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Présentation
La rédaction
Ce numéro de SIDIC est consacré aux pharisiens et au pharisaïsme. Le vocable « pharisien » est un exemple linguistique qui démontre parfaitement combien le judaïsme et le christianisme se sont éloignés l'un de l'autre. Ce terme, dans les milieux chrétiens et autres, non-juifs, est devenu synonime de « hypocrite ». Les dictionnaires sont là pour prouver que l'expression est devenue d'usage courant. Dans le judaïsme, au contraire, les mots « pharisien » et « pharisaïsme » évoquent la grande époque des commentateurs de la Torah, des chefs religieux d'Israël qui, au temps de la destruction du Temple, ont sauvé le judaïsme et contribué essentiellement à sa croissance.
L'usage que les chrétiens font du terme « pharisien » avec ses connotations, est ressenti par les juifs comme offensant, principalement à cause des valeurs religieuses essentielles auxquelles il porte atteinte. Aussi évite-t-on le terme dans les milieux où les relations judéo-chrétiennes se développent harmonieusement. Cet effort est louable en soi puisqu'il est l'expression d'une attitude de respect pour le peuple juif, son identité et ses valeurs, mais il n'est pas suffisant. C'est à une revalorisation de la réalité pharisienne qu'il faut tendre, l'équation des termes « pharisien » et « hypocrite » n'étant pas seulement offensante, mais aussi une preuve d'ignorance.
Il est vrai que certains textes du Nouveau Testament, comme Matthieu 23 par exemple, mettent en rapport les termes « pharisien », « hypocrite » et d'autres épithètes fort violentes. Mais ce genre littéraire polémique ne justifie nullement l'usage négatif courant que l'on fait des termes « pharisien » et « pharisaïsme ». Des études récentes ont mis en évidence différents aspects de la réalité pharisienne: la complexité du mouvement, l'opposition qui dressait entre elles les diverses factions, mais aussi la signification religieuse impressionante de l'enseignement religieux des pharisiens et de leur animation spirituelle.
En outre - les récits du Nouveau Testament en font amplement preuve - jésus,, de bien des façons, faisait siens les points importants de l'enseignement pharisien, leurs méthodes pédagogiques et leur mode de vie. Sans vouloir nier qu'il existe des différences fondamentales entre le christianisme, et sans chercher à les minimiser, on peut certainement affirmer que le mouvement pharisien apparaît comme une jonction solide entre les deux communautés de foi. Mais la conscience de ce fait s'est perdue avec le temps, sous l'influence,de l'histoire et de la théologie.
Le présent numéro de SIDIC se propose de contribuer à une meilleure intelligence du phénomène pharisien, à une lecture des événements qui soit plus proche de la vérité, à un éveil d'intérêt, chez les chrétiens, pour le rapport - historique et théologique - qui existe entre pharisaïsme et christianisme. Un retour aux sources de cette nature marquerait un progrès sensible dans les relations judéo-chrétiennes.