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L'Héritage - Un seul Dieu, une seule espérance
Johannes Willebrands
Le 15 octobre 1979, Son Eminence le Cardinal Winbrands, Archevêque d'Utrecht, Président du Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens et de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, présidait une concélébration solennelle, dans la Basilique St Marc, en mémoire du Professeur Cornelis Rijk dont on venait d'apprendre la mort.
Au cours de cette célébration liturgique, le Cardinal prononça une homélie retraçant la personnalité du Professeur Rijk et l'oeuvre accomplie par lui au service du dialogue judéo-chrétien. Décrivant le lien qui unissait le Professeur à la sainte Écriture, le Cardinal dit: « Tout son coeur était là ». Puis, pénétrant plus profondément dans la pensée du Professeur, le Cardinal relevait les deux aspects sous lesquels il présentait la question des rapports entre le judaïsme et le christianisme: scruter le mystère de l'Église, l'Église qui prend sa source dans la foi d'Abraham, dans l'Alliance du Sinaï; puis, affirmer le salut pour tous, salut transmis à travers le peuple d'Israël (cf. Jn. 4,22). lit, dans ce sens, le Cardinal ajoutait: «Le Christ de l'Alliance nous apporte la vraie libération et la vocation du peuple d'Israël; c'est là qu'est la racine du lien entre chrétiens et juifs, car nous sommes greffés sur l'olivier franc, afin de porter, nous aussi, des fruits de salut ». Ceci fut la pensée et Pins. piration du P. Rijk, ce travail fut accompli par lui de tout son coeur, toute la force de son intelligence. Plus encore, c'est au sein de sa vocation sacerdotale, que le Père Rijk découvrit cette mission spécifique, et il voulut s'y dévouer de toutes ses forces et de toutes ses capacités. Il se mit ainsi volontairement au service de l'Église et c'est dans cet esprit qu'il accomplit sa tâche au Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens en collaboration avecle Cardinal Bea. C'est dans le contexte de ce Secrétariat qu'il pu et dut s'occuper du peuple juif, bien que sous un angle et dans une orientation différentes de ceux qui concernent l'unité des chrétiens. « Et, lorsqu'il se retira du Secrétariat », ajoute le Cardinal, « il continua de développer son oeuvre d'une manière plus libre, afin d'offrir toutes les possibilités de s'exprimer, aux qualités de son esprit », par la création de rapports spirituels humains, sociaux, entre chrétiens et juifs » dans le cadre organisé, donc solide et permanent, du SIDEC. Le Professeur Rijk nous a laissé ainsi un héritage; l'oeuvre accomplie par lui devrait « se poursuivre dans l'avenir, animée du même zèle, de la même inspiration, avec la même persévérance, car, pour accomplir cette tâche, il faut, en effet, de la patience et une force spirituelle qui surmonte les obstacles dus au temps ».
Pour terminer, le Cardinal a tenu à évoquer le contexte plus vaste des rapports judéo-chrétiens: « Un seul Dieu, une seule espérance, sans lesquels la vraie paix ne règnera jamais sur la terre! Tous les hommes devraient, en fait, « se reconnaître réciproquement fils de Dieu, mais spécialement les juifs et les chrétiens ». Là encore le Professeur Rijk nous indique une route à par. courir: « Appelé à l'Église céleste, son travail continue; il est encore, sans doute, vivant de sa vocation ». Sa mort peut sembler prématurée, mais la vérité est que « si le grain de blé ne meurt, il ne porte pas de fruits » (cf. Jn. 12,24). Et le Cardinal de conclure: « Confions notre ami à la Providence divine et poursuivons ce qui est le témoignage de sa parole, son oeuvre de vie, pour la pleine réconciliation entre le pueple juif et le peuple chrétien, afin que, comme le grain de blé, elle puisse porter beaucoup de fruits ».