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Réactions a travers le monde
La rédaction
Après le Concile du Vatican, 1"Eglise prend de plus en plus conscience de sa parenté essentielle avec le peuple juif. Ce nouveau courantde.pensee se dessine à travers le monde entier et se manifeste en plusieurs pays'par des signes évidents.
Allemagne
Plusieurs membres de la hiérarchie et du laTcat en. Allemagne ont commenté favorablement sur la Déclaration. En plus, les efforts évidents pour mettreen oeuvre les directives pratiques de l'Eglise, particulière ment dans la catéchèse, montrent qu'on est très conscient du rôle important de l'instruction dans la formation des consciences tant pour le bien que pour le mal.
Sont présentées ci-dessous deux conférences, exemples de la pensée progressiste en Allemagne sur cette question.
Dr GERTRUDE LUCKNER présente la Déclaration du_Concile comme. Ceci
"Le IIe Concile du Vatican veut clore le chapitre des malheurs des chrétiens et des juifs. Outre la. Déclaration sur les iuifs l'affirma tion théologique sur le peuple de l'Ancien Testament que contient la Constitution sur l'Eglise dans, son chapitre sur le Peuple de Dieu est aussi d'importance. Ici le. Concile reconnaît l'enrach-ement du Nouveau Testament dans l'histoire d'Israël".
"Si aujourd'hui c'est dans le sens de cette décision nouvelle du Concile "de resserrer la connaissance mutuelle et d'encourager une estime réciproque, qui avant tout sort le fruit d'études bibliques et théologiques et d'entretiens fraternels..." nous savons pertinemment en fai sant tous ces efforts qu'"une compréhension entre chrétiens et juifs -aussi et justement compte-tenu des liens nouvellement reconnus entre les deux peuples de l'Ancien Testament- et nettement limitée - cette compré pension ne doit pas avoir pour but de niveler des contrastes dans la croyande et dans les dogmes, mais uniquement de se reconnaître mutuellement (Marsh.Thieme p. 11). Pour atteindre une telle compréhension, une révision du catéchisme s'impose.
La Déclaration du Concile constate que le christianisme a plus de points communs avec les juifs qu'avec les autres religions la Révélation, la promesse et les secrets de l'Ancien. Testament. Or, le texte recherche également les causes qui ont incité les chrétiens ce que l'on ne peut arriver à comprendre- à faire aux juifs tant de mal pendant des siècles et à commettre à leur égard tant d'injustices avant tout. Aussi en raison du fait que les croyants ont reçu une instruction fausse sur le sens et les circonstances du crucifiement du Christ...
A propos des jeux de la Passion d'Oberammergau remontant à un voeu de 1633, une réforme a déjà été mise en question depuis longtemps et elle est de grande nécessité avant les prochaines représentations de 1970. Les jeux de la Passion sont représentés suivant la version du Prêtre J. A. Daisenberger, datant de 1860. Elle est depuis cette époque restée la même à l'exception de quelques petits changements insignifiants.
Les spectateurs se souviennent avec malaise que par exemple le Christ dit entre autres : "De ce peuple, je n'en veux plus" p. 38, 45), "Ce peuple fier, je veux le répudier", que Jérusalem est qualifiée d'"assassin des prophètes" (p. 38, 39), qu'en conséquence le judaTsme est le rebut de l'humanité, la synagogue, une "boite de Pandore", le juif est marqué comme l'assassin du Christ, et toutes ces déformations de l'histoire sont présentées dans un cadre grandiose et solennel et sont accompagnées de choeurs de 700 chanteurs.
Le texte de Ferdinand Rosner datant de 1750 ne parle pas de faute collective mais dénonce les faiblesses de l'humanité en tant que telles. Le Cardinal DUpfner a pris position pour une réforme fondamentale des des passages qui concernent la faute collective. Il est déterminant que l'on tire désormais les conséquences de la déclaration du Concile.
Discours prononcé au cours du 81e Congrès Catholique Allemand (Bamberg, 15 juil. 1966)
Dr ERNSTLŒWIG ERRLIOHi Bâle.
Extrait du discours prononcé au cours du 81e Congrès Catholique Allemand dans lequel il demande instamment aux•chrétiens de reconnaître les bases théologiques que nous avons en commun avec les juifs. Il finit :
"Toute déclaration d'un Concile restera des mots sans vie si les hommes n'assimilent pas les idées qu'elle contient, s'ils ne les appliquent pas. Le document du Concile sur les religions non-chrétiennes offre à ce sujet une voie que nous dicte le vers tiré de la première lettre de Jean : "Qui n'aime pas ignore Dieu". En méditant sur ce vers du Nouveau Testament tous les chrétiens qui cherchent réellement un chemin les rapprochant de leurs "frères" d'Israël sont certains de ne pas s'égarer.
Les chrétiens et les juifs, chacun à leur manière, apprendront ce que signifie vraiment : aimer son prochain, bien que ce prochain soit différent de lui, un avertissement que les chrétiens et les juifs ont reçu de leur commun Seigneur. Que cet appel de Dieu soit entendu, que l'on agisse en le respectant, également vis-à-vis du•juif, telle sont nos espérances pour l'avenir".
Deutschland-Berichte
ANGLETERRE
"En mai 1966, le Cardinal John C. Heenan, Archevêque de Westminster, fonda une Commission Nationale pour l'application de la Déclaration de Vatican II sur les relations entre l'Eglise et le peuple juif. Son Président, Mr Christopher Hollis, déclara que sa première tâche était de "donner aux catholiques une meilleure compréhension des juifs". La Commission patronne des conférences et des entretiens dans les écoles secondaires et les universités, ainsi que des discussions théologiques sur le judaTsme et le christianisme."
Jewish Chronicle 17/4/1966
Voici des extraits d'une causerie donnée à Londres par Mr Christopher Hollis, le 29 novembre 1966 et organisée par la section britannique du Congrès, juif mondial. L'entretien était intitulé : "Le Concile du Vatican et les juifs".
En toute honnêteté, nous ne pouvons nier qu'il ait à ce sujet (la pensée juive) ùne ignorance quasi générale parmi les catholiques. Corriger les défauts des catholiques a été le premier travail du COnOile et, certainement, l'oeuvre du Concile ne sera achevée que lorsque les catholiques auront non 'seulement accepté de traiter les juifs avec courtoisie, loyauté et charité, mais encore lorsque, par le dialogue et par l'étude, ils auront positivement essayé de comprendre pourquoi les juifs disent ce qu'ils disent et font ce qu'il font. Nous tous, catholiques; avons là un long•chemin à parcourir encore...
