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Revues concernant la Bible
Elsa Pariente, C. A. Rijk, Pr R. Schmid
Le renouveau biblique de ces dernières années a donné un très grand essor aux revues d'inspiration scripturaire. Toutes n'ont pas la même valeur et ne s'adressent pas aux mêmes lecteurs. Parmi les trois cents environ que nous connaissons, certaines, que l'on peut classer parmi les « scientifiques », ne peuvent être lues que par les spécialistes, les exégètes de métier. D'autres, et ce sont ces dernières qui nous intéressent le plus, s'adressent à un public cultivé, quoique non spécialisé en matières bibliques, mais que la Parole de Dieu passionne en tant que Parole de vie. Parmi celles-ci nous pouvons citer:
Bible et Terre Sainte. — 5 rue Bayard, Paris 8.
Cette revue nous paraît avoir une très grande valeur. Elle a le souci d'allier une saine spiritualité biblique à la vérité historique. Des spécialistes bien connus dans l'exégèse et l'histoire des religions y collaborent et nous donnent une vue objective et vraie du milieu juif où se sont formées les Ecritures et où, plus tard, est né le christianisme. Vocabulaire hébreu, planches archéologiques qui accompagnent et soutiennent les textes, notes de spiritualité juive contemporaine données par des professeurs juifs, sont autant d'instruments qui préparent au dialogue avec Israël, dans la paix, l'estime et l'amour (voir surtout les ifs 88, 94, 95). Dans ce contexte vraiment excellent, nous regrettons, parfois, quelques expressions, restes inconscients d'une ancienne 'théologie apparaissant chez deux des collaborateurs, mais qui n'est vraiment pas celle de la revue.
Bible et Vie Chrétienne — Houtkaai 23, Bruges, Belgique — est aussi une revue de valeur quoique très différente de la précédente. La Bible y est étudiée et commentée afin de devenir source de vie. On tient compte très souvent de la théologie et des commentaires rabbiniques (spécialement le P. Kurt Hruby, l'un des plus grands spécialistes catholiques en cette matière).
Les cahiers rouges Evangile — 2, rue de la Planche, Paris 7 — comme leur nom l'indique, sont surtout des études du Nouveau Testament, mais celui-ci ne se comprenant entièrement qu'à la lumière de l'Ancien, nous trouvons aussi des cahiers dédiés à ce dernier (Abraham, Tobie, Judith...). Ce sont de bons instruments de travail pour ceux qui commencent une lecture sérieuse de la Bible dans la Tradition chrétienne. L'un des derniers numéros (n° 67) remet les paraboles dans leur contexte de la Tradition juive et cite les différents aspects de la Royauté de Dieudans les prières synagogales, ce qui est un excellent complément. Combien nous regrettons que le paragraphe 6 compromette ce bon début de préparation au dialogue avec Israël dont le Père F. M. du Buit exprime le désir dans le n° 65. Ce paragraphe est intitulé: « Quelques textes des Pères ». Ceux-ci, dit l'auteur, ont une exégèse différente de la nôtre « mais bien souvent, ils ont vu très juste, guidés d'abord par leur foi... », et de citer des textes de St Hilaire et de St Augustin sur le « rejet du peuple juif »!
En dehors des périodiques mentionnés ci-dessus, nous renvoyons le lecteur à ceux dont il est question plus loin dans cette revue, dans la partie intitulée « Articles et Courts Ouvrages ». Plusieurs d'entre eux sont réputés pour la qualité des articles due à la collaboration d'éminents spécialistes: tels, par exemple, Journal of Biblical Literature et Bulletin St Jean Baptiste. Plusieurs numéros de Fêtes et Saisons, en particulier les ris 137, 140 et 180, et la nouvelle revue annexe La Bible et Son Message méritent également notre attention dans ce contexte, de même qu'une publication de Cambridge New Testament Studies.
Elsa Pariente
CONCILIUM - Revue internationale de théologieLe numéro 30 de Concilium (déc. 1967) a été consacré par la Section Ecriture Sainte à la confrontation de la Bible et de la communauté:
«pour être précis, on veut savoir quelle est l'attitude du chrétien vis à vis de la Bible hébraïque, qu'il appelle l'Ancien Testament » (p. 7).
