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Juste parmi les Nations

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« Quiquonque sauve une vie sauve l’univers tout entier »
Phrase extraite du Talmud, et figurant sur la médaille des Justes 

Le titre de Juste parmi les Nations a été créé en 1953 par l’Etat d’Israël, afin d’honorer la mémoire des non-juifs qui ont aidé des Juifs menacés pendant la deuxième guerre mondiale. Pour bénéficier de ce titre, le sauveteur ne doit avoir exigé aucune récompense en échange de l’aide apportée. En outre, il faut que le sauvetage puisse être attesté par des témoignages de personnes sauvées, ou par des documents d’archives. Les personnes reconnues comme telles reçoivent de la part de Yad Vashem une médaille et un certificat honorifique, et leurs noms sont inscrits sur le mur d’honneur du jardin des justes de Yad Vashem (Jérusalem). En 2006, plus de 21000 personnes avaient reçu cette distinction.

NDS

La première religieuse de Sion à recevoir ce titre en 1989 est Denise Paulin-Aguadich (Sr Joséphine), qui, à l’époque de la guerre, était Ancelle. Depuis, six autres sœurs de la congrégation, ainsi qu’un religieux de Notre-Dame de Sion ont reçu la même marque de reconnaissance à titre posthume. Ils ont agi à Grenoble, Paris, Anvers, Rome. L’action de ces religieuses et religieux qui ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale mérite de ne pas être oubliée. Et il y en a d’autres, qui, même s’ils n’ont pas (encore ?) reçu de reconnaissance officielle, ont œuvré dans le même sens, chacun à leur place.

 

Grenoble : Mère Marie Magda (Marthe Zech) et Soeur Joséphine (Denise Paulin-Aguadich)

 Née le 24 septembre 1879 à Soignes (Hainaut, en Belgique), Marthe Zech est issue d’une famille de huit enfants. Elle a une sœur jumelle, Madeleine, laquelle entrera aussi dans la congrégation sous le nom de Mère M. Guillaume [1] . Mère M. Magda prononce ses premiers vœux en 1908, quatre ans après sa sœur. Elle fut appelée à voyager beaucoup : Prague, Istanbul, Marseille, Tunis…En 1936-1938, elle se trouvait à Oradea Mare (aujourd’hui en Roumanie), et en 1938-1940, à Strasbourg, comme première assistante. Lors de l’évacuation de la ville au début de la guerre, la communauté de Strasbourg dût se disperser : un groupe se réfugia à Gérardmer, tout proche ; un autre, conduit par Mère Odile, partit pour Grandbourg ; tandis qu’un dernier groupe, conduit par Mère Magda, partait à Grenoble fonder une nouvelle maison : elles y parvinrent en septembre 1940.

Denise Paulin (Sr Joséphine) est beaucoup plus jeune : née en 1913, elle prononce ses vœux comme Ancelle[2] le 26 avril 1940, et avait donc 27 ans au moment des événements. Elle est envoyée à Grenoble dès septembre 1940.

NDSLà, les conditions de vie de la nouvelle communauté ne sont guère faciles : les sœurs vivent dans un hôtel particulier, la villa Truchetet qu’elles ont pu obtenir et aménager grâce aux parents d’une des religieuses. Elles décident d’ouvrir un pensionnat dès la rentrée 1940. Mais rapidement, la villa devient trop petite : il y avait une soixante d’inscriptions d’élèves dès la première année, parmi lesquelles des Alsaciennes qui avaient suivi les sœurs depuis Strasbourg. La communauté fut donc contrainte de louer un puis plusieurs appartements supplémentaires. Cela obligea à multiplier les allers et venues, mais eut le mérite de faciliter les opérations de sauvetages. Pendant un mois, les sœurs ont vécu dans des conditions précaires, dormant sur des paillasses, qui dans la chapelle, qui dans des salles de classe. Chaque pièce avait plusieurs usages successifs : par exemple la sacristie devenait salle à manger 3 fois par jour et, entre temps, parloir de la directrice ou salle pour des leçons particulières. La nuit c’était la chambre d’une sœur. Les professeurs laïcs avaient leur salle à manger et salle des professeurs dans un petit bâtiment qui avait contenu des clapiers et des cours eurent lieu dans une salle de bain contenant une vieille baignoire 1900 à quatre pieds [3] !

