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Message de l'Assemblée Synodale sur les rapports de l'Eglise catholique avec le Judaïsme
Assemblée Synodale de Lyon
France (1993/10/22)
L'Église de Lyon tient à manifester, à l'occasion du Synode, son désir d'ouverture et de justice, particulièrement dans le refus des exclusions. Cette volonté est aujourd'hui manifestement conforme à la vocation de l'Eglise.
L'ouverture à nos frères a pour fondement une ouverture au Tout Autre, à Dieu notre Père qui nous propose d'accueillir sa Parole en Jésus-Christ. Or, cette parole nous est livrée dans la tradition vécue par le peuple juif. Jésus nous dit dans l'Evangile « qu'il n'est pas venu abolir la loi et les prophètes, mais les accomplir » (Mt 5,17). A la suite du peuple juif, les chrétiens témoignent du Dieu unique, de son Alliance, de sa fidélité. L'élection et la vocation du peuple juif demeurent: « Les dons de Dieu et l'appel de Dieu sont irrévocables » (Rm 11,29).
Dans leur ensemble, les juifs n'ont pas reconnu en Jésus, que nous confessons comme Christ et Fils de Dieu, le Messie annoncé et attendu. C'est un fait, il n'infirme pas le rôle du peuple juif dans l'accomplissement du dessein de Dieu au coeur même de notre histoire. Avec les juifs nous sommes tournés vers l'achèvement définitif de toutes choses, lorsque « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15,28).
La constitution Nostra Aetate de Vatican II déclare: « Scrutant le mystère de l'Eglise, le Concile rappelle le lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d'Abraham » (1965). C'est donc en scrutant son propre mystère, en se tournant vers les sources qui la font vivre, que l'Eglise rencontre le peuple juif et le respecte dans sa dignité et sa liberté.
« Quiconque rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme » (Jean-Paul II, 1982). Lors de la rencontre historique à la synagogue de Rome, le Pape précisait: « La religion juive ne nous est pas extrinsèque, mais intrinsèque. Nous avons donc des rapports avec elle que nous n'avons avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères aînés » (1986). Nous ne pouvons communier en toute vérité au dessein de Dieu sans accueillir la réalité vivante du peuple juif toujours vivant. Il s'agit pour nous d'une démarche historique, théologique et spirituelle, essentielle.
En effet notre Eglise, au cours des siècles passés, a péché à l'égard du peuple juif. Catholiques, nous assumons notre histoire, au cours de laquelle nous avons trop souvent voulu exclure nos frères juifs de l'élection dont ils sont l'objet. « L'enseignement du mépris », dénoncé par Jules Isaac, a entraîné des conséquences de haines, de souffrances et de mort d'un poids incalculable. Dans cette ligne, l'extermination programmée par les nazis a atteint un paroxysme dans l'horreur.
Chrétiens et Juifs, Eglise et Synagogue, nous sommes liés par l'Unique Seigneur dans une même histoire du salut. N'est-il pas grand temps d'en prendre conscience et de nous engager à « une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l'Eglise catholique »? (titre des Notes Romaines de 1985, approuvées par Jean Paul H).
Extrait du Bulletin « Eglise de Lyon »: Les Actes du Synode, N. 18, 22 oct. 1993