d'avoir fait une prière commet une prévarication (Lévitique, V, 14); il l'acquiert par l'accomplissement de ce précepte. R. Abahou l'explique par ce verset (Deutéronome, XXII, 9): Afin que le blé mûr provenant de la graine semée avec les produits de la vigne ne soit pas consacré, c'est-à-dire que tout l'univers avec ce qu'il contient est considéré comme une vigne 4; et comment rachète-t-on ses produits sacrés? Par la bénédiction. R. Ézéchia ou R. Jérémie et R. Aboun, au nom de R. Simon ben-Lakisch, rappellent ces mots: Tu dis à l'Éternel: Tu es mon Dieu; mon bien ne vient-il pas de toi? (Psaume XVI, 2)5, c'est-à-dire: si tu as fait la bénédiction après le repas, c'est comme si tu avais mangé de tes propres biens. En d'autres termes, les mots: mon bien n'est pas BAL pour toi signifient: je mêlerai 6 mon bien dans ton corps. En d'autres termes encore, ces mots veulent dire: tous les biens se confondront pour venir à toi. R. Aha dit: Que signifient les mots: non sur toi? Ils indiquent que sans le secours divin rien n'a été mis au monde, comme il est dit: En dehors de toi, nul ne pourra élever la main (Genèse, XLI, 44). R. Hiya a enseigné: s'il est dit: ce sera une sainteté, objet de louanges 7 (Lévitique, XIX, 24), c'est formules.pour indiquer qu'il faut faire une bénédiction avant et après la consommation; d'où R. Akiba déduit qu'il ne faut goûter à rien avant d'avoir prononcé la bénédiction. Lorsque R. Haggaï et R. Jérémie s'en allèrent pour juger 8, R. Haggaï se mit aussitôt à réciter la bénédiction. Tu as bien fait, lui dit R. Jérémie, car tout précepte exige la récitation de cette formule. Comment le sait-on? R. Tanhouma ou R. Aba bar-Cahana dit, au nom de R. Éléazar, que c'est en vertu de ce verset (Exode, XXIV, 12): Et je te donnerai ces tables de pierre, contenant la Loi et les préceptes; on compare les commandements à la Loi, et de même qu'avant de lire une section de la Loi il faut réciter la formule d'usage, il faut agir de même pour l'accomplissement de n'importe quel précepte religieux.
R. Yohanan, en prenant une olive, récita une formule avant de la manger, et une autre après. R. Hiya ba-Aba le regardait tout étonné. « Babylonien, lui dit R. Yohanan, pourquoi me regardes-tu ainsi? N'est-il pas admis que pour tout fruit faisant partie des sept classes supérieures 9, il faut une bénédiction auparavant e:- une autre après? — Je le reconnais, et je ne suis étonné que de te voir bénir cette petite quantité, diminuée par la suppression du noyau ». Mais R. Yohnan conteste-t-il que le retrait du noyau diminue la quantité de l'olive? Non, mais il le bénit, parce que c'est un fruit entier. Il renchérissait même sur ce sujet, au point que s'il avait mangé seulement un grain de raisin ou de grenade, il croyait devoir réciter les deux formules, l'une antérieure et l'autre postérieure.
Aussi longtemps que le vin est à l'état naturel ", on dit la bénédiction_ « Béni soit le créateur des fuits de l’arbre », et l'on ne peut pas s'en servir pour l'ablution des mains 11. Lorsqu'il est coupé d'eau (ainsi amélioré), on dit la formule: « créateur des fruits de la vigne », e•: l'on peut s'en servir pour se laver les mains. C'est l'avis de R. Éliézer. Mais les sages disent: Que le vin soit naturel ou mêlé, on dit: « Béni soit le créateur des produits de la vigne », et l'on peut s'en servir pour se laver. Aussi R. Aba dit: ce n'est pas une destruction de comestible (de se laver avec cela). R. Jacob bar-Zadbi dit, au nom de R. Abahou: Pour l'huile d'olive 12, on récite la formule: « Béni soit le créateur des produits de l'arbre ». Mais, observa R. Hiya bar-Papa à R. Zeira, est-ce l'avis de la Mischnâ? « Excepté pour le vin, dit-elle, au sujet duquel on dit: le créateur des fruits de la vigne » (donc pour l'huile on dit créateur des fruits); or, le vin n'est-il pas un extrait de raisin? (pourquoi n'en est-il pas de même pour l'huile)? — On n'a fait d'exception que pour le vin; donc pour tous les autres produits, quoique extraits, on les considère comme naturels. R. Aba dit: Rab et Samuel admettent tous deux que pour l'herbe cuite, on dit la formule: « Tout a été créé par sa parole ». R. Zeira dit, au nom de Samuel: Pour des têtes de raves cuites, si elles sont entières, on dit: « Béni soit le créateur des fruits de la terre »; si elles sont écrasées, on dit: « Tout a été créé par sa parole ». Mais, observe R. Yossé, est-il conforme à la Mischnâ qui dit: « excepté pour le pain, pour lequel on énonce les mots: Béni soit celui qui produit le pain de la terre ». Or, est-ce que le pain n'est pas produit du blé broyé? On ne fait d'exception que pour le pain; donc tous les autres produits, même broyés, sont considérés comme bruts 