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La Shoa dans l'éducation et dans les litrugies commémoratives - Rapports de divers continents
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AMERIQUE LATINE
ARGENTINE
Il existe à Buenos Aires un Institut argentin pour les études sur la Shoa (I nstituto Argentine para Estudios): l'un des promoteurs en a été le professeur Abraham Huberman, qui enseigne l'histoire du ler siècle. Du côté chrétien, il n'existe que la sensiblisation que nous tâchons de faire, directement ou indirectement; par exemple, un groupe de personnes ont participé, chez nous, au commentaire de certains films ayant trait à la Shoa, et nous avons des contacts avec plusieurs juifs ayant survécu aux camps de concentration.
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
Le petit livre d'Eugene J. Fisher et Léon Klin icki: From Death to Hope – Liturgical Rellections on the Holocaust a été traduit en espagnol, mais il n'a pas encore pu être utilisé. Le terrain n'est pas encore prêt pour une telle initiative. L'Amérique Latine, et surtout l'Argentine, souffre des conséquences d'une "guerilla" qui a coûté la vie à bien des êtres chers, morts ou disparus. Il faut laisser le temps cicatriser les blessures... ou peut-être peuvent-elles être unies à celles du peuple juif; mais pour le moment cela parait délicat.
Margarida Lapez Ferrez, ruts Buenos Aires
BRÉSIL
Chaque année, la communauté juive du Brésil rappelle le souvenir de ceux qui ont été massacrés au cours de la Ile Guerre mondiale. A Sào Paulo, la Shoa est rappelée au cours d'une cérémonie au cimetière juif, où les jeunes des écoles juives sont amenés en autobus afin que, assistant aux discours et aux prières, ils se souviennent de ce qui s'est passé. Ces solennités sont organisées par l'Association des survivants des camps de concentration appelée Shearit Hapeléta.
Cette année, à Sào Paulo, il n'y a pas eu seulement des cours et des conférences dans les écoles juives, comme d'habitude, mais il y a eu aussi une cérémonie solennelle rappelant le 45e anniversaire du Ghetto de Varsovie, cérémonie à laquelle les jeunes ont participé. Un groupe de jeunes orthodoxes (B'nei Akiva) a présenté aussi au théâtre "A Hebraica" une pièce de théâtre accompagnée par le choeur d'une école juive (Renascença).
Ces informations ne sont qu'un exemple de ce qui se passe chaque année; cette fois-ci cependant, comme nous fêtions le 50e anniversaire de la Kristallnacht, les activités ont été beaucoup plus nombreuses. J'en signalerai ici quelques-unes, plus importantes du fait qu'elles ont touché un public plus large que la seule communauté juive.
Pour le grand public
Au "Centro Cultural" de Sào Paulo, on a pu voir pendant dix jours certains films et une exposition sur la Shoa. Ayant obtenu le soutien de la "Prefeitura Municipal" de Sao Paulo, par l'intermédiaire de son Secrétariat à la culture, de la Federaçào et de la Confederaçào (organisations juives) et de l'Institut culturel Goethe (organisme allemand), les organisateurs (Shearit Hapeléta) ont essayé de faire comprendre au grand public ce que fut la Shoa. Grâce à une distribution de dépliants, de posters, etc... ce programme a été largement divulgué, et le public a été assez nombreux.
Un programme de T.V. intitulé "Mosaico", auquel ont assisté près de 250.000 personnes (dont les 2/3 n'étaient pas juives) a dédié une émission à la Kristallnacht, avec la participation d'un prêtre, d'un pasteur protestant et d'un rabbin. la presse, de son côté, a publié des articles sur la Kristallnacht, tous sérieux et empreints de respect.
Le "Conselho de Fraternidade Cristào-Judaica" a pris l'initiative de publier un petit fascicule intitulé "Cada vida é nostra vida" (Chaque vie est notre vie), sorte de guide pour les cérémonies rappelant les victimes de l'Holocauste, avec une sélection de textes et de chants.
Une journée de réflexion pour les religieux a été organisée par le Centre "Rogate" et, à cette occasion, le fascicule mentionné ci-dessus a été utilisé par les novices de N.D. de Sion au cours d'une célébration. Pendant cette journée, une réflexion a été faite, sous divers aspects, sur la montée du nazisme, et cela en présence de quelques survivants. A la suite de cette journée, quatre écoles de religieuses ont eu des cérémonies semblables.
Au cours de deux réunions de prêtres (Setor Sé e Pinheiros), des explications ont été données sur ce sujet. Les capitales d'autres provinces ont reçu aussi ce fascicule (Belo Horizonte, Rio de Janeiro, Curitiba et Aracaju). Ce sont surtout les écoles de la Congrégation N.D. de Sion qui l'ont reçu et divulgué. Il a été aussi donné à certains groupes protestants, avec prière de le divulguer, mais on n'a pas su ensuite quel usage en avait été fait. L'Eglise luthérienne, elle, en accord avec l'Eglise évangélique allemande (EKD) et la Fédération des Eglises évangéliques, a distribué une Déclaration dontles Dr Martin Kruse et Werner Leich sont les auteurs.
Pour le public juif
Des services religieux spéciaux ont eu lieu dans les synagogues libérales, car ce sont celles-là surtout que fréquentent les immigrants ou descendants d'immigrants d'Europe Centrale, pour qui la Kristallnacht reste liée à des souvenir bien amers. Les autres membres de la communauté juive participaient à un service à la synagogue Bethel. Près des deux tiers des synagogues de Sâo Paulo ont laissé leurs lumières allumées pendant toute la nuit anniversaire de la Kristallnacht, mais cette mesure n'a pas atteint son but: le public n'avait pas été informé de sa signification et n'a donc pas pu la comprendre.
L'Association des B'nai B'rith a organisé, le 9.11.1988, une réception à laquelle beaucoup ont participé. A cette occasion, Mme Aracy Carvalho Guimaràes Rosa, qui était responsable de la section des passeports à l'ambassade du Brésil, à Hamburg au temps de la guerre, a été honorée pour son action en faveur des immigrants juifs.
A Porto Alegre, Sao Paulo et Rio de Janeiro, un Forum a été organisé par trois associations importantes (l'Institut Marc Chagall, le C.I.P. et le A.R.I.) sur le theme: "Le Dilemne de l'Allemagne". Le môme programme, repris pendant 2 ou 3 soirées dans chacune de ces 3 capitales de provinces, comportait l'intervention de conférenciers venus d'Allemagne.