... Parmi les religions non-chrétiennes, il est vrai que,-pour tout chrétien, la religion juive occupe une place d'honneur particulière, puisque la croyance en la religion juive fait elle--même partie de la foi chrétienne. L'Ancien Testament -les Écritures hébraTques- font partie de votre foi en l'unique Dieu. Selon notre foi autant que selon la vôtre, c'est vous qui êtes son peuple élu..."
Commentaires juifs au sujet de la Déclaration.
Déclaration émanant du Bureau des Délégués des Juifs Britanniques:
'Nous voulons exprimer notre estime pour la bonne volonté évidente et la sincère fraternité humaine qui ont poussé tant d'éminents chefs de l'Eglise à lutter à la répudiation publique des mouvements qui déforment l'enseignement catholique et exploitent ces déformations au service de l'antisémitisme...
Nous osons donc exprimer l'espoir qu'elle (la déclaration)' sera rendùe effective par des mesurés appropriées, partout oi là situation requiert l'influence et l'activité spirituelle de 1 Eglise .
Catholic Herald, 5/11/1965
"En Angleterre, un signe de l'amélioration des relations entre chrétiens et juifs consiste dans le rythme aecru_des échanges d'information. Le Rabbin Dr P. Selvin Goldberg, ministre de la Synagogue Réformée de Manchester, a pris la parole à la Conférence annuelle du "Catholic Welfare Council". Il avait choisi comme sujet : "Le foyer juif". C'est le premier juif qui ait pris la parole à la Conférence celle-ci était présidée par l'Evéque de Salford".
Jewish Chronicle 7/10/1966
"Un fait historique a eu lieu à Londres, au "Jews' Colle7,e", en mars 1966, quand, pour la première fois, des ècclésiastiques chrétiens ont parlé de leur religion à une réunion d'étudiants. Les ecclésiastiques représentaient l'Eglise catholique et l'Eglise d'Angleterre. La plupart des sujets étaient de nature théologique et comprenaient les questions telles que : les tendances religieuses sont-elles conservatrices plutôt que radicales ? de quoi relève le dialogue entre Dieu et l'homme ? une foi universelle est-elle possible ? Les membres du jury ont pensé que les juifs accueilleraient moins volontiers l'idée de prêcher dans des églises que les chrétiens ne le font quand il s'agit d parler.dansles synagogues"
Jewish Chronicle, 25/31966
C'est un fait connu qu'il y a eu, pendant le Concile, surtout pendant la troisième session, des réactions négatives et même hostiles au document du Vatican sur les relations de l'Eglise avec le peuple juif. La plupart de ces réactions ont eu pour cause des facteurs politiques, soutenus par un arrière-plan liturgique et théologique. Pendant la quatrième session, on enregistra peu de réactions ,; après le Concile, presque rien n'a été dit au sujet de la Déclaration.
Quelques personnalités ou troupes ont publié leur point de vue :
"Déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes" (Commentaire explicatif publié à JERUSALEM, Jordanie)
"Ce texte est un appel purement religieux, sans que s'y mêle dans son contenu, ni dans ses principes aucun but politique sous-jacent.Pourtant, des interprétations intéressées se sont employées récemment, et encore maintenant, à fausser le sens de certains passages du texte et à le faire sortir de ses buts proprement religieux. Du fait que ses interprétations visaient le paragraphe se rapportant à la religion juive, la majorité des amendements ont porté sur ce même paragraphe et ont contribué à le corriger, l'affiner et l'épurer, de façon à ce qu'il n'y reste aucune matière à ambiguité, aucun fondement à toute propagande tendancieuse, aucune référence à tout problème politique, ni aucun prétexte pour ceux qui ont voulu y trouver -à tort et fallacieusement- une déclaration innocentant les juifs du sang du Christ, (et par suite, un fondement dans leur lutte contre les Arabes de Palestine). Il n'est jamais venu à l'esprit du Concile de s'abaisser à un tel degré...
Cependant, les juifs ont re nié le Christ, et se sont opposés dans leur ensemble, à l'annonce de l'Evangile. Cette idée, qui n'était qu'évoquée dans le premier texte, reçoit, on le voit, le développement qui lui convient dans le texte amendé. Cela en conformité avec les faits inscrits dans la Sainte Ecriture, et pour prévenir une prétendue partialité en faveur des juifs de la part du texte...
Nous savons, en outre, que ce que dit la Sainte Ecriture du "rejet" de la nation juive n'a pas pour cause le fait que certains juifs aient participé au meurtre du Christ. La preuve en est que les Apôtres, la plupart des disciples et la grande tous partie du peuple juif. La seule position des juifs dans leur ensemble prédication des Apôtres...
Une ultime objection : la déclaration fait appel au texte de saint Paul parlant de l'amour que Dieu porte aux juifs, en raison de leurs ancêtres. Mais Paul dit dans le même texte : "Selon l'Evangile; ils sont ennemis à cause de vous, mais selon l'élection divine, ils sont aimés à cause de leurs ancêtres" (Rom. 11, 28). :Pourquoi dlnc avoir supprimé la référence à l'hostilité et avoir gardé celle à l'amour ? Voici la réponse : l'hostilité'dont parle saint Paul n'est hostilité qu'envers l'Evangile : cette hostilité qu'ils opposèrent à l'Evangile, c'est elle qui ouvrit les .portes de l'Eglise aux peuples paiens. Or, cette hostilité à l'Evangile, la déclaration en avait déjà parlé et il n'était plus nécessaire de le répéter...
L'appel du Concile est tout entier un appel à l'amour, à la concorde et à l'abandon des haines et des rancunes. Un tel appel est digne d'être appuyé et renforcé. Le problème qu'il nous invite à affronter est trop sublime pour être abandonné, sous le prétexte de prévenir certaines propagandes fallacieuses, certaines visées tortueuses - d'autant plus que
le texte même de la Déclaration permet de renvoyer la balle à ces propagandes et à ces visées, et de les retourner contre elles-mêmes, en adoptant des attitudes fermes et des décisions calmement prises, qui seront tout à l'honneur de leurs auteurs.
Proche-Orient Chrétien (catholique fasc. IV 1965
AUSTRALIE
"En novembre 1965 s'est tenue une réunion publique de B'nai B'rith Lodge, où le Révérend W. G. Smith, S. J., de l'Institut de l'Ordre Social de Melbourne, a été invité à prendre la parole.
