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Revista SIDIC V - 1972/1
La théologie chrétienne et le judaïsme (Páginas 25 - 26)

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Chroniques
F. Valdés, R. Nôtre, D. Purdy

 

Madrid

Ce n'est pas par hasard que le 14 novembre 1971,- a eu lieu à Tolède, cité au grand passé oecuménique, une réunion de Juifs et de Chrétiens. On fêtait le dixième anniversaire de la fondation de l'Amitié Judéo-Chrétienne d'Espagne.

Le sens de ce jour n'échappa à aucun de nos amis présents, juifs ou chrétiens. Nous commémorions dix années de route parcourue ensemble; dix années de moments joyeux, comme celui, incomparable, du 28 février 1967, dans l'église de Ste Rita de Madrid, où, la première fois depuis de longs siècles, Juifs et Chrétiens élevaient vers le Père de tous les hommes une prière commune; ou cet autre jalon de notre route, plus proche de nous mais non, pour cela, moins important, que fut la pose de la plaque donnant le nom de « Amistad Judeo-Cristiana » à une rue de l'antique quartier juif de la belle ville de Hervas au merveilleux passé judéo-chrétien. Cet événement fut unique en son genre spécialement pour les habitants de Hervas, qui, après bien des années de méfiance, y participèrent en foule pour écrire l'une des pages les plus pures de notre histoire. Mais nous commémorions aussi, dix années de difficultés, de sourires sournois, de rancunes, parfois cachées, souvent déclarées, de défiances, d'entraves et d'incompréhensions. Mais, malgré tout, ce furent dix années de travail commun, source d'un lien rendu plus solide par les difficultés traversées, difficultés d'ailleurs inhérentes à tout essai pour surmonter la haine entre les hommes.

Cependant, comme le fit remarquer le P. Rijk du Vatican Office for Catholic-Jewish Relations: « ... nous considérons les Juifs dans le passé ou dans l'avenir, mais jamais dans le présent. Nous ne nous rendons pas compte que les Juifs autant que les Chrétiens ont pour but l'homme et que pour construire un monde nouveau il faut sauver l'homme, cet homme qui est tellement menacé et même écrasé. En général, quand on établit des relations entre Juifs et Chrétiens, on ne fait que discuter de questions théologiques et des méthodes pour nous rapprocher les uns des autres.

Mais nous ne pouvons pas parler de Dieu si nous n'avons pas une véritable amitié et c'est pour cela que votre travail est profondément humain. Il est humain parce que vous avez commencé par des relations directes, sans aucun préambule. De quelle manière votre travail peut-il être utile au monde? Il peut être utile dans le sens où votre amitié aura été vraiment efficace, en vivant, en travaillant, et, aussi, en mangeant ensemble... ».

Durant cette séance de travail, qui s'est tenue dans l'Académie des Beaux Arts et des Sciences Historiques de Tolède, différentes questions ont été exposées et commentées par les deux présidents, le P. Vicente Serrano et M. Max Mazin, par le Secrétaire Général, M. José Francisco Riaza Saco, par le P. Rijk, par le maire de Hervas, M. Gaspar Lopez Gil, par M. Schuster de 1'American Jewish Committee et par les représentants des Amitiés de Barcelone, Sr. Marie Speranza, et de Seville, M. José de la Pena.

Dans la Synagogue Majeure de Tolède, eut lieu ensuite une cérémonie dans une ambiance profonde d'union et de fraternité; ce fut une prière commune, pendant laquelle, après l'explication de textes bibliques par le rabbin de Madrid, D. Benito Garzon, et le P. Péral, professeur d'hébreu moderne à l'Université de la capitale, on entonna, comme signe et témoignage de compréhension et d'union, le psaume 117 et le chant « Hevénu Shalom Aleichem ».

F. Valdés
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Bruxelles

La quinzième assemblée de l'I.C.C. (International Consultative Committee of Organizations for Christian-Jewish £ooperation) a eu lieu à Bruxelles du 17 au 19 novembre 1971.

Presque toute l'Europe occidentale y était présente par ses délégués, ainsi qu'Israël en la personne de M. Benjamin Jaffe, et les organisations internationales, American Jewish Committee, World Council of Churches et World Jewish Congress.

