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Présentation
Les editours
L'idée de ce numéro est venue d'une lectrice de la revue, engagée dans le service pastoral des malades du SIDA, qui nous écrivait récemment:
"Ne pourriez-vous songer à un numéro qui aborderait un sujet tel que: Nos communautés et le SIDA - le malade, le marginalisé et la responsabilité qui nous incombe de les aider. La tradition chrétienne et la tradition juive offrent diverses réponses aux problèmes de la maladie, et particulièrement de la maladie qui éloigne le patient de la communauté, ce qui est le cas du SIDA. Que l'on appartienne à l'Eglise ou à la Synagogue, on éprouve le besoin de trouver des sources, de l'aide pour une réflexion théologique à ce sujet..."
A ce besoin, nous avons tenté de répondre, bien modestement, mais en élargissant le sujet car ce n'est pas l'aspect particulier de cette maladie terrible qu'est le SIDA (et même déjà la simple infection par le virus d'immuno-déficience humaine, le VIH) qui nous intéresse ici, mais plutôt le phénomène en tant que révélateur social et appel à une modification des comportements.
II a existé en effet, et il existe encore, face à certaines maladies (pensons à la peste jadis, aux maladies vénériennes plus récemment et à d'autres), face aussi à des personnes et des usages différents des nôtres, des réactions de rejet, d'exclusion, des peurs ancestrales non encore résorbées ressurgissant sous forme d'agression ou de culpabilisation. Comme le montre bien l'article de B. Maruani, l'exclusion du "sidaïque" pourrait rappeler sur bien des points celle du juif en pays chrétien, ou celle de l'étranger ou du gitan.
Devant l'épidémie actuelle qui menace, notre société saura-t-elle, et nous particulièrement juifs et chrétiens qui reconnaissons en tout être humain l'image du Créateur et qui faisons aussi l'expérience de la faiblesse humaine et de la miséricorde de Dieu, saurons-nous refuser l'exclusion, renforcer les solidarités, écouter, accueillir, accompagner, renoncer à "sauver la morale" pour rejoindre l'être humain, le soigner, le sauver? Comme l'écrit B. Matray (dans un article des Cahiers Laennec, juin 88) à propos de cette maladie:
"Elle peut nous aider à concevoir et à vivre notre société non pas comme un ghetto fermé de gens bien constitués et heureux d'échapper aux ravages de l'épidémie, mais comme le lieu d'un combat pour des valeurs qui humaniseront les hommes de toutes conditions, en santé ou malades, dans une relation solidaire."