Mère Magda comme supérieure, Sr Joséphine comme assistante sociale et infirmière du pensionnat, mais d’autres aussi, comme Mère Théodore ou Sr Ignace (Anne-Marie Van Hissenhoven, une autre Ancelle, originaire d’Anvers en Belgique), chacune fit ce qu’elle pouvait pour aider les Juifs. Grenoble était alors en zone libre ; cette ville et sa région étaient donc devenues une sorte de refuge pour des personnes en danger de zones occupées, d’autant plus que jusqu’en 1943, le préfet de l’Isère appliquait les ordres « sans grande conviction », ce qui lui valu d’ailleurs d’être destitué, puis déporté[4]. Malgré cela, la ville fut soumise à une rafle très violente en août 1942, que Sr Joséphine détaille d’ailleurs dans son journal avant de cesser d’y écrire sans que l’on en sache la raison. Il faut noter enfin qu’après novembre 1942, la zone fut sous occupation italienne, ce qui aura son importance, l’armée italienne ayant été dans l’ensemble peu favorable aux persécutions antisémites. Ainsi Jacqueline Mizné, élève interne au pensionnat, fut sauvée grâce à Mère Magda, à Sr Joséphine et au capitaine responsable italien du secteur. Ce dernier alla jusque faire libérer la fillette qui avait été assignée à résidence chez elle et ses parents pris. Ce capitaine connaissait Sion par sa sœur, qui avait été élève au pensionnat de Rome et en gardait de bons souvenirs. Il fut donc influencé favorablement en reconnaissant le costume de Mère Magda. De plus, il semblerait que la Gestapo ait arrêté les Mizné sans prévenir la police italienne, ce qui rendit ce capitaine mécontent et le poussa à libérer la fillette et à donner des ordres pour qu’il en soit fait de même avec sa mère (la famille Mizné put être réunie à la Libération).

L’action des sauveteurs consistait à fournir de fausses cartes d’identité et d’alimentation, à cacher des filles parmi les élèves du pensionnat, à contribuer à trouver des places dans les fermes des environs pour des enfants que deux assistantes sociales juives, Ethel et Colette, allaient chercher à Paris, ou à aider des personnes à passer en Suisse. Ethel et Colette sillonnaient la campagne pour trouver des familles d’accueil où cacher des enfants. Les sœurs travaillèrent aussi avec Germaine Ribière[5], ainsi que des organisations comme l’OSE[6] ou une émanation clandestine des Eclaireurs Israélites de France. Sr Joséphine avait de nombreuses connaissances, et savait parfaitement utiliser ce réseau. Cela allait d’une voisine, Isaure Luzet[7] dite « Le Dragon », pharmacienne, à ses propres parents, M. et Mme Paulin, à Chapareillan, sans oublier les amis qu’elle avait à Notre-Dame de l’Osier, commune proche de Grenoble où purent se réfugier de nombreux Juifs ainsi que des résistants. Sr Joséphine fit aussi partie du réseau de résistance Combat. Les témoignages sont nombreux de tout ce qui a été fait[8]. Citons toutefois les noms de Jacqueline Mizné, Hélène Kalmus, Rita Verba (cachée sous le nom de Marguerite Sturm), Suzanne Erbsman…Rachel Levy, une fillette cachée au pensionnat, fut camouflée derrière le dos de Mère Théodore qui affirmait dans le même temps que l’enfant n’était pas dans la maison. Lorsque les Allemands venaient perquisitionner, Mère Magda, qui parlait couramment leur langue, était chargée de retarder au maximum les soldats pendant que les fillettes passaient chez les Rédemptoristines voisines. Une fois, l’une d’elles fut abritée à l’infirmerie, « ayant attrapé une maladie fort contagieuse ». Tout ce qui se faisait restait secret. Parfois on faisait passer les enfants juifs de passage pour des protestants, ce qui expliquait qu'ils n'aillent pas à la chapelle. Peu de personnes étaient au courant, si bien qu’il arrivait que quelqu'un s'étonne que ces enfants ne sachent pas le Notre Père... Il y avait aussi, bien sûr, le problème de l’étoile jaune. Sr Joséphine se souvient qu’un des enfants avait gardé l’étoile. Elle l’avait décousue, mais la marque se voyait toujours sur le vêtement, et l’enfant avait dû enfiler son pull à l’envers pour la cacher… Elle conclut ainsi ce souvenir « Cette marque était comme le symbole de l’empreinte inoubliable de la souffrance et de la peur qui est demeurée pour toujours dans l’âme de chacun d’eux. »

Une religieuse de Grenoble, Sr Eliezer, était d’origine polonaise juive. Un matin, après une nuit de rafles, des messieurs en civils sont venu la chercher sous son nom civil. D’après les souvenirs de plusieurs sœurs, on appela Mère Magda et celle-ci répondit qu’elle ne connaissait personne de ce nom là. Les enquêteurs dirent qu’ils reviendraient après avoir vérifié. A la suite de cela, Sr Eliezer fut cachée chez les Rédemptoristines qui avaient une maison en face de Sion, et elle a pu être sauvée. Les enquêteurs ne sont jamais revenus. Ainsi, ce qui arriva à Sr Gila, arrêtée à Issy-les-Moulineaux et déportée, avait pu être évité à Grenoble.

Le curé de la paroisse voisine était le P. Jaquet. Il avait aménagé un grenier où il pouvait loger quelques personnes en danger ou en attente de papiers, mais uniquement pour quelques jours. Les Ancelles leur portaient alors de la nourriture discrètement en se rendant à l’église.

Sr Joséphine dû quitter Grenoble en 1943, car ses activités commençaient à être trop connues. Nous la retrouverons à Paris dans le chapitre suivant. Mère Magda reçut une obédience pour Grandbourg à peu près à la même époque, et elle y resta jusqu’à son décès en 1947, remplacée au supériorat de Grenoble par M.M. Clotilde. Elle reçut le titre de Juste parmi les Nations en 1993, à Anvers.