Le Père Smith parla du nouveau climat que crée peu à peu la Déclaration sur les religions non-chrétiennes, en particulier le chapitre 4 sur le judaisme. Tout en explicant les effets positifs déjà acquis pour la catéchèse, la prédication et l'attitude générale, il exhorta le peuple juif à être très patient et à se rendre compte qu'il faudra du temps avant que le plein effet de la Déclaration de l'Eglise ait le temps de pénétrer à tous les échelons de la communauté chrétienne".
Au Centre pour les relations judéo chrétiennes, à Box Hill, Melbourne, ont eu lieu plusieurs sessions d'étude sur le passage concernant les juifs dans la déclaration vaticane, L'étude a consisté en un entretien sur,le sens général du mot "dialog..je", un film avec des explications sur la fête de la Pâque, une discussion sur le lien qui unit le peuple, de la Nouvelle Alliance avec les enfants de la souche d'Abraham, le rejet par l'Eglise de la persécution et de la catéchèse erronée, et, pour terminer, une causerie sur l'histoire de la Déclaration, soulignant le rôle joué par Jules Isaac et par le Pape Jean XXIII.
News Sheet from Centre for JewishCh•istian understanding, lst term 1966
Autriche
"Depuis plusieurs années, le diocèse de Vienne a organisé, pour les leques-, des cours de théologie par correspondance. Ces cours, sur différents sujets, durent deux ans et comprennent chaque année une semaine d'étude. Ceux qui ont terminé le cycle de deux ans peuvent revenir chaque année pour une semaine de "séminaire'. Ces semaines sont organisées dans toute l'Autriche et ont pour but.de développer et de renforcer les connaissances dèjà acquises, En 1966, une semaine semblable fut organisée à St Pulten, du 24 au 30 juillet. Le sujet de la Semaine était ''Le Concile". Sept décrets furent discutés, entre autres le décret sur les religions non--chrétiennes. Des trente six heures de cette semaine, six furent consacrées à ce dernier décret. Il y avait environ une vingtaine de participants à cette Semaine, dont tout un groupe d'Allemagne. La plupart d'entre eux font preuve d'activité pour. la paroisse ou pour la catéchèse.
A. W. Sept. 1966 Vienne
BRESIL
"Depuis le Concile, il y a eu un accroissement d"échanges entre les communautés juives, et chrétiennes, et une plus grande variété d'expériences communes, telles qu'échanges culturels par des soirées musicales ensemble. La Fraternité judéo-chrétienne patronne de nombreuses activités telles que conférences et échanges entre des personnalités juives, protestantes et catholiques. L'entretien donné par le Rev. Père Luciano Parise, o. p., en mai, à la réunion mensuelle de l'association, est un exemple de ces activités. Le thème "Vatican II et la Fraternité" fut développé sur la base 'des.textes conciliaires et montra la clarté et l'universalité de la pensée de l'Eglise, en particulier dans le domaine de la solidarité humaine. "La Semaine de Fraternité", chaque année, est un temps de contacts:particulièrement vivants en 1966, elle a été l'occasion de plusieurs conférences au cours' desquelles un catholique, un juif et un protestant siègèrent sur le même podium. Une de ces conférences a eu pour thème : "La Pâque, lien de fraternité" et a fourni un exemple frappant des liens réels qui existent entre nous. dans la liturgie."
M. V. Sao Paulo, 1966
Voici un exemple de commentaire juif sur la Déclaration :
Bertha Kogan, éditeur de la revue "Brésil-Israël".
"Quant à l'actuel Pape Paul VI, nous souhaitons que sa lutte continue, courageusement, et une campagne de mérite international doit bien être réalisée afin que l'image "retordue" de la pensée chrétienne sur les juifs soit rectifiée. L'Eglise catholique compte, endore, avec ceux qui ont voté contre l'absolution des juifs du crime de responsabilité de la mort du Christ. Pour cela on attend l'aide de S. S. Paul VI
Brésil-Israël, Janv. Fev. Mars 1966
CANADA
En janvier 1966, le Dr,Eliezer Berkavitz, professeur à l'Université juive d'Amérique, à Chicago, s'est adressé à la Congrégation Shaarei Shomayim (orthodoxe) de Toronto. On a beaucoup cité sa déclaration que l'esprit oecuménique et la compréhension interconfessionnelle ne sont guère plus qu'une démonstration spectaculaire de relations mutuelles. "Déclarer que nous ne sommes plus le peuple maudit de Dieu est une insulte, non pas pour nous, mais pour Dieu !" Soeur M. Noëlle, N. D. S., a éclairé la pensée du Concile dans une lettre au "Montreal Star" (26/1/1966) qui avait publié des extraits du discours du Dr Berkavitz.
Les chefs spirituels des trois communautés juives de Toronto ont commenté la Déclaration du Concile :
Le Rabbin W. Gunther Plaut, du Temple Holy Blossom (réformé), considère le texte entier comme i "Un grand progrès que j'accueille avec Hune profonde satisfaction", bien que "l'Eglise ait manqué une importante doOasion de se racheter d'un grave péché".
Le Rabbin Stuart Rosenberg (conservateur) : "La portée de cette Déclaration dépendra de sa mise en oeuvre sur le plan paroissial".
Autres manifestations :
Du 20 au 26 février 1964, le Concile Canadien des Chrétiens et Juifs a commémoré le dix-neuvième anniversaire de la "Semaine annuelle de la Fraternité". A Winnipeg, des étudiants de l'Université de Manitoba ont discuté des relations interconfessionnelles, sous l'égide de plusieurs Membres du clergé et du Rabbin Zalman Schachter. A Toronto, l'Archevêque P. E. Pocok a parlé du Concile oecuménique et de la Fraternité.
Le 4 mai 1966, la congrégation Beth Tzedech (conservatrice) a tenu son lle Congrès annuel de Religion. A cette occasion, les Professeurs Harvey Cox (Harvard Divinity Schoâl) et Jacob Neusner (Dover College, Hanovre, N. H.) ont dialogué sur les relations judéo-chrétiennes "dans la cité terrestre". Tous deux ont souligné l'apport du judaTsme dans la confrontation de la religion et de la vie profane, ainsi que l'importance d'un dialogue, surtout pour les chrétiens qui ont beaucoup à apprendre du judaTsme dans ce domaine.