Considérations finales
Ce rapport, qui mentionne surtout les activités réalisées à Sâo Paulo et attire avant tout l'attention sur le cinquantenaire de la Kristallnacht, doit être complété par les considérations suivantes:
1. A la différence d'une Europe qui a vécu la guerre sur son propre territoire, nous sommes au Brésil devant une population qui ne sait à peu près pas ce qui s'est passé:
a) il n'y a pas de souvenir personnel ("no first hand experience) de la Ir Guerre mondiale, à l'exception de ceux des immigrants ou des anciens combattants;
b) il y a d'autres priorités sur place, et les nécessités de base (comme celles de l'habitat, de l'emploi, de l'alimentation) prennent le pas sur les autres problèmes
c) le niveau intellectuel ne permet pas aux gens de localiser les événements de la guerre dans le temps et dans l'espace.
2. Le programme pour la Kristallnacht, réalisé début novembre 1988, a coïncidé avec les campagnes électorales (pour le 15 novembre) qui, tout naturellement, ont pris la première place dans l'esprit des gens.
3. La minorité juive de certaines régions est peu significative. Quand on fait un projet ayant trait aux juifs, il faut donner les connaissances de base avant d'aborder un sujet comme celui de la Shoa et de l'antisémitisme. C'est ainsi que, dans une église, avant de parler des événements qui ont amené à mettre le feu aux synagogues lors de la Kristallnacht, un prêtre a commencé par expliquer à ses auditeurs ce qu'est une synagogue.
Suggestion finale
Malgré ce qui vient d'être dit, il existe dans le public brésilien un intérêt pour la Shoa; nous pouvons et devons le réveiller, et cela afin de diminuer l'antisémitisme envers les juifs (qui existe, lui aussi). Le sujet a été abordé, et en général bien accueilli, par beaucoup de personnes intéressées. Même s'il semble encore éloigné de la réalité brésilienne, ce thème commence à être abordé à l'initiative de quelques éducateurs, dans leurs écoles.
A l'occasion du 50e anniversaire de la déclaration de la Ile Guerre mondiale, ce sujet devrait encore une fois être abordé dans les écoles, les églises et autres lieux de rassemblement, mais en utilisant un matériel approprié aux différents âges... un matériel qui est encore à créer au Brésil, car il n'existe dans cette ligne ni livres scolaires, ni guides pour les professeurs.
Rabbin Michaeff H. Leipziger Sao Paulo
URUGUAY
Dans la communauté juive
Il existe en Uruguay un "Centre des Survivants de l'Holocauste", dont les enfants aussi font partie. Son but primordial est "qu'on n'oublie pas". Le matériel qu'il divulgue est en espagnol; en fait, il est publié le plus souvent en Argentine. Peu de gens sont en mesure de lire l'anglais ou l'hébreu.
Environ 25% des enfants et jeunes gens juifs sont éduqués dans des écoles juives, où ils reçoivent un enseignement sur la Shoa. Dans les autres écoles (les écoles d'Etat qui ne sont ni confessionnelles ni privées et dont certaines sont catholiques), le mot "Holocauste" est pratiquement inconnu. En ce qui concerne les catholiques, je dois faire remarquer que les textes publiés par le Vatican en 1965,1974 et 1985 (sur les relations entre catholiques et juifs) n'ont pas réussi à promouvoir un réel changement dans l'enseignement et la catéchèse en ce qui concerne les points qu'ils traitent. Cela exigerait l'engagement des plus hautes autorités, supportant les efforts de tant de gens de bonne volonté en ce domaine à travers le monde (le St Siège, les diverses Eglises, etc...), afin que deviennent effectifs certains programmes visant à une compréhension exacte de la Shoa, cela en commençant parles enfants et les jeunes.
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
La Kristallnacht est officiellement commémorée en Uruguay par les branches locales des B'nai B'rith, avec la participation de conférenciers juifs et non juifs. (En 1987, le conférencier non-juif était la femme du Président de la République, professeur d'Histoire internationale).
La Shoa n'est pas commémorée dans les milieux chrétiens. Cela ne peut être compris encore actuellement. On en parle peu dans les médias, même si quelques articles ou études, de valeur médiocre, ont été publiés. Personne n'est intéressé à des recherches sur la Shoa en dehors des cercles juifs.
Dr Jacoba Hazén - Montevideo
AMÉRIQUE DU NORD
CANADA
Deux aspects du Canada sont à souligner:
1. Près de 50% des juifs du pays vivent à Toronto, et 40% à Montréal (à la fois anglais et français). Les autres sont dispersés dans un large espace géographique.
2. Chaque province du Canada a son propre système éducatif, aussi n'y a-t-il pas d'uniformité dans les programmes et dans la formation des maîtres. Dans chaque province, il faut aussi distinguer entre les écoles publiques ou confessionnelles (surtout catholiques). Nous devrons donc examiner ici les diverses régions.
La Shoa dans l'éducation
Côte Ouest et Prairies
En général, toutes les écoles traitent, dans les grandes classes, de la Shoa lors des cours d'histoire, en relation avec la Ile Guerre mondiale. Dans le 1er cycle, cela dépend des maîtres et de leur intérêt. Dans les écoles catholiques, peu de professeurs de religion voient la nécessité d'introduire ce sujet dans leur programme. Cependant, depuis qu'un professeur a été inculpé pour "révisionnisme", certains programmes ont été revus en fonction d'une plus grande tolérance et du respect, dans un contexte multiculturel.
Ontario
Presque tous les juifs de cette province vivent à Toronto, aussi le public est-il plus conscient de l'existence des juifs et du judaïsme. Les écoles publiques de Toronto ont des programmes très développés sur les relations ethniques, comportant le sujet de la Shoa tant en histoire que dans les sciences sociales et la littérature, cela dans les classes moyennes et terminales du secondaire. Peu de professeurs, malheureusement, sont vraiment préparés pour cela.
Dans les écoles libres, la Shoa fait partie des programmes d'étude des religions comparées, ainsi que de l'histoire de la littérature et des sciences sociales. La formation des professeurs et les programmes sont continuellement remis à jour.
De nombreuses initiatives, ayant pour but l'éducation des maîtres et du public en ce qui concerne la Shoa, sont prises chaque année par le "Canadien Jewish Congress", les B'nai B'rith, la Communauté juive et le "Christian Jewish Dialogue" de Toronto.