13. R. Hiya bar-Aba dit, au nom de R. Yohanan 14: Pour une olive confite, on dit: « créateur des fruits de l'arbre ». R. Benjamin bar-Japheth dit, au nom de R. Yohanan: Pour de l'herbe cuite on dit: « Tout a été créé par sa parole ». R. Samuel bar-R. Isaac dit que la Mischnâ est un appui à l'avis de R. Benjamin bar-Japheth, car on y lit: Les objets amers qu'il faut manger la nuit de Pâques ne doivent être (pour qu'ils ne perdent leur goût) ni confits, ni cuits, ni bouillis 15; et s'ils sont à l'état naturel, ils peuvent servir à remplir l'un des devoirs de la Pâque. R. Zeira demanda: Quel est celui qui se souvient le mieux d'avoir entendu la sentence de R. Yohanan? Est-ce R. Hiya bar-Aba ou R. Benjamin bar-Japheth? C'est certes R. Hiya bar-Aba. On peut le prouver encore par ceci: Nous voyons des rabbins illustres, lorsqu’ils se mettent à table, prendre des lupins et prononcer pour cela la formule: « créateur des fruits de la terre 17 ». Or, ces lupins ne sont-ils pas cuits? (Comment alors se fait-il que les rabbins prononcent cette formule? Cela prouve que, quoique bouillis, on considère les lupins comme naturels). Quant à la Mischnâ (précitée), s'il y est dit que « l'herbe amère ne devra pas être cuite », c'est pour qu'elle n'ait pas perdu son amertume pascale exigée par la Loi, car la cuisson enlève l'amertume (mais, au point de vue de la bénédiction à prononcer, on les considère comme naturels, et l'on comprend que lesdits rabbins se soient servis de cette formule). R. Yossé bar-R. Aboun dit: Il n'y a pas de discussion au sujet de l'olive (entre R. Hiya et R. Benjamin), parce qu'on a l'habitude de la manger crue, et, quoique confite, on la considère comme naturelle; tandis que la verdure, dès qu'elle est cuite, change de forme. R. Jacob bar-Aha dit que R. Néhémie et les rabbins discutaient sur le point suivant: le premier disait: « qui a produit le pain de la terre » (au passé), et les autres disaient: « il produit le pain de la terre » (au présent), il en est de cette discussion comme de la suivante, au sujet des légumes (de céréales), entre R. Hinena bar-Isaac et R. Samuel bar-Imi: le premier dit que c'est un légume, et non du pain 18; l'autre dit que si ce n'est pas encore du pain, cela n'en sera jamais, ainsi qu'il est dit: si une parcelle de blé est semée dans la terre, au sommet des montagnes (Psaume LXXII, 16); le grain de blé est donc considéré déjà comme du pain).
R. Jérémie prononça la formule « qui a produit le pain de la terre » devant R. Zeïra; celui-ci le complimenta de l'avoir adoptée. Pourquoi adopte-t-il l'avis de R. Néhémie (d'admettre l'article ha, dans la formule)? C'est pour ne pas confondre le son des mots, l'un se terminant, l'autre commençant par la même lettre. Toutefois, cette objection pourrait se répéter à la fin, pour les mots lehem min (elle est donc peu fondée). D'après R. Néhémie, on dira de même (pour le vin): « qui a créé le fruit de la vigne; » et, d'après les rabbins, on dira: « il crée les fruits de la vigne ».
R. Zerikan ou R. Zeïra fit une question: Si quelqu'un a pris un lupin pour lequel il a prononcé la bénédiction (avant de le manger) et qu'il le laisse tomber, doit-il redire la bénédiction en prenant un autre lupin? —Que demandes-tu là? fut-il répliqué; y a-t-il une différence entre ce cas et celui d'un cours d'eau dont on voudrait boire? (Puisque l'eau présente au moment de la bénédiction, s'est écoulée pendant , cette récitation, et pourtant on ne la recommence pas; n'en serait-il pas de même pour notre cas)? Non, lui répondit-on; pour l'eau, on savait dès le principe à quoi s'en tenir; mais dans notre cas on ne prévoyait pas la chute (le problème n'a pas été résolu).
R. Hiya a enseigné de ne prononcer la bénédiction du pain qu'au moment de le rompre. R. Hiya bar-Aba dit: Cela prouve que, celui qui tenant à la main une miche 19 la laisse choir, dira la bénédiction une seconde fois pour les morceaux nouveaux. R. Tanhoum bar-Judan dit qu'il faut ajouter alors ces mots: béni soit à jamais le nom de son règne glorieux, afin de n'avoir pas répété irrespectueusement le nom divin. Quelle quantité faut-il pour qu'il y ait lieu de dire les bénédictions? R. Hanina et R. Mena ne sont pas d'accord à ce sujet: selon l'un, c'est de la grandeur d'une olive qu'il en faut couper; selon l'autre, il suffit d'un morceau moindre. Celui qui dit qu'il faut la grandeur d'une olive se conforme à l'avis exprimé plus loin, où l'on dit: Tous les morceaux 20 avaient la grandeur de l'olive. Celui qui admet qu'il suffit d'en prendre moins est de l'avis de R. Ismaël, qui dit: Si même on peut égrener l'offrande au point de l'assimiler à la farine, il faudrait cependant dire les bénédictions.