Lors de la Réunion annuelle de l'Assemblée Rabbinique d'Amérique (conservatrice), à Toronto, le Rabbin Abraham Heshel a montré que le dialogue judéo-chrétien doit être pour ceux qui ont une instruction sérieuse .d'ordre théologique, fondé avant tout sur la foi et accompagné par le silence, l'étude et la recherche spirituelle.
C'est la seconde année que le Rabbin Lewish Ginsberg présente le repas de la Pâque aux étudiants catholiques d'Edmonton, cette fois-ci au séminaire St Joseph.
COSTARICA
Pour 1966, signalons la fondation d'un Centre Culturel organisé par des jeunes gens juifs, troisième génération de la Communauté Askhenazi. La Conférence d'inauguration a été donnée par une catholique, secrétaire de la Confraternité judéo-chrétienne, comme gage d'une large collaboration future. La Confraternité de Costarica est en route vers la réalisation l'esprit du Concile oecuménique dans la ligne indiquée par lui.
Espagne
On peut dire qu'une attitude positive vis-à-vis des juifs com• mente lente.ent à faire jour dans la presse, les conférences et la prédication. On a rrr>smrandé aux prêtres de parler des juifs avec "respect, amour et espérance".
Sur le plan doctrinal, le Père Aliquando Diaz Macho, M. S. C., ("Le dialogue selon l'esprit de Paul VI") a affirmé que, si nous pouvons imputer le péché d'injustice au Sanhédrin et à quelques juifs du temps du Christ, il n'y a pas de fondement théologique à l'accusation de péché collectif pesant sur les juifs au cours des siècles. De plus, l'établissement de l'Eglise comme le Nouvel Israël ne signifie pas que les juifs soient privés de tout accès au salut.
M. et Mme Max Mazin, membres éminents de la communauté juive de Madrid, ont pris part à un fructueux dialogue avec le Père Serrano, au Grand Collège de l'Université de Calazanz.
A Avila, juste avant la fête de la Pâque, et dans le cadre de l'Amitié judéo-chrétienne, M. Mazin a donné une conférence au couvent des Dominicains. C'était la première fois, depuis l'expulsion de 1492, qu'un juif y était reçu avec honneur. Le "Jewish Chronicle a regretté que la "discussion libre" prévue pour après la conférence se soit limitée â quelques questions d'ordre général posées par le Supérieur. Dans l'ensemble, cepen. dant, la communauté juive a manifesté son espoir que le passage de la Déclaration concernant les religions non-chrétiennes permettra un renouveau de la liberté religieuse en Espagne.
Les deux exemples les plus frappants d'une attitude critique vis-à-vis de la Déclaration de Vatican II sont :
le discours du Rev. P. Peinader, de l'université de Salamanque, traitant Vatican II de "Concile de déformation", en dépit "des efforts héroTques d'une petite minorité" et un article de "Que Pasa" (23/7/64) par Lorenzo Inchausti reprochant violemment à l'Amitié judéo-chrétienne de contenir "un ferment destructeur qui trouble tout ce qu'elle approche, qui cherche surtout à embrouiller les consciences chrétiennes et à les soumettre aux plans du judaisme".
Max MAZIN : "La Déclaration, un point de départ".
"L'attitude adoptée par le Concile Vatican II permet tous les espoirs. Les évêques, prêtres, éducateurs et gens de bonne volonté ont maintenant la tâche de mettre en pratique et d'appliquer les décisions du Concile. Sans ce travail, les textes, si bien intentionnés soit-ils, ne seraient que paroles vaines.
Il est essentiel d'entreprendre une révision des catéchismes et textes scolaires qui forment la jeunesse à une mentalité de suspicion et la prédisposent à la haine envers les juifs, d'organiser pour les adultes des conférences et des causeries expliquant les implications du texte, et de promouvoir la connaissance mutuelle entre chrétiens et juifs, dans le but d'établir des relations personnelles, source d'estime et d'amitié entre les hommes.
Les difficultés que suppose la mise en pratique de ce programme ambitieux et important ne m'échappent pas. Des siècles d'incompréhension et des événements dramatiques nous séparent. Il faudra vaincre des résis tances de part et d'autre, et des manques de confiance en la bonne foi de l'autre, Lé but justifie tous les efforts : espérons voir se réaliser le vieux psaume juif qui dit : "Ceux qui sèment dans les larmes récolteront en. chantant".
Un rayon de lumière encore timide, précurseur de cette allégresse, commence à poindre à l'horizon".
Compte--rendu de l'Assemblée de l'Amitié judéo-chrétienne.
"Notre Amitié, dit M. Mazin, peut en vérité âtre satisfaite d'avoir été tant soit peu en avance sur le Concile". Le travail accompli au cours des cinq ans écoulés depuis sa fondation semble corroborer cette impression.
Lecture fut faite du compte-rendu des activités et des réalisations passées. Parmi les faits enregistrés se dégagent : le colloque tenu 19 rue Pizarro, le banquet de la Fraternité en l'honneur de la Déclaration du Concile, l'assistance d'un groupe de catholiques à la célébration d'un Seder et enfin, couronnant les activités de la saison, le très documenté et agréable exposé de Don Jacob Bentata sur la philosophie dans ses sources juives.
Amistad Judeo-àristiana, Oct. Nov. 1966
France
Au cours du long et laborieux itinéraire de la Déclaration conciliaire, les juifs de France avaient parfois élevé la voix par l'entremise de quelques-uns de leurs représentant les plus qualifiés, afin de manifester leur intérêt ou leurs préoccupations.
Après la promulgation du Décret, les réactions pnt été diverses. Il faut cependant remarquer que la grande majorité des juifs français se désintéressent par principe d'un texte conciliaire qui, tout en les regardant en grande partie, est considéré comme une affaire privée de l'Eglise catholique romaine. Les déclarations d'éminentes personnalités du monde juif français permettent cependant de tracer un tableau approximatif des réactions, dont il sera utile de se souvenir 'dans l'avenir.
A. NEHER, dans "L'Information juive", n° 159 (Nov. 1966) publie un article au titre significatif :
"Du silence de Pie XII à la prudence de Vatican II".
Il y mentionne les insuffisances du texte conciliaire et les attitudes qui ont pu en être le fondement : il rappelle les chrétiens à la tragique dialectique du déicide et du génocide, ce dernier ayant sûrement fourni la base où s'enracine la Déclaration, mais le génocide impliquant la complicité directe ou éloignée de tous ceux qui, malgré tout, se réclament de la culture "européenne" ancienne et contemporaine. Evidemment, la "prudence en a enrayé l'élan et l'énergie : le texte nous apparaît dépourvu de de la chaleur profonde qui seule pourrait toucher les futurs lecteurs et tous ceux qui s'y appuieront. Cette "prudence" se situe dans la même ligne que le "silence" complice d'un passé encore trop proche pour ne pas être douloureux à la fois pour les chrétiens et les juifs.