Québec
Etant donné la complexité des systèmes éducatifs du Québec et la diversité religieuse et linguistique, aucun programme général ne peut être établi. Presque tous les juifs habitant Montréal, il n'existe presque rien en dehors de cette ville.
Dans les écoles de langue anglaise (protestantes, catholiques et privées), le sujet est abordé quand les professeurs s'y intéressent. Il apparaît en général dans les programmes de morale, d'instruction religieuse, de littérature anglaise et d'histoire (Ile Guerre mondiale) du secondaire.
Du côté francophone, il ne se fait pas grand'-chose, que ce soit au niveau scolaire ou universitaire. Seuls quelques professeurs intéressés traitent de ce sujet, dans des cours d'histoire ou de culture européenne.
Des séminaires et des journées d'étude pour aider les maîtres en ce domaine sont organisés par le "Public School Board of Greater Montreal" et le "Montreal Holocaust Centre"; ils comportent une visite de ce dernier.
Les Maritimes
Même si peu de choses se font là, il est intéressant de noter que le Département de l'Éducation d'une des provinces a créé un Institut pour former les professeurs d'histoire au nou-. veau programme sur l'Holocauste.
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
Du côté de West Coast, des Prairies et des Maritimes, il n'existe aucune commémoraison de la Shoa chrétienne ou interreligieuse. Il en est de même pour l'Ontario et le Québec, à deux exceptions près: chaque année, est organisée à Montréal une cérémonie oecuménique, préparée par des juifs et des chrétiens. A Toronto, une cérémonie oecuménique et interreligieuse est organisée chaque année depuis 8 ans et, ces dernières années, elle a été retransmise par la télévision dans l'ensemble du pays.
Elizabeth Losinski, nds Toronto
ETATS-UNIS
Il est assez difficile de donner une vue générale de l'enseignement de l'Holocauste aux U.S.A.: si, d'une part, l'enseignement de la Shoa s'est développé dans le pays plus que jamais, depuis 1940, il n'y a par contre actuellement aucune analyse systématique de ce qui est enseigné et de la manière dont cela est fait.
Un certain nombre d'institutions aident à l'enseignement d'un tel sujet: musées, centres d'information, bibliothèques et archives, instituts de recherche, etc... La plus importante est le "U.S. Holocaust Memorial Council", créé en 1980 par un acte du Congress. Ce "Council" cherche à créer et à soutenir dans le pays des réseaux de personnes engagées dans des programmes concernant l'Holocauste.
Il n'existe pas de programme national d'enseignement de l'Holocauste dans les écoles publiques américaines, car l'enseignement est organisé au niveau des Etats et au niveau local. Cependant, depuis 1970 près de 200 programmes scolaires du pays ont inséré le sujet de l'Holocauste. L'enquête de 1985 auprès des écoles catholiques, menée par le "Secretariat for Catholic-Jewish Relations" (Conférence épiscopale catholique) révèle que 62% des écoles ayant répondu à l'enquête donnent quelque enseignement sur l'Holocauste aux étudiants."
Si ce sujet est parfois abordé dans le primaire, cela se fait surtout dans les écoles secondaires, publiques et confessionnelles. Le sujet de la Shoa est parfois explicitement inclus dans le programme, ou alors il est intégré dans les cours de littérature anglaise, d'histoire ou de sociologie.
Il existe tout un matériel pouvant aider les directeurs ou les professeurs, élaboré par des organisations comme: "The Anti-Defamation League of B'nai B'rith" et "The Simon Wiesenthal Center" (Los Angeles), ou, pour les catholiques, par "The Secretariat for Catholic-Jewish Relations" et "The American Jewish Committee, Department of interreligious Affairs". L'Etat de New Jersey a réalisé un programme pour les écoles secondaires et, à la suite de cela, d'autres programmes ont été élaborés pour le secondaire en divers districts; cela s'est réalisé non seulement dans les villes où les juifs sont nombreux (i.e. New York, Los Angeles), mais dans des villes moins importantes où les habitants sont peu près tous des non-juifs (par ex. Wichita, Kansas). Le plus connu de ces programmes est peut-être celui intitulé: "Facing History and Our-selves : Ho lace ust and Hum an Beh avi or", élaboré par Margot Stem Strom et William S. Parsons pour les écoles publiques de Brookline, Massachusetts; il s'adresse à des adolescents et peut être adapté pour des étudiants ou des groupes d'adultes.
Des cours sur l'Holocauste ont été créés à l'Université en 1960. Il existe de tels cours dans les départements d'Etudes juives, de religion, histoire et autres: les professeurs sont excellents et les élèves nombreux... et cela est vrai aussi quand les élèves juifs sont peu nombreux.
Pour l'éducation des adultes, toutes sortes d'activités existent en dehors des universités, aux niveaux local et national: la plus importante est le "National Workshop of Jewish-Christian Relations", qui se réunit tous les 18 mois et attire des milliers de participants. Malgré la variété et la qualité des programmes éducatifs proposés, la majorité de la population n'est pas encore atteinte. L'effort fait en Amérique pour informer et éduquer sur l'Holocauste est cependant très important; aussi, malgré les lacunes, les progrès de ces 20 dernières années laissent espérer un encore pl us grand développement de la réflexion et de l'étude de ce sujet essentiel.
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
Même si le Yom HaShoa n'est guère célébré dans les milieux interreligieux ou non juifs, il existe un bon nombre de commémoraisons, religieuses ou laïques, dans le pays. La commémoraison du Yom HaShoa est relativement nouvelle aux U.S.A.: l'impulsion est venue du "Holocaust Memorial Service" des Etats-Unis en 1979, puis du "Congress of the U.S. Holocaust Memorial Council" en 1980. Depuis 1983, les gouverneurs des 50 Etats ont fait des déclarations officielles à ce sujet ou ont inauguré eux-mêmes des services commémoratifs.
L'introduction de tels services dans le cadre des églises se fait lentement. Certaines Eglises chrétiennes (presbytérienne, baptiste américaine) ont introduit le Yom HaShoa dans leur calendrier liturgique; et dans sa "Newslettre' de mars 1988, le Comité épiscopal de liturgie (National Conference of Catholic Bishops)encourage les COMMÉMORAISONS DE LA SHOA au niveau local et donne quelques exemples d'intercessions pour la "Prière des fidèles".
