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Revista SIDIC XXXIII - 2000/2
Amérique latine. Rélations interreligieuses: l'aube d'une ére nouvelle (Páginas 15-16)

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Note sur l'histoire des juifs au Brésil
da Graça Puppi, Maria

 

Aucun pays d’Amérique n’a eu une histoire autant marquée par la présence du peuple juif que le Brésil. Cependant, selon le président de la Fédération israélite de Pernambuc Boris Berenstein :« les commémorations des 500 ans de la découverte du Brésil se limitent aux Portugais, aux Africains, aux Italiens, aux Allemands et aux Indiens, mais les Juifs sont oubliés ».

Dans la caravelle de Pedro Alvares Cabral, se trouvait l’interprète Gaspar de Gama, le premier juif à mettre le pied sur les terres brésiliennes. Lourival Santana a écrit dans le journal Estado de Sao Paulo que « le premier contrat d’exploitation du bois brésilien a été conclu par un groupe de juifs en 1503, à une période où les intérêts commerciaux du roi Dom Manuel étaient centrés sur l’Asie ». Les juifs ont apporté les premiers plants de canne à sucre, et ils ont participé activement à tous les cycles économiques de la colonie. A Recife, les fouilles archéologiques faites par Marcos Albuquerque, de l’Université de Pernambuc, et de vingt autres spécialistes, ont permis de retrouver les traces de la synagogue Kahal Tsur Israël, le Rocher d’Israël, premier temple religieux de tout le continent américain. (...)


« Nouveaux-chrétiens »

La période des Grandes Découvertes maritimes a été marquée dans la Péninsule ibérique par une grande agitation sociale. En 1492, les juifs ont été expulsés d’Espagne et ont fui au Portugal, où ils totalisèrent 10% de la population. A partir de 1497, le roi Dom Manuel les a forcés à se convertir au catholicisme. Depuis ce temps et jusqu’au début du 19e siècle, où le tribunal du Saint-Office est supprimé au Portugal, ces juifs sont connus sous le nom de nouveaux-chrétiens.

En 1536, l’Inquisition s’installe au Portugal et les descendants des convertis, accusés de continuer à pratiquer le judaïsme, voient leurs biens confisqués ; ils sont emprisonnés, torturés et brûlés.
Dans ce contexte, les nouveaux-chrétiens cherchent des alternatives et partent vers d’autres horizons, entre autres vers le nord de l’Europe, vers la Hollande, comme aussi vers le Brésil. Ils venaient non seulement pour fuir les persécutions, mais aussi pour trouver de nouveaux débouchés économiques, et échapper ainsi aux nombreuses restrictions que leur imposait le régime au Portugal.

Au Brésil, raconte Rachel Mizrahi(1) « les nouveaux-chrétiens étaient présents dans toutes les capitanias (2). Des négociants connus comme ‘ hommes d’affaires’, ou ‘la nation’ (juive), qui voyageaient le long de la côte brésilienne, liés aux affaires de commerce du paubrasil [arbre exotique à bois rouge], du sucre, du tabac, et du trafic des noirs, et des nouveaux-chrétiens ont acquis une position comme grands propriétaires de sucreries dans les capitanias du nord-est ». En Europe, des juifs et des nouveaux-chrétiens, d’origine portugaise, ont été responsables du raffinage du sucre brésilien aux XVIe et XVIIe siècles.
L’absence de femmes blanches, à cette époque-là, a amené des nouveaux-chrétiens à s’unir à des femmes noires ou indiennes. Beaucoup sont allés dans les forêts brésiliennes à la recherche d’esclaves indiens qui servaient dans les pauvres capitanias du sud au XVIIe siècle. Des exploitants, les bandeirantes, d’origine juive, comme Garcia Rodrigues Paes, ont occupé de nouveaux espaces, profitant des produits de la terre pour vivre, quelques-uns dans des conditions précaires. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, ils ont participé à l’exploitation de l’or et quelques-uns se sont enrichis par l’approvisionnement des vivres et le trafic d’esclaves.