A. CHOURAQUI, dans une interview donnée au "Monde" du 6 oct. 1965, où il ne sexprime qu'en son propre nom, considère le texte conciliaire comme assez satisfaisant, tout en remarquant les modifications qui en diminuent la portée historique. Il souligne aussi le fait que l'Eglise catholique vise à la fois Israël et l'Islam la seconde grande religion monothéiste issue de la descendance d'Abraham.
Dans le "Monde" du 20 oct. 1965 l'Union des Sociétés Juives de France manifeste qu'elle attache une grande importance à la Déclaration. tout en regrettant qu'elle ne soit pas plus nette et complète, en particulier en ce qui concerne la condamnation explicite du génocide, et aussi au sujet de la vraie tolérance envers les "non-chrétiens'', comme l'avait désiré, ordonné, demandé Jean XXIII dans "Pacem in Terris".
L. LANDAU, dans "Le bulletin de nos communautés" de StrasboUrg du 22 oct. 1965, dans un article intitulé "Cum magno dolore" (ce titre est celui même de la lettre que les 17 Cardinaux ont adressée au Pape pendant le Concile. en 1964), fait une très sévère mise au point : "La responsabilité morale de l'assassinat de six millions de juifs en Allemagne incombe à l'Eglise chrétienne". Il croit pouvoir fonder cette accusation sur la base historique constituée par les travaux de Jules Isaac, la déclaration des évêques à Fulda en 1962 et R. Hochhut. Il trace l'histoire du document conciliaire jusqu'à la "déception immense", et d'ailleurs justifiée, qu'il a finalement apportée. Certes, les juifs ne s'attendaient pas à recevoir seulement "de bonnes paroles en compensation de tant de massacres", mais ils doivent constater "que Jean XXIII est mort et son esprit avec lui, non le 3 juin.. mais en octobre 1965".
Cet article a provoqué des réactions contradictoires : positives chez J. Kaplan, Grand Rabbin de France, et A. Lunel, écrivain tantôt positives, tantôt négatives ou perplexes chez les catholiques ou les protestants. La réaction du P. Riquet, S. J. a été particulièrement sévère.
J. KAPLAN, dans le °Figaro" du 9 janvier 1966, retient que le Concile et la liberté religieuse apparaissent domme un "véritable retour aux sources, l'occasion d'une émulation des plus heureuses au service de Dieu et au service de l'homme".
F. LOVSKY, protestant_ dans "Réforme" du 18 dee. 1965, reconnaft nettement la valeur positive de la Déclaration il souligne le fait que, jusquià nos jours, aucun Concile dans aucune Église chrétienne n'avait jamais pris une telle attitude envers les juifs : "Jamais l'on n'a aussi nettement rompu avec la ,tradition de St Jean Chrysostome et•de Bossuet". Après une prise de conscience, des discussions, des approfondissements, le texte a été voté cela aurait été impensable il y a quinze ans à peine.
GRECE
Interview du Professeur Hamilcar Alivizatos, Procureur d'Etat auprès du Saint Synode de l'Eglise grecque d'Athènes ; extraits présentés par Giovanni Caprile, Directeur du Centre International d'Etudes judéo-chrétiennes de Milan.
Le Professeur Alivizatos est un pionnièr du mouvement pour une approche plus positive du peuple juif dans les textes liturgiques des Eglises orthodoxes.
"Question vous connaissez certainement très bien la Déclaration conciliaire sur les juifs. Considérez-vous que l'attitude qui y,est recommandée envers les non-chrétiens, particulièrement envers les juifs correspond à une exigence ressentie dans l'orthodoxie ?
Réponse Je crois que oui, parce que même si l'Evangile parle positivement de la culpabilité des juifs dans la mort du Seigneur, l'Eglise orthodoxe n'aura aucune difficulté à accepter l'attitude favorable que le Concile a manifestée envers les juifs et à laquelle il invite les chrétiens.
Question : La Déclaration conciliaire parle d'études bibliques, historiques et théologiques communes, et de dialogues fraternels entre juifs et chrétiens. Pouvez--vous me dire si vous considérez possible dans l'orthodoxie une action analogue à celle souhaitée par le Concile ?
Réponse Certainement si la question est posée, mais je n&saurais dire qui,. en ce moment, pourrait prendre cette initiative. Peut-être le moment opportun n'est•il pas encadre venu.
Question : Considérez-vous possible et souhaitable l'instauration entre juifs et chrétiens dans un esprit de fraternelle amitié, d'une collaboration pratique dans les oeuvres que la Bible commande pareillement aux juifs et aux chrétiens, et même à tous ceux qui croient en Dieu ?
Réponse : Oui, je crois que cela est possible et souhaitable".
Athènes, 20 mai 1966
Rassegna de11•;attivittà ebraicocristiana: Sept. 1966
HOLLANDE
Une "Maison d'Etude" pour juifs et chrétiens.
Une importante initiative a été prise à Amsterdam, où le 20 oct. 1966, une "maison d'étude" (Beth-ha-Midrash) a été ouverte aux membres de la communauté juive et à "tous ceux qui, avec eux, désirent comprendre et 'suivre la parole de Dieu". Parmi les fondateurs de cette maison d'étude, figurent des savants juifs (orthodoxes et libéraux), ainsi que des catholique et des théologiens réformés. L'adresse provisoire de la fondation est la suivante : "Anne Frank-Huis, Prinsengracht 263, Amsterdam C." Là, Mr Y. Aschkenasy, d'Israël, se tiendra à la disposition du public pour toute information, et assurera également des cours réguliers sur les méthodes d'exégèse rabbinique et sur d'autres branches de l'enseignement juif. D'autres cours sur des sujets bibliques et sur différents aspects du judalsme seront donnés par des autorités juives et chrétiennes à Amsterdam et dans diverses villes de Hollande.
Cette initiative est l'expression de cet esprit de solidarité entre juifs et non-juifs qui a été pendant des siècles une caractéristique d'Amsterdam, où déjà au 17e siècle, savantsjuifs et chrétiens étudiaient la Bible ensemble et où de nombreuses générations de juifs, venus de diverses parties d'Europe, ont trouvé refuge. On souhaite que les activités de la Maison dIPtude n'atteignent pas seulement les théologiens experts, mais également tous ceux qui désirent vivre dans cet esprit et approfondir leur propre foi par un contact fructueux avec d'autres croyants fidèles aux vérités éternelles de la Bible.