Certains groupes religieux ou interreligieux ont, de leur côté, préparé des textes pour de telles liturgies, qui puissent être distribués au public. Eugene Fisher et Leon Klenicki, par exemple, en collaboration avec l'Archidiocèse catholique de Milwaukee (Wisconsin), la Conférence nationale pour la liturgie et le "AntiDefamation League of B'nai B'rith", ont publié un livret intitulé "From Death to Hope". De telles publications comportent en général des lectures sur la Shoa, des psaumes et d'autres prières adaptées à des groupes composés de chrétiens et des juifs, des chants, des orientations pour les homélies, l'allumage de bougies, etc...
Des commémoraisons ont lieu dans tout le pays, mais il est difficile de savoir avec précision le nombre des personnes engagées et leur impact sur l'ensemble de la population.
Cella Deutsch, skis Brooklyn, N.Y.
AUSTRALIE
L'intérêt pour la Shoa va croissant en Australie, surtout depuis que le Gouvernement Fédéral envisage une législation permettant la poursuite en justice des criminels de guerre nazis vivant dans le pays. De ce fait, et aussi sous l'influence des medias, les professeurs prennent davantage conscience de l'importance de l'Holocauste dans l'histoire moderne européenne et se montrent intéressés à inclure ce sujetdans leur programme. Jusqu'à présent, peu de progrès ont été faits au niveau universitaire... par contre, l'intérêt va croissant dans les classes terminales du secondaire, où l'Holocauste fait partie des programmes. L'Etat de Victoria est certainement en tête pour les initiatives pédagogiques en ce domaine, suivi de près par l'Etat de Nouvelles Galles du Sud. Ce sont les deux Etats où les juifs sont les plus nombreux et où la conscience des diverses ethnies est le plus développée, la population étant de cultures trèsdiverses. Le "New South Wales Board of Éducation", en collaboration avec le "Jewish Board of Deputies" de cet Etat, a réalisé une série de dossiers pour les professeurs et les élèves, pouvant être utilisés pour les cours d'"Humanités" des classes terminales du secondaire. On peut se procurer de tels dossiers un peu partout en Australie, et déjà une certaine a été vendue. L'Holocauste fait partie du programme de toutes les écoles secondaires juives de Victoria et de Nouvelles Galles du Sud; dans les écoles juives des autres Etats, l'enseignement de l'Holocauste se réduit à quelques mentions informelles, liées aux cérémonies commémoratives du Yom HaShoa (il s'agit, en effet, de communautés juives très restreintes avec peu de survivants de l'Holocauste).
Dans l'ensemble du pays, la situation est assez parallèle à celle des communautés juives. Les deux seuls Etats qui fassent référence (de façon formelle ou informelle) à la Shoa dans leurs programmes scolaires sont ceux de Nouvelles Galles du Sud et de Victoria. Dans certains autres Etats, le sujet est parfois mentionné en passant, en relation avec des études sur la justice et la paix; mais les professeurs et les communautés qu'ils représentent sont en général peu avertis du sujet et ne le considèrent pas comme très important...
Dans l'Etat de Victoria, le "Jewish Holocauste Centre" et le "Museum" de Melbourne ont contribué à éveiller la conscience de la population. Diverses activités y sont organisées chaque année pour les professeurs; environ 10.000 élèves des grandes classes du secondaire visitent chaque année les expositions du Museum, et participent à des conférences données par des survivants de l'Holocauste au "Jewish Holocaust Centre". Ce dernier prévoit aussi certains sujets pouvant faire l'objet de recherches de la part des étudiants, et il met ses archives à la disposition du public. On parle actuellement de créer un Centre semblable dans l'Etat de Nouvelles Galles du Sud.
CÉRÉMONIES COMMÉMORATIVES DE LA SHOA
La seule prière publique que nous connaissions est la cérémonie commémorative qu'organisent les communautés juives d'Australie pour le Yom HaShoa. Certainement que, pour le 50e de la Kristallnacht, des services auront lieu dans certaines synagogues du pays.
JennyWajsenbert et Rosalie Hanley, nds – Melbourne
EUROPE
ALLEMAGNE FÉDÉRALE
1. CONVERSION ET RENOUVEAU: QUE SIGNIFIE POUR NOUS LE 9 NOVEMBRE
1938?
Cinquante ans ont passé depuis la Nuit des pogroms du Reich. Cela nous amène à nous demander comment nous avons appris à nous situer par rapport à cette date du 9 novembre.
Qu'a fait l'Eglise?
En 1978, pour le 40e anniversaire, la première référence officielle à cette date a été faite par les autorités de l'Eglise évangélique: on rappelait aux communautés que c'est aussi le silence des Eglises qui a permis l'antisémitisme et l'extermination des juifs au temps de la Shoa, et l'on ajoutait une exhortation à contrecarrer l'antisémitisme et les actes hostiles aux juifs se manifestant de nouveau avec évidence. On organisa de plus de nombreux services religieux communs, rappelant la Shoa et centrés sur la reconnaissance de la faute. Des séries de conférences et de séminaires furent aussi organisées sur les thèmes de la religion ou de l'histoire juives.
En cette année 1988, les organisateurs de services commémoratifs se demandent quels sont les résultats des efforts faits, dans un esprit de conversion et de renouveau, pour ouvrir les chrétiens à une nouvelle attitude envers les juifs (cf. la Résolution des Eglises évangéliques rhénanes du 15 janvier 1988). On reconnaît certainement plus nettement qu'auparavant que la faute des Eglises ne consiste pas seulement dans leur silence sous le régime nazi, mais aussi dans le fait d'avoir parlé avec mépris des juifs pendant des siècles.
L'antijudaïsme chrétien, dans ses origines et dans ses conséquences historiques, est étudié avec plus de lucidité et plus en détail, et il est porté à la connaissance des communautés. Il y a eu aussi, depuis 1978, toute une série de travaux de groupes et de synodes ecclésiastiques qui ont essayé de reformuler les relations chrétiens/juifs et ont présenté des thèses et des résolutions à ce sujet. A la base de tels documents, il n'y a plus seulement le désir que "Auschwitz" ne se reproduise jamais, mais une tentative de parler toujours davantage de manière responsable des juifs, et avec les juifs, pour que la vie soit possible ensemble dans l'avenir. Aussi est-ce une notion propre à la tradition juive qui a été adoptée, au cours de la réflexion: la relation qui existe entre souvenir, conversion et réconciliation.