L’occupation hollandaise

En 1603, le littoral du nord-est a été occupé par les Hollandais de la Compagnie des Indes Occidentales. Selon Rachel Mizrahi, à la suite de cette « occupation protestante en terre catholique, ils ont exigé la liberté religieuse. Les juifs d’Amsterdam, d’origine portugaise, ont été attirés par le Brésil-hollandais. Ils sont venus et, comme grands propriétaires et commerçants, ils ont contribué à la prospérité du nord-est sucrier. Recife a été considérée par des historiens comme la ville la plus importante sur l’Atlantique» et, pendant les vingt-quatre ans qu’a duré l’occupation hollandaise, des nouveaux-chrétiens arrivés depuis plus de cent ans et des juifs, ont formé une communauté forte de quatre synagogues et d’une fondation d’aide aux nécessiteux.

Quand le Portugal a reconquis la région, les communautés juives ont disparu : « Le retour de l’intolérance des inquisiteurs portugais a précipité le retour de la majorité des juifs vers Amsterdam». Ceux qui étaient dans le milieu sucrier sont partis vers les colonies antillaises, le Surinam, la Barbade et Curaçao. Un autre petit groupe, probablement formé de 23 personnes, est allé en Amérique du Nord et a fondé la Nouvelle Amsterdam, l’actuelle New York, aujourd’hui la plus grande communauté juive de la diaspora.

« Pendant la longue période de l’Inquisition en Europe (1536-1820) un très grand nombre de Brésiliens étaient impliqués dans les affaires de l’appareil institutionnel, dit Rachel Mizrahi, où l’on a enregistré 3 000 procès environ. La majeure partie des accusés venait de groupes représentés et agissant dans la colonie : grands propriétaires, négociants, marchands, mineurs, médecins, avocats et titulaires du secteur politique et administratif colonial. Un exemple intéressant est celui du fameux dramaturge Antônio José da Silva. Toute sa famille a été obligée de quitter la ville de Rio de Janeiro pour répondre aux accusations du tribunal de l’Inquisition. Antônio José da Silva, surnommé « le Juif », jugé deux fois, a été brûlé par l’Inquisition en 1743, malgré la popularité de ses opérettes à Lisbonne.


L’actualité

En tant que sociologue, Rachel Mizrahi tient non seulement à raconter les faits historiques auxquels ont participé les nouveaux-chrétiens et les juifs, depuis l’époque de la venue de la famille royale au Brésil, mais aussi à décrire les conditions sociales dans lesquelles vivaient les populations coloniales et leurs conséquences sur la culture brésilienne. Elle présente les émigrants des premières décennies du XIXe siècle, des juifs sefardim venus du Maroc, qui se sont installés dans le nord du Brésil. A la fin de ce siècle-ci des juifs sont venus des pays d’Europe, du nord de l’Afrique et du Moyen Orient ; ils se sont installés à Salvador, à Recife, à Rio de Janeiro, à Sao Paulo, à Belo Horizonte, à Pôrto Alegre et dans d’autres villes.

« Après cent ans d’immigration juive, après la venue vers les années 50 de groupes de familles fuyant l’agitation du Moyen Orient, il est normal de trouver au Brésil des juifs d’origine diverse impliqués dans tous les secteurs de la vie nationale. Importante est aussi la contribution des juifs brésiliens dans les domaines des sciences, de la littérature et de l’art. Parmi les Européens arrivés à partir des années 30, se trouvait un groupe de scientifiques et d’artistes plasticiens ayant participé à divers mouvements et tendances dans leur pays d’origine ; ils ont enrichi et influencé le panorama national scientifique et artistique » selon Rachel Mizrahi.


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* Maria da Graça Puppi, communauté éducative du Colégio N.S. de Sion, Curitiba.
1. Rachel Mizrahi, sociologue, est l’auteur de plusieurs livres. Elle vient de finir une thèse sur Cinq cents ans de présence juive au Brésil.
2. Premières divisions administratives du Brésil [note de la rédaction

 

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