On peut obtenir des renseignements sur cette maison d'étude auprès de Mr B. Folkertsma, Cemeniusstr. 621, Amsterdam.
ISRAEL
En Israël, on s'est intéressé et on s'intéresse encore vivement, aux conséquences du Document du Concile.
"Avec la récente adoption du "Document juif" par la session finale du Concile oecuménique, ceux des juifs qui avaient retenu leur. souffle ont poussé un soupir de soulagement : ils étaient contents de voir cette affaire rayée de l'agenda public. D'autres ont fait retentir les lamentations de leurs agents de presse, sur le fait que le "Document" n'avait pas clairement et carrément condamné l'antisémitisme et absous tous. les juifs de tous les temps de la crucifixion de Jésus-Christ...
A mon avis, cependant, même ceux qui avaient réagi bruyamment 'étaient contents de voir terminée cette discussion -qu'avaient accompagnée de près une quantité gênante de titres de journaux dans lesquels figuraient les mots "Juifs... déicide... crucifixion... culpabilité..."
En tout cas, le Déclaration était arrivée 1 500 ans --ou au moins 25- trop tard. De plus, l'Holocauste et ses excès -quelques-uns perpétrés avec l'aide effective ou tacite d'un certain nombre d'individus professant diverses formes de foi chrétienne- avaient donné aux chrétiens un choc qui leur fit, réviser quelques-unes de leurs opinions officielles, semi'officielles ou officieuses au sujet des juifs vivants ou morts. Il y,eut ensuite la création de l'état d'Israël : ce fut un choc spirituel pour beaucoup de chrétiens bien intentionnée, qui, Selon leur théologie, croyaient cela tout à fait impossible. Ces deux événements, suivis.du règne bref, mais heureux du Pape Jean XXIII, avaient instauré une nouvelle forme de conversation, plus positive entre les juifs et la plupart des chrétiens, rendant peut-être superflue la ratification officielle du document. En fait, il semble qu'en l'occurence -du fait de la mort du Pape Jean bien avant la fin du Concile; et de la parution du "document" qui, au dire de plusieurs observateurs, reste au-dessous de la pensée de Jean-. la discussion entière ait été malencontreuse".
Moshe Kohn, dans le "Jérusalem Post" 7/12/1965
A Beit Hillel, à l'Université hébraTque de Jérusalem, le centre culturel pour étudiants qui dépend du B'nai B'rith, a organisé cette année des conférences intitulées lionts", sur des problèmes concernant les noue velles formes de relations. La seconde causerie de cette série s'est tenue le 6 décembre 1965, sur "Le Pont entre le judaTsme, le christianisme et l'Islam".
Cependant, comme l'Islam ne pouvait y être représenté, la conférence prit la forme d'un. dialogue entre le Professeur Zui Werblowski, doyen de l'université et professeur de religion comparée, et le Père Stiassny, des Pères de Sion. Le Père Stiasàny souligna l'attitude nouvelle de l'Eglise envers le judaïsme et montra combien la découverte des Manuscrits de la Mer Morte avait éveillé le double intérêt des juifs et des chrétiens, créant un point de contact, au moins sur le plan scientifique.
Le Docteur Werblowski expliqua que ce n'était pas seulement une lutte commune contre l'athéisme, comme on l'a souvent dit, qui unirait les juifs, les chrétiens et les musulmans (car l'athéisme existe en tout pays et en toute civilisation), mais plutôt une étude en profondeur qui nous aiderait à nous rencontrer au-delà de la rupture provoquée par la crise moderniste. Ceux qui restent en arrière, dans un monde pré-moderne, comme le font beaucoup de musulmans, certains juifs ultra-orthodoxes ou chrétiens traditionalistes, restent fermés au dialogue. Les autres, cependant, pourront communiquer, malgré les différences d'opinion.
La revue "Prozdar"(février 1965), seule revue de spiritualité paraissant en hébreu, publie une traduction de toute la Déclaration et la fait précéder d'un article dont nous donnons un extrait :
"Celui qui croit en Dieu et en son influence dans le*monde recon naîtra sans aucune hésitation que le vote du Concile ouvre un chapitre nouveau dans les rapports entre chrétiens et juifs. Ce changement n'en présente pas moins un danger pour nous. Il est plus facile, d'un certain point de vue, de se défendre contre une Eglise hostile et persécutrice que de se soustraire à l'influence d'une Eglise amicale. Le combat entre le judaïsme et le christianisme doit être spirituel. Le dialogue fraternel dont parle le Déclaration sera entrepris mieux, il a déjà été entamé. Tout dépend de notre préparation spirituelle à ce dialogue fraternel".
Un son de cloche radicalement différent se fait entendre dans un article du Professeur I. Leibovitch, paru dans "Deoth" (hiver 1965), l'organe de la jeunesse académique religieuse. Le Professeur Leibovitch pense que, de même qu'une conscience chrétienne saine ne peut aspirer qu'à l'annihilation totale du judaïsme, de même le critère de la conscience juive est de tenir en abomination tout ce qui a nom chrétien :
"Une coexistence idéologique entre judaTsme et christianisme est inconcevable et il n'y a pas de place pour un dialogue judéo-chrétien. La coexistence est impossible entre le judaTsme et toute autre religion qui nie la religion d'Israël...
Aujourd'hui, l'Eglise estime de bonne politique d'estomper l'idée de la culpabilité juive dans le déicide, pour plaire à ses fidèles dans les pays d'occident "éclairés", ces fidèles se trouvant influencés par des tendances humanistes, libérales et séculières, et ébranlés par l'horreur de la "solution finale". Elle veut aussi, par ce moyen, reprendre avec une nouvelle vigueur l'activité missionnaire parmi les juifs, étant donné que, Pour le moment, on ne peut pas compter sur la relance de cette "solution". Tout cela ne change rien au fait que le christianisme, continue à refuser la légitimité d'existence au judaTsme, et il est vraisemblable que l'Eglise ne marchanderait pas son soutien passif -sinon actif- à toute nouvelle_ tentative de "solution", si l'occasion s'en présentait".
Pour être juste, remarquons que dans une note publiée à la suite de 'l'article, la rédaction déclare qu'elle n'approuve pas la position du Professeur Leibovitch et qu'elle la fait connaître comme susceptible de servir de point de départ à une discussion du sujet".
