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Revue SIDIC IX - 1976/2
Targumim et Midrashim (Pag. 03)

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Présentation
La rédaction

 

Le terme de Midrash devient peu à peu familier dans les milieux chrétiens, surtout depuis que les exégètes du Nouveau Testament commencent à comprendre l'importance des méthodes exégétiques juives pour l'intelligence du Nouveau Testament (ce fait n'est d'ailleurs pas moins important pour la Bible hébraïque). Les chrétiens reprennent conscience d'une évidence: les auteurs du Nouveau Testament ont compris la Bible hébraïque de la même manière que leurs contemporains. Il est donc normal que le Nouveau Testament contienne un certain nombre de Midrashim et que l'on y trouve de nombreux passages parallèles à des textes d'exégèse juive de la môme époque. L'originalité de l'exégèse chrétienne vient de la centralité de la personne de Jésus, mais le procédé midrashique, en soi, est le même dans les deux traditions.
Quant au Targum, c'était d'abord une traduction orale du texte hébreu en araméen pour rendre la liturgie de la synagogue accessible au peuple qui ne comprenait plus l'hébreu. Souvent lié à l'homélie qui suit la lecture des textes de la Torah, le Targum, conservé ensuite par écrit, peut lui aussi être, bien souvent, considéré comme une méthode d'exégèse puisqu'il a tendance à devenir, au-delà de la traduction, un commentaire et une interprétation, exégétique ou même théologique, adaptée à l'assemblée synagogale.
Midrash et Targum ont donc une place de premier plan dans le monde de l'interprétation juive de la Bible. En effet, selon la tradition rabbinique, la révélation ne se borne pas au texte de la Torah écrite, Torah-she-bi-Khetav, mais englobe également les commentaires oraux tradi tionnels, Torah-she-be-al-peh, dont Midrashim et Targumim nous transmettent les échos mis par écrit pour ne pas laisser perdre l'immense trésor de ces sources juives.
L'Eglise a reçu la Bible hébraïque de la tradition juive, mais pendant des siècles, elle a souvent ignoré ou refusé les commentaires juifs qui sont cependant des sources d'information de première valeur, et, en tout cas, sont indispensables pour accéder à l'intelligence du Nouveau Tes tament. Actuellement, la science biblique a recommencé à explorer ce domaine et l'on n'a pas encore mesuré l'importance des conséquences de cette recherche dans le. domaine de l'exégèse de la théologie et de la spiritualité.
De fait, l'Eglise a reconnu un lien étroit, assez semblable à celui qu'y voit la tradition juive, entre Torah écrite et Torah orale, entre Ecriture et Tradition. Cependant ceci reste un point de tension entre l'Eglise catholique et les Eglises de la Réforme. En effet, la Constitution dogma tique sur la Révélation divine du Concile Vatican II déclare: «La sainte Tradition et la Sainte Ecriture sont donc reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux jaillissant d'une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu'un tout... a «La sainte Tradition et la Sainte Ecriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu... » (Dei Verbum, numéros 9-10).
La Parole de Dieu, reçue et vécue par le peuple de Dieu peut apporter une lumière à ceux qui étudient le lien vivant qui unit la Torah écrite et la Torah orale. Louis Bouyer a vu dans cette étude un moyen de surmonter les différences théologiques qui divisent encore les Chrétiens.
Ce numéro de Sidic présente deux réflexions, l'une sur le Targum, l'autre sur le Midrash, mais son but est surtout de faire goúter la beauté et la valeur de ces formes d'exégèse que nous recevons de la tradition rabbinique.

 

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