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Les relations judéo-chrétiennes au Costa Rica à partir de 1968
Haug, Soledad
L’Amitié judéo-chrétienne fut fondée au Costa Rica en 1954 grâce à une religieuse de N.D. de Sion, Sœur Yolan, avec la collaboration de l’archevêque de San José, Monseigneur Rubén Odio et de quelques laïcs catholiques, ainsi que de membres de la communauté juive.
Ce fut grâce aux contacts de Sœur Yolan que l’Amitié judéo-chrétienne a été fondée en Uruguay, à Buenos Aires et à Madrid. Une des personnalités qui s’est impliquée le plus dans le mouvement fut le Père Benjamin Nunez qui se trouvant à l’ONU en 1948 au moment du vote pour l’Etat d’Israël, l’avait fortement appuyé. Il a été dirigeant syndicaliste, ministre du travail et ambassadeur du Costa Rica en Israël. L’Université Nationale et la première Ecole des sciences religieuses à caractère oecuménique dans une université d’Etat lui doivent leur fondation.
Sœur Yolan est décédée en 1983. Le Père Nunez en 1996. Tous deux ont reçu l’hommage de la communauté juive qui les a toujours considérés comme leurs frère et sœur. Sœur Yolan avait soutenu au nom de l’Eglise les émigré juifs de Pologne et de Russie après 1945.
Ces deux personnes ont marqué une étape dans les relations judéo-chrétiennes du pays.
Malheureusement les circonstances ont changé. La divergence de vision dans la société costaricienne et la communauté juive au sujet des relations, du dialogue religieux et du monde n’a pas permis que se renouent des relations articulées et « officielles ».
Cependant, de 1983 à 1987, une sœur de N.D. de Sion, Odilie Solis, a été présidente du Centre culturel Israël-Costa Rica. Alors que l’Amitié judéo-chrétienne perdait de sa force, cela a permis un contact permanent avec la communauté juive, en vue d’un dialogue culturel et religieux.
La chronologie résumée suivante peut donner une idée de l’évolution de ces relations :
1954-1975 - Amitié judéo-chrétienne
1968-1980 - Fondation du Centre Elias par les soeurs de N.D. de Sion. Le Concile Vatican II avait lancé quantités de défis ; Nostra Aetate existait ; une formation biblique et théologique, une plus grande ouverture au monde s’imposaient. Le Centre Elias s’est donné pour tâche de promouvoir la formation biblique dans une vision oecuménique, en montrant la continuité du projet de Dieu dans la Bible et l’importance de reconnaître nos racines chrétiennes dans le peuple juif. Des cours furent donnés et une revue, Shalom, parut pendant 10 ans.
1980-1989 - Une religieuse de N.D. de Sion assume la présidence du Centre culturel Israël-Costa Rica : contacts, conférences, et célébrations communes.
1984 - Le Synode diocésain charge les soeurs de N.D. de Sion d’entrer en dialogue avec la communauté juive ; de faire connaître les racines juives de la foi chrétienne et de travailler à l’élimination des préjugés raciaux ou religieux, dans les sermons, dans les catéchismes.
1989 - La Congrégation crée un Centre d’études bibliques et de relations judéo-chrétiennes, CERJUC. Depuis 10 ans, le centre travaille en s’adressant surtout à un public chrétien. On a la conviction que la formation biblique est essentielle pour des relations saines, judéo-chrétiennes et oecuméniques.
Dans cette formation, on remet en valeur les écrits hébraïques, l’histoire biblique jusqu’en 135 et on donne une grande importance à l’histoire post-biblique, jusqu’à nos jours du peuple juif, dans l’esprit de Vatican II.
1991 - Le Centre culturel Israël-Costa Rica arrête ses activités, en attendant de nouveaux signes pour de nouvelles formes. Nous espérons que l’année 2000 inspirera de nouvelles activités communes.
1992 - CERJUC intensifie le travail biblique en s’ouvrant à un grand public, en cherchant à atteindre des « multiplicateurs » dans différentes communautés du pays. Le centre organise diverses activités en cherchant un plus grand rapprochement avec la communauté juive et une meilleure connaissance du judaïsme par les chrétiens.
Sont proposés et ont eu lieu :
1. un cours d’histoire biblique, avec la participation de juifs
2. un cours sur l’Exode, avec la participation du rabbin de la communauté
3. des conférences du rabbin au Grand Séminaire catholique et au séminaire biblique latino-américain, oecuménique
4. une célébration du seder pascal avec le rabbin de la communauté, des séminaristes catholiques, des protestants, des prêtres
5. une célébration annuelle (depuis six ans déjà) d’une « prière » interreligieuse pour la vie et la paix
6. la célébration du 50e anniversaire de la Shoa, avec la participation de chrétiens, et de juifs témoins d’Auschwitz
7. la promotion d’un cours sur l’oecuménisme, d’un cours sur le judaïsme dans le cursus de l’ITAC, Institut de formation théologique, destiné aux religieuses et religieux d’Amérique centrale
8. l’organisation d’une série de « Dialogues sur le judaïsme » durant le cours de l’année scolaire, pour connaître les différents aspects de la vie juive. Les dialogues se font toujours avec une personne juive de la communauté.
Nous sommes également entrées en dialogue avec les éditeurs de la Bible latino-américaine en espagnol pour demander la correction de certaines notes portant la marque de préjugés et la présence de la théologie de la substitution.
Durant 20 ans, les soeurs ont publié le Calendrier biblico-liturgique, qui signale les fêtes juives. Dans quelques éditions, des pages supplémentaires ont paru pour faire connaître le contenu et la signification du judaïsme et la signification du judaïsme aujourd’hui pour notre foi chrétienne.
Au Costa Rica, il existe actuellement une communauté juive d’environ 3 000 personnes, un Centre israélite, une Synagogue depuis 50 ans, et diverses organisations culturelles et sociales. Ces personnes sont venues dans le pays entre 1920 et 1945. La majeure partie d’entre elles sont ashkénazes et « conservateurs ». Leurs relations avec les chrétiens, sous une forme organisée dépendent beaucoup du rabbin du moment. La génération formée par les fils des premiers immigrants, hommes et femmes entre 40 et 60 ans, sont actuellement des personnes professionnellement très intégrées dans la vie politique, économique et culturelle du pays.
Une deuxième communauté existe, « réformée », plus petite, plus ouverte. Elle a une Synagogue,et n’importe qui peut participer aux offices ; le culte est en anglais. La majeure partie de ses membres ne sont pas des juifs costariciens.
Il y a aussi une très petite communauté de juifs « orthodoxes » qui ont plus d’affinités avec la synagogue « conservative ».
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* Sr Soledad Haug nds est directrice du CERJUC (Centre d’études bibliques et de relations judéo-chrétiennes). Elle est secrétaire exécutive de la Commission nationale d’oecuménisme et fait partie du Conseil exécutif international de la FEBIC (Fédération Biblique Catholique). [Traduit de l’espagnol par T.M. Croville]