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Revista SIDIC XXXIV - 2001/1
Une Année Après (Páginas 09 - 10)

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Surmonter les particularismes pour faire vivre les idéaux
David Rosen

 

Le pèlerinage historique du Pape Jean Paul II en Terre sainte a bouleversé un grand nombre de personnes et de rapports : l’Église catholique locale, les différentes communautés chrétiennes, les rapports entre juifs et chrétiens, entre chrétiens et musulmans, le dialogue entre les trois religions, les rapports du Saint-Siège avec les diverses entités politiques nationales, la transmission du message de paix et de réconciliation entre toutes les religions et les peuples de la région.

L’impact de la visite du pape a été immensément positif dans tous les secteurs, mais surtout peut-être dans la société israélienne juive.

Pour apprécier cet aspect à sa juste valeur, il faut nous souvenir que les Israéliens en général non seulement ne vivent pas dans un entourage chrétien, mais ne connaissent même pas les chrétiens actuels.

Même quand les Israéliens voyagent à l’étranger, ils rencontrent des personnes non juives plutôt que des chrétiens. Comme le christianisme ne fait pas partie du cercle de leurs références contemporaines, les Israéliens n’en ont qu’une idée tirée du passé, tragique et négative. Il s’ensuit que sont très peu familiers aux Israéliens les chrétiens, l’activité du Concile Vatican II avec le document Nostra Aetate et les énormes progrès réalisés dans les 15 dernières années en ce qui concerne les relations entre juifs et catholiques. C’est seulement après l’établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’État d’Israël, en 1994, qu’on a traduit en hébreu la majorité des documents relatifs aux juifs et au judaïsme, les rendant ainsi accessibles au public israélien.

Étant donné tout cela, les images de la visite du pape ont énormément frappé les Israéliens juifs qui ont ouvert les yeux sur le caractère éminemment positif de l’attitude du chef de l’Église catholique envers leur peuple, leur histoire, et leur héritage. Ils ont compris cela surtout grâce à la visite du pape à Yad Vashem et au Mur occidental.

Les émissions de la télévision israélienne qui ont suivi l’itinéraire complet du pape ont révélé aux téléspectateurs israéliens avec quelle émotion le pape Jean Paul II s’est identifié avec la Shoa et avec ses victimes. En même temps, les moyens de communication sociale ont diffusé l’histoire personnelle du pape et ses bonnes actions, dont ont témoigné les personnes juives qu’il a rencontrées à Yad Vashem. De même, la société juive et le monde entier ont pu constater le sentiment de révérence éprouvé par le pape Jean Paul II et sa profonde bonne volonté envers la religion juive quand, profondément absorbé par la prière, il a fait halte auprès du Mur occidental et y a déposé le texte de l’oraison tiré de la liturgie célébrée à Saint-Pierre le 12 mars, dans laquelle on implore le pardon de Dieu pour les péchés commis dans le cours des siècles par les chrétiens contre les juifs.

L’esprit d’authentique bonne volonté et de respect montré par le pape Jean Paul II a trouvé une réponse dans la société israélienne, qui, précisément comme résultat de cette visite a commencé à prendre la mesure de l’attitude de l’Église qui, aujourd’hui, non seulement n’est pas hostile à l’État juif mais cherche sincèrement à avoir une relation spéciale positive avec le peuple juif que le pape Jean Paul II a décrit comme « le cher frère aîné de l’Église, peuple dont l’Alliance originelle n’a jamais été révoquée par Dieu ».

Le pape Jean Paul II a joué un rôle unique dans cette relation nouvelle et son pèlerinage en Terre sainte restera dans les mémoires comme un moment lumineux et authentique de ce processus historique.

S’il y a eu une note discordante pendant l’itinéraire de la visite papale, cela a été la rencontre interreligieuse au Centre Notre Dame qui a révélé les difficultés que les initiatives interreligieuses doivent affronter du fait que les guides religieux et les institutions de la région sont politisés. Comme le pape Jean Paul II l’a laissé entendre durant sa rencontre avec les différentes communautés chrétiennes, il est difficile d’instaurer coopération et dialogue entre les chrétiens. Étant donné le climat politique et culturel du Moyen-Orient, les difficultés pour promouvoir le dialogue interreligieux y sont plus grandes qu’ailleurs, en particulier quand la hiérarchie des juifs et des musulmans a une connotation essentiellement politique. Malgré tout, il existe un dialogue interreligieux profond et substantiel à Jérusalem et en Israël, bien qu’il soit composé d’une manière non homogène de chrétiens et de juifs provenant des pays occidentaux ou y ayant fait des études.

Peu à peu, mais sûrement, il se forme une nouvelle prise des conscience de l’importance de cet effort pour favoriser des rapports pacifiques dans la région.

La visite du pape Jean Paul II a été un stimulant pour tous ceux qui travaillent dans la vigne des rapports interreligieux et une démonstration pour tous qu’il est nécessaire de dominer les particularismes par amour de la société en général et de faire vivre les idéaux de nos religions respectives pour sanctifier le Nom du Seigneur dans le monde.



Le Rabbin David Rosen est le directeur général de l’ADL (Anti-Defamation League) en Israël. [Traduit de l’italien par B. Brumelot].
Ce texte a paru dans l’Osservatore Romano, qui nous donne l’autorisation de le publier ici, le 22 avril 2000.

 

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