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Eglise et peuple Juif - vingt cing ans après le Concile Vatican II (1963 - 1965)
Pier Francesco Fumagalli
Le 25e anniversaire du Concile Vatican II a été l'occasion de nombreuses rencontres, célébrations, sessions d'étude et publications (I), qui ont souligné l'importance historique de cet extraordinaire événement ecclésial du XXe siècle. Pour ce qui concerne le sujet spécifique des rapports Eglise — Juifs, ou Eglise — peup/e juif , on peut signaler diverses initiatives en différents continents, dont la plus importante a été la commémoration solennelle des 5 - 6 décembre 1990, au Vatican (2): nous avons là une confirmation du fait que la Déclaration conciliaire Nostra Aetate (N. 4), promulguée le 28 octobre 1965 par le Pape Paul V/, et de manière générale l'ensemble des enseignements sur les juifs dans les documents du Concile, proclament un message de portée vraiment universelle pour l'Eglise et pour le monde contemporain, un message d'une actualité permanente (3).
Désirant exprimer en catégories bibliques (4) quelques aspects essentiels du cheminement de fraternité et de réconciliation qui a uni Eglise et Synagogue au cours de ces cinq derniers lustres, nous pourrions évoquer quelques-uns des « Psaumes de pèlerinage » vers Jérusalem (Ps 120 [119] - 134 [133]). La confiance dans le Dieu qui veille sur Israël (Ps 121: Levabo oculus mens in montes), la joie et l'invocation de la paix pour Jérusalem (Ps 122: Laetatus sum in eo, quod dixerunt miter), le retour des exilés (Ps 126: In convertendo Dominus captivitatem Sion), le chant de la fraternité (Ps 133: Ecce quam bonum et quam iucundum), sont quelques-uns des sentiments qui nous réconfortent et illuminent nos coeurs dans un chemin montant, pas toujours aisé,parfois rude et dangereux mais qui, pour cela justement, nous demande du courage et une solidarité confiante, dans la persévérance de l'espérance et l'attenteactive de la pleine manifestation de la gloire du Dieu Sauveur.
I. Rétrospective historique
Si nous préférons cependant une perspective historique, il convient de rappeler, ne serait-ce que brièvement, les principaux événements advenus depuis l'annonce du Concile, le 25 janvier 1959 jusqu'à nos jours. Pendant la période conciliaire, rappelons les directives fondamentales données par le Pape Jean XXIII au cardinal Augustin Bea pour la préparation du document sur les Juifs (5), et la rencontre entre le Pape et l'historien juif Jules Isaac le 13 juin 1960. Le Pape Paul VI recueillit ensuite l'héritage de Jean XXIII, l'enrichit de gestes prophétiques tel son pèlerinage en Terre Sainte en 1964 et, la même année, dans son encyclique Ecclesiam Suam, il parle des juifs comme « reverentia et amore nostro sane digni » (bien dignes de notre respect et de notre amour). Après la promulgation de la Déclaration sur les rapports de l'Eglise avec les religions non chrétiennes Nostra Aetate, la Commission Vaticane pour les rapports catholico-juifs fut créée en 1966, et le cardinal Bea en confia la responsabilité au P. Adriaan Cornelis Rijk (+ 1979). A la mort du cardinal Bea en 1968, le cardinal Johannes Willebrands fut nommé à la tête du Secrétariat pour l'unité des chrétiens et de la Commission annexe pour les relations avec les juifs, charge qu'il assura en tant que Président jusqu'en 1989; depuis 1990, le Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens ainsi que de la Commission pour le judaïsme est le cardinal Edward I. Cassidy.
Dans la Constitution apostolique Regimini Ecclesiae Universae du 15 août 1967, Paul VI, suivant la pratique de ses prédécesseurs, décide que le Secrétariat pour l'unité des chrétiens « competentiam insuper habet in rebus Iudaeos sub aspectu religioso respicientibus » (6). Le 22 octobre 1974, le Pontife instituait la « Commission pour les relations religieuses avec la judaïsme » en tant qu'organisme distinct, mais lié au Secrétariat. Dans la Constitution apostolique Pastor Bonus du 28 juin 1988, le Pape Jean Paul II change le terme de « Secrétariat » en celui de « Commission Pontificale » et précise les fonctions de cet organisme (art. 135-137); il établit aussi que « apud Consilium exstat Commissio ad res investigandas atque tractandas, quae Iudaeos sub respectu religioso attingunt; eam eiusdem Consilii Praeses moderatur « (7).
Un dialogue officiel entre l'Eglise catholique et des délégués d'organisations juives internationales a commencé en 1970 avec la création d'un Comité mixte de liaison (International Catholic — Jewish Liaison Committee) qui a eu jusqu'ici (1992) 14 réunions (8). En 1974, la Commission du Saint Siège pour les relations religieuses avec le Judaïsme a publié les Orientations et suggestions pour l'application de Nostra Aetate (N. 7) et, en 1985, les Notes pour l'éducation catholique sur les Juifs et le Judaïsme. Une nouvelle période (de 1986 à 1990) s'est ouverte sous les auspices prometteurs de la visite du Pape à la synagogue de Rome, le 13 avril 1986, et de la prière mondiale pour la paix à Assise, le 27 octobre: elle a été caractérisée, en ce qui concerne les juifs, par une activité pontificale sans égale dans l'histoire (9). Bon nombre de cardinaux et d'archevêques, de Conférences épiscopales aussi, suivant l'exemple du Pape et l'enseignement du Concile, ont promulgué des documents ou sont intervenus à ce sujet (10). La Conférence épiscopale d'Italie a institué, depuis 1989, une journée annuelle d'étude et de rencontre avec les juifs (I1), et l'Eglise de Pologne a consacré la journée du 20 janvier 1991 à une réflexion sur la lettre de l'épiscopat concernant les juifs.
Parmi les difficultés et les embûches répétées, causes de défiance mutuelle, de retards, d'« incidents de parcours » dans le dialogue, il nous faut noter entre autres les critiques soulevées par l'audience pontificale accordée au Président de l'Autriche, Kurt Waldheim, et surtout celles relatives à l'absence de rapports diplomatiques entre le Saint Siège et l'Etat d'Israël, et aussi l'installation d'un Carmel dans le « Vieux Théâtre » d'Auschwitz en 1984 (12). Cependant, l'année 1990 a été marquée par une série de progrès remarquables, en particulier
— le 16 février, le début des travaux de construction du nouveau Carmel d'Auschwitz/Os wiecim , pour lesquels le Pape Jean Paul II a apporté une généreuse contribution. Ces travaux ont avancé rapidement au-cours de l'année grâce a la « Fondation cracovienne pour le Centre d'information, de rencontre, de dialogue, d'éducation et de prière à Auschwitz », à laquelle est adjoint, depuis le 7 avril 1991, un « Conseil international de programmation », présidé par le P. Jean Dujardin;
— en août, a eu lieu aux environs de Rome un important Symposium international de thélogiens et d'exégètes catholiques, de caractère privé, sur le sujet: « Le peuple juif dans le mystère du salut »;
— du 3 au 6 septembre, s'est tenue à Prague la tant attendue 13e réunion du Comité officiel de liaison catholico-juif sur le thème; « Shoa et antisémitisme », qui s'est terminée par la rédaction d'un texte commun;
— les 5-6 décembre, a été commémoré solennellement à Rome le XXVe anniversaire de Nostra Aetate.