Au cours de la réception à l'Alumni Lovianienses Club de Bruxelles, les représentants des différentes confessions souhaitèrent la bienvenue au groupe et le Cardinal Suenens termina par ces mots: « Jérusalem est notre origine commune et maintenant que nous faisons chaque jour un pas sur le chemin oecuménique, nous devons aussi travailler à la réalisation d'une rencontre mondiale à Jérusalem ».

Des différents rapports des contrées présentés, il ressort que, s'il faut encore oeuvrer pour faire disparaître les vieux préjugés, il est nécessaire de travailler d'une façon plus positive et par suite, plus constructive.

La commission chargée du rapport Oberammergau constate que, venant de l'extérieur, de nouvelles démarches contre la présentation inexacte de l'évangile dans le texte n'aboutirait qu'à des résultats négatifs. Au contraire, c'est par la voix des organisations nationales que l'on peut influencer l'opinion publique. Les jeunes à Oberammergau et l'évêché de Munich se montrent de plus en plus favorables a une ré-écriture du texte, afin que la vérité historique soit davantage respectée.

Le comité réclama beaucoup de compréhension pour les Juifs de Syrie ainsi que pour ceux de l'Union soviétique sans profession ou sans emploi dès qu'il demandent un visa pour Israël. Il reste difficile de les aider efficacement, mais il faut continuer d'alerter l'opinion publique dont les interventions ont leur importance. Il semble que la presse ait orchestré particulierement l'une des déclarations faites par le Rd. Simpson au nom du congrès: « Concernant le problème de l'internationalisation de Jérusalem les participants ont souligné que le Pape ne pouvait à ce sujet parler au nom de tous les Chrétiens et même pas au nom de tous les Catholiques ».

D'autres problèmes furent abordés: « l'amnistie internationale » pour les prisonniers d'opinion, l'importance de l'information, l'adoption du Magen David Adom sur l'emblème de la Croix Rouge comme reconnaissance de l'organisation d'Israël en tant que membre de l'International Red Cross Committee, etc. Une grande importance fut donnée aux efforts accomplis actuellement pour la transformation des mentalités, par l'enseignement à tous les niveaux.

Pendant l'été 1972 une conférence à l'Université de Leicester sera consacrée au problème de l'éducation multireligieuse (pluraliste), d'une grande actualité en Grande Bretagne.

En Angleterre aussi, une étude est en préparation sur les préjugés. On a commencé à examiner les manuels employés dans les universités, les syllabus, les manuels d'enseignement religieux chrétien et juif, le matériel audio-visuel, les « livres de culte » employés dans les écoles primaires et secondaires, dans les collèges et les écoles de théologie. On y recherchera tout ce qui peut influencer les relations judéo-chrétiennes.

Un projet plus vaste encore est envisagé sous les auspices du conseil de l'Europe à l'European Textbook Institute, Braunschweig (Rep. Fed. Allemande), colloque de 1970. Un groupe de professeurs travaille à Louvain sous la direction du Prof. L. Genicot et du Prof. D'Haenens de l'Université Catholique.

Ces recherches seront exécutées sur les livres d'histoire par des experts en histoire, sociologie, anthropologie. Vingt-deux pays enverront deux représentants compétents. « Nous avons besoin, dit Mgr Cardinale, nonce apostolique, de changer notre manière de penser ».

Plusieurs propositions possibles ont été discutées:

1. L'histoire en tant que récit de la façon dont vivent les hommes ne peut se limiter au passé récent, qui ne peut expliquer la vie moderne. Il faut remonter au-delà. Ainsi est justifié l'intérêt pour l'histoire de l'Eglise antique.

2. La vie des hommes a une dimension religieuse. Il est donc nécessaire que l'enseignement religieux soit donné dans un cadre historique. D'où l'importance pour tous d'avoir une vue sur l'histoire du Christianisme, en dehors de toute considération d'ordre confessionnel.

3. Mise au point de la situation politique, sociale et religieuse des Juifs à l'époque de Jésus. D'où propositions nouvelles par rapport à l'enseignement donné sur la communauté juive pour une meilleure compréhension de cette communauté où est née l'Eglise.