A partir de septembre 1943 et la capitulation italienne, la zone fut occupée par les Allemands et la dernière année avant la libération fut particulièrement sévère. A cette époque, les religieuses de Grenoble décidèrent de demander asile aux Pères OMI (Oblats de Marie Immaculée) à Notre-Dame de l’Osier et d’y déménager une partie du pensionnat, car la ville devenait trop dangereuse après l’explosion d’une poudrière dans une caserne de la ville. Sr Jeanne-Simone (Lugand) remplaça alors Sr Joséphine. La difficulté de son action fut encore accentuée par le fait qu’elle n’était pas Ancelle et n’avait donc pas la même liberté de mouvement que sa consœur, d’autant plus qu’elle portait le costume religieux. Elle prononça ses vœux perpétuels le 8 septembre 1943, justement au moment de l’occupation de la région par les Allemands. Elle ne put faire la retraite habituelle avant ces vœux, car des personnes avaient besoin d’elle, et c’était une question de vie ou de mort ! Sr Jeanne-Simone écrit dans le témoignage qu’elle envoie à Sr Anna-Maria « En relisant ce que je viens d’écrire, je ne retrouve pas l’atmosphère de crainte et de travail intense qui existait vraiment. Je ne sais comment j’ai pu évoluer au milieu de tant de soucis et de problèmes, avec la menace constante de la Gestapo. En effet, nous étions sous écoute téléphonique, un individu veillait au bout du chemin privé qui menait chez nous, nous avions des parents dans la résistance, nous avions des parents d’élèves favorables à l’occupant(…). »

Sr Jeanne-Simone est décédée à Saint-Gratien, le 4 août 2005. 

Note sur les Ancelles :

 

La congrégation des Ancillae (Servantes) de Notre-Dame, Reine de Palestine, est née en 1924, de la rencontre de quelques jeunes filles animées d’un fort attrait pour la vie missionnaire, et de Dom Pirro Scavizzi, le directeur spirituel de l’une d’elles. Avec l’appui du Patriarche de Jérusalem, elles partirent en Terre Sainte et fondèrent cette congrégation, lui donnant le nom du sanctuaire près duquel elles purent s’établir, entre Jérusalem et Tel Aviv. Elles avaient pour vocation l’apostolat direct envers les Musulmans et les Juifs, en Terre Sainte.

La nouvelle congrégation s’étoffa peu à peu et s’implanta à Rafat, Jérusalem et Pavie, où elle ouvrit son noviciat. Un lien fut alors tissé, par l’intermédiaire du Patriarche de Jérusalem, entre la congrégation des Ancelles et celle de Notre-Dame de Sion dont la supérieure générale était alors Mère Marie Amédée. C’est en 1936 que fut prise la décision d’intégrer les Ancillae à la congrégation, sous le nom « d’Ancelles de Notre-Dame de Sion ». Les Ancillae purent choisir d’entrer ou non à Notre-Dame de Sion, ce que firent la plupart d’entre elles. L’une d’elle, au lieu d’entrer comme Ancelle, se fit Contemplative à Sion. Les quelques autres entrèrent dans d’autres congrégations. Cette nouvelle branche, bien que faisant pleinement partie de la congrégation, menait une vie différente des autres religieuses de vie apostolique. Par exemple, les Ancelles portaient l’habit civil en dehors des murs du couvent et se faisaient appeler « Mademoiselle » par les laïcs qu’elles rencontraient, car leur état de religieuse devait rester inconnu à l’extérieur. Dans la congrégation, on les appelait « Sœur », et non « Mère » (il faut noter que les sœurs converses aussi étaient appelées « Sœur ». Ainsi, si dans un texte, on lit « Sr Marie-X », il peut s’agir, soit d’une Ancelle (de choeur ou converse), soit d’une sœur converse, soit d’une novice ou d’une sœur en vœux temporaires. Si on lit « Mère Marie-X », il s’agit toujours d’une sœur professe de chœur non Ancelle.).

En 1964, le chapitre général de la congrégation prononça la séparation juridique entre les Ancelles et Notre-Dame de Sion. Les Ancelles formèrent alors une association qu’elles nommèrent Pax Nostra. Les anciennes Ancelles purent choisir de rester dans la congrégation ou d’entrer à Pax Nostra.

 Paris : Mère Marie Francia (Gabrielle de Linarès) et Soeur Agnese Maria (Emma Navarro)

NDSGabrielle Gonzalès de Linarès est née en 1898 d’une famille nombreuse, à laquelle elle a toujours été attachée. Elle prononça ses premiers vœux en 1928 et ses premières obédiences l’amenèrent à Strasbourg, Bucarest, le Mans. C’est en 1934 qu’elle fut envoyée à Paris, comme directrice du pensionnat, et, à partir de 1941, première assistante. Une sœur dira d’elle lors de sa messe d’enterrement : « d’un abord austère quand on ne la connaissait pas, on découvrait en l’abordant une femme d’une grande bonté, attentive à ce qu’on lui disait, écoutant avec son cœur (…). Elle fut aussi une aide précieuse pour les familles des élèves, cherchant à les comprendre, à les aider, voire même à les dépanner en cas de besoin. ». Le couvent de Paris était alors une très grande maison : environ 126 religieuses, sans compter le conseil général. Le pensionnat comptait environ 400 élèves.