Tout cela nous amène à remercier le Dieu de miséricorde qui ne cesse de « guider chrétiens et juifs vers la reconnaissance mutuelle, le respect, la coopération et la solidarité » (Jean Paul II, 6 déc. 1990).
II. Réflexion théologique
Les deux brèves notices de caractère biblique et historique données ci-dessus me permettent d'introduire maintenant plus résolument une réflexion de caractère exégético-théologique qui renverra, à son tour, à une perspective historique et systématique plus large, dans le plein sens d'une historia salutis, et à quelques conclusions pastorales et ecclésiales concernant l'avenir des relations religieuses avec les juifs.
On constate en effet de nos jours dans l'Eglise une exigence toujours plus grande et plus diffuse de comprendre, en des termes plus exacts et adéquats, le sens et l'importance de la permanence du peuple juif qui reste « chéri de Dieu » (« très aimés à cause de leurs pères », Rm 11, 28). Une réflexion sur la prière de l'Eglise, revisée après le Concile, peut être aidante pour nous car nous savons que « lex orandi, lex credendi ». Voilà la prière que nous faisons le Vendredi Saint pour les juifs:
« Prions pour les Juifs:
que le Seigneur notre Dieu,
qui les a choisis les premiers
parmi tous (es humains
pour accueillir sa Parole,
les aide à progresser sans cesse
dans l'amour de son Nom
et dans la fidélité à son alliance ».
Cette prière indique dans quelle attitude nous devons aborder tant le « mystère » qui concerne Israël (Ibn 11, 25) que le peuple d'Israël. Il ne sera peut-être pas inutile de préciser tout de suite, afin d'éviter tout équivoque ou malentendu, que même lorsque nous parlons de « peuple », le terme est pris dans un sens formellement et rigoureusement religieux et théologique (hébr. 'am peuple [de Dieu]; goy qadosh = gens sancta). Une telle acception n'élimine certes pas l'aspect ethnique, elle le présuppose même, mais elle n'en fait pas la catégorie déterminante. Cette remarque permettra, plus loin, d'éviter de glisser vers des domaines, légitimes mais distincts, de type social ou politique, lorsque les expressions « peuple d'Israël », « nation », « Etat » sont pris dans un sens sociologique et sécularisé et se réfèrent à une réalité qui n'est plus considérée formellement dans une perspective théologique (13). Dans sa dernière intervention encore sur ce point, le Pape Jean Paul 11 a cité explicitement certains des auteurs catholiques qui, en ce siècle, ont souligné l'aspect d'Israël en tant que « mystère »: Geremia Bonomelli en 1909, Jacques Maritain et Thomas Merton dans les années 60 (14).
Une fois qu'on a rigoureusement défini la perspective théologique correcte, il devrait être plus facile de recourir à l'aide des sciences bibliques et historiques pour développer et approfondir, en prenant comme fondement et prémisses la réflexion théologique elle-même, les deux séries de remarques préliminaires —bibliques et historiques — amorcées précédemment. Un exemple de synthèse entre la recherche exégétique et l'expérience historique nous a été donné par Fr. Mussner à la réunion de Prague dont j'ai parlé plus haut (15); un autre exemple d'exégèse s'efforçant de rejoindre le domaine concret de l'histoire nous est donné dans la réflexion sur « Peuple, nation, terre » (16). Ces deux exemples, et une partie de la bibliographie déjà indiquée, montrent bien qu'en ce qui concerne l'étude exégétique du « mystère d'Israël » et de l'Alliance de Dieu avec Israel, les recherches et leurs résultats jouissent désormais de solides garanties (17), et elles pourront se développer davantage à l'avenir selon les orientations actuelles.
Plus délicate et complexe nous semble la question historique, du fait soit d'événements parfois contradictoires ou difficiles à interpréter (18), soit d'une moindre attention venant d'une tendance, chez les auteurs catholiques, à surestimer le donné dogmatique au détriment du donné historique. La question des relations bimillénaires entre Eglise et Synagogue ne peut être abordée sans une série d'analyses soigneuses et objectives, exemptes d'un sentiment préjudiciable de faute collective (19), conscientes par ailleurs de la présence du péché personnel qui pèse sur les épaules de l'humanité et de l'Eglise, animées d'un esprit d'humilité, de solidarité et de commune responsabilité (20). La déclaration du Concile Vatican II: « L'Eglise déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations d'antisémitisme qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les juifs » (NosIra Aetate, 4) a été le point de départ d'études et de recherches qui ne se sont pas limitées à ce siècle ou au précédent, mais qui se sont étendues au phénomeme de l'antisémitisme et de ses motivations dans les siècles passés (21). Dans une telle perspective, nous comprenons mieux l'affirmation synthéthique de Jean Paul Il en 1982:
« Certainement, depuis l'apparition il y a deux mille ans d'une branche nouvelle sur le tronc commun, les relations entre nos deux communautés ont été marquées d'incompréhension et des ressentiments que nous connaissons bien. Et si, depuis le jour de la séparation, il y a eu incompréhensions, erreurs, offenses même, le moment est venu de les dépasser dans la compréhension mutuelle, dans la paix et l'estime réciproque. Les terribles persécutions subies par les juifs à différentes périodes de l'histoire ont finalement ouvert les yeux et touché le coeur de bien des gens. Les chrétiens sont maintenant sur la bonne route, celle de la justice et de la fraternité, s'efforçant avec respect et persévérance de se retrouver avec leurs frères sémites dans l'héritage commun, un héritage si riche pour tous » (22).
Encore plus claire a été la condamnation de l'antisémitisme en tant que « péché contre Dieu et contre l'humanité » exprimée à Prague le 6 septembre 1990 et répétée solennellement par le Pape le 16 novembre; en référence à ces appréciations et principes généraux, l'exigence d'un esprit de conversion a été affirmée par le cardinal Edward Cassidy; « Le fait que l'antisémitisme ait trouvé place dans la pensée et la pratique chrétiennes exige de nous un acte de TESHUVAH (repentance) et de réconciliation » (23). D'autre part, cette même exigence de rigueur historique doit nous faire éviter des généralisations indues et superficielles, et nous pousser au contraire à mettre en relief aussi le courant vraiment ininterrompu, quoique minoritaire, de « philosémitisme chrétien » que nous retrouvons au long des siècles, depuis « l'école de St Victor » au Moyen Age jusqu'à J. Reuchlin et aux cabbalistes chrétiens, courant qui s'était déjà fortement consolidé vers la fin du XIXe siècle, mais qui fut contrarié pendant la période nazie et ne put se réaffirmer qu'avec le Concile (24).
