D'autres articles de cet numéro | En anglais | En français
Présentation
Les Editeurs
Nous vivons actuellement une période dramatique de migrations, conséquence sans doute des injustices du système capitaliste, période en même temps de nouveauté, de transformation de nos sociétés homogènes, "ethnocentristes" en une société nouvelle, multiraciale, multiculturelle et multireligìeuse. Quel que soit, de nos jours, le statut des innombrables émigrants, qu'on estime à 100 millions environ dans le monde: travailleurs régulièrement présents, immigrés clandestins, réfugiés, victimes de persécutions religieuses, politiques, de guerres ou de famines... leur nombre ne fait qu'augmenter et constitue un véritable défi pour les régions du monde les plus favorisées.
L'attitude envers ce phénomène varie selon les pays, mais il est évident que la plupart d'entre eux tendent à restreindre de plus en plus le droit d'asile et à fermer leurs frontières. Et l'on voit même avec inquiétude se multiplier les actes de xénophobie et de véritable barbarie dans un monde qui se dit "civilisé". Et pourtant, ce même monde n'a-t-il pas été nourri des valeurs morales de la Bible? A-t-il oublié l'enseignement du Pentateuque qui nous dit et redit que Dieu est du côté des faibles, du "pauvre et de l'étranger", et qu'il nous appelle à les aimer nous aussi (Dt 10, 20; Dt 24, 17...)
L'évolution actuelle du monde nous montre l'urgence de revenir à l'enseignement de la Bible, qui est aussi celui de Jésus. Elle est en même temps une question pour nous, juifs et chrétiens: que pouvonsnous faire pour être ensemble le signe d'espérance vers lequel nos frères et soeurs en détresse puissent se tourner, comme le demande le document suisse sur l'Antisémitisme rapporté plus loin (cf. p. 21-26)?
Asher Finkel nous apporte un début de réponse dans son article où il précise l'enseignement de la Bible par les données rabbiniques et celles du Nouveau Testament. Les deux traditions arrivent à une même conclusion: l'étranger, de nos jours, c'est le prochain que Dieu nous appelle à aimer comme nous-mêmes. Le Memorandum des trois Eglises suisses (p. 13) nous indique comment vivre cet enseignement dans la situation qui est la nôtre avec toutes ses exigences. Quant au document suisse sur l'Antisémitisme, il montre bien que l'antisémitisme et la xénophobie sont étroitement liés: l'antisémitisme dans sa dimension ethnique et religieuse étant, pour notre culture occidentale, l'exemple classique de la haine et des persécutions contre toute minorité.
Puisse le rapprochement actuel entre l'Eglise et le peuple juif favoriser une action commune pour combattre les manifestations de xénophobie, d'où qu'elles viennent! Il y va de l'avenir même de l'humanité.