De nombreuses communautés organisent des services religieux et des séminaires sur le 9 novembre. Dans plusieurs d'entre elles, ils ont lieu régulièrement depuis de nombreuses années. Les services religieux sont souvent oecuméniques–ce qui manifeste qu'on est conscients que le rejet des juifs représente un phénomène hélas! commun à tous les chrétiens. La date du 9 novembre peut donc avoir pour fonction de rappeler les victimes de la Shoa et de faire réfléchir sur la responsabilité commune des chrétiens envers les morts.
Qu'apprennent les élèves?
Un enseignement sur les persécutions des juifs fait partie intégrante du programme d'étude des classes secondaires (Classes 5-13), avant tout dans les cours d'histoire et de religion. Dans le concret, la discussion de ce thème est laissée au jugement du professeur: ce que les élèves apprennent dépend donc des connaissances de celui-ci et de son sens de responsabilité. Les manuels scolaires révèlent combien il est encore difficile de traiter de ce sujet, à la fois de manière vraiment objective et avec la sensibilité qui convient. Ils manifestent de plus des lacunes considérables, avant tout en ce qui concerne les causes de la Shoa. L'histoire de l'antijudaïsme chrétien n'est que rarement exposée.
Il existe, d'autre part, un peu partout en Allemagne des professeurs pour qui cette question est devenue si essentielle qu'ils essaient d'aller au-delà de ce qui est exigé par le programme scolaire. Ils organisent des semaines d'étude, des excursions dans des lieux juifs, cherchent à entrer en contact avec les anciens habitants juifs de leur ville natale, s'intéressent à l'histoire deleur école au temps du nazisme. De plus en plus, les communautés découvrent "soudain" les restes de synagogues détruites, et cela lorsqu'un de leurs concitoyens, un maître avec ses élèves ou quelqu'autre gorupe, commence à faire des recherches à ce sujet. Souvent, à la suite de telles initiatives, des monuments commémoratifs sont édifiés. Les élèves ayant collaboré à de tels projets manifestent, à la suite de cette commémoration ponctuelle, une plus grande sensibilité à tout ce qui touche aux juifs et au judaïsme.
Qu'en sera-t-il dans l'avenir?
Il serait souhaitable qu'à partir de ces services du "Souvenir", on établisse désormais un "Dimanche d'Israël", dont l'insertion dans le cadre liturgiques garantirait, au moins une fois dans l'année, le rappel du lien qui existe entre l'enseignement chrétien et la persécution des juifs. On devrait, de plus, offrir de plus en plus d'occasions de s'informer sur le judaïsme et la vie juive. Malgré tous les efforts, l'ignorance au sein des communautés est encore terriblement grande, et elle risque de se transmettre aux nouvelles générations. Les associations judéo-chrétiennes sont très actives en bien des endroits, et elles trouvent dans les "Semaines de Fraternité" (Woche der BrOderlichkeit) un cadre public permettant de rappeler le souvenir de la Shoa; mais l'influence de cette organisation sur la société reste malgré tout peu importante.
Ruth Kastning - D-5205 St Augustin 3
2. LA SHOA DANS L'ENSEIGNEMENT RELIGIEUX CATHOLIQUE EN Allemagne FÉDÉRALE
"Envers l'Etat d'Israël et ses habitants, nous avons, nous Allemands, une responabilité particulière car, en notre siècle, les Allemands se sont rendus tout particulièrement coupables envers le peuple juif... Nous, chrétiens, avons trop longtemps oublié ce que nous devons au peuple d'Israël") C'est par de telles phrases, mentionnant aussi les longues persécutions au cours des siècles, surtout dans les pays chrétiens, que commencera une unité d'enseignement "Juifs-Chrétiens".
C'est avant tout dans les livres de religion, auxquels a travaillé Werner Trutwin, que le thème est traité en détail, comme par exemple dans le livre paru récemment: Wege des Glaubens (les chemins de la toi).
Parmi les livres scolaires d'histoire de l'Eglise, celui de H. Gutschera et de J. Thierfelder se distingue de nos jours par la manière détaillée dont il traite de la Shoa.2
Mais à côté de ces exemples positifs, il existe encore de nombreux manuels de religion qui ne traitent de la Shoa que de façon marginale, qui passent sous silence le fait qu'elle fut liée à l'hostilité chrétienne envers les juifs, et qui manifestent au contraire une tendance apologétique, apparente ou cachée, usurpant par exemple au profit de l'Eglise catholique allemande les actions secourables de quelques chrétiens (comme par ex. l'engagement de Dr Gertrud Luckner). Aussi avons-nous recueilli, dans notre livre de textes scolaires4, pour le projet "Lernprozess Christen-Juden",3 d'innombrables textes sur l'attitude de l'Eglise devant la persécution des juifs, lors du IIIe Reich.
Il y a donc de grandes différences dans la manière dont on traite de la Shoa dans l'enseignement actuel de la religion catholique, autant qu'on en peut juger par les livres. Cela devrait valoir aussi pour la formation chrétienne des adultes. En fait, on traite de manière plus approfondie de la Shoa là où un prêtre ou une communauté s'intéresse à cette quesiton, par exemple lorsqu'on est en relation avec une "Ge-se I Isc h af t für Christilich-Jüdische Zusammenarbeit" (association de travail en commun juifs-chrétiens). Certaines "Académies" catholiques, comme celle de Aachen sous la direction de H.H. Henrix, traitent continuellement de ce thème.
En tant que prise de position officielle, il y a eu la Déclaration du groupe de discussion "Juifs et chrétiens" du Comité central des catholiques allemands: "Cinquante ans après. Comment parler de faute, de souffrance et de réconciliation?"5 De même, 50 ans après les pogroms de novembre 1938, a paru (pour la première fois!) une Déclaration commune des Conférences épiscopales de Berlin, d'Allemagne et d'Autriche intitulée: "Assumer le poids de l'histoire".6 On y affirme que les évêques d'alors, "sans préjudice de toutes les considérations d'opportunité", ne se sont pas engagés pour "défendre les droits élémentaires de tout être humain" en ce qui concerne les juifs. Les conséquences éventuelles d'une telle confession sur la prédication et l'enseignement de l'Eglise, à tous les niveaux, n'ont guère encore été tirées; mais il y a déjà des essais courageux.