Des exposés particuliers seront consacrés aux moments aigus de l'histoire où se posent des questions précises sur les relations profano-religieuses: Constantin, Réforme, le neuvième siècle. Un colloque aura lieu à l'Université Catholique de Louvain en septembre 1972 sur ce sujet.

R. NÔTRE

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Paris

En application des recommandations faites par la réunion entre Catholiques et Juifs qui s'est tenue à Rome en décembre 1970, un comité de liaison a été constitué et s'est réuni à Paris du 14 au 16 décembre dans les locaux du Consistoire central israélite de France.

Les buts de ce comité de liaison ont été définis ainsi: « promouvoir la compréhension réciproque entre les deux communautés religieuses; échanger entre elles des informations et coopérer lorsque cela s'avère possible, dans les domaines qui les concernent l'une et l'autre, et où leur responsabilité est engagée ».

La délégation catholique, nommée avec l'approbation du pape Paul VI, était composée de: Mgr Roger Etchegaray, archevêque de Marseille, président du Conseil des conférences épiscopales d'Europe; Mgr Francis Mugavero, évêque de Brooklyn (Etats-Unis), modérateur du Secrétariat pour les relations entre Catholiques et Juifs du Conseil national des évêques catholiques des Etats-Unis; R.P. Jérôme Hamer, secrétaire général du Secrétariat pour l'unité des Chrétiens, Rome; R.P. Bernard Dupuy, secrétaire de la Commission épiscopale pour les relations avec le Judaïsme en France, Paris; R.P. Cornelius Rijk, chargé du bureau pour les relations entre Catholiques et Juifs, attaché au Secrétariat pour l'unité des Chrétiens, Rome.

La délégation juive, représentant le Comité juif international pour les consultations inter-religieuses, était composée des représentants suivants des principales organisations juives qui le constituent: rabbin Arthur Hertzberg, président du Comité juif international pour les consultations inter-religieuses, Englewood, N.J. -Etats-Unis; docteur Gerhart Riegner, secrétaire général du Congrès juif mondial, Genève; rabbin Henry Siegman, vice-président exécutif du Synagogue Council of America, New York; rabbin Marc Tanenbaum, directeur national pour les affaires inter-religieuses de l'American Jewish Committee, New York; professeur Zvi Werblowsky, président du Conseil juif pour les contacts inter-religieux en Israël, Jérusalem.

Le docteur Joseph Lichten assistait aux réunions en qualité d'observateur du B'nai B'rith — Anti-Defamation League.

Les sessions étaient présidées alternativement par les modérateurs des deux délégations, le R.P. Jérôme Hamer et le rabbin Arthur Hertzberg.

Après avoir été accueilli par M. Jacob Kaplan, grand rabbin de France, le comité de liaison a discuté les deux sujets principaux à l'ordre du jour: a) les questions concernant les relations entre Juifs et Catholiques; b) les problèmes qui intéressent les deux communautés et où ils ont des responsabilités communes.

Le comité a décidé de s'adjoindre deux petits groupes mixtes de travail pour étudier les questions suivantes: 1) la manière dont sont conçues les relations entre communauté religieuse, peuple et terre respectivement dans la tradition juive et dans la tradition catholique; 2) la promotion des droits de l'homme et de la liberté religieuse.

Ces commissions soumettront les résultats de leurs travaux au comité de liaison, qui fera ensuite des recommandations concernant l'usage à faire de ces études pour atteindre les buts poursuivis.

Les délibérations, qui, pour la première fois dans l'histoire, ont réuni des représentants officiels de la communauté juive mondiale et de l'Eglise catholique en un comité de liaison qui continuera à se réunir par la suite, se sont déroulées dans un climat de franchise et de cordialité.

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Rome

Du 17 au 27 janvier 1972 s'est tenue à Rome une session internationale des Soeurs de la Congrégation de N.D. de Sion pour étudier le développement des relations entre Christianisme et Judaïsme.

Cette réunion a été organisée en liaison avec l'Association SIDIC de Rome, (Service International de Documentation Judéo-Chrétienne, Via del Plebiscito 112, Rome) créée en 1965 par ungroupe d'évêques pour contribuer à la mise en oeuvre des directives du Concile dans ce domaine.