«Le fait est que la manière dont l'Eglise réagit vis à vis de la Bible hébraïque varie à toutes les époques » (idem). La connaissance profonde et existentielle de la Bible hébraïque est indispensable à la vie chrétienne et elle peut ouvrir en même temps une porte à une meilleure compréhension du judaïsme. Il y a dans ce numéro des articles très intéressants et valables (par exemple, « Les valeurs de l'Ancien Testament » de John McKenzie; « La valeur existentielle de l'Ancien Testament » de François Dreyfus; « La foi des deux Testaments comme expérience salvifique » de Franco Festorazzi). Deux problèmes surtout restent difficiles: l'appréciation de la Bible hébraïque comme telle et la relation entre la Bible hébraïque et le Nouveau Testament. Pour ce qui concerne le premier, on constate un grand progrès mais on regrette sincèrement que les auteurs ne se soient pas servis des commentaires juifs et qu'ils donnent quelquefois une interprétation trop christologique de ces livres (pp. 54- 55); ici la théologie de la parole de Dieu pourrait remédier à cette lacune. Quant à la seconde question, plusieurs auteurs luttent avec le problème et, malgré de très bonnes remarques, ils ne réussissent pas toujours à dissiper les malentendus qui existent dans ce domaine et maintiennent parfois une opposition mal fondée (pp. 24-25, et surtout pp. 93-95).
Dans la deuxième partie de ce numéro on ajoute une documentation où sont publiés quelques articles sous le titre commun: « La fonction religieuse du livre saint dans les religions non chrétiennes ». Ici on trouve sur le même plan de brefs exposés sur le livre saint dans le judaïsme, l'islam, l'hindouïsme etc. Il est très regrettable et injuste qu'on ait simplement mis sur le même plan la Bible hébraïque et, par exemple, les Ecritures hindoues (voir aussi l'Orientation générale, pp. 121-124). Cela donne l'impression —très claire dans l'ensemble de ce numéro — que la Bible hébraïque est tout d'abord un livre saint chrétien, qu'elle est simplement la propriété de l'Eglise.
C. A. RIJK
Urbanus Bomm MissaleNous avons reçu d'un correspondant de Suisse, des renseignements sur un missel très en usage là et en Allemagne. Bien que le dernier numéro du Sidic fût consacré à la liturgie, nous pensons qu'il convient d'inclure ces notes dans ce numéro, consacré à la Bible.
Le Missel Urbanus Bomm (Benziger Verlag, Einsiedeln/Zürich/Kaln, 1963) reconnaît parfois par ses notes et introductions aux lectures bibliques la continuité du judaïsme et du christianisme. Dans l'Introduction au Mercredi des Quatre-Temps de Septembre, nous lisons:
Auparavant la dîme était versée à cette époque. En outre les Quatre-Temps d'automne peuvent être comparés à quelques fêtes d'automne de l'A.T. ou même être regardés comme leur prolongement. Les leçons et hymnes nous l'indiquent à plusieurs reprises. La première de ces fêtes est celle de la nouvelle lune. Ensuite la grande fête du Pardon, joui où le Grand Prêtre entrait au Saint des Saints pour répandre... le sang du sacrifice... devant l'Arche d'Alliance en rémission de ses péchés et de ceux de tout le peuple. Enfin venait la fête des Tabernacles, la fête d'action de grâces pour les récoltes, une fête qui commémorait la longue route à travers le désert. Dans l'esprit de ces fêtes anciennes, l'Eglise nous exhorte à célébrer nous aussi cette semaine dans l'action de grâces.
Mais plus nombreuses sont les généralisations et idées erronnées traditionnelles concernant les juifs. En voici quelques exemples. Introduction au 9e dimanche après la Pentecôte: « L'Evangile nous parle du rejet total du peuple juif aveuglé, qui ne voulut pas entendre le message du Christ et qui profana le sanctuaire par ses minuties superficielles et par son avarice. Qu'il n'en soit pas ainsi pour nous ».
Note précédant l'Evangile des Quatre-Temps de printemps: « Nous demeurons fermes dans la foi et persévèreront avec un esprit droit, afin qu'il ne nous arrive pas comme au peuple juif, qui fut rejeté et possédé par sept esprits malins ».
Nous espérons que de nouvelles éditions donneront bientôt des perspectives plus exactes des relations entre l'A.T. et le Nouveau et pourront ainsi contribuer à une meilleure compréhension entre juifs et chrétiens.
Pr R. Schmid