Peter Fiedler - Freiburg in Brisgau
ANGLETERRE
Universités:
Il ne semble pas exister dans les universités anglaises de chaire, "Lectureship" ou "Research Fellowship" pour des études sur l'Holocauste; cependant un "Centre for Holocaust Studies" va être créé à Leicester University, un "Fellowship in Jewish-Christian Holocaust Theology" va être institué au "Centre for the Study of Judaism and Jewish-Christian Relations" à Selly Oak, Birmingham, et un "Visiting Fellowship in the Study and Teaching of the Holocaust" va être créé (quand on aura recueilli les fonds suffisants) au "Oxford Centre for Post-Graduate Hebrew Studies". Certains cours concernant l'Holocauste ont lieu aux Universités de Leicester et de Nottingham.
Ecoles:
L'Holocauste fait partie des sujets d'examen pour le "General Certificate of Secondary Education"; de ce fait, un nouveau matériel scolaire a dü être élaboré et des séminaires pour les professeurs ont été organisés par divers instituts. Aux autres niveaux, l'enseignement de l'Holocauste est laissé à l'initiative de chacun, le sujet pouvant être abordé dans le cadre de l'histoire, de la religion ou de la sociologie. Il y a eu en ce domaine des réalisations intéressantes: des expositions, comme celle sur Auschwitz en 1983 à Stepney, in Basildon et ailleurs, ou "The Anne Frank International Exhibition" à travers tout le pays; des dossiers et deux videos réalisés par le "London Education Authority" sous le titre: Auschwitz – Yesterday's Racism, dossiers épuisés maintenant mais que l'on cherche à rééditer. Des séminaires sont organisés en différentes villes pour les professeurs, et l'on peut trouver de l'information ou du matériel scolaire auprès des institutions suivantes: The Wiener Library, The Spiro Institute, The Jewish Programme Materials Project et The Centre for Jewish Education, the Sternberg Center for Judaism.
Initiatives de l'Eglise:
Certains groupes chrétiens organisent des conférences sur le sujet, mais il ne semble pas qu'il existe de programmes à long terme. Une tentative a été faite à Manchester d'organiser une série de discussions pour le clergé, mais le nombre des participants n'était pas grand.
La communauté juive:
La communauté juive considère qu'il est important de donner un enseignement sur la Shoa aux jeunes générations; et cela n'est pas sans problèmes, car ce n'est pas seulement une question historique, mais une réalité qui conditionne la vie juive actuelle. Cet enseignement est cependant pris très au sérieux: la plupart des programmes, dans les écoles juives, comportent l'étude de l'Holocauste. Les mouvements de jeunesse juifs abordent aussi ce sujet au cours de leurs activités: certains organisent des séminaires pouvant comporter des visites en Allemagne, en Hollande ou en Israël. La conférence internationale de juillet 1988 "Remembering for the Future", à Oxford, a éveillé les consciences sur la nécessité d'inclure l'Holocauste dans les programmes scolaires etuniversitaires. Le "Holocaust Educational Trust", inauguré en 1988, a publié un "Directory of Holocaust Related Activity in Britain".
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
Les juifs d'Angleterre observent généralement le Yom HaShoa. Une cérémonie commémorative a lieu au "Holocaust Memorial Garden", à Hyde Park, et aussi à "Waltham Abbey Cimetery", Essex.
Du côté chrétien, les services commémoratifs de l'Holocauste sont plutôt rares, même si certains groupes, comme les "Councils of Christians and Jews" locaux organisent des services de prière. Le 50e anniversaire de la Kristallnacht a été rappelé un peu partout, et on a commencé comprendre combien il est nécessaire, pour les chrétiens, de rappeler l'Holocauste dans leur prière. En 1988, le "Westminster Diocesan Committee for Catholic-Jewish Relations" a fait, l'occasion du "Holocaust Day", un jeûne de 24 heures qui a été suivi d'un bref service de prière à l'église St Charles Borromée, au centre de Londres. Ils expliquèrent avoir fait cela "pour montrer leur solidarité avec le peuple juif et pour exprimer leur repentir pour l'antisémitisme chrétien". Certaines communautés religieuses ont aussi commémoré l'Holocauste dans leurs chapelles.
Mary Kelly, nds
AUTRICHE
Ces dernières années ont vu un nombre croissant d'initiatives concernant la Shoa tant du côté des adultes que de celui des enfants, aussi est-il difficile de les énumérer toutes en détail.
Dans les écoles:
Les nouveaux programmes d'histoire et d'instruction religieuse comportent des cours sur la Shoa et sur le judaïsme. Le manuel d'instruction religieuse des enfants de 12 ans comporte un chapitre sur le judaïsme où mention est faite du massacre des juifs; celui des jeunes (de 15 ans) a deux pages sur l'anti-judaïsme, avec des citations du Journal d'Anne Frank. Dans toutes les écoles secondaires, les professeurs sont équipés en matériel pédagogique audiovisuel sur ce sujet: bobines, diapositives, posters et livres. Ils sont de plus encouragés à faire visiter le camp de concentration de Mauthausen, où les élèves peuvent profiter d'explications données par des guides spécialement formés à cet effet.
Cette année, la devise pour toutes les écoles était officiellement: "1938-1988". Dans beaucoup d'écoles, les élèves ont été encouragés à faire des recherches sur le passé de leur école, sur les paroisses des alentours, etc... Dans l'école où j'enseigne, la dernière semaine de l'année scolaire a été consacrée à ce sujet; les résultats des recherches ont été mis en commun et recueillis dans un livret d'une cinquantaine de pages; les divers aspects: historique, politique, artistique, littéraire, psychologique et religieux, y sont pris en considération.
Expositions:
Elles ont été si nombreuses ces derniers mois sur "1938" qu'il était impossible de les visiter toutes. Les écoles étaient fortement encouragées à y conduire les différentes classes, et beaucoup de professeurs ont su profiter de ces occasions.
Conférences:
Toutes sortes de conférences et de symposiums ont eu lieu un peu partout dans le pays... et un grand effort a été fait, depuis ces dernières années, pour informer sur le judaïsme et la Shoa. Même si certains Autrichiens répugnent encore à reconnaître le rôle qu'ils ont joué dans la Shoa (ce qui les amène à éviter toute confrontation avec ce sujet), ils sont plus nombreux actuellement à s'y intéresser. Les jeunes professeurs, particulièrement, considèrent comme un devoir d'informer les jeunes générations sur la Shoa et sur le judaïsme.