Alors, dans le cadre d'une histoire générale et complète des relations entre Eglise et Synagogue, examinant en particulier avec attention l'attitude de l'Eglise entre le Concile Vatican I et Vatican II, on pourra véritablement saisir non seulement la nouveauté de cette attitude et le chemin parcouru au cours de ces 25 années, mais aussi le continuité avec les éléments essentiels et permanents de la doctrine et de la tradition ecclésiales. On pourra remarquer en particulier, par exemple, que dans aucune des rédactions et formulations de la regulafidei suprême, le Credo ou Symbole des Apôtres, on ne découvre la plus petite nuance d'antijudaïsme, tandis que profondes sont les concordances avec les éléments essentiels de la foi juive: Dieu créateur et Père, la rédemption, l'espérance messianique, l'inspiration divine, la rémission des péchés, la résurrection des morts, la vie éternelle. L'approfondissement de bon nombre des thèmes que nous avons évoqués pourra être l'objet de recherches fructueuses, dans les domaines biblique et historique, du côté chrétien comme aussi dans le dialogue et la coopération avec les juifs et, en tous cas, les uns devant les autres et avec les autres devant Dieu qui se révèle dans sa Parole et dans l'histoire du salut.
III. Exprimer le mystère chrétien du salut en respectant l'identité juive
Alors que nous nous proposons de tels objectifs pour l'avenir, nous nous trouvons de nouveau face à des interlocuteurs, juifs et non juifs, qui nous pressent parfois de questions radicales telles que:
— L'Eglise n'a-t-elle pas renoncé au projet de « convertir Israël »? ou pense-t-on que le peuple juif puisse être considéré un peu comme une communauté de « chrétiens anonymes »? (dans ce type de questions, la critique et aussi les préjugés envers une réponse qu'on imagine positive du côté chrétien paraissent implicites du côté juif);
- En quel sens l'Eglise affirme-t-elle que le peuple juif actuel demeure appelé par Dieu, avec une vocation particulière?
— L'Etat d'Israël peut-il avoir un sens théologique positif aux yeux des chrétiens?
— L'Eglise reconnait-elle l'erreur de l'antijudaïsme chrétien et manifeste-t-elle son respect envers les lieux de la Shoa, en particulier Auschwitz?
— Comment le « Compendium de la Doctrine catholique » (qu'on appelle « catéchisme » universel) parlera-t-il des juifs (26)?
Méthodologiquement, on peut remarquer que de telles questions ont des résonances diverses selon qu'on les examine dans une perspective catholique ou juive et que, par conséquent, le sens des réponses éventuelles peut changer selon les contextes théologiques auxquels elles se réfèrent ou dans lesquels elles sont interprétées, ou lorsqu'elles renvoient à des systèmes doctrinaux ou à des communautés de foi distincts.
On aura donc le plus grand soin de prendre en considération aussi bien les questions que le contexte global dans lequel chacune de celles-ci est formulée et accueillie; pour éviter que l'absence de catégories théologiques univoques ne nuisse au dialogue entre catholiques et juifs, il sera utile aussi d'apporter certaines clarifications de vocabulaire, répondant aux nécessités de ce secteur d'études particulier (27).
On n'oubliera pas cependant que les théologiens catholiques ont la reponsabilité première et autonome de réfléchir et de s'exprimer, selon leurs catégories propres, sur les aspects proprement théologiques du mystère d'Israël et, par rapport à ce devoir premier, intérieur à l'Eglise, le devoir de la recherche dans le dialogue avec les juifs constitue comme une phase distincte et secondaire même si, de l'avis de divers auteurs, on ne peut s'en dispenser. Du reste certaines communautés juives orthodoxes ont la même exigence et préfèrent laisser les catholiques exposer leurs propres convictions sans interférer dans le processus de leur élaboration.
Pour poursuivre notre réflexion sur ces sujets importants mais délicats, nous prendrons pour point de départ certaines affirmations du Pape Jean Paul 11 sur le thème de l'alliance de Dieu avec Israël, au cours de sa catéchèse générale du mercredi 16 août 1989:
Dieu agit par amour gratuit. Cet amour lie Israël avec Dieu, Seigneur, d'une manière particulière et exceptionnelle. Par lui, Israël est devenu la propriété de Dieu 1.1 Ainsi, avec l'Alliance (du Sinaï), nuit un nouveau peuple qui est le peuple de Dieu (...)1sraél est appelé à être un « peuple de prêtres ».
En ce qui concerne le mystère de l'Eglise et du Royaume, le Pape continue ainsi:
La nouvelle Alliance — nouvelle et éternelle — est conclue « dans le sang du christ » (cf I Co 11, 25). En vertu de ce sacrifice rédempteur, le « nouveau Consolateur» (Earâkletos, cf. In 14, 16) — l'Esprit Saint — est donné à ceux « qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints » (1 Co 1, 2).
Un autre exemple nous est donné dans un passage de la récente Encyclique Redemptoris Missio, N. 12: Cette Encyclique, pour le XXVe anniversaire du Décret conciliaire Ad Gentes, concerne la mission envers les « gentils » — et non pas donc envers les juifs —, niais elle rend aussi témoignage à la mission qui est celle d'Israël (RM N. 12) (27 bis):
Israël fait l'expérience d'un Dieu personnel et Sauveur (cf Dl 4, 37; 7, 6-8; 1s 43, 1-7), dont il devient ainsi le témoin et le porte-parole au milieu des nations. Au cours de son histoire, Israël prend conscience que son élection a une portée universelle (cf. par ex. Is 2, 2-5; 25, 6-8; 60, 1-61 Jr 3, 17; 16, 19).
Ces deux exemples nous montrent, me semble-t-il, dans quelle direction nous pouvons nous orienter pour chercher et proposer des manières d'exprimer le mystère chrétien du salut qui tiennent justement compte du mystère de l'amour de Dieu pour le peuple juif.
IV. Connaissance et reconnaissance de l'Autre
Quelles lignes essentielles pouvons-nous suivre pour faire un exposé systématique du mystère d'Israël, pour aborder celui-ci dans la mesure du possible avec la conscience du mystère de l'Eglise et de la rédemption divine offerte au monde entier?
1. On pourrait partir de ce qui est l'un des résultats obtenus dans le dialogue judéo-chrétien: la connaissance et la reconnaissance, « dans un sens positif, de l'identité religieuse de l'autre », en fait le juif (et, réciproquement, le chrétien). « Autre » est un terme fécond et riche d'implications religieuses et philosophiques qui ont été bien mises en relief par Emmanuel Levinas. L'« autre » nous apparaît comme un « frère dans la foi d'Abraham », tandis qu'il nous renvoie à « l'absolument Autre », l'Unique, Ineffable, Créateur de l'univers et notre Seigneur. Cette altérité se concrétise dans le visage et dans l'image de Dieu tels qu'ils se reflètent dans la personne humaine et, réciproquement, renvoient de cette image à son origine divine: c'est dans cette ouverture au mystère de Dieu que se trouve le défi du dialogue entre les croyants. Le Pape Jean Paul Il, dans le discours prononcé lors de sa visite à la grande synagogue des juifs de Rome, a explicitement affirmé que les chrétiens doivent reconnaître l'identité religieuse distincte et particulière des juifs, « au-delà de tout syncrétisme et de toute appropriation équivoque » (13 avril 1986), tout comme l'on attend, du côté juif, une attitude analogue envers le christianisme (28).
2. Les traits essentiels de la réalité religieuse d'Israël ont été décrits par le Pape, le 6 décembre 1990, de la manière suivante:
« Quand nous regardons la tradition juive, nous voyons avec quelle profondeur vous vénérez la Sainte Ecriture, le Migra, et en particulier la Torah, l'enseignement vivant du Dieu vivant. Vous l'étudiez avec amour dans le Talmud Torah, pour le mettre en pratique avec joie. Son enseignement sur l'amour, la justice et la Loi se retrouve dans les Prophètes, Nevi'im, et dans les Ketuvim. Dieu, sa sainte Torah, la liturgie synagogale et les traditions familiales, la Terre de sainteté, sont sûrement les caractéristiques de votre peuple à partir d'un point de vue religieux. Et ce sont là des éléments qui constituent le fondement de notre dialogue et de notre collaboration ».
