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Lettre des évêques de Lituanie sur les fautes de l’Eglise, en la journée de pénitence et de demande de pardon
Evêques de Lituanie
Lituânia (2000/04/15)
Le monde célèbre l’an 2000, la naissance de Jésus Christ. C’est l’année du grand Jubilé, un temps de grâce particulière. Mais cette grâce de Rédemption nous est accessible seulement après un repentir sincère et la volonté de ne pas retomber dans les mêmes erreurs.
L’Eglise est fidèle à la mission confiée par son Seigneur ; néanmoins, à cause de la faiblesse de ses membres, elle n’a pu éviter les fautes. C’est pour ces fautes qu’elle veut exprimer sa repentance, et par ce moyen purifier sa mémoire.
Le Saint-Père, le premier, nous a donné l’exemple le 12 mars dernier et, à travers une célébration de repentance, a demandé pardon pour les fautes des catholiques dans le passé.
Nous, évêques de Lituanie, en communion avec le Saint-Père et toute l’Eglise, profitant de la grâce, don de Dieu, pour l’année du Jubilé, nous décrétons la journée de repentir et de pardon. A cette occasion nous aimerions mentionner certaines fautes du passé.
Nous exprimons le regret que les enfants de l’Eglise, pour défendre la foi et son expansion, ont usé parfois de moyens indignes, oubliant que Dieu est Amour et que c’est uniquement à travers l’amour qu’on peut guider les nations vers la vérité. On a usé dans le passé de force et de haine, en contradiction avec les enseignements de l’Evangile, et en chargeant ainsi la mémoire de l’Eglise.
Nous regrettons que dans les siècles passés, l’Eglise se permettait l’ingérence dans les conflits nationaux, et qu’elle ne réagissait pas de manière adéquate quand l’orgueil national était placé avant les valeurs évangéliques. La mémoire de l’Eglise est chargée par des militants nationalistes qui se servaient des sentiments religieux pour se détruire mutuellement.
Nous exprimons notre souffrance que, durant la deuxième Guerre mondiale, une partie des enfants de l’Eglise ont manqué à leur devoir d’amour envers les juifs persécutés, qu’on n’a pas épuisé toutes les possibilités pour les défendre, et surtout qu’on n’a pas eu la détermination d’empêcher ceux qui aidaient les hitlériens. La mémoire de l’Eglise est chargée par toutes les manifestations d’antisémitisme dans le passé et dans le présent que tentent de susciter des gens irresponsables et dénués d’amour chrétien.
Nous regrettons que des enfants de l’Eglise, à cause de leur faiblesse, de leur peur ou par désir de gains, aient adhéré à des régimes criminels d’occupation. Ils ont renié leurs devoirs religieux, moraux, patriotiques. Ils ont aidé les oppresseurs. La mémoire de l’Eglise est chargée par ces laïcs et ces ecclésiastiques qui ont collaboré avec l’occupant, l’oppresseur de l’Eglise et de la patrie.
Nous demandons pardon pour ces enfants de l’Eglise qui, malgré l’appel de l’Evangile pour servir et partager avec les plus pauvres, ont manqué de sensibilité devant le dénuement et la misère, le manque de justice sociale. La mémoire de l’Eglise est lourde de toutes les larmes que personne n’a essuyées.
Nous regrettons aussi que des enfants de l’Eglise aient manqué au respect de la vie humaine, avant la naissance, causant ainsi un grand dommage à la nation et à l’Eglise. Ce sang qui a coulé avec le consentement et par les mains des enfants de l’Eglise.
Que la confession de toutes ces fautes éveille notre conscience chrétienne. Nous devons éviter de nouvelles fautes dans le monde contemporain où les gens sont sollicités pour toujours plus de compromissions.
En demandant pardon pour les fautes des enfants de l’Eglise, nous leur pardonnons. Regrettant les fautes commises par le passé et le présent, nous espérons que l’année jubilaire sera une année de renouveau et de sanctification.
Que les 100 ans qui viennent soient un siècle de paix, d’unité, de responsabilité collective et d’amour chrétien !
Mgr Sigitas Tamkevicius, Archevêque de Kaunas,
Président de la Conférence des évêques de Lituanie
Mgr Jonas Boruta, Secrétaire Général de la Conférence
Traduit à partir du polonais par Sidic