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Le conseil liturgique
Gaston Fontaine, c.r.i.c
Le Père Fontaine, membre du Consilium Liturgicum, parle du travail en cours concernant l'adoption des ''richesses d'une tradition qui s'enracine loin dans l'histoire du Peuple de Dieu.
1. LES RACINES JUIVES DE NOTRE LITURGIE
On sait quelles sont les grandes orientations de la restauration liturgique précisées par Vatican II et déjà mises en pratique par les documents du Siège Apostolique depuis trois ans.• Un effort gigantesque est actuellement entrepris par le "Consilium" et ses deux cents experts pour produire, dans le plus bref délai possible, des livres liturgiques à la fois simplifiés et enriohis,respectueux des données valables de la tradition et répondant aux exigences les plus légitimes de la pastorale contemporaine.
On peut se demander si cette refonte saura mettre en valeur les racines juives de notre liturgie, qui ont préparé le culte de la Nouvelle Alliance .inauguré par la Croix du Christ. (Jn 4.24). Je ne pense pas que ce soit le but recherché des experts du uConsilium,,; mais il est indéniable que leur travail de décapage et de ressourcement fera mieux ressortir les lignes fondamentales de la liturgie chrétienne et, par là-même, tout ce que 171:.Eglise de Dieu'"' (1 Co 1.2) doit, dans ce domaine, au uelahal Yahweliv, (Neh 13.1). Dans les dimensions très réduites de cet article, il ne saurait étre question de faire un relevé complet des sources juives de notre liturgie:,on se contentera de quelques domaines où justement la restauration actuelle S'efforce de mieux assumer les richesses d'une tradition qui s'enracine loin dans l'histoire du Peuple de Dieu.
La liturgie de la Parole
Le Concile a insisté fortement sur la place que la Parole de Dieu doit avoir dans la célébration du culte comme dans la vie des chrétiens. La réforme liturgique s'efforce de remettre en honneur cette Parole de Dieu, proclamée désormais partout en langue vivante, dans la première partie de l'assemblée eucharistique comme aussi dans ces célébrations de la Parole qui se répandent de plus en plus depuis quelques années. La refonte complète de l'ordonnance des lectures bibliques dans i'Ordo Lectionum 'permettra un contact plus complet et plus savoureux avec la divine Parole; on restaurera en particulier la lecture de i' Ancien Testament tous les dimanches et les jours de fête d'obligation. Le schéma traditionnel, .issu de la première Alliance, est de plus en plus remis en lumière:lecture, psaume, homélie et prière universelle (cf. Neh 8.1-12; Lc 4.16-229 les 18 Bénédictions quotidiennes).
La liturgie eucharistique
C'est dans le cadre du repas pascal et dans la grande-tradition juive de la "béralsah" que Jésus a célébré aveo,leg siens la Cène que nous renouvelons dans l'Eucharistie '!jusqu'à ce quril revienne" (1 Co 11.26)•Désormais la grande prière eucharistique peut être proclamée à haute voix, en langue vivante, et ses parties essentielles peuvent être oantillées. De plus, on verra bientôt sans doute autorisé h titre d'expérienoepusage de quatre nouvelles prières eucharistiques, qui reprennent heureusement les thèmes les plus familiers des anciennes anaphores (s. Justin, s. Basile et autres): on se rapproche ainsi du concept juif de la "bénédiction" et de sa structure fondamentale: louange admirative de Dieu et de son oeuvre, anamnèse de ses merveilles, intercession pour ceux qui prient et doxologie finale.
Depuis la restauration de la concélébration,le rite de la fraction du pain, si riche de contenu humain et spirituel dans la tradition judéo-chrétienne, retrouve sa noblesse et son importance.Avec la communion sous les deux espèces, de plus en plus largement autorisée, on a retrouvé le sens du vin et de ce qu'il implique comme élément festif (cf. Prov 31.27; Ps 104.15), le sens de la "coupe du salut" (Ps 116.13) devenue "coupe de bénédiction" (1 Co 10.16), "coupe de l'Alliance nouvelle et éternelle".
La participation du peuple
La participation active du "Saint Peuple de Dieu" à l'action liturgique se manifeste, entre autres, par les attitudes, les gestes, les acclamations et les réponses. Dans ces différents domaines,'IvEglise du Christ a assumé les usages et le vocabulaire de la première Alliance. Le renouveau liturgique donne à ces manifestations du "sacerdoce royal" (cf. Ex 19.6; Apoc 1.6) une grande importance, et les pasteurs peuvent trouver dans les textes de l'Ancien Testament et les usages du judaïsme précieuse matière à catéchèse. Quril suffise de mentionner, parmi d'autres: l'attitude debout, si normale dans la prière juive, la réponse Amen (cf. Deut 27.15-26; 1 Chr 16.36; 1Teh 8.6; Ps 41.144d.),l'adolamation Alleluia (cf. Psaumes du Hallel), le chant solennel du 'Sanctus (Is 6.3; Ps 118. 25-26, utilisé dans la liturgie processionnelle de la fête des'tentes).Plusieurs salutations et dnvitations du prêtre elles-mêmes svoriginent au donné biblique ou à la liturgie juive: "Le Seigneur soit avec vous " (Ruth 2.4), "Rendons grâce au Seigneur" (Mishnah). Si, comme nous l'espérons, l'imposition des mains est restaurée dans le rite de la bénédiction sacerdotale de l'assemblée, ce sera encore une vénérable tradition drIsrael qui sera remise en honneur.
On en a assez dit pour montrer que la restauration en cours permet de retrouver plus facilement bien des données liturgiques du culte juif et d'en faire revivre les richesses au bénéfice-de-tous les chrétiens,' descendants spirituels d' "Abraham, notre père". Ainsi les merveilles de Dieu qu'elles véhiculent nous sont-elles plus assimilables, et pouvons-noue mieux en rendre grâces au Seigneur, "car éternel est son Amour" (Ps.136).
Gaston Fontaine, c.r.i.c.
Rome, secrétariat du "Consilium"
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Le nouvel Ordo Lectionum mentionné plus haut marque un progrès certain sur le précédent. Cependant, au point de vue des relations judéo-chrétiennes,plusieurs difficultés subsistent encore, dont mous parle rarticle suivant.