Proche-Orient chrétien, tome VI. fasc. 2-3 1965
ITALIE
Session de formation oecuménique de la Mendola, du 29 juillet au 6 août 1966.
Organisée par Maria Vingiani, Présidente du Secrétariat d Activités oecuméniques (S. A. E.), sur le thème de l'"Histoire du Salut", elle a été ouverte par S. E. le Cardinal Urbani et clôturée par M. Le Chanoine Ch. Moeller.
La troisième journée de la session a été dédiée à la place qu'Israël tient encore de nos jours dans le plan du Salut universel et la manière dont la doctrine juive universelle envisage ce salut. Le Professeur Tommaso Federici, de l'Athénée St Anselme de Rome, a exposé avec enthousiasme et compétence les valeurs théologiques toujours actuelles du judaTsme, qu'Israël a toujours mission de diffuser dans le monde, côte à côte avec l'Eglise, dans les milieux qui ne sont pas atteints par le rayonnement de l'Evangile, voire dans les milieux chrétiens où ces valeurs sont insuffisamment mises en évidence : le sens de la transcendance de Dieu, celui de la louange, celui de la Pâque, celui de l'espérance eschatologique et de la justice. Il a souligné ce que le peuple de la Nouvelle Alliance doit à celui de l'Ancienne et la tragédie que constitue la coupure qui les sépare.
Le Professeur David Schaumann, qui dirige actuellement l'enseignement des écoles juives de Milan, a fait, lui un bel exposé sur les principaux caractères du judaTsme rébellion contre toutes les idolâtries et toutes les tyrannies injustes, amour de la liberté, fidélité surtout à l'Alliance par une constante obéissance à la volonté de Dieu exprimée par la Torah et la Tradition, enfin la célébration hebdomadaire, le Sabbat de la Royauté de Dieu.
L'ensemble de la session, à laquelle ont participé environ 150 lacs, a été marqué par un grand esprit d'ouverture dans la charité envers les membres de toutes les confessions, le désir d'entendre ce que chacune a à nous dire et en particulier un intérêt spécial pour les rapports avec nos frères juifs.
SUISSE
Pour la première fois en janvien 1966, la Maison de la Communauté israélite de Genève servait de cadre à un colloque judéo.chrétien qui réunissait le Grand Rabbin de Suisse, Dr Alexandre Safran, et deux penseurs des religions chrétiennes, le Pasteur Rilliet et le Rev. Père Brechet.
Le Pasteur donna une esquisse historique de l'antisémitisme en Europe, avec mention spéciale du rôle négatif de Jean Chrysostome dans cette évolution. A la fin de son discours il invita chrétiens et juifs à être fidèles au temps dans lequel nous vivons.
Le R. P. Raymond Brechet dans son commentaire sur la Déclaration a dit : "... elle offre une richesse doctrinale pleinement fidèle à la tradition biblique d'Israël. A,insi elle est apte aussi à provoquer un profond renouveau du sens et de la théologie de l'Eglise catholique dans ce domaine". Après une explication du sens de la Déclaration dans laquelle il insiste sur la reconnaissance que l'Eglise doit au peuple de l'Ancien Testament et sur les liens qui nous unissent, il termine par ces mots :
"C’est pourquoi les chrétiens ne peuvent que tomber à genoux et demander pardon à Dieu et à leurs frères juifs. Ils se sont reconnus en ces soldats qui_ au Calvaire, ne savaient pas ce qu'ils faisaient".
Le Dr A. Safran parla des tentatives plus poussées, pendant ces dernières arinés poure-découvelr le. -rapport qui existe entre ces deux commandements essentiels de. la Bible : "Tu aimeras l'Eternel, ton Dieu de tout ton coeur et de toute ton âme" et "Tu aimeras ton prochain comme toi-même". Ces efforts ont commencé sérieusement par la Conférence de Seelisberg en 1947, qui a suscité des répercussions dans le monde chrétien à New Delhi, et à Rome où "... des voix autorisées se sont fait entendre pour condamner la propagation de la haine des hommes par l'instrument de la re. ligion. Nous autres, juifs. nous nous gardons de porter un jugement sur le caractère religieux de ces "déclarations" car elles sont l'oeuvre des autorités religieuses chrétiennes et concernent les croyants chrétiens. La lecture de ces textes nous permet cependant de percevoir à l'horizon un rayon, hélas ! assez timide ; il nous atteint, car il touche à notre existence physique et morale. Devons-nous espérer un changement dans la mentalité des chrétiens vis-àvis du iudarsme et des juifs ? L'avenir nous le dira.
U. S. A.
Comme il convient à un pays où la population juive est la plus élevée du monde, et où la masse est largement informée, la presse s'est fait l'écho d'une grande variété d'opinions concernant la Déclaration du Vatican sur les religions non-chrétiennes, tant de la part des juifs que des chrétiens.
Toutefois, il semble qu'on ait accueilli avec satisfaction les passages susceptibles de favoriser une plus grande coopération et une me leure compréhension mutuelle grâce à un travail de recherche théologique Certains passages, comme ceux qui suivent ont été souvent cités dans le but de souligner les aspects positifs de la Déclaration :
"Scrutant le mystère de l'Eglise, le Concile rappelle le lien relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d' Abraham.
... elle (l'Eglise) se nourrit de la racine de l'olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l'olivier sauvage que sont.les Gentils. (cf. Rom. 11:17-24)
Du fait d'un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétien et aux juifs, le Concile veut encourager et recommander entre eux la conn santé et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et 'théologiques, ainsi que d'un dialogue fraternel »:
Les commentaires juifs ont été nombreux et variés. Le Rabbin H. Seigman a regretté, d'une part que le document ait perdu la chaleur de l'esprit de Jean XXIII et que, d'autre part, il ne contienne pas d'allusi au rôle de l'Eglise dans les persécutions des juifs à travers les siècles Sur un plan négatif, oh peut noter également la réflexion du Rabbin David Polish qui à vu dans la Déclaration une arrogante condescendance, un mani feste Unilatéral sans effort de réconciliation. (Voices of our Brothers, 1/1/1966, 1/11/1966)
Des remarques plus positives ont été prononcées par plusieurs autres représentantsde divers mouvements du judaïsme. américain.