Il y a sûrement encore à faire. Pour le moment, les efforts faits l'ont été à peu près tous à Vienne. Il serait très important d'engager aussi tous ceux qui sont intéressés dans les diverses provinces, de créer des associations subsidiaires, d'unir toutes ces forces et de fournir l'aide et les conseils nécessaires.
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
Je voudrais faire d'abord deux remarques préliminaires. Premièrement, les prières n'étant généralement pas faites en public, il est difficile de savoir exactement ce qui existe en ce domaine. Ma deuxième remarque concerne la visite du Pape en Autriche en juin 1988: il y a eu une déception, du côté juif, du fait que le Pape n'a pas mentionné explicitement le martyre des juifs lors de la Shoa. La réponse qui a été donnée est que le Pape parlait alors à des chrétiens: cela montre bien que le martyre des juifs, lors de la Shoa, n'a pas encore une place intrinsèque dans la prière de l'Eglise catholique. Les efforts faits par divers groupes pour commémorer la Shoa dans la prière sont donc d'autant plus appréciables.
Pendant l'été 1986, le "Katholische Aktion Osterreichs", frappé par les résurgences d'antisémitisme au cours de la campagne pour les élections présidentielles, a décidé de prendre certaines mesures favorisant le dialogue entre chrétiens et juifs. L'une de ces mesures a été une "Heure de contemplation et de réconciliation", le 12 octobre 1986, la veille de Yom Kippur. De nombreuses personnalités, tant juives que chrétiennes, ont participé à cette rencontre, avant tout religieuse, entre autres: Mgr Groer, archevêque de Vienne, des représentants des Eglises protestantes, le Grand rabbin P.Ch. Eisenberg et le Président des communautés juives, Dr Ivan Necker (décédé depuis).
L'initiative a été reprise l'année suivante, le 25 octobre 1987, sous forme de "Commémoraison", avec divers témoignages de personnes ayant vécu ce triste chapitre de notre histoire. La célébration s'est terminée par la récitation du Ps. 33 faite par Mgr H.H. Groer, le Président du Consistoire Dietrich et le Grand rabbin Eisenberg, tous trois ensemble.
Le 13 mars 1988, l'Auriche a commémoré le 508 anniversaire de l'Anschluss, le rattachement à l'Allemagne hitlérienne. Le 11 mars 1938, le 1 er Ministre Schuschnigg donnait sa démission, et ce fut le premier pas vers cet acte historique qui nous fut fatal. A l'initiative de "Katholische Aktion", toute l'Autriche (écoles, transports, etc...) a observé une minute de silence dans la matinée du 11 mars 1988, ce qui signifiait aussi la "demande de pardon à ceux qui furent les victime.
Le soir du même jour, la Conférence épiscopale d'Autriche organisait un service commémoratif à la cathédrale St Etienne sur le thème d'Isaïe: "Paix à ceux qui sont loin - et paix à ceux qui sont proches", cérémonie à laquelle participèrent certaines personnalités politiques et des représentants des autres Eglises. Le 12 mars, des Messes furent célébrées en diverses églises pour ceux qui sont morts dans la Résistance.
Le 13 mars, divers diocèses autrichiens organisèrent aussi des cérémonies commémoratives. A Vienne, au cours d'une cérémonie oecuménique, on pria "à la fois pour les victimes et pour les auteurs de crimes", dans la ligne de la demande du Notre Père: "Pardonne-nous nos offenses". Cette prière oecuménique avait lieu sur la Morzinplatz, là où la Gestapo avait son siège central et où beaucoup furent emprisonnés, torturés ou tués; elle fut suivie par des prières dans les différentes églises de Vienne et à la synagogue.
Pour le 9 novembre 1988, un service commémoratif a eu lieu à l'église St Léopold, qui est construite sur l'emplacement d'une synagogue détruite.
Hedwid Wahle, nds - Vienne
BELGIQUE
Présentation de la Shoa
Depuis quarante ans les commissions, les conférences internationales de chrétiens et de juifs multiplient les textes, les recommandations, les orientations, les notes... Chaque fois les chrétiens sont invités à examiner leur présentation de l'Ancien Testament, de la judéité de Jésus et des relations entre un judaïsme toujours vivant et l'Eglise. La question de la Shoa est le plus souvent présente dans ces documents.
Une enquête parmi les manuels de religion belges établit encore une absence à peu près complète d'intérêt pour le judaïsme, à part, occasionnellement, un témoignage perdu parmid'autres, ou une réflexion intemporelle sur l'engagement de Marthe et de Marie. En règle générale, le judaïsme n'y existe pas. De l'Ancien Testament, le lecteur reçoit surtout le sens messianique: Jésus est juif de naissance, mais les conséquences n'en sont pas clairement tirées; le judaïsme historique disparaît rapidement au rythme du développement de l'Eglise.
Lorsque les auteurs de manuels présentent les autres religions, ils sont prolixes, sauf en ce qui concerne le judaïsme qui n'occupe pas la place privilégiée que les textes officiels de l'Eglise lui reconnaissent. Les questions du mal et de la souffrance sont de presque toutes les tables de matières mais les formes exemplaires que ces questions ont prises dans la Shoa ne sont jamais envisagées.
Par ailleurs, quelques matériaux existent et des professeurs les utilisent:
- Chrétiens et Juifs en Belgique, 1985
- L'évolution des relations entre Chrétiens et Juifs in Pro Mundi Vita, 95-96, 1985
- MALINSKY A., Esquisse d'une initiation au judaïsme Bruxelles 1981
- WERBROUK L., Uw rijk kore..., Antwerpen 1976
Nous avons déjà examiné dans les manuels d'histoire le traitement de la Shoa. Il est plutôt mince dans la plupart, qui n'offrent que quelques documents. Un seul échappe à la règle, celui de J. Lefèvre et J. Georges: Les temps contemporains (Tournai 1983). Il s'agit d'un ouvrage de huit cents pages en deux tomes. Il offre une présentation claire des religions, où les "religions du Livre" et le judaïsme trouvent une juste place. Il fournit aussi des documents plus abondants et plus variés sur la Shoa. Par ailleurs, les Documents pédagogiques. La Belgique occupée (du Ministère de l'Education nationale et de la culture française) fournissent une introduction générale, des textes et des documents iconographiques. Le tout forme un ensemble des plus complets et la Shoa y est bien présenté, sous plusieurs aspects. Signalons enfin les deux livres de L. Dequeker: Geschiedenis van het Jodendom en het Zionisme (Leuven 1982) et de M. Steinberg: La traque des Juifs (Bruxelles 1986).
