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Revista SIDIC XXV - 1992/1
Prier ensemble, juifs et chrétiens? (Páginas 01)

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Lorsque juifs et chrétiens commencent à mieux se connaître, qu'ils prennent conscience de leur héritage commun et de leur commune espérance, ils se sentent portés à la confiance et à l'amitié, et ils éprouvent le désir d'agir ensemble. Mais ce qui leur tient surtout à coeur, c'est que le Nom du Seigneur soit sanctiprésefié, que Son règne s'instaure sur la terre et que Sa volonté soit faite. La prière - en tant que conscience de la présence divine - est le milieu naturel où se nourrit et se développe leur vocation commune. Sans elle, le dialogue risque de dégénérer, de n'être plus qu'une simple tactique de « co-existence » ou l'occasion de rencontres sociales sympathiques. Seule la prière peut ouvrir à des horizons plus larges et permettre de surmonter l'injustice et les intérêts personnels.
La prière a des aspects divers. Dans un bel article à ce sujet, Abraham Heschel affirme (cf. p.3) que celle-ci « doit imprégner la vie comme une atmosphère », qu'elle est aussi le lieu où Dieu se trouve une maison dans un monde qui lui est devenu étranger. L'attention à l'autre et la compassion sont le fruit de la prière personnelle, une prière jaillie du coeur qui doit imprégner la vie du croyant, qu'il soit juif ou chrétien.
Lorsque plusieurs se réunissent pour prier, « Dieu est au milieu d'eux »; c'est ce qu'affirment nos deux traditions religieuses. Lorsque juifs et chrétiens se rencontrent, ils peuvent se souvenir de cette présence en silence ou en reprenant les mots d'un psaume de la Bible; mais il est compréhensible que se manifeste le désir de prier ensemble avec d'autres mots, en usant des formules traditionnelles de l'une ou l'autre de nos deux religions, ou même d'expressions contemporaines. Mais on peut, dans de telles expériences, se heurter à de gros obstacles, comme le dit bien Joseph Sievers:
Les rabbins donnent à la présence de Dieu le nom de Shekhina, terme qui affirme sa proximité sans nier pour autant son altérité. Le chrétien reconnaît cette présence en (et par) Jésus. Peut-on comparer ces deux expressions sans passer pour un blasphémateur aux yeux des juifs et pour un « minimisateur » aux yeux des chrétiens? Juifs et chrétiens peuvent-ils se rencontrer « pour l'amour du ciel », au nom de Dieu et en sa présence ... Finalement, particulièrement pour les juifs, la question n'est pas seulement théologique, elle est aussi historique. Comment dix-neuf siècles de séparation, de conflits, depersécutions ou d'indifférencepourront-ils être surmontés? Juifs et chrétienspourront-ils de nouveau se trouver vraiment réunis? (SIDIC, vol. XVII, N. 1 - 1984, p. 11).
C'est la question que nous tentons d'aborder dans cette revue. L'article de M. Hélène Fournier donne des orientations précieuses, concrètes, pour des chrétiens qui désirent prier avec des juifs ou du moins tenir compte, dans leur prière, de la réalité juive. Lawrence Frizzell montre, lui, dans son étude comment l'ensemble de la tradition biblique est marquée par le respect envers la prière des non-juifs et par l'aspiration à ce que finalement la louange de tous les peuples s'élève vers le même Dieu et Seigneur. Nous avons là des bases solides à nos expériences actuelles de prière commune. Quelques témoignages sont rapportés aussi de personnes qui cherchent à répondre au désir de prier ensemble en surmontant les obstacles.
Que le Dieu d'Abraham, de Sara et de Jésus, le Dieu des juifs, des chrétiens, de toute l'humanité, bénisse tous ces efforts! Qu'Il nous donne à tous, et particulièrement à nous juifs et chrétiens, de découvrir des manières nouvelles d'être réellement ensemble au Nom du Dieu très saint d'Israël!

 

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