 Sr Agnese (Emma Navarro) est une italienne qui a à peu près le même âge : née en 1900, elle fit partie à partir de 1930 des premières Ancelles, et a donc vécu en Terre Sainte de 1931 à 1934, puis de 1936 à 1937, année où elle prononce ses vœux à Notre-Dame de Sion. C’est en 1938 qu’elle est appelée à Paris. Là, avec une autre Ancelle, Sr Gabriella Londei (envoyée par la suite à Marseille), elle fonde ce qu’on appela le « Centre du Marais », le Marais étant le quartier Juif de Paris. Il s’agissait d’une permanence où les enfants venaient étudier ou faire leurs devoirs, recevoir quelques cours comme des cours ménagers, consulter des livres de la bibliothèque, etc. Chaque été, des colonies de vacances étaient organisées à Grandbourg. Assez rapidement, le bouche à oreille fit son office et les enfants vinrent nombreux.

 Lorsque la guerre éclata, Mère Francia comme Sr Agnese se rendirent compte assez vite du danger couru par les Juifs, car ils étaient nombreux, au pensionnat comme au Marais. L’action de ces religieuses fut assez proche de celle poursuivie par les sœurs de Grenoble : là encore, il s’est agi de cacher des enfants, de leur donner des fausses cartes, et éventuellement, de leur permettre de fuir hors de Paris. Comme à Grenoble, il était impossible d’agir seules, et elles reçurent de l’aide de la part d’assistantes sociales (Mlle Hue, par exemple, qui leur procurait des faux papiers et cherchait des placements pour les enfants), de prêtres (le Père Devaux, prêtre de Notre-Dame de Sion, qui reçu lui aussi la Médaille des Justes en 1996), la cousine de Mère Francia, la concierge de la cousine, le médecin de la cousine (qui fournissait des certificats nécessaires à l’envoi des enfants en lieu sûrs « pour des raisons de santé », certificats que le docteur de la communauté refusait de donner) et de beaucoup d’autres, dont, ici encore, Germaine Ribière, et le P. Chaillet[9]. Cette équipe de gens prêts à aider jusqu’au bout, ce n’est pas vraiment à Sion que M. Francia la trouve. Cette dernière raconte en effet qu’elle n’était sûre que de quatre sœurs[10] , mais qu’elle tenait les autres plus à l’écart car elles étaient déjà très occupées, et surtout, par crainte des bavardages de sœurs inconscientes du danger.

 Ici comme à Grenoble, des quiproquos  ont permis de sauver des sœurs. Mère Francia a raconté à Sr Anna-Maria que des policiers étaient venus un jour avec une liste qui commençait par « Mme Adra ». De toute bonne foi, elle a pu dire qu’elle ne connaissait personne de ce nom là. Ce n’est que plus tard qu’elle s’est rendue compte qu’il s’agissait sans doute de Sr Andrea-Maria, une Ancelle qui travaillait avec Sr Agnese au Centre du Marais. Mais la suite de la liste contenait aussi des noms d’enfants qui étaient cachés au pensionnat. Mère Francia raconte qu’elle a répondu avec un grand aplomb : « C’est vrai, ils sont ici, mais il n’y a rien à faire, je ne vous les donnerai pas, prenez-moi si vous voulez, mais les enfants, jamais ». Le policier a fini par partir et semble ne pas être revenu. De toute façon, Mère Francia avait pris des dispositions et envoyé les enfants se cacher chez différentes personnes, dont les Dominicaines de Montligeon. Parmi les enfants de cette liste se trouvaient Janine et Paulette Bitchatch (élèves au pensionnat dès avant la guerre) et Geneviève Lang. Elles ont été sauvées. Geneviève a été envoyée dans une famille parisienne de sa connaissance qui prétendit qu’il s’agissait d’une parente provinciale. En mars 1943, Geneviève rejoignit Sion de nouveau et y resta jusqu’à la fin de la guerre. Elle retrouvera alors sa mère et sa sœur (qui avait été cachée à Notre-Dame de Sion de Lyon). Son père n’est jamais rentré de déportation. Dans son témoignage, Geneviève insiste sur le fait qu’elle n’a jamais senti la moindre pression pour être baptisée, et qu’elle n’a pas essuyé à Sion de remarques blessantes (elle portait l’étoile jaune), à la différence du cours privé qu’elle avait fréquenté auparavant. Après coup, Mère Francia pense qu’il y a des gens qui l’ont aidée à la police, même si elle n’a jamais su qui.