Le Rabbin Abraham J. Heschel. après une première réaction de dé ception, a reconnu que la seule absence de toute référence à la conversio: était par elle-reme significative. (The Dialogue). Pour le. Rabbin J. Kaufman (de la B'nai B'rith) la Déclaration réfute clairement ce préjugé des chrétiens qui consiste à ne voir dans le judaïsme qu'un vestige désue et par ailleurs, elle invite les juifs à faire connaître leur pensée aux chrétiens.
Le Dr Joseph Lichten, de la Ligue Anti Diffamatoire de la B'nai Bfrith a commenté la Déclaration en ces termes :
"En ce jeudi historique, bon nombre d'entre nous ont été surtou Soulagés de voir le principal facteur de discorde entre les deux communau' nettement éliminé. Beaucoup partagent la ferme conviction qu'une telle déclaration a forgé un puissant instrument capable de créer un climat, de côrdialité interconfessionnelle. Ces deux sentiments ont dominé tous les autres car il y a eu des doutes, des hésitations et des déceptions à propos de certains passages de la Déclaration.
Néanmoins, l'impression dominante est que la Déclaration n a pas seulement clos un douloureux chapitre des relations judéo-chrétiennes, mai qu'elle en a ouvert un autre également, nouveau et constructif.
Le Péché d'Antisémitisme, Déclaration des Eglises chrétiennes, publié par la Ligue Anti-diffamatoire de la Binai B'rith, 315 Lexington Ave. N. Y., p.
Le Rabbin Marc Tanenbaum, Directeur des relations interconfessior nelles. The American Jewish Committee pense comme le Rabbin Kaufman que la Déclaration s'adresse aux catholiques :"L'Intention est claire. C'est pour les catholiques un mandat sans ambages d'arracher les racines de l'antisémitisme de toute leur culture religieuse et profane".(10 dec. 1965)
"Il y a encore beaucoup à faire pour que soient supprimées les dernières traces de l'enseignement et du poison antisémites. Tant que des références hostiles au peuple juif continueront à paraître dans les manuels catholiques, missels, commentaires liturgiques et sermons, beaucoup de juifs ne verront dans la Déclaration vaticane sur les juifs qu'un manifeste vain et même hypocrite". (22 mars 1966)
La plupart des commentaires catholiques ont souligné l'appel sans équivoque'lancé par le Document à un réveil de la conscience chrétienne. Un énorme effort doit être entrepris, à tous les échelons de l'enseignement, pour que les communautés non-chrétiennes, et les juifs en particulier soient présentés de façon objective, avec intelligence, humilité et respect.
Le Père Walter M. Abbott, S. (Secrétariat pour l'Unité des chrétiens)
"Dorénavant, aucun catholique ne peut se référer a la Bible pour se permettre de qualifier les juifs de "peuple déicide ou maudit". Ceux qui tenteraient de le faire seraient jugés "hérétiques", si ce terme était `encore en usage dans l'Eglise. L'Eglise réprouve, comme contraire à l'esprit du Christ, toute discrimination, tout mauvais traitement dontre des hommes à cause de leur race, couleur, condition de vie ou religion".
Claire Hutchet Bishop, auteur versé dans l'histoire des rela. tions judo-chrétiennes :
"Malgré certaines restrictions personnelles, je dois avouer cependant que cette Déclaration n'est pas une complète déception. C'est un pas en avant, et elle peut servir de tremplin à un avenir meilleur... Noue devons veiller maintenant à ce que toute forme de mépris dans l'enseigne ment ou la prédication soit éliminée dans les écoles et les églises catholiques. Cela ne se fera que peu à peu mais nous devons nous efforcer d'y parvenir le plus rapidement et le plus complètement possible".
Jubilee, The Council's Statement on the Jews avril 1966
Mgr John Oesterreicher, de l'Université de Seton Hall, U. S. A.
"Quelles que soient les imperfections du texte conciliaire, quelle que soient les critiques, justifiées ou non, la Déclaration est une ouverture, un renouveau oui, avec l’aide de Dieu et par un double effort de coopération, favorisera l'instauration d'une ère de paix heureuse entre chrétiens et juifs. S'il y a bonne volonté de part et d'autre, l'esprit qui anime la Déclaration du Concile nous aidera à marcher côte à côte vers la pleine révélation du règne glorieux de Dieu".
U. S. Catholic, février 1966
Le Docteur Bernhard E. Oison a résumé les réactions protestantes aux Etats-Unis en ces termes :
"Il n'est pas surprenant que laDéclaration du second Concile du Vatican sur les juifs ait .suscité des réactions variées de la part des protestants. Certains sont restés indifférents aux conclusions du document. Pour d'autres, pasteurs ou laTcs, le Concile a traité là d'un pro. blême exclusivement catholique romain, sans rapport avec le protestantisme. Quelques individualités enfin sont nettement hostiles à la Déclaration.
Néanmoins, la plupart. des autorités protestantes sont assez. satisfaites des résultats, surtout ceux qui pensaient qu'aucun document final ne serait, présenté au Concile. Certains considèrent le schéma affaibli, compromis et insuffisant. Cependant, la majorité des protestants qui s'interrogent à ce sujet pensent que les termes plus évasifs de la version adoptée ont été choisis par la Commission de rédaction afin d'obtenir une plus grande unanimité. Une telle unanimité était utile, on le 'comprend, pour un retentissement plus large et plus efficace du schéma".
The Dialogue, sept. 1966
On peut signaler plusieurs résultats concrets de l'intérêt mutuel qui se développe entre catholiques et juifs depuis Vatican II. Chacune de ces réalisations contribue à sa façon à l'accomplissement du plan de Dieu sur les hommes.
A Boston, le Cardinal Richard Cushing a créé une Commission archidiocésaine des Droits de l'Homme, dont la tâche est de travailler en coopération avec d'autres religions, à l'amélioration des conditions de logement, de l'éducation et de l'emploi.
A Washington D. C., s'est créé un Comité Interconfessionnel de lutte contre la misère.
The Pilot, 27/1/66
Une quarantaine de séminaristes du Séminaire diocésain du Sacré-Coeur de Detroit ont été invités dans des familles juives pour le week-end du 18 février.1966. L'idée de ce week-end était due à l'initiative du "Student Human Relation Education in Action" du Séminaire, association qui se propose d'insérer chaque séminariste au coeur des problèmes raciaux et ethniques.
Les religieuses enseignantes de Notre Dame ont mieux compris le sens profond de la Pâque chrétienne en participant cette année à une présentation de la Pâque juive, en leur maison mère de St Louis (Missouri)
The Pilot, 2/4/1966