3. Réciproquement, « même au versant interne de la communauté ecclésiale, les catholiques ressentent l'exigence d'une claire définition de leur identité propre comme prémisse à un dialogue interreligieux sérieux. Cela implique la conscience des différences substantielles qui existent en comparaison de la foi juive, du fait de la foi en Jésus Christ et de la doctrine christologique qui s'y rapporte » (cf. Commission Biblique Pontificale, Bible et Christologie, éd. du Cerf 1984) (29).
4. Si nous tenons compte de ces distinctions préliminaires, nous pouvons peut-être mieux comprendre le sens et le contenu de ce que le Concile Vatican II a appelé le « patrimoine spirituel commun » (Nostra Aetate, 4), des chrétiens et des juifs. Je me contenterai d'indiquer ici sept éléments de ce patrimoine:
1) La foi des Patiarches: d'Abraham et Sara, d'Isaac et Rebecca, de Jacob, Rachel et Lia;
2) La vocation à la sainteté: « Soyez saints parce que je suis saint » (Lv 19, 2); « Soyez miséricordieux comme Dieu, votre Père, est miséricordieux » (Lc 6, 36);
3) la vénération envers les Saintes Ecritures, qui nous sont pour une bonne part communes (Torah, Nevi'im, Ketuvim);
4) la tradition de la prière biblique dans les Psaumes, les hymnes et des formules d'origine biblique comme le Pater et le Qaddish, ou le Magnificat;
5) l'obéissance à la loi morale révélée, exprimée dans les commandements du Sinaï, transmis par Moïse au peuple d'Israël;
6) le témoignage filial et celui de la foi, souvent héroïque, rendu à Dieu pour « sanctifier son Nom »;
7) un sens de respect et de responsabilité envers toutes les créatures et l'engagement correspondant à promouvoir la paix et la justice selon l'enseignement des Prophètes (30), avec en plus une espérance messianique inébranlable.
5. Quand les points précédents auront été convenablement traités, il sera possible, me semble-t-il, d'affronter d'autres thèmes substantiels: le peuple de Dieu et sa mission, la permanence d'Israël, histoire et eschatologie, l'engagement dans le monde et le « tiqqun 'olam » ( = restauratio saeculi), l'Eglise « après Auschwitz » (31).
Pour un développement et un approfondissement ultérieurs des points que nous n'avons ici fait qu'évoquer, on ne pourra en tout cas oublier que l'apport des autres chrétiens, outre ceux du monde catholique, sera certainement précieux et important (32), comme il l'a été dans le passé grâce à des savants de la taille de Karl Barth.
V. Conclusions pastorales
Ce que nous avons dit nous permet de proposer maintenant quelques conclusions pastorales peuvant être utiles, je l'espère, tant pour les programmes éducatifs et la catéchèse catholiques, que pour la promotion de relations fraternelles avec les juifs.
Il est bon, tout d'abord, de rappeler quelques-uns des motifs essentiels (33) de l'intérêt que nous portons à Israël:
— des motifs de foi, mis en relief par les données de la Révélation biblique et les valeurs éthiques;
— des motifs historiques, du fait des rapports tourmentés entre l'Eglise et la Synagogue: la mémoire du passé invite à un pèlerinage de réconciliation et à la teshuva, acte libre et personnel, et attitude permanente qui pousse à la solidarité fraternelle;
— des motifs venant de l'urgence actuelle d' oeuvrer pour la justice et pour la paix, pour les droits humains et religieux, dans le présent contexte d'une société pluraliste (34).
Grande est la responsabilité qui nous incombe de traduire les principes généraux que nous avons mentionnés en une politique éducative précise pour les générations à venir. La création d'Instituts spécialisés peut être assez utile (35), mais il reste encore un long chemin à parcourir en ce domaine (36), et il serait certainement souhaitable que soit créé un Institut pour les études et les relations judéo-chrétiennes, officiellement reconnu et soutenu par le Saint Siège, et dont le siège naturel serait Jérusalem. Une telle collaboration permettrait, entre autres, de satisfaire à l'exigence d'engager davantage dans les relations entre Eglise et peuple juif /es Eglises aussi du Proche Orient, et le peuple juif même vivant dans l'Etat d'Israël (37), permettant en outre des rapports plus immédiats avec l'Islam dans des dialogues trilatéraux.
En ce qui concerne, en particulier, l'absence de relations diplomatiques formelles entre St Siège et Etat d'Israël, à laquelle nous avons déjà fait allusion plus haut, en se fondant sur la prémisses posées on peut ajouter ici que les difficultés citées (38) ne sont en aucune manière de nature théologique et ne proviennent pas de préjugés négatifs envers les juifs, comme on le dit ou on l'écrit parfois, en interprétant de façon erronée l'attitude du St Siège (39). Les rencontres officielles nombreuses, les contacts réguliers et les déclarations publiques faites au cours des 25 dernières années (40), suffisent à prouver que le St Siège reconnaît, de facto et de jure, l'Etat d'Israël et, à ce propos, l'on peut citer, parmi bien des exemples, la Lettre apostolique Redemptionis Anno de Jean Paul II en 1984:
« Pour le peuple juif qui vit dans l'Etat d'Israël et qui conserve, sur cette terre, de si précieux témoignages de son histoire et de sa foi, nous devons invoquer la sécurité si désirée et la juste tranquillité qui est une prérogative de toute nation et une condition de vie et de progrès pour toute société (41) ».
De la même manière, la ville de Jérusalem est appelée à devenir une cité de paix et de réconciliation pour tous les croyants, au coeur de la Terre de sainteté:
Chaque croyant a le droit de faire de Jérusalem la patrie de son âme, de sa justice et de l'amour dans lequel il appelle tous les hommes à la paix de Dieu. « Appelezla paix sur Jérusalem... Pour l'amour de mes frères, de mes amis, laisse-moi dire: Paix sur toi! Pour l'amour de la maison du Seigneur Notre Dieu, je prie pour ton benheur » (Ps 122, 6.8-9) (42).
De ces paroles du Pape et du Patriarche latin de Jérusalem, qui sont toujours attentifs à défendre lesdroits des pauvres et des opprimés et qui, donc, invoquent aussi la justice pour le peuple palestinien, on peut rapprocher celles du rabbin David H artman:
Une réalité politique palestinienne, dans laquelle il sera nécessaire qu'ils deviennent responsables du bien-être social, économique et politique de leurs concitoyens, peut être le début d'un processus de guérison de l'identité actuelle, négative et destructrice, de bon nombre de Palestiniens; mais si nous continuons à les contrôler, leur identité sera nourrie de la haine et du rejet d'Israël.
Il s'agit là d'un cercle vicieux qu'il faut briser. En les contrôlant, nous nous perdons nous-mêmes. Lorsque notre jeunesse agit avec une colère brutale contre des femmes, des enfants et des vieillards, nous nous éloignons de tout ce qui, normalement, caractérise la conduite des juifs. Nous ne guérirons pas notre propre rage ou frustration en contrôlant militairement les Palestiniens, mais seulement en négociant positivement avec leur volonté d'auto-détermination.