Au Centre du Marais, on venait demander conseil et confier ce qu’on avait de plus précieux, y compris les enfants. Mademoiselle Hue, assistante sociale qui, nous l’avons vu, travaillait aussi avec Mère Francia et le Père Devaux, procurait des faux papiers pour les familles des enfants. Voici un extrait de ce que Sr Agnese raconte à Sr Anna-Maria :

« Le père de la petite Anna nous avait dit : « moi, je vous confie ma fille ». Il avait perdu sa femme, et je crois qu’un de ses fils avait été pris (…) Nous avions fait de faux-papiers (…). Un jour, des enfants montaient chez nous et nous ont dit « Mademoiselle, ils ont pris le père d’Anna ». J’étais bouleversée parce qu’après cela, est arrivée la concierge avec un bout de papier sur lequel était marqué « Mademoiselle, Anna n’a plus que vous au monde. Dorénavant, vous êtes son père, sa mère ». Quand le père avait été pris, il avait demandé à chercher quelques affaires, et c’est à ce moment qu’il avait rédigé le mot. Par la suite, j’ai caché la petite chez les sœurs du Bon Secours ». Un jour, elle répondit au téléphone à la Gestapo qui la menaçait : Si j’ai pris la petite, c’est pour la sauver, et pas pour la livrer ».

Sr Andrea-Maria, Ancelle elle aussi, allait chercher les enfants, faisait des accompagnements à la gare, et assurait le suivi des tickets d’alimentation. Cela générait une correspondance importante qui arrivait au 61 rue Notre-Dame des Champs, ce qui explique probablement qu’elle ait été recherchée par la police.

Mais tout n’était pas triste. Par exemple, Sr Agnese raconte aussi : « Nous avons fait des fêtes magnifiques (…). Nous avons présenté l’histoire d’Esther. Nous avions des costumes que Mère Amédée nous avait prêtés ». Tous les étés, elle continuait à amener les enfants en colonies de vacances à Grandbourg. Le journal de la maison d’Evry raconte même que les enfants allaient jouer dans la piscine qui se trouvait là[11].

 Après septembre 1943, Sr Joséphine est appelée à Paris où elle seconde, puis remplace Sr Agnese comme directrice, car il fallait une assistante sociale française pour que le centre puisse être reconnu « Centre Social ».

 A la fin de la guerre, Sr Agnese est restée quelques temps à Paris avant d’être envoyée à Rome, où elle continua l’œuvre commencée en France en ouvrant un dopo scuola  (« après l’école ») proche du Ghetto de Rome. Elle y est restée jusqu’à son décès en 1998. La Médaille des Justes lui est attribuée en 2010.

Sr Joséphine est restée à Paris jusqu’en 1953, puis a quitté la congrégation et s’est mariée. Elle est décédée en 2010. C’est la première des religieuses de Notre-Dame de Sion à avoir reçu le titre de Juste parmi les nations (en 1989). L’attention de Yad Vashem avait été attirée sur elle par Mme Isaure Luzet, qui avait affirmé lors de la cérémonie de remise de sa propre médaille qu’elle n’aurait rien pu faire sans elle.

NDS

Mère Francia, enfin, a passé quelques années à Paris puis à Saint-Omer, avant d’être nommée supérieure des Ancelles (1951-1959), puis envoyée en Espagne fonder une nouvelle insertion sionienne. A son retour en France en 1964, elle est restée à Paris jusque 1980, puis envoyée à Issy-les-Moulineaux où elle décède en 1992. La médaille et le diplôme de Juste parmi les Nations qui lui ont été attribués à titre posthume en 2006 sont actuellement exposés dans le hall de l’établissement scolaire qu’elle a dirigé si longtemps et où elle a sauvé les enfants, rue Notre-Dame des Champs à Paris.

Anvers (Belgique) : Mère Marie Dora (Anna Otto)

 NDSAnna Otto, la future Mère M. Dora, est née le 29 mars 1874 à Bruxelles. Comme Mère Magda, elle avait huit frères et sœurs, dont plusieurs entrèrent dans les ordres. Une de ses sœurs fit profession à Notre-Dame de Sion sous le nom de Mère M. Stéphane.

Entrée au noviciat en 1898 (elle prononce ses premiers vœux le 4 février 1900), elle fut de nombreuses fois appelée à être supérieure de maison : à Roustchouk en Bulgarie pendant dix ans, puis quatre ans à Galatz, avant d’être nommée supérieure de Saint-Omer en août 1938. On peut lire dans son ménologe[12] que « ce qui frappait avant tout dans sa physionomie, c’était sa bonté ; son cœur compatissant à toute peine, et elle savait être maternelle pour chacune ; tout en restant ferme pour le maintien de la règle et de l’esprit religieux ». La bonté, c’est aussi le souvenir que gardent d’elle les Anciennes de Saint-Omer et d’Anvers.