On a enseigné cette règle générale 21: Chaque fois qu'après la consommation d'un mets on doit réciter la triple bénédiction de l'action de grâce, on la fait précéder de la formule: « qui produit le pain de la terre »; au cas contraire, on ne dit pas non plus la formule antérieure. On a fait une objection à l'énoncé de cette règle générale: Si, dit-on, il y a moins de pain qu'une olive, on ne récite pas, à la suite, les trois bénédictions complètes; et l'on dira pourtant la formule antérieure? En effet, dit R. Jacob bar-Aba, pour les espèces supérieures de produits autres que le pain, l'on a formulé cette règle. R. Aba dit, au nom de Rab: Il est défendu aux convives de goûter à quoi que ce soit avant que la personne chargée de prononcer la bénédiction ait goûté. R. Josué ben-Lévi permet toutefois de boire avant elle. Y a-t-il divergence extrême? Non, cela dépend des circonstances: Rab parle du cas où une miche de pain est distribuée entre tous (et il faut alors le temps de faire le tour de l'assemblée); tandis que R. Josué dit de boire de suite, c'est lorsque chacun a sa coupe en main.
Il est dit 22: Celui qui récite la bénédiction étend le premier la main pour prendre des mets, à moins qu'il ne veuille accorder l'honneur de la priorité à son maître, ou à son supérieur en science. Lorsque Rab coupait le pain pour ses convives, il y goûtait de la main gauche, pendant qu'il en distribuait de la main droite. R. Houna dit: Ce n'est pas une interruption entre la bénédiction et le goûter, de dire: « Va et bénis », mais c'est une interruption de dire: « Donnez du fourrage au bétail ». R. Houna dit aussi: Pour un mets fait de farine de blé vert rôti, ainsi que pour l'aliment liquide 23, on dit la formule: « tout a été créé par sa parole ». R. Houna dit encore: Lorsque quelqu'un, après avoir mis un mets à la bouche, se souvient d'avoir oublié la récitation de la bénédiction préalable, si c'est un liquide il doit le rejeter; si c'est de la nourriture, il la met d'un côté de la bouche et récite la formule. R. Isaac bar-Maré dit devant R. Yossé bar-Aboun, au nom de R. Yohanan: Même si c'est de la nourriture, on doit la rejeter, parce qu'il est écrit: Tes louanges remplissent ma bouche, et ta majesté toute la journée (Psaume LXXI, 7). Si l'on mâche 24 des froments crûs, on dit: Béni soit le créateur des espèces de grain. S'ils sont rôtis ou cuits, et que les morceaux soient entiers, ou dit la formule: « qui produit le pain de la terre », et l'on dit ensuite les trois bénédictions complètes du repas; si les morceaux ne sont plus entiers, on dit: « Béni soit le créateur des diverses espèces de nourriture », et l'on récite ensuite un résumé des trois bénédictions du repas. Quelle grandeur doivent avoir les morceaux? R. Yossé, chez R. Aboun Cahana bar-Malkia, dit, au nom de Rab: environ la grandeur d'une olive. Celui qui mâche du riz dit la formule: « Béni soit le créateur des espèces de graines ». S'il est rôti ou cuit, quoique les morceaux soient entiers, on dit: « Béni soit le créateur des espèces de nourriture », sans dire ensuite une autre bénédiction. Selon R. Jérémie on dit: « le créateur des produits de la terre ». Bar-Merina a récité pour cela, devant R. Zeïra et R. Hiya b. Aba, la formule « tout a été créé par sa parole ». R. Simon le pieux disait: « Béni soit le créateur des diverses sortes de mets délicats ». R. Yossé b. Abin dit que ces divers avis ne sont pas en contradiction: celui qui prétend qu'il faut dire: « créateur des diverses sortes de nourriture », parle du cas où l'on aurait fait un mélange (en pilant les grains au mortier); celui qui prétend qu'il faut dire: « créateur des fruits de la terre », parle du cas où les grains seraient encore distincts (complets); celui qui prétend qu'il faut dire: « tout a été créé par sa parole », parle du cas où ils seraient bouillis; et enfin celui qui prétend qu'il faut dire: « créateur des diverses sortes de mets délicats », parle du cas où l'on aurait battu et mêlé les grains (avec des épices). Jusqu'à présent, nous connaissons la formule initiale. Quelle sera la formule finale? R. Yona, au nom de R. Simon le pieux, dit la suivante: « qui a créé diverses espèces de produits agréables pour en réjouir l'âme de tout être vivant; sois loué Éternel, pour la terre et ses agréments ». R. Aba bar-Jacob dit, au nom de R. Isaac Rouba, que lorsque Rabbi mangeait de la viande ou un oeuf, il récitait la formule: « qui a créé de nombreux animaux pour en nourrir l'âme de tout être vivant; sois loué, Éternel, l'âme vivant du monde ». Nous savons maintenant ce qu'il faut dire, dans ce dernier cas, après la consommation. Qu'y a-t-il à dire auparavant? Selon R. Haggaï: « Béni soit le créateur des diverses sortes d'âmes ». Mais, objecta R. Yossé, la Mischnâ (5 3) ne conteste-t-elle pas cela? D'après elle, pour le vinaigre, pour certaines espèces de sauterelles et pour les déchets hâtifs, on dit: « tout a été créé par sa parole »; or, les sauterelles ne sont-elles pas de certains êtres 25?
