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Présentation
La rédaction
Dix ans ont passé. Au cours de la session du 28 octobre 1965 du Concile Vatican II, le pape Paul VI a promulgué la déclaration Nostra Aetate. Après la lettre de Paul aux Romains en 57-58 après J-C, c'était le premier document officiel de l'Eglise catholique qui présentait une réflexion sé sieuse sur les relations entre le christianisme et le judaïsme. Et, comme Paul dans sa lettre aux Romains, ce document situait cette relation dans le contexte du salut de toutes les nations. Après une longue lutte de quatre années, le Concile du Vatican ouvrait ainsi de nouvelles perspectives sur les religions situées dans l'histoire du salut et l'on peut penser qu'il le lit à partir de sa redécouverte des racines bibliques et hébraïques des origines de l'Eglise. C'était une vraie révolution, et il est probable que tous les pères du Concile n'ont pas réalisé sur le champ la portée de leurs déclarations. Comme tous les changements profonds, le Concile du Vatican était conditionné par les événements et les expériences du monde contemporain, et les documents du Concile reflètent la mentalité du moment. Le pape jean XXIII était convaincu que la vie chrétienne devait devenir plus biblique et plus oecuménique pour pouvoir af}ronter l'avenir. Or le coeur de l'attitude oecuménique est la relation entre Chrétiens et juifs, entre l'Eglise et le Peuple juif, ce qui nécessairement met le Royaume de Dieu au centre de la vie de foi.
Les documents officiels du Concile sont comme des phares qui éclairent une route qui pourrait bien conduire finalement à un changement de l'image de marque de l'Eglise dans le monde et affecter profondément ses relations avec le Peuple juif et avec les autres religions du monde. Mais toute mutation connaît des hauts et des bas. Il en est de même pour le renouveau dans l'Eglise: des avancées courageuses sont suivies de moments d'anxiété, d'hésitation et de timidité qui paralysent la recherche. Mais il semble que le mouvement soit irréversible et ne puisse plus être stoppé; les facteurs sociaux, culturels et religieux qui font avancer l'histoire dans ce sens sont trop nombreux. Dans l'oecuménisme et les relations judéo-chrétiennes ce sont des questions d'identité et de crédibilité qui sont en jeu.
Sidic - dont la fondation a eu lieu quelques jours après la promulgation de Nostra Aetate - veut faire état, dans ce numéro, des étapes parcourues par ce mouvement des relations judéo-chrétiennes. Ceci par un regard porté sur les dix années écoulées. Sans méconnaître les événements et les documents qui ont précédé et préparé les délibérations du Concile du Vatican (par exemple, les dix points de Seelisberg et les déclarations du Conseil Mondial des Eglises), l'attention est plus directement portée sur les différents aspects de la rencontre judéo-chrétienne pendant ces dix dernières années, c'est-à-dire celles qui ont suivi Nostra Aetate. A travers les faits, les déclarations et les documents on pourra voir se dessiner quelques-unes des constantes de ce mouvement, mesurer les difficultés qu'il rencontre pour établir un véritable dialogue et saisir quelques convergences ou divergences. Les relations judéo-chrétiennes sont un épisode de l'aventure du salut du monde. Et s'il reste encore bien des obstacles, des questions non résolues ouvertes à la recherche, la réalisation la plus importante jusqu'ici semble bien être le fait lui-même de cette rencontre de juifs et de Chrétiens. Ce n'est qu'un commencement et dix années sont bien peu de chose, mais le processus qui est en mouvement et dans lequel nous sommes entrés est plein de promesses. Il peut nous rappeler cette parole du Seigneur: « Voici que je vais faire du nouveau, qui déjà paraît, ne l'apercevez-vous pas? » (Isaïe 43,19).