Depuis la fin de 1939, les alertes devenaient de plus en plus fréquentes et dès mai 1940, ce fut l’exode, les populations du nord fuyant vers le sud. La lettre sionienne relatant la période de guerre de Saint-Omer raconte « Dans toute la ville, ce n’étaient que convois sans fin, autos chargés de matelas, venant surtout de la Belgique ». La maison accueille des réfugiés, dont de nombreuses religieuses d’autres congrégations. Puis ce furent les premiers bombardements, et les bâtiments de Notre-Dame de Sion de Saint-Omer furent réquisitionnés pour servir d’ambulances[13] et y recevoir des blessés. Les Allemands entrèrent dans la ville le 23 mai. Etant donnée la fréquence des alertes, les dortoirs furent transportés dans les caves et les caves du bâtiment des classes servirent d’abris publics pendant un temps. Le 30 août 1940, les Allemands occupèrent la maison. En décembre 1940, un avis de la Kommandantur parvint aux sœurs : Mère Dora devait se rendre le lendemain à la gare avec ses bagages, car elle était Belge. Et en effet, le lendemain, elle y retrouva une centaine de personnes, dont plusieurs autres religieuses de la ville, toutes Anglaises, Belges ou Hollandaises. Elles furent internées à Troyes, dans une école, dans des conditions difficiles : il fallut dormir sur de la paille et souffrir du manque d’intimité et d’eau pour se laver. Mais les Petites Sœurs des Pauvres de la ville vinrent en aide aux internées avec de la nourriture et des produits de pharmacie. Deux jours plus tard, M. Dora ainsi que plusieurs autres religieuses reçurent l’autorisation d’être transférées chez elles. Finalement, elle obtint un ordre de rapatriement en Belgique et fut transférée début mars à Bruxelles, puis Anvers. Elle peut enfin rentrer à Saint-Omer le 30 mai 1941, soit cinq mois et demi après son départ. Sa santé déjà précaire fut encore fragilisée par cet épisode.

L’année suivante, en février 1942, elle reçut une obédience pour prendre la direction de la maison d’Anvers. M.M. Guillaume, la sœur jumelle de Mère Magda Zech, l’y rejoindra au mois d’août, quittant Evry où elle vivait depuis onze ans.

Pendant l’été, suite aux grandes rafles, Mère Dora cacha des enfants au pensionnat sous de faux noms. C’est le cas en particulier de Lydia Werkendam, qui avait alors sept ans. Elle raconte qu’un jour, lors d’un bombardement, tout le couvent était parti se réfugier dans un abri. Une des sœurs, se rendant compte de l’absence de Lydia, se précipita à l’étage pour la réveiller et l’amener à l’abri. Lydia ajoute que sa mère fut en contact étroit avec le couvent pendant toute la durée de la guerre et que « les sœurs faisaient l’impossible pour rassurer maman ».

Mère Guillaume recueillit au couvent des aviateurs alliés tombés en territoire occupé par les Allemands. Elle organisa une filière d’évasion pour ces aviateurs, mais aussi pour des résistants et des Juifs, qui passait par la France (Grenoble, où sa sœur jumelle dirigeait l’établissement de Sion) puis par la Suisse ou l’Espagne et le Portugal. Il est probable que Mère Dora et Mère Guillaume aient été aidées dans leur action par le Père Demann, père de Sion, qui se trouvait à Louvain à cette époque.

La santé de Mère Dora était fragile, et elle ne survécut pas à une opération chirurgicale qui fut pratiquée le sept juillet 1944. Elle décéda le 23 septembre 1944, quelques jours après la libération d’Anvers, qui eu lieu au début du mois. Elle reçut la médaille des Justes en 1998.

Mère M. Guillaume est décédée le 27 novembre 1963, à Paris.

 

Rome (Italie) : Mère Marie Augustine (Virginie Badetti) et Mère Marie Agnesa (Emilie Benedetti)

 NDSMère Augustine (Virginie Badetti), est née le 29 mai 1881 à Istanbul. Après avoir prononcé ses premiers vœux en 1926, elle vécut la plupart du temps dans l’actuelle province de Méditerranée : Turquie, Egypte, Tunisie… C’est en 1942 qu’elle est envoyée à Rome pour devenir supérieure de la maison. Elle remplace Mère Mariella, appelée à Saint-Omer prendre la suite de Mère Dora à son départ pour Anvers.

Mère M. Agnesa, est née à Rome en 1902. Là, elle fut élève au pensionnat de Notre-Dame de Sion, puis suivit des études d’infirmière et de théologie. Comme les premières Ancelles, elle a pour directeur spirituel Don Pirro Scavizzi. Après avoir prononcé ses premiers vœux à Paris le 20 janvier 1928 et un bref passage à Trente, elle passa tout le reste de sa vie à Rome. A cette époque, la congrégation y dirigeait un grand pensionnat sur le Janicule qui ferma ses portes à la veille de la guerre. A la place, on ouvrit un orphelinat dont Sr Agnesa fut la première directrice.

La guerre entre l’Allemagne et l’Italie fut déclarée le 10 juin 1943, et Rome fut bombardée pour la première fois le jour même. La maison des sœurs se situant en haut de la colline du Janicule, elles purent observer « le désolant spectacle (…) des flammes qui montaient effrayantes vers le ciel ».