L'avis de R. Simon (au sujet de la formule finale), est conforme à l'opinion de Rabbi, et tous deux sont d'accord avec Raban Gamaliel. Or, voici la règle générale, enseignée par R. Juda au nom de R. Gamaliel: Pour l'une des sept espèces supérieures 2° (excepté le blé) et pour une espèce de blé dont on n'a pas fait du pain, il faut faire suivre la consommation, selon R. Gamaliel, par la récitation des trois bénédictions, et, selon les sages par une seule bénédiction; quant aux autres produits qui ne sont ni des sept classes, ni du blé, il faut, selon R. Gamaliel, dire les bénédictions avant et après, et selon les sages, seulement auparavant. R. Jacob bar-Idi, au nom de R. Hanina, dit: Pour tout ce qui est farineux, saisi à l'eau bouillante comme de la pâte, et qui fait partie des cinq espèces de blé, on dit la formule préalable: « créateur des espèces de nourriture », et ensuite on récite le résumé des trois bénédictions du repas. Mais que dire pour un produit qui, réunissant les deux premières conditions, ne fait pas partie des cinq classes? Sur ce fait, dit R. Yona, R. Zeira a fait demander des renseignements dans la maison de R. Ianaï, où la formule lui fut dite; mais je ne sais plus ce qui lui a été dit. Mais encore, qu'y a-t-il à faire en ce cas? Il paraît, dit R. Yossé, qu'il faut dire la formule: « tout a été créé par sa parole » (formule générale).
R. Jérémie demanda: Que doit dire, après le repas 27, celui qui a pris de la farine rôtie? En conséquence, lui dit R. Yossé, R. Jérémie n'a jamais dû manger de farine à part 28; et l'on n'a émis de question que pour la fin.
— On termine la formule (du •résumé) par la mention finale de la « Terre-Sainte » {ou de la 2e bénédiction), parce qu'on la considère comme la bénédiction des ouvriers; car on a enseigné 29: Les ouvriers qui travaillent chez un propriétaire disent la première bénédiction, résument la seconde et la troisième, et terminent par le final de la seconde; mais si, pour salaire de leur travail, ils reçoivent le repas, ou si le propriétaire mange avec eux, ils doivent dire les quatre bénédictions bien complètes. Chez R. Ianaï, on avait donné à ce résumé pour les ouvriers une formule fixe. Doit-on aussi mentionner au résumé la solennité du jour? A. Aba bar-Zimna répond que parfois R. Zeira le faisait. R. Jérémie ajoute: comme R. Zeïra y avait égard, nous devons en faire autant.
On a enseigné que, lorsqu'on prononce la bénédiction du pain, il faut choisir pour cela ce qu'il y a de plus distingué 3°: entre un pain supérieur, xoXXg, et la miche entière de la maison, il faut préférer le premier; entre un morceau de pain supérieur et la, miche entière, il faut préférer cette dernière (qui est plus présentable). Si l'on a un pain de froment et un autre d'orge, on prend le premier; entre un morceau de pain de froment et un pain d'orge entier, on choisit le premier; entre un pain d'orge et un autre de maïs, on choisit le premier. Cependant, cette seconde sorte n'est-elle pas supérieure? Elle a le désavantage de ne pas faire partie des sept classes supérieures de la Palestine. Cette dernière opinion, dit R. Jacob bar-Aha, au nom de R. Zeïra, est celle de R. Juda, qui dit (5 4): s'il y a, parmi les diverses sortes de pain, un seul composé de l'une des sept espèces supérieures de fruits palestiniens, on lui donne la préférence. Entre un pain impur et un autre pur, on choisit naturellement, dit R. Hiya bar-Aba, le pur. Si l'on est en présence d'un pain beau mais impur, et d'un autre qui l'est moins, mais pur, on dit la bénédiction sur celui des deux que l'on préfère, dit R. kliya bar-Aba au nom de R. Aha. Pour les pousses de première année du palmier, on dit, selon R. Jacob bar-Aha, au nom de Samuel: « créateur des fruits de l'arbre ». Selon R. Halaphta ben-Schaoul, on dit « tout a été créé par sa parole ». Selon R. Josué 31 on dit: « créateur des espèces de verdures ». Une Mischnâ 32 de R. Oschia conteste cet avis, en énumérant quelles sont les verdures (non compris les pousses du palmier); ce sont: l'artichaut, xtv apex, l'arroche, ecatrcoç, une herbacée épineuse et le chardon.
Mishnah
2. Si, pour les fruits de l'arbre, on a dit: « créateur des fruits de la terre », cela suffit; mais non si, en mangeant des fruits de la terre, on dit: « créateur des fruits de l'arbre ». Pour toutes les sortes on peut dire: « tout a été créé par sa parole ».