En même temps, il nousf aut souligner devant eux et devant le monde que leur existence nationale ne doit en aucun cas porter atteinte à notre sécurité. Une manière de faire cela est d'insister sur une totale démilitarisation de toute entité nationale palestinienne. Aucun matériel militaire offensif ne doit exister de ce côté du Jourdain.
En affirmant cela, il est évident que nous n'aspirons pasà asservir un peuple, mais nous manifestons en même temps une saine conscience de ce que le Messie n'est pas encore venu. Il ne nous faut pas confondre le besoin de sécurité avec des questions de contrôle politique ou avec de grandioses visions d'une sécurité juive historique. Nous devons insister sur des sauvegardes très claires de notre sécurité nationale. Nous manifestons en cela la claire volonté de vivre en paix avec nos voisins, mais aussi la claire conscience que seul un Israël vivant en sécurité et fort sera susceptible de promouvoir bonne volonté et compréhension entre les différentes nations, au Moyen Orient (43).
Encore plus actuelles et urgentes nous apparaissent donc, après la terrible tragédie de la guerre dans la région du Golfe Persique (guerre qui a meurtri tant de peuples), les exigences prophétiques et la responsabilité de promouvoir dialogue et coopération entre chrétiens, juifs et musulmans (44). En ce qui concerne les initiatives du St Siège pour la paix après la guerre du Golfe, on pourra voir en particulier les discours du Pape Jean Paul H des 4 et 6 mars 1991, et la lettre au Secrétaire général des Nations Unies du 21 mars 1991 (45).
Nous pouvons dire pour conclure que, dans le contexte général des relations judéo-chrétiennes tel qu'il a été évoqué ici, un travail qui peut se révéler très utile est celui des commissions épiscopales catholiques qui ont la charge, au niveau local, de promouvoir diverses initiatives:
1) faire connaître, au moyen de publications, de rencontres et sous toute autre forme opportune, les textes officiels et l'enseignement pontifical sur les juifs et le judaïsme, lesquels sont souvent encore peu connus et étudiés;
2) avoir le souci, là où cela convient et où c'est possible, d'une certaine forme de coordination des initiatives ou compétences pastorales qui sont, dans une certaine mesure, liées aux relations avec les juifs (par ex.: le secteur biblique; certains aspects des secteurs liturgique, catéchétique et, de façon plus générale, éducatif ou socio-caritatif);
3) prendre des initiatives visant à promouvoir la connaissance, le dialogue et la collaboration avec les communautés juives locales, en tenant compte de leurs caractères et traditions particuliers;
4) là où se manifeste une maturité suffisante, tant dans les relations interecclésiales que dans celles avec les communautés juives, on reconnaît comme normale l'exigence, vivement ressentie, d'une ouverture à des initiatives de réflexion, de dialogue et de collaboration de caractère ou spécifiquement oecuménique (46) ou interreligieux, s'adressant en premier lieu à ceux qui croient au Dieu unique d'Abraham, les musulmans (47).
L'épanouissement, l'ouverture des relations bilatérales en relations multilatérales devrait, d'une part, nous amener à un enrichissement religieux réciproque, dans l'approfondissement de notre foi propre; il devrait, d'autre part, nous faire ressentir de façon plus vive et plus urgente la nécessité soit de nous unir dans la prière pour invoquer la paix, soit de travailler ensemble pour la justice, en ayant particulièrement égard aux plus petits et aux pauvres que Dieu chérit tout particulièrement. Imitant donc de plus près la tendresse miséricordieuse de Dieu, nous pourrons mieux comprendre son visage de Père et nous reconnaître comme frères et soeurs dans son amour divin (48). (mai 1992).
Notes
Texte revu et mis à jour des Conférences données à Tantur et à Jérusalem les 7 et 12 février 1991, sous les auspices du Ecumenical Institute for advanced Theological Studies et du Centre d'Etudes juives Ratisbonne. Version française, enrichie de Notes et de deux Appendices documentaires de l'original italien: Chiesa e popolo ebraico venticinque anni dopo il Concilia Vatican() 1f », in Rassegna di teologia XXXII (1991), pp. 369-388.
Mgr Pier Francesco Fumagalli est responsable, au sein du Conseil Pontifical pour l'Unité des chrétiens, de la Commission pour les relations avec le judaïsme.
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1) L'oeuvre la plus significative a été publiée à l'occasion du 251 anniversaire du début du Concile: Vatican II: bilan et prospectives vingt cinq ans après (1962-1987), AA.VV., par les soins de René Latourelle, vol. 1-2, Pontificia Universita Gregoriana. Parmi les célébrations les plus importantes, on peut rappeler celle qui fut dédiée au XXV`anniversaire de la Constitution dogmatique Dei Verbum, Rome, 1344 déc. 1990 (cf. O.R., 15 déc. 1990, p. 4 et IS 77 (1991), pp. 55-67). L'Ecumenical Institute for Advanced Theological Studies de Tantur a organisé une série de conférences importantes sur des thèmes généraux et spécifiques liés au Concile: cf. Thomas F. Stransky, csp, « The Roman Catholic Church Today, 25 Years After Vatican Council II » (Tantur Public Lecture, 11 oct. 1990).
2) A cette occasion, le 6 déc., le Pape Jean Paul II a reçu une importante délégation de représentants de communautés et d'organisations juives d'Europe, d'Israël et des Amériques, guidée par Seymour D. Reich, Président de l'International Jewish Committee on Interreligious Consultations (IJCIC), avec la participation du Grand rabbin de Rome, Elio Toaf f et du côté catholique, de S.E.Mgr Edward I. Cassidy, Président de la Commission du St Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme, de cardinaux, d'évêques et d'experts venus de diverses parties du monde (le discours du St Père est publié in O.R. 7 déc. 1990, pp. 1-5; cf. aussi IS 77 (1991), pp. 72-86); la D.C. 2020 (1991), pp. 66-68; Cath. Internat. 2,4 (1991), pp. 157-172.
Parmi les autres célébrations, on peut citer: l'audience pontificale aux responsables de l'American Jewish committee (Rome, 16 mars 1990), les conférences à la Fordham University (New York, 11-12 sept.), le débat de Milan avec le Card. Carlo Maria Martini (16 oct.), la célébration au Temple EmanuElath Sholom (Montréal, 26 oct.), la commémoraison
Dublin (28-29 oct.), à Sao Paulo (4-5 nov.), l'audience pontificale aux responsables du British Courte', of Christians and Jews (Rome, 16 nov.), la lettre pastorale des évêques de Po
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logne (20 janv. 1991) et bien d'autres conférences et initiatives d'évêques, de rabbins, d'organisations juives, d'amitiés judéochré tiennes.
3) Une bibliographie générale essentielle sur ce sujet a été ajoutée en appendice à cet article, avec l'indication des abréviations habituellement utilisées au cours de notre exposé. Voir aussi In Our Time, E. Fisher - L. Klenicki éd., Paulist Press, /990.