C’est à partir du 8 septembre 1943 et la capitulation italienne que se situent les évènements dont il est ici question. Rome fut alors occupée par les Allemands après une bataille qui se déroula en partie dans le quartier où se trouve la maison : un projectile de canon tomba même dans la cour, brisant une vitre. Les premières rafles eurent lieu dès le 15 octobre. Le récit qui a été rédigé à la fin de la guerre sur la maison de Rome pendant cette période raconte : « Le 16 octobre, à l’aube (…), il pleuvait, des groupes compacts de femmes israélites accompagnées de leurs enfants franchissent le cancelle de la via Garibaldi. » Mère Augustine accepta de les recueillir au couvent. Il fallut faire de la place pour accueillir des personnes si nombreuses, et on dû déménager les meubles encombrants. Heureusement, pour le premier jour, la plupart des personnes avaient apporté de quoi manger. Etant donné le bon accueil qui leur avait été réservé, les femmes demandèrent à Mère Augustine l’autorisation de faire venir leurs maris. Celle-ci accepta, non sans en avoir demandé auparavant l’autorisation au vicariat. Le réfectoire fut alors transformé en salle à coucher et il fallait sans cesse enjamber des grabats. Toute la place, même la plus petite, fut occupée : l’espace sous l’escalier abrita un ménage de sept personnes. Mais des familles entières furent ainsi accueillies, ce qui leur permit de ne pas être séparées. La serre abritait les derniers arrivés. Une cloche fut installée dans la maison du concierge afin de servir de signal d’alarme : lorsqu’elle sonnait trois fois, chacun devait courir se cacher. Il y avait par exemple une cave à charbon qui pouvait contenir une cinquantaine de personnes, mais n’avait qu’une ouverture, fermée par une lourde armoire de chêne, aucune fenêtre ni aucune autre porte. S’y cacher, c’était risquer de rester enterré vivant. Par la suite, les réfugiés préférèrent se cacher plutôt chez des voisins en cas d’alerte car dans cet abri, on étouffait littéralement. Si, lors de l’une de leurs perquisitions dans la maison, les Allemands apercevaient ces lits de fortune, on leur expliquait qu’il s’agissait de matelas d’évacués, ce qui était possible car ils étaient alors nombreux à Rome. Une fois, une femme ne parvint pas à temps à rejoindre sa cachette : une sœur enleva alors sa coiffe et la lui mit sur la tête en lui donnant en même temps une marmite pleine à remuer.

En dehors des alertes, on essayait de vivre le plus normalement possible. Certains profitaient du jardin pour s’y promener ou y jardiner, d’autres travaillaient pour le Vatican en dépouillant la correspondance à propos de la recherche de prisonniers, en échange d’une petite rétribution. Pour effectuer ce travail, ils avaient reçu du Vatican des machines à écrire, qu’ils utilisaient probablement aussi pour faire des faux-papiers.

Les personnes qui étaient cachées cherchaient à se rendre utiles aux sœurs par tous les moyens, apportant les plateaux aux malades, portant des seaux, etc. Le samedi, certains se réunissaient pour prier et lire des psaumes. Sr Dora (Rutar) se souvient que lors de sa profession, en décembre 1943, les hôtes juifs de la communauté prirent part à la célébration. Sr Luisa (Girelli) ajoute « c’était bouleversant, parce qu’en dépit du danger, les Juifs ont participé avec nous à une fête qui n’était pas la leur. Ils l’ont fait pour nous manifester leur gratitude ». Le Père Marie Benoît, capucin qui lui aussi reçu la médaille des Justes, vint plusieurs fois rendre visite aux sœurs.

Le problème du ravitaillement fut évidemment difficile à résoudre. Une sœur était chargée d’aller au marché noir, et des femmes cachées venaient parfois l’aider. Il est probable aussi que les hommes qui étaient rémunéré donnaient au moins une partie de leur argent pour payer leur nourriture, ou se la procuraient eux-mêmes. Les sœurs ont demandé, et reçu, l’aide du Vatican pour l’approvisionnement, au moins de manière ponctuelle.

Cette situation dura dix mois. Heureusement, Mère Augustine avait fini par obtenir un document attestant que la propriété était protégée par le Vatican et qui en interdisait les perquisitions. Un jour, les Allemands essayèrent quand même d’entrer dans la maison. Quelques Juifs cachés prirent peur et essayèrent de s’enfuir. Ils furent pris et l’un d’eux torturé. Cela eu lieu quelques jours avant la libération de Rome, qui advint le 4 juin 1944 : ils furent ainsi délivrés avant d’avoir été envoyés dans les camps. Au final, tous les Juifs cachés à Sion furent sauvés. Il y avait là des avocats, des commerçants…certains avaient apporté avec eux des trésors, bijoux, or. Le tout avait été mis en sûreté et put leur être restitué intégralement.

 

Mère Augustine fut envoyée à Trieste en octobre 1945 et y resta quelques années avant d’aller à Paris où elle décéda le 20 novembre 1949. Mère Agnesa, elle, resta à Rome jusqu’à la fin de sa vie en 1952. Toutes les deux ont reçu le titre de Justes parmi les Nations en 1999.

Les sœurs qui se sont engagées en faveur des Juifs à l’heure des persécutions ont agi individuellement. Mais chacune savait sur qui elle pouvait compter, dans la congrégation, dans leur famille, dans leur entourage.