Guemarah
R. Ezéchia dit, au nom de R. Jacob bar-Aha 34: le ler avis émane de R. Juda; car il dit de considérer les arbres comme la tige (c'est-à-dire que l'arbre est au fruit ce que la paille est au grain de blé). R. Yossé réplique que c'est une opinion communément admise que les fruits des arbres peuvent être classés parmi ceux de la terre 35, mais l'inverse ne se peut pas. R. Houna dit 36 qu'il faut faire une exception pour le vin et le pain. C'est l'expression de la Mischnâ (§ 1): hormis le vin, dit-elle, pour lequel on dit la formule: « créateur du fruit de la vigne », et hormis le pain, pour lequel on dit la formule: « qui produit le pain de la terre 37 ». R. Yossé dit: Dès qu'on change la formule adoptée par les sages, on n'a pas accompli son devoir. R. Juda dit: Si, pour un objet qui a changé de forme (le pain et le vin), on ne modifie pas la formule de bénédiction, on n'a pas accompli son devoir. R. Méir dit qu'il suffit même de dire: « Béni soit le créateur de cet objet qui est si beau »! Et R. Jacob bar-Aha dit, au nom de Samuel, que cet avis sert de règle. Le fait suivant, survenu à Rab, en est une preuve. Un juif persan se présente chez lui et lui dit: Quand je mange du pain, ne sachant pas quelle est la formule convenable de bénédiction, je dis: « Soit béni le créateur de ce morceau de pain », ai-je alors accompli mon devoir? Oui, répondit Rab.
R. Juda raconta, au nom d'Aba bar bar-Hana, que lorsque Bar-Kapara et deux de ses élèves s'arrêtèrent pour passer la nuit dans une auberge, à Berakhta 38, on leur servit des petits gâteaux 39, des prunes (ou de la verdure), et des porreaux (capitatus). Faut-il faire la bénédiction pour ces derniers? demanda l'un. Non, répondit le maître, elle dispenserait des prunes, mais non des gâteaux; et si l'on disait la bénédiction pour la verdure, on n'en serait pas dispensé pour les deux autres espèces. Alors l'autre disciple se leva à la hâte et fit la bénédiction pour les gâteaux, par cette formule: « tout a été créé par sa parole ». Son camarade se moqua de sa méprise. Bar-Kapara dit à celui-ci: Je n'ai pas autant à me plaindre de lui que de toi: lui vient de faire acte de gourmandise; mais toi, pourquoi le railles-tu? Et il dit au rieur: C'est le lieu de dire: si l'on n'a pas de respect pour mon savoir, ne devrait-on pas au moins respecter ma vieillesse? (c'est-à-dire: vous n'avez pas eu égard à ma vieille expérience, et vous ne m'avez pas demandé conseil dans ce cas). On raconte qu'avant la fin de l'année ils moururent (en punition de leur manque de respect). En somme, dit R. Yossé, ces deux hommes sont morts, et nous n'avons rien appris d'eux. Quelle est actuellement la conclusion? Il paraît qu'on prononce d'abord, pour les porreaux, la formule de bénédiction: « fruits de la terre », car la formule: « tout a été créé par sa parole » n'est que secondaire et insuffisante.
Mishnah
3. La formule générale est usitée pour tout ce qui ne pousse pas sur terre, ainsi que pour le vinaigre, les déchets de fruits et les sauterelles (pures). R. Juda dit: Toute espèce maudite (comme les trois précédents articles) ne nécessite pas de formule de bénédiction.
Guemarah
Si du vin s'est aigri, on dit la formule: « Sois béni, juge de la vérité » (formule de malheur); si l'on vient à en tirer usage, on dit: « Tout a été créé par sa parole ». Si l'on voit des sauterelles, on dit: « Sois béni, juge de la vérité ». Si l'on vient à les manger, on dit:« Tout a été créé par sa parole ». Si l'on voit tomber des fruits non mûrs, on dit: « Sois béni, juge de la vérité ». Si l'on vient à en manger, on dira la formule: « Tout a été créé par sa parole ».
Mishnah
4. Lorsqu'on a devant soi diverses espèces, et que parmi elles il y ait l'une des espèces 40 d'élite (de la Palestine), il faut, selon R. Iuda, dire la bénédiction sur cette dernière espèce; selon les sages, on fait la bénédiction sur n'importe quelle espèce.