4) Pour une réflexion de caractère exégétique, voir Fr. Mussner: Traktat über die Juden, Kaiser-Verlaf 1979, (trad. fr. Traité sur les juifs, éd. du Cerf 1981; trad. ital. Il populo della promesse, Città Nuova 1982).
5) Cf. St. Schmidt: Agostino Bea, il cardinale dell 'unità, Città Nuova 1987, pp. 565-568.
6) « Il a de plus compétence dans les questions concernant les juifs sous l'aspect religieux », AAS LIX (1967), p. 919, art. 94.
7) « Auprès du Conseil est constituée une Commission pour étudier et traiter les affaires qui concernent, du point de vue religieux, les Juifs: celle-ci est dirigée par le Président du même Conseil », AAS LXXX ( / 988), p. 896, art. 138.
8) Cf. la bibliographie donnée en appendice, na 4, ILC; 15 75 (1990), pp. 173-178. Pour d'autres informations générales, on peut voir P.F. Fumagalli: « Le relation religiose della Chiesa cattolica con il popolo ebraico », in Parole di vita, XXXV (1990), pp. 46-50; 128-132.
9) Sur la liste donnée dans l'Appendice I, on ne note pas moins de 37 occasions d'interventions significatives du St Père sur des sujets touchant le peuple juif entre 1986 et 1990, à Rome, en Amérique, en Australie et en Europe. Depuis le début de son pontificat, Jean Paul Il s'est exprimé sur ce sujet en 70 autres occasions.
10) Qu'on se réfère en particulier à la 2, partie de l'Appendice I. Aux autorités citées, on peut ajouter entre autres; les archevêques de Marseille (Roger Etchegaray), de Milan (Carlo
Maria Martini) et de nombreux diocèses des Etats-Unis ou vivent des communautés juives assez importantes. Les nombreuses interventions du Card. J. Willebrands sont réunies dans le livre Church and Synagogue (éd. Paulist Press)dont la publication est imminente.
I 1) La Journée annuelle, proposée nia date du 17 janvier, a reçu un accueil positif dans les diocèses et paroisses d'Italie; des rencontres intéressantes ont eu lieu à Rame, Florence, Livourne, Vicence, Turin, Milan, Reggio Calabria, Bologne.
12) Cf. P.F. Fumagalli: « La realtà di Israele oggi che rosa comporta per il dialogo? », in Quaderni di vita monastica 44 (1986), pp. 65-73; Idem: « Alcune riflessioni cristiane su Auschwitz », in Bollettino dell'Amicizia ebraico-cristiana di Firenze, XX V, 3-4 (1990), pp. 78-83; W.T. Bartozewski: The Convent at Auschwitz, Braziller ed., New York 1990.
13) Voir l'enseignement conciliaire sur la (relative) autonomie ou indépendance des réalités terrestres, in Caudium et Spes, N. 36 (voir aussi les N. 40,58,76 sur le lien entre réalités terrestres et divines). En cohérence avec ces principes, les Notes de 1985 citées ici distinguent ainsile domaine religieux du politique quand elles parlent de l'Etat d'Israël:
— « Les chrétiens sont invités à comprendre cet attachement religieux (d'Israël pour la terre de ses ancêtres), qui plonge ses racines dans la tradition biblique » (Notes VI, 1);
— « Pour ce qui regarde l'existence de l'Etat d'Israël et ses options politiques, celles-ci doivent être envisagées dans une optique qui n'est pas en elle-même religieuse, mais se réfère aux principes communs du droit international » (Ibid.) L'argument sera repris en son temps un peu plus loin.
14) Cf. G. Bonomelli: Tre mesi al di là delle Alpi, Milano, 1909, pp. 413-426; J. Maritain: Le mystère d'Israël, Desclée Debrouwer 1965; W.H. Shannon: « Thomas Merton and Judaism », in America, 6 oct. (1990), pp. 218-222.
15) Fr. Mussner: « Theologie nach Auschwitz » (Prague 3-6 sept. 1990), publié in Istina XXXVI (1 991), pp. 346-352. Signalons ici, pour l'importance des contributions, deux Symposium théologiques internationaux récents: « The Shoah, Implications for Christians and Jewish Theological Thinking », Cracovie (7-9 août 1991) et « Késciô a Zydzi ijudaism - Auschwitz - rzeczywistoçé, symbolika, teologia », Varsovie (11-12 avril 1991).
16) L de la Potterie — B. Dupuy: « People, Nation, Land: the Christian View », in ILC, pp. 8-14.
17) Cf. aussi N. Lohfink: Der niemals gekiindigte Bund, Herder 1989; trad. it. L'Alleanza mai revocata, Queriniana 1991.
18) Cf. Sh. Simonsohn: « Church and Synagogue, Uneasy relations », exposé donné lors de la Conférence du Centre pour le Développement de la zone méditerranéenne (CESVAM), Rome, 25 mai 1990.
19) Cf. F. Kônig: « Solidanctà I raterna e responsabilità personale », in OR, 25 juin 1988, P. 6.
20) Citons ici un des passages du Concile à propos des erreurs humaines dans l'histoire de l'Eglise:
« Bien que l'Eglise, par la vertu de l'Esprit Saint, soit restée l'épouse fidèle de son Seigneur et n'ait jamais cessé d'être dans le monde le signe du salut, elle sait fort bien toutefois que, au cours de sa longue histoire, parmi ses membres, clercs et laïcs, il n'en manque pas qui se sont montrés infidèles à l'Esprit de Dieu. De nos jours aussi, l'Eglise n'ignore pas quelle distance sépare le message qu'elle révèle et la faiblesse humaine de ceux auxquels cet Evangile est confié. Quel que soit le juge ment de l'histoire sur ces défaillances, nous devons en êtreconscients et les combattre avec vigueur afin qu'elles ne nuisent pas à la diffusion de l'Evangile. Pour développer ses rapports avec le monde, l'Eglise sait également combien elle doit continuellement apprendre de l'expérience des siècles » (Gazidium et Spes, N. 43; cf. aussi Lumen Gentium, N. 15; Unitatis Redintegratio, N. 6-7).
21) Parmi les motifs proprement théologiques de l'antijudaïsme nous pouvons rappeler: que le Dieu des juifs (et des musulmans) serait un faux Dieu parce qu'il n'est pas la Sainte Trinité (R. Lullo: Liber praedicationis contra Iudaeos); que les juifs de plus « peccaverunt tanquam Dei crucifixores » (St Thomas, S. Théol. 3, qu 47, art. 5). Considérant combien il était difficile pour la culture médiévale de distinguer la dimension théologique de la dimension terrestre, sociale et politique, nous pouvons comprendre de quel potentiel négatif contre les juifs était chargée l'affirmation thomiste: « cum ipsi Iudaei sint servi Ecclesiae, potest disponere de rebus eorum » (S. Théol. r, re, qu 10, art. 10), où le fait que les juifs soient les serviteurs de l'Eglise, affirmé par St Thomas dans un cas particulier, peut être pris comme une donnée évidente, n'exigeant nullement d'être démontrée et étendue à un contexte général. Le même St Thomas, par ailleurs, dans un contexte différent, se révèle attentif et ouvert à la confrontation et au dialogue avec la pensée juive, cf. A. Wohlman: Thomas d'Aquin et Mai- monide, un dialogue exemplaire, Préf. I. Leibowitz, Paris 1988. On trouve un exposé clair et synthétique de la situation médiévale déjà in P. Abelard: Dialogus interphilosophum, Judaeum et Christianum (c. 1136), éd. angl. Toronto 1979 (P.O. Payer) pp. 27-35.
