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XII Assemblée Générale ordinaire du Synode des évêques, 5-26 octobre 2008 - S.E.R. Mons. Francis Deniau, évêque de Nevers (France)
Deniau, Francis
Saint-Siège (2008/10/10)
C'est en scrutant son propre mystère que l'Église se réfère au peuple juif (Nostra aetate 4). Ce n'est pas une réalité extérieure, et le dialogue juifs-chrétiens n'est pas une espèce du dialogue inter-religieux. Il touche l'intérieur même de l'Église et du mystère de la foi.
Nous sommes invités par Nostra aetate à un dialogue biblique. Les chrétiens ont toujours la tentation de parler des Juifs au passé. En parlant du peuple juif comme de nos frères aînés, Jean-Paul II nous situe comme des frères, appartenant à la même génération. Nous sommes «héritiers en indivis» (Jean-Marie Lustiger) d'un même héritage, l'ancien Testament. Nous le lisons différemment. Pour les Juifs, à travers la Torah orale (mise par écrit dans le Talmud, mais qui se poursuit dans la multiplicité des interprétations). Pour nous à travers le nouveau Testament et la Tradition chrétienne (sans oublier que la tradition orale, chez nous aussi, précède la mise par écrit) en insistant sur l'unité des deux Testaments, autour de la figure du Christ Jésus.
Lecture du Judaïsme pharisien et lecture chrétienne se sont développées simultanément. Pour nous chrétiens, la lecture juive, profondément différente de la nôtre, n'en est pas moins possible et légitime ; et elle peut nous apprendre beaucoup (CBP 22).
Points d'attention: que notre lecture de l'AT laisse place à la lecture juive ; que notre lecture du NT ne génère pas d'antisémitisme; parler des Juifs non au passé mais au présent; revisiter la notion d'accomplissement (CBP 21) ; souligner la dimension d'attente eschatologique commune aux Juifs et aux Chrétiens même si elle est différente; être attentifs à la mission universelle présente dans la tradition juive; même si le «non» des Juifs à Jésus nous blesse, chercher à percevoir ce que les Juifs y mettent de fidélité à Dieu et à leur propre vocation; approfondir l'étude de Romains 9 -11 ; promouvoir le dialogue au-delà des spécialistes, dans les paroisses et les mouvements.
(Version intégral dans: Sens 2 (2009) p. 109-114)