Guemarah
R. Josué ben-Lévi dit: Sur quel point porte le sujet de la discussion entre R. Juda et les rabbins? Sur le cas où l'on avait l'intention de manger du pain avec ces fruits (la formule du pain en dispense); mais, au cas où l'on ne se propose pas de manger du pain, tout le monde reconnaît qu'il faut donner la préférence à l'une des sept classes supérieures, s'il y en a une, pour prononcer sur elle la bénédiction. — R. Aba dit 41 qu'il faut prononcer la bénédiction à la fin (selon les sages, lorsque l'on dit la bénédiction pour une espèce non supérieure, à la fin elle ne suffit pas: il en faut une spéciale). R. Yossé dit: cette opinion de R. Aba est en discussion (puisque, d'après lui, il faut une bénédiction postérieure) avec l'avis de R. Josué ben-Lévi, selon lequel il n'y a de discussion entre R. Juda et les autres sages qu'au cas où l'on mange du pain avec d'autres produits (et que la bénédiction du pain, selon lui, en dispense), non au cas contraire. A. Aba dit qu'il faut une bénédiction finale. C'est que si l'on ne prononçait pas de bénédiction pour ce produit, on le considérerait comme un accessoire, et l'on a enseigné (§ 7) qu'au cas où il y a un accessoire avec ce qu'on mange, on fait la bénédiction pour l'objet principal (et il est impossible que cela s'applique aux espèces supérieures). Si l'on a devant soi un mélange de plusieurs sortes, ou desserts, yapcap.outoc, on dit la bénédiction, selon R. Jérémie au nom de R. Amé, pour le lupin 42. R. Lévi dit que c'est en vertu du verset (Proverbes, XXII, 22): Ne vole pas le pauvre, à cause de sa pauvreté (c'est-à dire: on ne doit pas donner la préférence aux espèces supérieures, mais bénir aussi bien le lupin). On sait donc jusqu'à présent ce qu'il faut dire lorsqu'on se propose de manger du pain plus tard. Mais il n'en est pas de même si l'on n'a pas l'intention de manger du pain (et l'on bénira le meilleur). R. Gamaliel Zouga se rendit dans la maison de R. Ianaï, et il le vit, en mangeant des olives, prononcer une bénédiction préalable et une autre postérieure (quoique la pensée de manger du pain après le fruit eût pu l'en dispenser). Mais, lui dit-il, agit-on ainsi? (N'a-t-on pas enseigné au contraire que la bénédiction du pain dispense)? R. Zeira envoya demander une solution à ce sujet auprès de R. Samuel bar-Nahman, qui répondit que, selon Rab, au nom de R. Abina, tout le monde reconnaît qu'il faut donner la préférence à l'une des sept classes supérieures, s'il y en a une (et qu'alors on ne mange pas de pain). La décision est bonne, dit R. Zeira, puisque nous voyons que les rabbins, lorsqu'ils sont en route pour annoncer la néoménle 43, mangent des raisins et ne disent pas de bénédiction après cela. Pourquoi ne la disent-ils pas? C'est qu'ils ont l'intention de manger du pain et de s'en dispenser par la bénédiction d'ensemble (conformément à l'avis précité). Lorsqu'on a devant soi plusieurs espèces faisant toutes partie des classes supérieures, laquelle faut-il préférer pour la bénédiction? C'est, comme on l'a déjà dit ailleurs, la première dans l'ordre biblique 44, et celle qui est la plus proche de la terre (par exemple le blé passe avant tout).
Mishnah
5. Si l'on a fait la bénédiction pour le vin offert avant le repas, cela dispense de celle d'après le repas; si on a récité la bénédiction pour les accessoires avant le repas, on est dispensé de celle d'après; si on l'a dite d'abord pour le pain, on est dispensé de la répéter pour le reste, sans qu'il y ait réciprocité; selon Schammaï, on n'est pas même dispensé de celle des mets cuits.
Guemarah
On a seulement enseigné, dit R. Hisda, que, si l'on a fait le bénédiction du vin avant le repas, elle dispense de celle d'après le repas; mais, si l'on a fait la bénédiction pour le vin pris au milieu du repas, cela n'en dispense pas pour celui d'après. On a enseigné ailleurs que même la bénédiction du vin bu auparavant ne dispense pas de celle d'après (à cause du long intervalle). Comment expliquer cette contradiction avec l'avis de la Mischnâ (d'après laquelle la bénédiction faite antérieurement au repas dispense de celle d'après)? R. Houna et R. Josué ben-Lévi répondirent tous deux à cette objection: le premier dit que, si l'auteur anonyme dans la Mischnâ dispense d'une nouvelle bénédiction, il parle de celui qui boit, après le repas, du vin épicé, conditum (lequel n'est pas pur), et l'autre répondit qu'il s'agit de celui qui boit du vin après le bain, BeavEcov, ou un apéritif 45, (mais en dehors de ces cas, il faut une bénédiction nouvelle).
R. R. Houna ou Rab, au nom de R. HiyaRouba, dit: « Pour les gâteaux que l'on apporte après le repas, il faut des bénédictions spéciales avant de les manger et après (la bénédiction du repas ne suffit pas)». R. Amé dit que R. Yohanan le conteste et ne l'admet pas. Il ne le conteste, dit R. Mena à R. Ezekia, que lorsqu'on en a mangé au milieu du repas. — Non, répliqua ce dernier, il le conteste même si l'on n'en a pas mangé au milieu du repas. Et R. Haggaï, au nom de R. Zeira, vint confirmer cet avis. — A R. Hanina bar-Sissi les gens de la maison du naci (prince) envoyaient des fruits 46, qu'il mettait de côté pour les manger après le repas, en prononçant deux bénédictions spéciales. R. ?ana mangeait des dattes avec son pain (pour que la bénédiction du pain s'y rapportât). Comment, lui dit R. Hiya bar-Asché, tu veux contester l'avis de ton maître (qui est opposé)? Laisse ce que tu manges là pour la fin du repas; puis tu pourras prononcer les bénédictions spéciales qui s'y rapportent. — C'est, répliqua-il, le pain qui est pour moi le principal (et, pour ce motif, je ne dis pas la bénédiction des fruits).