22) In ILC, p. 304.
23) E./. Cassidy, Adresse d'ouverture, Prague, 3 sept. 1990, in 15 (1990) p. 175; sur la déclaration Nostra Aetate en tant que heshbon ha- nefesh, cf. Th. Stransky: « Holy Diplomacy: Making the Impossible Possible », in Unanswered Questions, Notre Dame Press 1988, pp. 62-63. Pour une évaluation globale du génocide juif, est d'une importance fondamentale l'oeuvre collective de l'Institut d'histoire du temps présent: La politique nazie d'extermination, Albin Michel, Paris 1989.
24) Pour la période médiévale, voir E. Synam: ThePopes and theJews in the Middle Age. New York 1967; et aussi dans le livre de L. Poliakov: Histoire de l'antisémitisme, on trouve de nombreux exemples d'interventions de chrétiens, clercs et laïcs, pour défendre les juifs (exemplaire par sa clarté la Bulle d'Innocent III de 1247 dans le vol. I, Paris 1955, pp. 77-78). Cf. aussi P.F. Fumagalli: « I trattati medievali "Adversus ludeos", il "Pugio fidei" ed il suo influsso sulla concezione cristiana dell'ebraismo » in La Scuola Cattolica 113 (1985), pp. 522-545. La position de Reuchlin dans sa défense du Talmud est aussi présentée par P. Galatino Colonna dans le De arcaniscatholicae veritatis, livre publié, et cela non par hasard, en 1518 à Ortona a Mare, par le plus grand imprimeur juif, Gershom Soncino. Le mouvement catholique en faveur des juifs, qu'on pouvait déjà remarquer à l'époque du Concile Vatican I (voir « La cause des restes d'Israël », introduite au Con-elle Oecuménique du Vatican sous la bénédiction de S. S. le Pape Pie IX- Entreprise et récit des deux frères Joseph et Augustin Lémann, Lyon-Paris 1912), se manifeste en des occasions importantes avec Pie X (cf. lettre du 3 déc. 1905 inPii Pont. Maximi acta, Romae 1907, p. 199) et, sous le pontificat de Pie XI, condamnation de l'antisémitisme en 1928, cf. AAS XX (1928), pp. 103-104; projet d'encyclique contre l'antisémitisme, cf. J.H. Nota: Edith Stein und der Entwurf für eine Enzyklika
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gegen Rassismus und Antisemitismus », in Freiburger Ruudbrief, XXVI-1974, pp. 35-41. Cf. aussi G. Miccoli: « Santa Sede e Chiesa italiana di fronte aile leggi antiebraiche del 1938 », in La legislazione antiebraica in Dalla e in Europa, Roma 1988, pp. 163-274. En ce qui concerne l'accusation infâmante de meurtre rituel d'enfants portée jadis contre les juifs, signalons l'abolition des cultes catholiques de victimes présumées: en 1965 à Trente (Simonino de Trente); en 1987 à Marostica en Italie (Lorenzino de Marostica
); en 1988 en Autriche
(Andreas von Rinn); en 1990 à Massa en Italie (Domenico del Val).
25) Cf. F. 1(ônig: « Prospettive e orientamenti per i rapporti tra cattolici ed ebrei », in /S 77 (1991), Rome, Unversité du Latran (5 déc. 1990), pp. 78-83.
26) Voir sur ce point particulier: 1. Ratzinger (interview de L. Palmieri Billig): « Gli ebrei net Catechismo universale », in Studi Cattolici XXXIV, 356 (1990), pp. 684-687; Idem: « An Interview with Cardinal Joseph Ratzinger », in Midstream 7 (June/July 1990), pp. 8-12. Parmi les orientations didactiques et catéchétiques particulièrement dignes d'être mentionnées, signalons: L'Ebraismo, de E.L. Ehrlich et R. Rendtorff, Padoue 1990 (original allemand: Studientexte Funk kolleg Religion. Juden und Judentum, Weinheim u. Basci 1985).
27) Cf. Clemens Thoma: Lexikonderjiidisch-christlichen Begegnung, Herder 1989. Sur ce point, voir les observations intéressantes de Norman Solomon in « Themes in ChristianJewish Relations », in Towards a Theologican Encounter: Jewish Understanding of Christianity, L. Klenicki éd., Stimulus Found, Mahwah 1991, pp. 16 ss.
27 bis) Dans « Dialogue et annonce », Document conjoint du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux et de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples (19 mai 1991)1, 19-20, on peut trouver d'autres indications utiles pour orienter le dialogue des juifs et des chrétiens avec les autres religions.
28) Cf. P.F. Fumagalli: « Nostra Aetate venticinque anni dopo — Valutazione cattolica », in Ambrosius 67, 6 (1991),
p. 544.
29) Idem: ibid.: surfa « judéité » de Jésus, voir aussi Pintéressant article de D. Brame: « The Inner Jewishness of St. John's Gospel as the due of the Inner Jewishness of Jesus », inStudienzum Neuen Testament und SeinerUmwelt,13 (1988), pp. 101-155. Cf. aussi AA.VV.: Jesus Jewishness: exploring the place of Jesus within early Judaism, éd. James H. Charlesworth, Crossroad Publ. Co., New York 1991.
30) Idem: ibid.; cf. Carlo Maria Martini: « Cristianesimo ed Ebraismo », Filadelfia, Princeton Theological Seminary (r mai 1987): original ital. et traduct. angl. in AA.VV.: Jews and Christians: exploring the post, present and future, éd. James H. Charlesworth, Crossroad Publ. Co., New York 1990. pp. 19-34.
31) Cf. J.B. Metz: « Kirche nach Auschwitz », in Kirche und Israël 5 (1990), pp. 99-108. Comme par ailleurs, du point de vue de la doctrine ecclésiologique, on répète souvent de manière erronée et polémique que l'expression « extra Ecclesiam nulla salus » serait contraire à des relations religieuses fraternelles entre Eglise et Synagogue, il est bon de rappeler que:
a) l'origine de cette expression — et son accentuation rigoriste — se trouvent chez le Tertullien de la période montaniste (cf. R. Braun: « Tertullien et le Montanisme. Eglise institutionelle et Eglise spirituelle », in Rivista di storia e letteraturareligiosa XXI, 2 (1985), pp. 245-257;
b) l'interprétation rigoriste de cette sentence a été officiellement condamnée par l'Eglise (cf. Denzinger-Schoenmetzer, NN. 3866-3873) et pour cette raison la thèse, du P. Leonard Feeney a été condamnée en 1953. Cf. G. Cannobio: « Extra ecclesiam nulla sa/us: storia e senso di un principio ecclesiologico », in La rivista del clero italiano LXXI (1990), pp. 428-446.
Voir aussi les observations du Card. 1. Wi/lebrands dans la Préface du livre: No religion is an island: Abraham Joshua Heschel and interreligious dialogue, ed. H. Kasimow, Byron L. Sherwin, Orbis Book, Maryknoll 1991, pp. XI-XII, où est reprise la pensée du Card. A. Bea.
