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Revue SIDIC XXXIV - 2001/2
Etre une bénédiction les uns pour les autres (Pag. 16)

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«Un avenir différent : juifs et chrétiens. Peuvent-ils apprendre de l’histoire?»: une autre réponse
Joseph Sievers

 

Bien que je n’aie pas assisté à la Leçon Cardinal Bea donnée par Edward Kessler, je voudrais aborder trois points concernant le sujet.

D’abord, je voudrais souligner que je suis substantiellement d’accord avec l’évaluation faite par Kessler sur le passé, le présent et l’avenir du dialogue entre juifs et chrétiens. Il traite les principales questions d’une manière courageuse, directe, tout en se montrant très sensible aux préoccupations de tous les partenaires engagés dans le dialogue. Il insiste sur le fait que commencer à connaître l’autre, c’est à dire pour les chrétiens commencer à connaître et à juger important ce qui préoccupe les juifs : l’antisémitisme, Israël, les mariages mixtes, ne constitue pas encore un dialogue. Pas plus qu’une conversation à bâtons rompus. Je suis entièrement d’accord avec lui sur l’importance de dépasser ces préliminaires nécessaires pour avancer vers le dialogue réel qui demande une certaine réciprocité même quand nous cherchons à communiquer à partir de certaines positions qui, au point de départ, semblent bien éloignées l’une de l’autre et à bien des points de vue asymétriques.

Secondement, je pense comme Kessler que lire la Bible ensemble est un des meilleurs moyens de favoriser le vrai dialogue. Il déclare à juste titre : « Si chrétiens et juifs examinent les interprétations post-bibliques ils découvriront une même insistance sur l’importance de certains textes bibliques » et il cite comme exemple l’interprétation de la Ligature (Gen 22). J’ajouterais que les chercheurs juifs et chrétiens, travaillant, soit séparément soit maintenant de plus en plus ensemble, sur l’interprétation biblique de certains manuscrits de la Mer Morte ont fait et feront encore des découvertes fascinantes. Celles-ci n’aboutissent pas immédiatement à des informations de première page ; cependant, apprendre comment les Ecritures d’Israël étaient lues par différentes personnes nous aide à prendre conscience davantage du contexte dans lequel étaient enracinés à la fois le judaïsme rabbinique et le christianisme des premiers temps.

Troisièmement, je voudrais ajouter quelques réflexions sur des développements plus récents. La déclaration commune du 10 septembre 2000 d’un groupe de savants juifs de différentes dénominations indique un changement bouleversant. La déclaration Dabru emet (hébreu pour « Disons la vérité ») est rédigée avec beaucoup de soin et elle est signée de quatre savants associés à l’Institut d’Etudes chrétiennes et juives de Baltimore (1) Elle a recueilli la signature de plus de 175 autres intellectuels juifs, dont Edward Kessler. Bien qu’il soit trop tôt pour évaluer sa portée à long terme, Dabru Emet est certainement l’expression courageuse et nuancée d’une ouverture au dialogue que les juifs des principales dénominations peuvent accepter, même si les auteurs parlent ensuite seulement en leur nom propre.

Si Dabru Emet représente une ouverture, la déclaration Dominus Iesus de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 6 août 2000, semble indiquer la direction opposée, la fermeture. A mon avis cependant, même si la déclaration, objet de beaucoup de critiques apparaît être comme une vérification-coup de freins opérée sur une autoroute ouverte, elle indique une réalité du dialogue que pourraient admettre les signataires de Dabru Emet et probablement aussi Edward Kessler, à savoir : chaque partenaire du dialogue doit venir au dialogue en fidélité à sa propre tradition de foi, sans aucune tentative pour imposer ses doctrines à l’autre. Le dialogue ne consiste pas dans des déclarations unilatérales, mais des déclarations de ce type peuvent l’encourager et même le maintenir sur la bonne route.



* Joseph Sievers est professeur à l’Institut Biblique Pontifical de Rome. [Traduit de l’anglais par B. Brumelot]
1. Voir SIDIC, Vol XXXIII, n 3, 2000, pp. 20-22.

 

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