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L'Aventure du dialogue
Rijk, Cornelis A.
Quand la Déclaration Nostra Aetate de Vatican II a parlé des dialogues fraternels qui devraient surtout favoriser la compréhension mutuel 1e et le respect entre juifs et chrétiens, elle s'est située, ainsi que tous les catholiques, dans le climat des courants actuels concernant les relations humaines. Mais le dialogue ne se réalise pas facilement. Ce mot est devenu banal et semble recouvrir des réalités différentes.
Lorsqu'on examine ce qui constitue l'arrièreplan du « mouvement de dialogue », trois facteurs au moins devraient être signalés.
tives, et se rend compte qu'il faut établir de nouvelles relations dans le monde. Le principe profond de cette prise de conscience est donné dans Gen. 1,27-28: « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit: Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ». Tout homme participe à la gloire de cette vocation (voir également Ps. 8). A tous les niveaux, les moyens modernes de communication peuvent essentiellement faciliter la réalisation de ce dessein de Dieu.
1) L'homme est un être de dialogue. Il a une profonde tendance à communiquer, à partager, à être avec l'autre. Dans son expérience avec Dieu, Israël apprit que cela s'accordait avec le plan créateur de Dieu. Dans l'Ecriture, cette conviction est exprimée en plusieurs endroits: « Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Gen. 2,18, voir aussi Qo. 4,9-10 etc.). Ce contact de dialogue entre les hommes devrait être l'expression des relations de l'homme avec Dieu lui-même. A chaque page, la Bible témoigne de ce double contact du dialogue entre l'homme et l'homme, et entre Dieu et l'homme. Elle montre également les difficultés énormes qui surgissent pour établir et vivre un réel dialogue. Mais le principe de cette relation interpersonnelle est donné par la Révélation divine.
2) Le monde se faisant de plus en plus petit, et les rencontres étant plus faciles à travers pays et continents de cultures et religions diverses, le besoin d'établir de meilleures relations humaines entre les peuples de différentes races, cultures et religions se fait de plus en plus sentir. Les premières rencontres de ce genre ont été souvent accompagnées de luttes et de heurts. Lentement, l'humanité prend conscience de la nécessité, et aussi de la fécondité, des relations humaines posi
3 ) On a dernièrement remarqué une nouvelle impulsion dans la pensée philosophique et théologique, au moins parmi les chrétiens, mouvement qui semble exercer une forte empreinte sur les relations humaines, et en particulier sur les relations religieuses. Un changement s'opère, allant d'une étude objective à une étude plus subjective des choses. Plusieurs.circonstances ont fait réaliser une réelle découverte à ce sujet. Au cours des siècles précédents, on mettait un accent unilatéral sur la vérité objective, alors que les convictions personnelles étaient plus ou moins négligées. De nos jours, on insiste beaucoup plus sur la subjectivité, de façon trop unilatérale parfois. Ce qu'il en résulte, c'est au moins un grand respect de la personne et de ses convictions. Les relations humaines et les rapports entre l'homme et Dieu sont de plus en plus envisagés dans le contexte des relations entre personnes, soit individuellement, soit en communauté. Dans ce sens, une véritable théologie relationnelle personnelle est en train de se développer. C'est en même temps une théologie plus réaliste parce que la personne concrète est le centre de la réalité quotidienne. Evidemment, ce développement ne résout pas tous les problèmes; il peut même créer de nouvelles et sérieuses tensions: tensions entre vérité objective et conviction personnelle, tensions également
de personne à personne. Mais dans ce climat, la voie vers un réel dialogue sera plus facilement ouverte.
Lorsque nous considérons cet arrière-plan du mouvement du dialogue actuel, nous pouvons comprendre la nouvelle tendance au dialogue qui se fait jour entre juifs et chrétiens. Dans ce domaine, également, nous commençons à vivre dans un nouveau climat. Ici, le retour aux sources du Peuple du Livre devrait ouvrir l'esprit des chrétiens à une nouvelle compréhension, une nouvelle estime des juifs et du judaïsme. H.J. Schoeps et d'autres ont montré qu'à peu d'exceptions près, un vrai dialogue entre juifs et chrétiens ne s'était jamais produit en l'espace de 2.000 ans. Le fameux Dialogue avec Tryphon de Justin (deuxième siècle) n'était pas un dialogue, mais une explication apologétique de la foi de Justin. Il est évident que nous sommes encore tout au début d'une ère nouvelle, et qu'il y a encore bien des difficultés à surmonter des deux côtés.
Certains disent: Les chrétiens ont besoin des juifs; l'existence du judaïsme leur est essentielle, mais les juifs n'ont pas besoin des chrétiens. D'autres disent: Un commencement de dialogue
entre juifs et chrétiens peut se faire, mais pas encore entre le judaïsme et l'Eglise. Les juifs orthodoxes, en particulier, n'envisagent avec réserve que des contacts sociaux avec les chrétiens et rien de plus. Beaucoup de chrétiens, et même la plupart d'entre eux, ne comprennent pas encore le vrai sens du dialogue avec les juifs et l'importance réelle des relations judéo-chrétiennes. La confiance est une condition nécessaire, mais il nous faudra montrer par des actes que nous sommes dignes de confiance.
Ce numéro de Sidic donne un résumé de la situation. Il expose de nombreuses difficultés, et montre clairement que seul le premier pas hési tant a été fait sur le chemin du vrai dialogue. Cependant, il y a des signes prometteurs également. Ce ne sont pas les signes d'une solution facile et toute faite, mais les indices d'une difficile découverte du dialogue sur la profonde et unique relation entre juifs et chrétiens. Le renouvellement 3e notre confiance dans le Seigneur peut être notre aide et notre stimulant: « Voici que je vais faire quelque chose de nouveau, qui déjà paraît; ne l'apercevez-vous pas? » (Is. 43,19).