Si on les interroge sur les raisons qui les ont fait agir comme elles l’ont fait, toutes répondent qu’elles n’ont fait que leur devoir, et que, d’ailleurs, elles n’avaient pas toujours conscience d’agir de façon héroïque.

Pour conclure, nous pouvons citer avec Denise Paulin-Aguadich le P. Bromberger : « Dans la Résistance, le courage a consisté à demeurer en cet état de rêve éveillé qui nous permettait non seulement de faire des choses dangereuses, mais aussi de ne pas savoir très bien ce que nous faisions. »

Céline Hirsch Poynard
Archiviste de la congrégation de Notre-Dame de Sion - Juin 2011

  

Sources utilisées :

-Dossier de témoignages de sœurs ou de laïcs ayant participé aux évènements, principalement à Paris et à Grenoble. Ce dossier a été constitué dans les années 1990 par Sr Anna-Maria (Gollé). Un exemplaire de ce dossier se trouve aux archives de Rome, un autre à Paris.

-Les « lettres sioniennes »[14] relatant l’épisode de la guerre, en général écrites vers 1945 ou 1946 (très peu de lettres sioniennes ont été écrites pendant la guerre).

-Les journaux de maison.

-Le registre des professes, qui donne des indications de dates et de lieux sur la vie des sœurs.

-Les ménologes, biographies et notices nécrologiques lorsqu’elles existent.

-Les documents ayant appartenu aux sœurs ou à leur dossier, lorsqu’ils existent.

-Une brochure éditée par Grenoble en 1990, pour fêter le cinquantième anniversaire de la maison.

-Le livre de Madeleine Comte, Sauvetages et baptêmes, les religieuses de Notre-Dame de Sion face à la persécution des Juifs en France (1940-1945), publié chez l’Harmattan en 2001.

-Le livre de Limore Yagil, Chrétiens et Juifs sous Vichy (1940-1944), sauvetage et désobéissance civile, publié au Cerf en 2005.

-Un article écrit par Xavier Zech, petit neveu de Mère Magda et Mère M. Guillaume, ainsi que quelques photos.



[1] Mère M. ou M.M. signifient Mère Marie. A cette époque, toutes les religieuses de Sion portaient le nom de « Marie », et il était donc souvent abrégé à l’écrit, voire supprimé à l’oral.

[2] Voir encadré ci-dessous.

[3] Lire à ce propos les souvenirs d’une ancienne élève dans la brochure éditée en 1990 pour le cinquantenaire de la maison de Grenoble.

[4] Il s’agit de Raoul Didkowski, préfet de 1940 à août 1943.

[5] Germaine Ribière a reçu la Médaille des Justes en 1967.

[6] Organisation de Secours aux Enfants, œuvre juive fondée en Russie en 1912, et introduite à Paris en 1933.

[7] Isaure Luzet a reçu la Médaille des Justes en 1989. Elle cachait entre autres les protégés de Notre-Dame de Sion lorsqu’une visite des Allemands était annoncée.

[8] Pour plus de détails, on pourra se référer en particulier au livre de Madeleine Comte, Sauvetages et baptêmes, et au dossier de témoignages recueillis en 1990 par Sr Anna-Maria (aux archives)

[9] Le Père Chaillet a reçu la médaille des Justes en 1981.

[10] Il s’agit de Mère Apollonie, alors sous-maîtresse des novices, de Sr Martha et Sr Charline (à la loge), et de Sr Lutgarde. Nous savons aussi que Sr Marie-Labre et Sr M. Nazaire ont aidé au réfectoire, et que Sr Hildeberthe, d’origine allemande, a effectué des « démarches difficiles » auprès de la Kommandantur (citée par Germaine Ribière)

[11] 10 août 1942 : « Notre piscine continue à avoir grand succès, les matins avec la colonies des enfants de Paris, les soirs, avec celle des Ancelles. » Il faut ici distinguer la maison de Grandbourg et celle d’Evry. Ces deux maisons sont situées dans la commune d’Evry, mais il s’agissait bien de deux communautés différentes, l’une dirigeant un pensionnat tandis que l’autre s’occupait principalement d’une école paroissiale et de visites aux malades.

[12] On appelle ménologe les petites biographies qui étaient écrites après décès, à propos de certaines sœurs qui avaient eu une vie exemplaire ou particulièrement vertueuse, ou qui avaient eu des responsabilités importantes dans la congrégation. Ces textes (en général deux ou trois pages) étaient lus au réfectoire tout au long de l’année.

[13] Ce terme désigne des lieux qui servent de lieu d’accueil et de soins « généraux » pour les blessés militaires, mais où il n’y a pas de médecins permanents, contrairement aux hôpitaux militaires.

[14] Il s’agit de lettres que les communautés écrivaient chaque trimestre afin de faire part au reste de la congrégation des nouvelles et événements marquants arrivés pendant ces trois mois. Les journaux de maison, eux, sont des cahiers dans lesquels une religieuse écrivait jour après jours les événements notables ainsi que les activités de la communauté.

 

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