R. Yona et R. Yossé se rendirent à un festin chez H. Hanina Antonieh (?d'Anath); on leur apporta comme dessert des gâteaux joints à des épis grillés. Dans le présent cas, dirent-ils, laissons de côté nos études et nos opinions personnelles pour adopter les règles de cet enseignement; or, R. Mena• a professé, au nom de R. Juda, qui le tenait de R. Yossé le Galiléen, que pour ces sortes de gâteaux, présentés comme dessert, il faut des bénédictions spéciales. Donc, dirent-ils, puisque l'avis de ce particulier est contesté par les rabbins, il faut suivre ces derniers (et ne pas prononcer de nouvelle bénédiction). R. Marinos dit chez R. Josué: Celui qui mange une sorte de caviar 47 et des mets de fine farine ne peut se contenter de la bénédiction faite après ce mélange; il en faut une seconde pour les mets farineux. D'après qui? Est-ce selon Schammaï, qui dit que la récitation de la bénédiction principale ne dispense même pas de celle des mets cuits? Non, et R. Yossé dit: C'est une opinion unanimement admise que la bénédiction du pain dispense de celle des accessoires; pour les mets cuits, on en est dispensé selon Hillel, mais non selon Schammaï. Toutefois, si, dès le principe, on a fait la bénédiction pour les accessoires, tous reconnaissent (même Hillel) qu'elle ne dispense ni du pain, ni des mets cuits. R. Aba, fils de R. Papa, demanda: Si quelqu'un mange des mets de farine, ayant l'intention de manger ensuite du pain, doit-il faire une bénédiction postérieure, spéciale à la farine? Oui, répondirent les rabbins de Césarée (parce que l'un n'entraîne ni ne comprend l'autre).
Mishnah
6. Si l'on est assis à manger isolément, chacun prie séparément; si les convives sont assis en rond (ensemble), l'un fait la prière pour tous les assistants; si du vin arrive au milieu du repas, chacun le bénit séparément; si l'on en apporte après le repas, l'un prie pour tous les autres, ainsi que pour les parfums ", quoiqu'on ne les apporte qu'après le repas.
Guemarah
La Mischna parle du repas qui suit une cérémonie de circoncision 49, mais non d'un maître de maison qui réunit les siens près de lui (auquel cas l'on n'a pas besoin d'être assis en rond pour qu'un seul prie). Selon R. Hiya, il s'agit même d'un repas ordinaire. — On a enseigné quel est l'ordre du repas: les étrangers entrent et s'asseyent sur les banquettes et les siéges (cathedra) jusqu'à ce que toute l'assemblée soit réunie. On apporte le vin, pour lequel chacun récite la bénédiction; lorsqu'on apporte de l'eau, chacun se lave une main (la droite, qui tient la coupe); pour les accessoires, chacun dit la bénédiction; ensuite on se place sur des sofas sur lesquels on s'accoude, et lorsqu'on apporte du vin, il faut qu'une seconde bénédiction soit prononcée, en dehors de la première, pour cette nouvelle collation, par l'un des assistants; puis on se lave les deux mains. Lorsqu'on présente les accessoires, l'un des convives dit la bénédiction, et il n'est pas convenable que les étrangers entrent après le troisième service, nsptpopoc.
On a enseigné ailleurs 5°: Si l'on ne doit rester dans la soucca que sept jours juste 51, qu'en fait-on pour le dernier jour? Après le repas du septième jour, on ne doit pas défaire brusquement la soucca, mais descendre peu à peu tous les ustensiles, à partir de l'après-midi, afin de pouvoir honorer sans gêne chez soi le dernier jour. R. Aba bar-Cahana ou R. Hiya bar-Asché dit au nom de Rab: Il faut rendre la soucca impropre au service avant la nuit (pour bien montrer que l'on ne s'en servira plus). R. Josué ben-Lévi dit qu'il suffit de sanctifier dans sa maison le dernier jour de fête. R. Jacob bar-Aha dit au nom de Samuel, que si l'on a fait la sanctification dans une maison 52 et que, réflexion faite, on aille ailleurs pour manger, il faut recommencer la formule (à cause du changement de place). R. R. Hanina et R. Oschia disent, au nom de Rab que, si l'on se plaît dans la soucca, on fait le soir la sanctification de la fête chez soi, et l'on peut aller manger dans la soucca (malgré le déplacement, on ne recommence pas la bénédiction). Toutefois, dit R. Abin, Rab et Samuel ne sont pas en discussion. Rab (qui n'exige pas de recommencer) ne parle pas du cas où l'on songe à manger ailleurs, et Samuel parle explicitement de ces cas. R. Mena, au contraire (qui n'établit pas de distinction dans la préméditation) dit que Samuel se conforme à l'avis précité de R. Hiya, et Rab à celui de R. Josué ben-Lévi. — En somme, dit R. Amé, cela prouve (pour notre sujet) que l'on est divisé sur la question des fruits (il faut que chaque invité les bénisse avant de les manger).