Quarante Soeurs de cinq continents de douze nationalités ont réfléchi sur les expériences des différents pays où elles travaillent, le plus souvent dans des organismes oecuménques ou en collaboration avec des experts: Angleterre, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Costa-Rica, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Irlande, Israël, étaient représentés.

Conscientes des multiples problèmes provoqués par les mutations profondes du monde et de l'Eglise et stimulées par des possibilités nouvelles, elles ont jugé opportun de se rencontrer dans une réflexion commune pour une planification du travail.

Parmi les sujets abordés, on peut mentionner l'étude des moyens d'améliorer les relations judéo-chrétiennes par une plus grande concentration des efforts faits partout et la communication des expériences réalisées; par un meilleur échange des informations à travers les services de documentation en divers pays et avec le Centre Sidic de Rome; par une contribution stimulant la recherche dans les domaines théologique, biblique, historique et sociologique. Un choix de quelques questions théologiques et pratiques a été proposé pour en approfondir l'étude dans divers groupes de recherche.

C'est la première fois, depuis le Concile, que la Congrégation de N.D. de Sion, dont le but est la promotion et l'approfondissement des relations entre Juifs et Chrétiens dans le plan universel de salut, a rassemblé un tel groupe de responsables engagées dans ce travail.

On prévoit qu'une prochaine réunion aura lieu d'ici deux ou trois ans.

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New York

Jesus Christ superstar

Le « rock opera » Jésus christ superstar a reçu beaucoup de louanges de la part de certains milieux, à la fois du point de vue religieux et du point de vue musical. Il a également reçu beaucoup de critiques, particulièrement de la part de groupes chrétiens qui le voient comme une caricature du message de l'évangile, quant à l'identité de la personne de Jésus. Quelques organisations juives, aussi, ont réagi contre cette pièce. La principale critique de l'American Jewish Committee à son sujet, porte sur la représentation des grands prêtres: la pièce, dit-on, fait porter sur leurs épaules le poids de la responsabilité première des souffrances et de la mort de Jésus. Une pareille représentation, prétend-on, pourrait aboutir à un pas en arrière sur le chemin d'une meilleure compréhension judéo-chrétienne.

D'autres groupes juifs insistent sur le fait qu'une telle crainte est sans fondement. Un argument avancé étant « que de telles relations ont une existence bien problématique dans les groupements de Chrétiens et de Juifs; ces groupes se sont retranchés les uns et les autres dans l'isolement de leurs camps respectifs ». Dans le même texte, le rabbin Balfour Brickner, directeur de la Commission sur les activités interconfessionnelles de l'Union of American Hebrew Congregations, établit que, à son avis, la pièce présente une beaucoup plus grave question pour les Chrétiens que pour les Juifs.

Maintenant que la pièce a fait son chemin pendant plusieurs mois la critique est tombée. Tout ce qui peut être dit a déjà été dit. Les relations judéo-chrétiennes semblent n'avoir été ni détériorées ni améliorées par cette pièce. Là où de bonnes relations avaient déjà existé, elles demeurent. Là où le dialogue n'a jamais commencé ou a été interrompu en 1967, l'isolement continue. Cependant, la pièce attire encore de grandes foules. Bien qu'il faille prendre grand soin, dans la représentation de l'histoire de la passion, qu'aucun faux enseignement, au sujet de la part prise dans celle-ci par le peuple juif, ne soit enseigné ou insinué, il est tout à fait incertain, dans le cas de Jesus christ superstar que de nombreux spectateurs puissent spontanément associer les prêtres avec le peuple juif ou le Judaïsme, passé ou présent. Parfois attirer l'attention sur un pareil problème ne fait que susciter des rapprochements dans les esprits de ceux qui autrement n'en auraient jamais eu l'idée. Bien plutôt, cette pièce, par sa représentation des autorités, vise un très grave problème dans le société moderne: le mauvais usage du pouvoir. Cette pièce fait retentir un son hautement contemporain, son qui, pour l'oreille attentive, n'a rien à faire avec le peuple juif, le Judaïsme ou les autorités juives au temps de Jésus.

D. Purdy

 

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