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Présentation
La rédaction
Les « Orientations et suggestions » qui viennent d'être publiées, le 3 janvier 1975, par la nouvelle Commission catholique pour les relations avec le judaïsme, soulignent, au paragraphe 6 du chapitre « dialogue », la possibilité, pour les chrétiens et les juifs, d'une prière commune. Le texte dit notamment: « Dans les circonstances où cela sera possible et mutuellement- souhaitable, on pourra favoriser une rencontre commune devant Dieu, dans la prière et la méditation silencieuse, si efficace pour faire naître cette humilité, cette ouverture d'esprit et de coeur, nécessaires pour la connaissance profonde de soi-méme et des autres. On le fera en particulier à propos de grandes causes comme celle de la justice et de la paix ». Cependant, les diverses réactions des juifs à ce paragraphe révèlent la délicatesse de la question et permettent de faire le point de la connaissance mutuelle. Certaines de ces réactions sont positives (cf The Tablet, 18 janvier 1975, rabbin Lionel Blue), d'autres négatives (cf Tribune juive, n. 340-341, 16-18 janvier 1975); d'autres, plus nuancées, (cf International Jewish Committee on Interreligious Consultations, 3 janvier 1975), affirment que, pour certains milieux juifs, une prière commune avec des chrétiens n'est pas souhaitable. D'ailleurs, le document s'exprime lui-même prudemment: « ... dans les circonstances où cela sera possible et mutuellement souhaitable... ».
Devant ces différentes attitudes, on se rend compte que la prière touche au coeur de la toi et de la tradition religieuse. En effet, dans la prière, ce n'est pas une doctrine abstraite qui s'exprime, sans lien avec la réalité et l'histoire, mais c'est une expérience de Dieu, vécue dans une communauté concrète et dans une histoire concrète. Le poids de l'histoire doit donc peser sur une rencontre de prière des chrétiens et des juifs: pour pouvoir prier ensemble, il faudra davantage de connaissance mutuelle, une sensibilité plus grande à l'identité de l'autre, dans un véritable et profond respect.
Ce numéro de Sidic est consacré à la prière juive et chrétienne, en vue d'une meilleure compréhension de ces éléments essentiels au dialogue. La richesse de ce thème déborde évidemment les limites des articles proposés ici, et nous nous bornons à quelques appro ches de l'expérience religieuse juive et chrétienne. Les digérents articles de ce numéro montrent l'enracinement de la prière dans la vie, la profondeur de la vie en Dieu qui émerge des formes variées du service de Dieu, de l'étude de la Torah, de la prière des psaumes. Il serait vain de vouloir comparer la prière juive et la prière chrétienne, mais il nous semble utile de dégager leur source commune et leurs divergences concrètes.
Seul un grand respect des différentes expériences et des di§érentes expressions de la loi peuvent ouvrir la voie à de nouvelles relations entre chrétiens et juifs, à une plus profonde connaissance de Dieu et à un rapport plus fraternel entre les hommes, fils du même Père.