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Discours Son Em. le Cardinal Jean Willebrands - Inauguration du nouveau local du SIDIC

Cardinal Jean Willebrands
Itália (1970/21/05)

 

Sidic - Inauguration du nouveau local du SIDIC, le 21 mai 1970 - A cette occasion, Son Em. le Cardinal Jean Willebrands, Président du Secrétariat pour l'Unité, a prononcé le discours suivant:

Je suis très heureux de pouvoir inaugurer ce Centre et de saluer tous ceux qui, par leur présence, montrent qu'ils en comprennent et, l'on peut dire aussi, qu'ils en approuvent le but si important: vous avez voulu ainsi reconnaître officiellement cette oeuvre pleine de courage et d'esprit de sacrifice, et donner votre encouragement aux personnes qui ont pris cette initiative et qui en ont porté et en porteront le poids jour après jour durant de longues années encore.

Une comparaison me vient à l'esprit, qui, malgré ses limites, me semble pouvoir éclairer la signification et l'importance de cette fondation. Il y a quelques jours la seconde partie du Directoire OEcuménique a été présentée à la presse. Elle porte sur un seul sujet: l'OEcuménisme dans l'enseignement supérieur. C'est un document qui a été préparé par le Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens en collaboration avec les conférences épiscopales et les Dicastères du gouvernement central de l'Eglise qui s'intéressent plus particulièrement au sujet. Un tel document a pour but de stimuler et d'adapter l'application pratique des principes catholiques de l'OEcuménisme au très vaste champ de l'enseignement universitaire. Eh bien, ce Centre, bien qu'étant une initiative privée, se propose, lui aussi, de stimuler et d'aider, surtout dans les milieux intellectuels, à la mise en pratique des dispositions prises par le Concile dans la Déclaration Nostra Aetate sur l'attitude de l'Eglise envers les religions non-chrétiennes, en ce qui regarde le dialogue avec le peuple juif.

Dans ce document l'Eglise a déclaré et solennellement affirmé l'importance fondamentale de ce dialogue ainsi que sa ferme volonté de le voir instaurer et développer par tous ses fils et à tous les niveaux. Une telle affirmation voit son importance encore accrue si on considère son contexte historique concret: que l'on se rappelle les difficultés qu'il fallut surmonter pour conduire à bon port ce bref mais si important document! On sait bien que, lorsque la Déclaration fut acceptée par le Concile, le Président du Secrétariat pour l'Unité, qui avait tant à coeur cette cause, déclara: « Si j'avais prévu toutes les difficultés et les obstacles que nous devions rencontrer, je ne sais si j'aurais eu le courage d'affronter ce problème ».

Aujourd'hui aussi il y a dans l'Eglise le même désir d'un dialogue, bien que, aujourd'hui aussi, l'Eglise se trouve le plus souvent dans la même situation que celle où se trouva notre Secrétariat durant le Concile. En effet, le douloureux conflit du Moyen-Orient rend très délicat et difficile le devoir de clarifier et de faire comprendre les motifs purement religieùx qui poussent l'Eglise à demander et à promouvoir le dialogue avec le peuple juif. C'est pour cela qu'en cette occasion il me semble important de souligner à la fois cette claire et ferme volonté de l'Eglise et les difficultés auxquelles elle se heurte et contre lesquelles elle doit lutter.

Déjà l'on voit, par tout ce que je viens de dire, l'importance du Centre que nous sommes en train d'inaugurer. Il veut, en effet, poser les bases nécessaires du dialogue et, ce qui est absolument indispensable, être au service des hommes qui assumeront la responsabilité de ce dialogue. C'est pour cela que l'Eglise est vraiment reconnaissante envers la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de Sion pour tout ce qu'elle a fait jusqu'à présent dans ce difficile domaine, de même que pour l'élargissement de son champ d'action qu'elle est en train d'entreprendre ici.