On a adressé à Ben-Zôma cette question 53: Pourquoi, lorsqu'on apporte du vin au milieu du repas, chacun doit-il dire isolément le bénédiction? C'est que, répondit-il, le gosier est plein (et il ne pourrait répondre amen). C'est une preuve, dit R. Mena, que si, pendant le repas, on entend éternuer, il est interdit de souhaiter une bonne santé ('L'q atg ou 'cocmg), à cause du danger (car, en parlant, il pourrait entrer de la nourriture dans la trachée).
« Pour les épices et parfums, un seul dit la bénédiction ».
Quelle différence y a-t-il entre les épices et le vin épicé, pour lequel il arrive parfois que chacun fasse la bénédiction? C'est que tout le monde peut sentir à la fois les bonnes odeurs, même en mangeant, tandis qu'il n'en est pas de même pour le vin qu'un seul goûte 54. R. Zeira dit, au nom de R. Jérémie, qu'il faut faire la bénédiction pour les épices dès que leur fumée monte. R. Jérémie, voulant interroger R. Zeira, lui demand: Quelle bénédiction fait-on pour l'huile parfumée? Il répondit qu'il faut dire: « Béni soit celui qui a donné une odeur agréable à l'huile parfumée », ou, selon d'autres, « aux pois de senteur ». Isaac bar-Aba barMchasia et R. Hananel se trouvant ensemble, l'un dit la formule: « Béni soit celui qui donne une odeur agréable aux pois de senteur, » et l'autre dit: « Béni soit celui qui donne une odeur agréable à la verdure des champs ». Ce dernier objecta au premier: Sont-ce là des pois? Comment alors pouvez-vous les nommer ainsi? — On les appelle ainsi, de même qu'il est dit (Josué, II, 6): elle les avait cachés dans des chènevottes de lin (y v), qu'on appelle aussi pois. On se rendit auprès de Rab et de Simon (pour avoir une solution). R. Houna répondit, au nom de R. Asché, qu'il faut dire: « Béni soit celui qui donne une odeur agréable aux pois de senteur ». Gueniba dit que, pour l'huile servant à enlever la sueur (à nettoyer les mains), on est dispensé de dire la bénédiction, et même, selon R. Judan, si elles ne sont que condensées en sa main (en bouquet). R. Helbo et R. Houna disent, au nom de Rab, que la bénédiction est inutile si l'on fabrique chez soi du liniment (linteum, pour la bonne odeur: un composé de vin, d'huile et d'eau). R. Hisda dit que, pour tous ces objets, on dit la formule: « Béni soit celui qui donne odeur aux pois de senteur 55 », excepté pour le musc (muscus), pour lequel on dit; « Béni soit celui qui donne une bonne odeur aux épices ».
Mishnah
7. Si l'on apporte d'abord des salaisons, puis du pain, et que l'on récite la formule pour la salaison, cela dispense de celle du pain, qui n'est là qu'un accessoire. Voici la règle: Si un accessoire accompagne le principal, c'est pour ce dernier qu'il faut dire la prière.
Guemarah
R. Simon ben-Nahman dit, au nom de R. Yonathan: L'avis de la Mischnâ a seulement une valeur effective, aussi longtemps que l'on n'a pas connaissance des festins royaux et que la salaison fait le mets principal 56; mais, dans le cas contraire, il n'y a pas de règle fixe. R. Jérémie dit, au nom de Rab, que si l'on mange dupain et des légumes ensemble, on ne prononce la bénédiction pour le légume que si c'est le principal. R. Simon dit, au nom de R. Simon ben-Lakisch, que si l'on mange du pain et des sucreries, Eucrp.ez, on dit la bénédiction pour ces dernières, si elles forment le principal; mais, au cas contraire, il n'y a pas de règle déterminée.
Mishnah
8. Si l'on a mangé des raisins, des figues et des grenades, on dit ensuite la bénédiction en trois sections, selon R. Gamaliel; les sages prescrivent une seule formule résumant les trois. R. Akiba dit: Même après avoir mangé un légume vert, qui forme le repas, on dit les trois bénédictions; si l'on boit de l'eau pour étancher sa soif, on dit: « Que tout existe par sa parole »; R. Tarphon dit: « Créateur de beaucoup d'âmes et de leurs besoins ».
Guemarah
R. Simon et R. Tadaï disent, au nom de R. Josué: Si l'on mange à l'est d'un figuier, et qu'on aille ensuite continuer le repas à l'ouest, il faut dire à nouveau la bénédiction. Aba bar :R. Houna dit: Si après le vin vieux on boit du nouveau, il faut dire la formule spéciale (Hamétib); si l'on change de vin, on est dispensé de cette formule, mais non si l'on change de place. Si l'on détourne l'attention, c'est comme si l'on changeait de place (et il faut recommencer). Rabbi disait la bénédiction sur chaque tonneau qu'il ouvrait. Que disait-il? R. Isaac Rouba répond, au nom de Rabbi, qu'il disait la formule: « Béni soit celui qui est bon et qui fait du bien ». Il est arrivé à R. Akiba de donner un festin à son fils Siméon; il prononçait la bénédiction sur chacun des tonneaux ouverts, et il disait: « Le bon vin! A la santé des rabbins et de leurs élèves »!...
« Si l'on boit de l'eau pour la soif, etc. »