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
Dans les synagogues, à la caserne Dossin (Malines), au cimetière des Fusillés et au Mémorial juif de Bruxelles, la commémoration de la Shoa et les anniversaires de la Déportation sont des moments graves de prière, avec le Qaddisch, la mélopée des camps et une prise de parole des témoins de la Shoa. Chaque année une trentaine de chrétiens se joignent à ces manifestations, et quelques personnalités s'expriment à cette occasion.
Des voyages guidés par d'anciens déportés sont organisés annuellement vers Auschwitz, et une vingtaine d'élèves non-juifs des classes terminales y sont invités, pour que mémoire soit gardée par la nouvelle génération.
Quant à la prière du public chrétien, elle est rarement conduite dans un sens d'accueil aux événement et aux célébrations de la communauté juive. A Bruxelles, il faut noter pourtant une réunion de prière qui a fait date puisqu'elle rassemblait huit cents chrétiens de diverses Eglises: "Veillée de prière oecuménique: faire mémoire de nos racines juives" (3.2.1987).
Les Protestants ont inauguré, il y a une dizaine d'années, un "Dimanche pour Israël", à la rentrée d'automne. A cette occasion, ils fournissent à tous les pasteurs un schéma de prédication qui tient compte du lien fondamental entre les deux communautés. L'Eglise évangélique a pris aussi l'habitude de placer à la date de Kippour une prière publique, qui allie une expression de repentance et de louange à une intercession pour la paix au Proche Orient.
Nous voulons conclure avec optimisme. Pendant quarante-cinq ans, certains auteurs ont rassemblé des documents et des matériaux, et maintenant de plus en plus de chrétiens les lisent et en parlent. Il reste que les dernières Notes du Saint-Siège, pour décevantes qu'elles paraissent parfois, sont loin d'être appliquées, connues même. Nous souhaitons que tous s'en préoccupent.
M.Hélène Belleflamme et M.Hélène Fournier. nds - Bruxelles
FRANCE
La Shoa dans l'éducation
Au plan de l'éducation, une réflexion sérieuse a commencé et des expériences se font afin de présenter la Shoa aux jeunes générations, et d'intégrer cet enseignement dans le cadre des programmes scolaires, cela d'une manière adaptée à l'âge et au niveau des élèves. Cette réflexion s'est amorcée dans les milieux juifs d'abord (Voir par ex. la revue Hamoré N. 88, 94, 97, 98, 99). Les divers problèmes qui se posent ont été analysés, ainsi que les écueils à éviter pour:
- maintenir la spécificité de la Shoa,
- ne pas présenter les juifs uniquement comme passifs devant la catastrophe,
- respecter la sensibilité des jeunes, etc...
Du côté chrétien aussi, une recherche est en cours pour trouver comment et quand parler de la Shoa dans le cadre de l'éducation, et surtout de la catéchèse, et pour sensibiliser les jeunes à l'estime des valeurs juives et au respect des différences. Le SIDIC de Paris a organisé un Colloque à ce sujet à Chantilly en janvier-février 1987, et il a réalisé dernièrement une étude des parcours catéchétiques (entre 1982-1987), soulignant les progrès accomplis et ceux qui restent à faire; il travaille actuellement en collaboration avec le Centre National de l'Enseignement Religieux (cf. Sens 6-7/1 987, p. 196). Nous renvoyons aussi à la bibliographie parue dans la revue SIDIC vol. XXI:1 (1988) intitulée: "Quelques livres d'enfants éduquant à la fraternité et à la paix".
Signalons aussi, au niveau de l'Education Nationale, le voyage à Auschwitz organisé pour plus de cent élèves de première, d'une soixantaine de lycées parisiens, publics et privés, accompagnés de leurs professeurs d'histoire. Ce voyage a eu lieu en mars 1988, à l'invitation du Comité d'information des lycéens sur la Shoa (78 Av. des Champs Elysées, Paris), et on en trouvera un compte-rendu dans Hamoré N. 122123. Plus que des cours théoriques, cette activité inter-lycéens et inter-confessionnelle, sur les lieux mêmes du drame, a permis aux jeunes de faire une expérience concrète, poignante même, de ce que fut la "solution finale".
COMMÉMORAISONS DE LA SHOA
Pour ce qui est des liturgies commémoratives, cela n'existe pas en France. Il n'y a que les juifs qui tassent quelque chose le Jour du souvenir, au Mémorial juif. Du côté chrétien, on n'a pas encore entendu parler de manifestations de ce genre; en cela, nous sommes bien en retard sur les Etats-Unis et d'autres pays anglo-saxons.
Mireille Gilles, nds
HOLLANDE
Il existe en Hollande différents centres pouvant informer sur la Shoa:
Une importante documentation se trouve à la Fondation Anne Frankl qui a fait l'inventaire de toutes les initiatives intéressantes au plan éducatif et dans les médias sur la Shoa. La visite guidée de la Maison d'Anne Frank à Amsterdam est un moyen privilégié d'éducation pour les professeurs (Mme Eja Kliphuis);
- Des renseignements utiles peuvent être trouvés au bureau "Eglise et Israël" de l'Eglise reformée de Leusden (Gereformeerde Kerken)2, auprès de Mme Ria Kempers, et au Conseil réformé (Nederlandse Hervormde Raad) à Driebergen, auprès de Mme frêne van Zeijts;
- Le Dr le Abram, écrivain et membre du Centre général d'études pédagogiques (AIgemeen Pedagogisch Studiecentrum)3 a dressé la liste du matériel pédagogique utile réuni par son Centre, et des lieux où on peut se le procurer;
- On peut trouver aussi de l'information auprès du Dr Marcel Poorthuis, du Conseil catholique pour Israël à Utrecht (Katholieke Raad voor Israël)4.
Ces quelques notes, très incomplètes, ne peuvent donner une idée exacte de tout le travail qui se fait, depuis des années déjà, en Hollande.
M. Héléne Fournier et Maria Swings, nds - Bruxelles