Qu'il me soit permis de souligner encore quelques aspects de la nouvelle orientation de cette Congrégation, orientation à laquelle le Sidic doit son origine. Même avant que le Concile n'approuve et ne promulgue le Décret Nostra Aetate déjà mentionné, le Chapitre Général de la Congrégation s'était préoccupé de réexaminer sa position et sa mission dans l'Eglise à la lumière des orientations qui étaient en train de s'ébaucher au Concile comme à celle de son propre charisme hérité de son Fondateur. C'est pourquoi le Conseil Général avait prié le Cardinal Béa, qui était chargé de préparer le document conciliaire sur l'attitude de l'Eglise envers le peuple juif -- c'est ainsi que le schéma s'appelait alors —, d'exposer aux membres du Chapitre Général les orientations du Concile en cette matière et de donner une ébauche de programme pour la mise en pratique de ces orientations dans la vie et dans l'activité apostolique de la Congrégation, naturellement toujours à la lumière de son charisme original.

Le Cardinal Béa parla à la Congrégation le 15 janvier 1964: ce fut un jour mémorable! Après avoir étudié les suggestions du Cardinal Béa et leurs applications concrètes, le Chapitre établit les lignes maîtresses d'une nouvelle orientation, lignes qui furent ensuite approfondies par d'autres Chapitres et réunions diverses. C'est sur ce terrain fécond que naquit l'initiative providentielle du Sidic, Centre de Documentation et d'Information, avec ses membres préparés et formés pour cette tâche, Centre qui, aujourd'hui, descend de la lointaine rue Garibaldi sur le Janicule au plein centre de la ville, pour être plus proche et davantage à la disposition du plus grand nombre possible d'étudiants et de ceux qui, de toutes manières, s'occupent ou s'occuperont du dialogue religieux avec le peuple juif.

Il est à peine nécessaire de souligner l'importance de ce transfert au centre de la ville. Rome, centre de tourisme, de culture antique et moderne, où, de plus, se trouve la plus ancienne communauté juive de l'Occident, offre certainement d'immenses avantages pour un travail de ce genre, mais à la condition essentielle que l'on puisse facilement accéder à ce local. Aujourd'hui cela se trouve réalisé. Aujourd'hui le Centre est à portée de la main pour les nombreux chrétiens, catholiques ou non, qui, chaque année, visitent la Ville éternelle. Il me semble aussi qu'il est important que le Centre soit proche du quartier où de nombreux étudiants du monde entier viennent faire leurs études universitaires et ecclésiastiques. En étudiant soit l'histoire du salut, matière fondamentale de la théologie, soit la vie concrète de l'Eglise dans le monde, ils rencontreront nécessairement de bien des manières le peuple élu de l'Ancien Testament, dans son passé et dans sa vie présente. Eh bien, ici ils trouveront des informations, uniques dans leur genre, aussi bien sur le passé que sur le présent. Ajoutons encore que la présence au centre de la ville offre la possibilité de collaborer avec les Universités Pontificales de l'Urbs. Les informations spécialisées obtenues ici pourront compléter celles de l'université et réciproquement.

Tous les points que j'ai exposés brièvement constituent autant de raisons de féliciter la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de Sion et spécialement les soeurs chargées du Sidic pour l'heureuse initiative de cette installation au centre de la ville: il sera désormais impossible de ne pas se rendre compte de leur présence à Rome, car on les trouvera facilement et elles pourront se mettre à la disposition de tous.. . .

Aux félicitations j'ajoute mon voeu le plus vif — et ma prière au Seigneur — qu'en ce nouveau local le Centre puisse développer une activité, qui pour être silencieuse et cachée n'en sera pas moins féconde et efficace; qu'il forme peu à peu des hommes qui développeront un dialogue essentiel pour la vie de l'Eglise car il touche à sa racine même, comme il est dit dans la

Déclaration sur l'attitude envers les religions non-chrétiennes: « l'Eglise du Christ reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, dans les patriarches, Moïse et les prophètes » (N° 4).

Ce souhait d'un fécond travail contient aussi le voeu que le Centre puisse trouver de nombreux collaborateurs bénévoles de tous genres: dans le champ intellectuel et scientifique, dans celui du soutien spirituel de la prière et, disons aussi, dans celui du soutien matériel. Il n'est pas difficile, eneffet, de comprendre combien de sacrifices quotidiens ont dû faire celles qui ont pris cette initiative. Le travail dans ce nouveau local en apportera certainement d'autres encore, assez lourds. Que le Centre puisse donc, avec l'aide du Seigneur, s'épanouir et trouver dans l'Eglise, de toutes manières, tout le soutien possible, car le dialogue avec le peuple juif, voulu par le Concile, est un devoir qui, d'une manière ou d'une autre, concerne tous les membres de l'Eglise.

 

 

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