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Destins liés
Rijk, Cornelis A.
Qui dit « Israël et les nations », suscite immédiatement les réactions les plus différentes. D'un côté le thème est vague et se prête à des interprétations très diverses, de l'autre, ce titre indique une réalité très concrète et complexe qui, d'une manière ou d'une autre, provoque des prises de position engagées. Ce fait semble déjà indiquer que celui qui touche à Israël touche à l'existence des nations, autrement dit, que le destin d'Israël est lié à celui des nations. Considérons quelques aspects de cette réalité si complexe:
- Pour beaucoup de monde l'expression « Israël et les nations » fait directement allusion à la situation politique d'aujourd'hui. Depuis 1948, Israël existe comme un état parmi les autres. En soi, cela est un fait remarquable. Après la destruction de l'Etat juif par les Romains, après l'extermination d'un tiers du peuple juif en occident, le peuple rebâtit son Etat. Cet Etat demeure affronté à des combats politiques et militaires en sorte que la situation au Moyen-Orient peut être, comme on dit, un danger pour le monde entier. Les réactions pour et contre divisent et engagent en même temps les nations.
Pour les juifs du monde entier l'Etat d'Israël devient de plus en plus consciemment le centre de leur existence comme peuple, existence de plus en plus clairement décrite comme composée de trois éléments: le peuple, la terre d'Israël et la religion. Des croyants d'autres religions, particulièrement du christianisme et de l'Islam, tous liés à Jérusalem dans leur foi commencent à réfléchir sur la signification de cette réalité dans une perspective religieuse. Plusieurs études ont paru sur la question: « the conflict in the middle East and Religious Faith » (le conflit au Moyen-Orient et la foi), publiée par le British Council of Churches « Israël, peuple, terre et état » celles du Synode Général de l'Eglise Réformée
Néerlandaise du Conseil National des Eglises du Christ aux Etats-Unis de la Fraternité Theologique Oecuméníque, du Rainbow Groupe à Jérusalem celles publiées à Beyrouth, etc... Partout, on veut approfondir la compréhension de cette réalité et voir les conséquences pratiques qui en découlent. Est-on au début d'une refléxion et en registre-t-on beaucoup de différences d'opinion? Mais il est clair que la question concerne un nombre croissant de pays et de religions.
Un tout autre aspect de la question concerne les rapports entre l'Etat d'Israël et les autres Etats. Comme membre des Nations Unies, Israël entretient des rapports diplomatiques avec un grand nombre d'états, mais on pourrait considérer d'une manière particulière ses rapports d'entre-aide avec des pays en voie de développement. Cette question est liée à l'intérêt des états, mais aussi à une conviction profonde concernant les relations humaines.
- Parce que le nom « Israël » indique aussi le peuple juif, le thème « Israël et les nations » peut aussi se référer à la question stricte ment religieuse des rapports entre la religion juive et les autres religions. On peut considérer l'expression de la révélation divine, qui se trouve dans la Bible.
Il n'y a pas de doute qu'il y a un lien entre la religion d'Israël et les autres religions anciennes. Quelle est la signification de ce lien et du lien entre Israël et les nations dans cette perspective? Comme l'indique la Bible, la vocation d'Abraham et de sa descendance est destinée à être une bénédiction pour toutes les nations de la terre (Gen 12,3). L'universalisme du message biblique est exprimé souvent dans les pages de la Bible, surtout par les prophètes. Alors on peut se demander de quelle manière s'est réalisé
et se réalise cet universalisme. Nous constatons que par Jesus le Messie et par l'Eglise, le message biblique a atteint les confins de la terre; d'autre part le peuple juif et la religion juive ont continué et continuent à exercer leur influence dans le monde. La révélation divine et la religion juive ont profondément marqué le peuple juif dans son histoire si souvent douloureuse, mais en même temps elles ont aussi apporté leur contribution à la littérature et à la culture religieuse du monde. Sur cette base on peut étudier plus profondément la mission d'Israël et son message envers l'humanité.
On aborde ainsi la question de la nouvelle rencontre entre les religions, d'une part entre judaisme et christianisme et de l'autre entre ces deux religions révélées et l'Islam troisième religion monothéiste. Nous n'avons fait que les premiers pas dans le pays du dialogue. Quelques réunions, comme celle de Kyoto, au japon, ont rassemblé des représentants des grandes religions du monde; quelques rencontres ont eu lieu, surtout en Allemagne, en Suisse, en Israël, entre juifs, chrétiens et musulmans; quelques colloques ont été organisés entre chrétiens et musulmans au Liban, en Egypte et à Rome (déc. 1970). Plus fréquentes sont les réunions de juifs et de chrétiens, tant sur le plan national que sur le plan international (cf. Toronto 1968, New jersey 1970 et Rome, déc. 1970).
Mais toutes ces réunions ne sont que le début d'une recherche nouvelle et profonde de la signification des relations entre les religions, en vue des aspirations humaines de paix, de bonté et de bonheur. Ce nouveau climat de rapports inter-religieux peut mettre en relief l'importance et la rélévance du message biblique porté de manière différente par le judaisme et le christianisme.
- Parlant d'« Israël et les nations » on peut aussi penser à l'histoire de peuple juif dans
la diaspora. Pendant près de deux mille ans, les juifs ont vécu parmi les nations, ils ont conservé leur héritage et leur identité dans une riche tradition, dans la conscience permanente du lien avec la terre des pères et le désir d'y retourner. Mais en même temps ils ont contribué à la culture des différents pays et nations. On se souvient de l'âge d'or en Babylonie en Espagne et en Europe Orientale et Centrale. Pourtant la diaspora est surtout marquée par la souffrance, par les malentendus, les discriminations et les persécutions. L'hostilité des nations envers le peuple juif s'est exprimée en de multiples formes, en actes, dans l'enseignement et en littérature.
Elle s'est même créée une idée des rapports entre Israël et les nations, selon laquelle Israël, le peuple juif serait un pouvoir noir et mysté rieux, qui dans une conspiration mondiale cherche à dominer et à écraser les nations (Voir « Les Protocoles des Sages de Sion », toujours très répondus dans certains pays).
Tous ces aspects ne font que souligner davantage la complexité de cette réalité: Israël et les nations.
Le but de ce numéro de SIDIC que nous présentons n'est évidemment pas d'élaborer toutes les dimensions de ce problème. Dans un certain sens chaque numéro veut éclairer un côté de cette réalité.
Ce numéro offre une série de réflexions sur la manière dont la tradition juive, ancienne et moderne, voit ses rapports avec le monde non-juif, avec les nations. Cet exposé peut largement contribuer à mieux connaître le judaisme.
Les autres rubriques donnent comme d'habitude des renseignements et des nouvelles sur le dévèloppement des dialogues, sur des événe ments importants et sur des publications récentes.