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Enseignement et Education - Comment présenter dnas l'enseignement religieux les spiritualités hassidique et franciscaine
Mary Travers
François est certainement le saint le plus populaire de notre calendrier chrétien; même les Eglises qui ne reconnaissent habituellement que les « saints cachés » que Dieu seul connaît se trouvent en quelque sorte attirés par la personnalité de cet homme qui a su allier la souffrance physique et l'austérité la plus rigoureuse à une joie de l'âme irrésistible et à une simplicité d'enfant. De là, semble-t-il, cet ascendant qu'il a exercé sur les êtres humains et même sur les animaux. Cependant, pour le maitre, et particulièrement lorsqu'il s'adresse à de jeunes enfants, le danger est de s'en tenir à cet aspect seulement. Il est facile de présenter aux élèves un François qui prêche aux oiseaux, qui exhorte un loup à changer de conduite ou qui se joint à Frère soleil et à Soeur lune pour louer le Seigneur, lorsqu'on veut s'en tenir à une présentation sentimentale et 'superficielle. Les activités qu'on propose, dessins ou mises en scène, passent trop souvent à côté du François « réel » dont l'esprit de joie et de confiance en Dieu n'est pourtant pas sans écho dans le coeur des enfants. Ne laissons pas le gazouillement des oiseaux oblitérer le vrai message de notre saint.
Un autre danger, même si l'on respecte l'esprit authentique de François, serait de le présenter avec une sorte de halo qui l'isole, comme une figure pittoresque du Moyen Age, sans présenter en même temps ces milliers d'hommes et de femmes qui, depuis 8 siècles, ont cherché à suivre le Christ avec la ferveur et la joie franciscaines. Ils ont dû, au cours des générations, trouver une interprétation nouvelle de cet esprit, et ils continuent de le faire. Le témoignage de ces franciscains que nous rencontrons dans la vie quotidienne a plus de valeur que toutes les fresques, poutant si belles, d'un Giotto... aussi, qui pourrait mieux qu'eux présenter à nos enfants et à nos jeunes, en cette fin du 20e siècle, l'esprit de Saint François?
Mais nous devons aller plus loin. En lisant ce numéro de SIDIC, nous voyons bien que l'esprit que nous appelons « franciscain » peut se retrouver aussi dans le courant du judaïsme dit Hassidisme. On y trouve la même joie, le même émerveillement devant la nature, la même liberté spirituelle, le même détachement et une même soif d'union à Dieu, avec bien sûr des différences dues au caractère propre à chacune des deux religions. Si nous voulons respecter l'universalisme du message de François, il nous faut présenter ce dernier comme cheminant pour ainsi dire en compagnie de ses frères Hassidim, parcourant avec eux les forêts et les champs et « servant le Seigneur avec joie ». Voilà un message que les adolescents peuvent comprendre et traduire en leurs propres termes. On aidera ainsi les jeunes, tant juifs que chrétiens, à comprendre que la soif de l'homme pour l'infini se présente sous des formes liées, certes, à des traditions religieuses, mais aussi à un fond commun de l'humanité.
Puisse cette revue nous aider non seulement à découvrir personnellement les richesses d'un patrimoine commun, mais aussi à développer une dimension importante de notre enseignement!
* Sr Mary Travers, N.D.S., a reçu sa formation pour l'enseignement religieux à l'Institut Lumen Vitae de Bruxelles, puis en Angleterre d'où elle est diplômée. Elle est venue récemment se joindre à l'Equipe de SIDIC à Rome.