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Florilege_ proclamation de la parole
Les éditeurs
Dans la tradition juive
Les juifs n'ont pas conscience d'être « le peuple du Livre »; ils ne sentent pas qu'ils possèdent le « Livre », pas plus qu'on ne sent qu'on possède la vie. Le Livre, la Torah, était leur essence mime, tout comme eux, les juifs étaient l'essence de la Torah…
Voici une bourgade juive d'Europe orientale: C'est un endroit où, de tous temps, on a étudié la Torah; ...où la synagogue, la maison d'études, est pleine d'hommes de toutes conditions sociales... C'est un endroit où, le shabbat et les jours de fête, près de l'Arche sainte, du haut de la chaire tombent de flamboyants sermons qui enflamment le coeur d'amour pour la divine Présence, des sermons sertis de textes des Prophètes aux paroles consolantes, ou de paraboles acérées de nos sages, le tout prononcé d'une voix, d'un accent qui réconforte l'âme, fait se fondre le corps et pénètre tout l'être...
A. Heschel: « Les Bâtisseurs du Temps »
Dans l'Eglise romaine
Les Saintes Ecritures contiennent la Parole de Dieu et, parce qu'elles sont inspirées, elles sont réellement la Parole de Dieu... C'est de la même Parole de l'Ecri¬ture que le ministère de la parole, autrement dit la prédication pastorale, la catéchèse et toute l'instruction chrétienne, dans laquelle il faut que l'homélie liturgiqueait une place privilégiée, est nourri de façon salutaire et trouve sa sainte vigueur.
Const. Revel. divine n° 24
Chez les Orthodoxes
H y a dans l'Ecriture un aspect d'Incarnation. L'Ecri¬ture incorpore le Verbe, et l'Incarnation du Verbe achève de transformer en dimension de l'eucharistie l'audition ou la lecture de la Parole.
Ecoutons Origène: « Voici comment tu dois compren¬dre les Ecritures: comme le corps unique et parfait du Verbe » (Fragment d'une homélie sur Jér. P.G. 17,289)...
C'est pourquoi: le livre des Evangiles est posé sur l'autel, devant un chandelier à sept branches. Particu¬lièrement vénéré, il est porté bien haut par le prêtre, quand celui-ci sort de l'iconostase (c'est ce qu'on ap¬pelle la « petite entrée »). La lecture se fait avec sim¬plicité, mais appuyée par une ligne mélodique soutenue. Ni lecture banale, ni exaltation marquée par la psycho¬logie individuelle du célébrant: la musique au service de la Parole; elle fait entendre son « en-dedans » de silence. Le silence repose dans la Parole comme l'Esprit sur le Christ, constituant son onction messianique. On vénère l'Evangile (le baiser, le front) pendant la lecture du « canon » des matines, respect pour la Parole incar¬née, présence du Christ dans le livre qui dit ses paroles et ses actes...
Olivier Clément « La Sainte Ecriture dans la vie des chrétiens orthodoxes », SOP n. 86, mars 1984