32) Cf. par ex. H.1. Kraus: Systematische Theologie in Kontext biblischer Geschichte und Eschatologie, Neukirchener Verlag 1983; Fr. W. Marquardt: Vom Elend und Heimsuchung der Theologie, Chr. Kaiser Verlag 1988.
33) Cf. F. Kdnig, cit., note 25.
34) Cf. P. Rossano: « Jewish - Christian Relations: Achievements and Unfinished Agendas », Vienne (30 nov. 1988).
35) Parmi les Instituts spécialisés, rappelons avant tout le « Institute for Judaeo —Christian Studies » de Seton Hall University (USA) et le « Service International de Documentation Judéo — Chrétienne » (SIDIC) de Rome fondé en 1965. De fondation plus récente: le « Institut fin' Christlich — Judische Forschung » (Lucerne 1981), le « Centre Chrétien d'Etudes Juives Saint Pierre de Sion » (Jérusalem t985), « The Joseph Card. Bernardin Center for the Study of Eastern Jewry » (Chicago 1987), la « Jean Nordman Foundation » auprès de l'Université Catholique de Fribourg, Suisse (1990), l'Institut d'Etudes juives auprès de l'Académie de théologie catholique de Varsovie (1991). 11 existe beaucoup d'autres Centres, et aussi des cours spécialisés auprès des Universités Pontificales, parmi lesquels on peut rappeler ceux qui ont lieu à la Grégorienne, à l'Université du Latran, à l'Institut Biblique Pontifical, à l'Angelicum, à l'Urbaniana et à l'Antonianum.
36) Cf. G. Riegner: « Basic Issues in the Teaching of Judaica in Christian Denominational Institutions » (Tantur, juillet 1990).
37) Outre l'Israël Interjaith Association, active depuis de longues années et participant aux rencontres officielles de l'International Catholic - Jewish Liaison Committee depuis 1970, nous saluons ici l'initiative prise en 1990 de créer à Jérusalem un Interreligious Coordinat long Counci! in Israél(ICCI), pour promouvoir des rapports plus intenses et fraternels entre croyants juifs, chrétiens et musulmans.
38) Cf. 1. Navarro-Valls:« Déclaration à propos des relations entre le St Siège et l'Etat d'Israël » (Bollettino Sala Stampa della Santa Sede, N. 38/91, 25 janv. 1991). D'autre part, le risque d'attribuer une valeur théologique à des facteurs de nature diverse est souligné (et critiqué) par ex. par E. Fischer: « The Vatican and the State of Israël », in Studies arMeMaster University (avri11991) pp. 11-12; B. Shervin: « Holocaust Haggadah: Telling the Holocaust Story », relation présentée au Symposium « Kooscidl a Zydzi... », cit. note 15.
39) Sur ce point toujours, au cours des rencontres officielles de Rome en sept. 1987: « Les représentants du Saint Siège ont déclaré qu'il n'existait pas de motifs théologiques dans la doctrine chrétienne qui puissent empêcher de telles relations, mais ils ont noté qu'il existait certains problèmes sérieux et irrésolus dans cette région » (IS 64, 1987, p. 80).
40) On trouvera des citations à ce sujet en J. Navarro
28
Valls, note 38.
41) « Gerusalemme nei documenta pontifici », cit., p. 198. Sur Jérusalem et la Terre de Sainteté, voir aussi F. Rossi de Gasperis: « La terra promessa, un dono da condividere », in Rassegtta di Teologia 31 (1990) pp. 608-614. Pour l'aspect politico-diplomatique, voir Pietro Pastorelli: « La Santa Sede e il problema di Gerusalemme », in Storia e politica 1982/1, pp. 57-98.
42) Mgr Sabbah: Lettre pastorale, 3 juin 1990 (Pentecôte), texte original arabe (cf. la D.C. N. 2012, 2-16 sept. 1990, p. 820).
43) D. Hartman: Conflicting Ideologies, New York 1990,
p. 227. Il est juste de rappeler par ailleurs les observations générales sur les relations juifs-chrétiens au Moyen Orient faites par J. Corbon: « Relations avec le Judaïsme », in Courrier Oecuménique du Moyen Orient (1-1987), pp. 24-27.
44) « Nous continuons à espérer qu'un vrai dialogue permette d'accomplir des pas significatifs vers la compréhension, la paix et la réconciliation entre Arabes, Israéliens et Palestiniens; et entre chrétiens, musulmans et juifs » (D.E. Pilarczyk: « Chiamati ad essere segni di solidarietà in un mondo che ha fame e sete di giustizia », in OR, 31 mars 1991,
P. 7);
« Palestiniens, chrétiens et musulmans, et Israéliens, chacun peut trouver dans son propre patrimoine religieux et dans sa foi propre, s'il le désire, le même message d'amour, de justice et de réconciliation. Le moment est venu que les croyants de toutes les religions, au nom de leur foi en Dieu et en l'homme, son image et son héritier sur la terre, aident les politiciens à construire un monde nouveau à partir de cette Terre Sainte, patrie spirituelle des chrétiens, mais aussi de tous les croyants » (Mgr Sabbah, « Pace, in nome di Dio, in nome dell'uomo », ibid., p. 6).
45) In OR, 6 mars 1991, pp. 1, 4-5; OR, 7 mars 1991, pp. 1, 4-5; OR, 27 mars 1991, p. I.
46) Pour ce qui concerne la note spécifique de « l'oecuménicité » des relations entre l'Eglise et la Synagogue, entre juifs et chrétiens, on peut faire quelques remarques:
a) oecuménisme est pris ici dans le sens propre de cheminement ou tension vers l'unité parfaite des chrétiens, tel qu'il s'est exprimé historiquement dans le mouvement oecuménique du XX` siècle;
b) la dimension oecuménique a été bien présente dès 1946, dans l'institution de l'International Council of Christians and Jews (ICCJ), organisme qui continue fidèlement à promouvoir des relations fraternelles avec les juifs dans une atmosphère oecuménique;
c) historiquement, depuis le Pape Jean XXIII, l'Eglise catholique a structuré ses rapports avec le judaïsme avec le souci de souligner à la fois les caractères propres et les implications oecuméniques (Cf. les notes 5-7);
d) théologiquement, l'aspect unitaire des implications oecuméniques du dialogue avec les juifs peut être saisi dans le baptême en tant que racine, pour tous les chrétiens, de leur entement en Christ et, donc, de leur relation avec le peuple d'Israël. Les deux textes du Concile Vatican II: Unitatis Redintegratio et Nostra Aetate donnent les motifs adéquats pour distinguer nettement les deux domaines, et les conséquences pastorales qui en découlent;
e) le fait que bien souvent le délégué diocésain pour l'oecuménisme est aussi l'expert ou le délégué pour les relations avec les juifs confirme d'une part les liens dont nous avons parlé, mais il ne devrait pas par ailleurs amener à confondre deux secteurs qui sont bien distincts en eux-mêmes.
(47) Cf. dans l'article de M. Borrmans: « La politica mediorientale della Santa Sede », in Aggiornamenti social( 6 (1991), pp. 431-442, la bibliographie qui est donnée là, en particulier à la note 17.
47) Cf. P.F. Fumagalli, 16 oct. 1990 (voir note 28); E.I. Cassidy, Conférence pour le XXV` anniversaire de Nostra Aetate, SIDIC, Rome (12 déc. 1990).