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Revue SIDIC XVIII - 1985/3
L’apocalyptique (Pag. 03)

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Des catastrophes de tous genres ont marqué et marquent encore les années que nous vivons. Ces catastrophes, ces crimes multiples dont les médias nous renvoient continuellement les échos, des images terrifiantes... et aussi ce déséquilibre du monde que l'homme croyait dominer et qui semble maintenant l'entraîner où il ne voudrait pas aller... voilà bien des motifs pour craindre et pour nous demander si tous ces bouleversements, ces angoisses que nous vivons, ne seraient pas réellement les signes précurseurs de la fin des temps!
Nous parlons souvent d'événements « apocalyptiques », en interprétant ce mot dans le sens de « catastrophiques», liés au déchaînement de puissances accompagnant la fin des temps. Pourtant l'Apocalyptique, celle des livres bibliques comme des écrits apocryphes, est d'abord une «révélation» selon l'étymologie du terme, et elle relève à l'origine du genre prophétique. Comme la prophétie, elle prend sa source dans l'histoire, même si elle s'attache surtout à scruter le ciel et si les réalités terrestres, à ses yeux, perdent un peu de leur consistance. Elle est un genre de prophétie, elle prend, en un sens, la suite de la prophétie, faisant largement appel à l'imagination et usant de symboles qui lui sont propres afin d'exprimer son message de foi.
Cette littérature se développe aux moments de crises, quand il semble qu'aucune amélioration ne soit plus possible, du moins par des moyens humains, qu'il n'y ait plus aucune issue. Cela est vrai pour des prophètes comme Daniel, cela est vrai aussi pour les auteurs d'Apocalypses juives, pour les auteurs chrétiens d'Apocalypses dans l'Eglise primitive, et pour bien d'autres après eux, cela jusqu'à nos jours. La tendance apocalyptique en effet, comme le fait remarquer K. Hruby (dans Orient Syrien 1966, vol. XI, fasc. 3, N. 43), n'a pas été d'abord « un phénomène religieux limité au seul judaïsme. Nous constatons à la même époque un peu partout dans le monde non-juif des courants analogues, centrés sur l'attente du salut et marqués par le sentiment tellement fort de vivre à la fin des temps». De tels courants sont encore bien vivants jusqu'à nos jours...
On pense bien souvent que le message des Apocalypses est un message de malheurs, de désespoir, de fin du monde, mais les Apocalypse juives et chrétiennes, apocryphes même, sont toujours soutenues par la foi: elles veulent être une « révélation » de la part de Dieu, un message d'espérance en Celui qui, à travers toutes les vicissitudes de l'histoire, intervient pour sauver l'humanité, Celui qui sera manifesté à la fin des temps.
II est intéressant de remarquer que si le judaïsme officiel a finalement refusé, « occulté » (cf. l'article de J. Stiassny) l'Apocalyptique, le christianisme, lui, en a été fortment marqué: l'Apocalypse de Jean, entre autres, a toujours exercé une influence profonde sur les chrétiens, Apocalypse que les chrétiens de notre temps, nourris d'angoisses « apocalyptiques », gagneraient à connaître et méditer davantage, comme le note M. Travers (p. 30).
Chrétiens et juifs, nous sommes marqués les uns et les autres par le courant apocalyptique de l'époque intertestamentaire, dans le domaine de l'eschatologie surtout. Nous lui devons bon nombre d'expressions, d'images, de concepts: nous attendons par exemple la fin des temps, la résurrection des morts, la venue du Messie et l'instauration du Règne de Dieu.

 

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