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Revue SIDIC XXXI - 1998/3
Voix de jeunes (Pag. 6-11)

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E pluribus unum - De la puralité à l'unité
s.n.

 

En juillet 1997, soixante bacheliers juifs, protestants et catholiques de tous les Etats-Unis se sont rassemblés pendant trois semaines à l’Université américaine de Washington, DC, avant d’entamer leur première année d’études supérieures. Ils se sont rassemblés pour analyser les valeurs communes à leurs religions, afin de les appliquer à trois questions sociales et politiques d’une brûlante actualité: les droits de l’homme, la pauvreté et l’environnement. Le but de leur rencontre était la conférence E Pluribus Unum, initiative commune au Washington Institute for Jewish Leadership and Values, au Conseil national des Eglises et à la Fédération nationale pour le ministère des jeunes catholiques.

E Pluribus Unum (“De la pluralité à l’unité”) est la devise adoptée par les Etats-Unis en vue de réunir en un seul pays centralisé des origines diverses et de multiples identités ethniques, culturelles et religieuses. A ce propos, le rabbin Sid Schwartz, directeur et fondateur du projet, a déclaré dans son discours inaugural:

“Dans l’histoire de la civilisation humaine, la religion a toujours constitué la frontière la plus répandue entre les individus. A travers des convictions, des coutumes, des valeurs et des rites particuliers, la religion a fourni à l’humanité un moyen symbolique de donner sens à la vie. Malheureusement, la majeure partie de l’histoire humaine a montré que plus l’on est attaché à sa religion, plus l’on a tendance à rejeter les autres religions et à les tourner en dérision.

Il y a une grande différence entre la bonne et la mauvaise religion. La mauvaise religion est triomphante. Elle confond la fin et les moyens. Elle place la doctrine au-dessus des personnes. Elle tolère l’injustice dans laquelle elle voit un état de fait voulu par Dieu, sur lequel l’homme n’a point de prise. Elle engendre l’auto-justification. La bonne religion, elle, reconnaît que bien des chemins également estimables mènent à Dieu. Elle met au tout premier rang de ses valeurs les actes de bonté et la compassion envers autrui. Elle repose sur la conviction que tout homme est créé à l’image de Dieu. Elle défend l’idée que l’être humain sur terre a pour devoir de réparer un monde brisé, notion connue dans la tradition juive sous le nom de tikkoun olam. Il nous faut admettre que toutes les religions représentées dans cette salle aujourd’hui comportent des éléments de bonne et de mauvaise religion. J’espère que la présente conférence vous aidera à percevoir la différence et à faire ainsi de la religion un instrument plus efficace pour le perfectionnement de notre monde.

Une magnifique expérience s’offre donc à nous. Nous espérons mettre au service de notre unité les traditions religieuses mêmes qui, en fait, nous divisent. Et nous espérons le faire, non pas en minimisant l’importance de nos traditions spirituelles respectives, mais au contraire en en dégageant les valeurs fondamentales susceptibles de nous aider à collaborer à l’avènement du ‘bien commun’. Le meilleur moyen de créer une société démocratique et pluraliste qui tienne compte de l’isolé, de l’opprimé, de l’affamé et du faible ne consiste pas à nous rendre tous semblables. Le fait de célébrer nos différences nous donne une force nouvelle, de même que le fait de reconnaître notre humanité commune nous enrichit tous. Si nous parvenons à former pendant trois semaines, à partir de notre diversité, une communauté spirituelle résolue, générant tolérance et respect à l’égard du discours, de la pratique et des convictions religieuses, nous aurons une idée des possibilités que recèle une société civile digne de ce nom.”

En entrant en dialogue avec des dirigeants politiques et des acteurs sociaux connus à l’échelon national, les jeunes ont pu découvrir des horizons beaucoup plus vastes que ceux qu’ils ont habituellement sous les yeux. Leur étude avec des formateurs religieux soigneusement choisis leur a permis de s’ouvrir à une compréhension plus profonde de leur propre tradition spirituelle et le partage de leur vie, de leurs repas, de leur travail et de leurs loisirs avec leurs homologues d’autres traditions, de trouver entre eux un terrain d’entente. Le service de la communauté, diverses simulations et excursions les ont mis en contact avec des univers moins privilégiés que le leur. Des artistes représentant cinq médias différents leur ont donné la possibilité de rechercher les moyens de combiner leurs talents artistiques et leur vie spirituelle. Toutes ces activités était sous-tendues par le principe de la mise en commun: se rapprocher délibérément des autres pour apporter un changement dans le monde.
A l’issue de la conférence, pénétrés du devoir impérieux de s’engager dans une vie de service, les participants ont rédigé et signé la déclaration suivante:



Pacte commun d’engagement

Tu rechercheras la justice, rien que la justice (Dt 16,20)

Nous, étudiants de E Pluribus Unum, nous sommes réunis pendant trois semaines afin de former intentionnellement une communauté spirituelle, composée de jeunes appartenant aux traditions catholique, juive et protestante. Nous avons étudié les enseignements officiels de nos traditions religieuses respectives sur la pauvreté, l’environnement et les droits de l’homme, en dégageant les points communs de nos trois traditions. Nous avons également exprimé nos valeurs en pratiquant le service, le partage communautaire et les arts religieux. Le présent document est l’expression de notre réflexion et de notre consensus sur ce que représentent pour nous ces enseignements et sur la manière dont nous entendons les mettre en application dans la société.


La vie communautaire

I. Nous reconnaissons l’importance de la vie communautaire pour nos actes et notre progrès personnel. Chacun de nous a apporté un plat unique à la table de la communauté. Le repas préparé “à la fortune du pot” à travers le partage de nos expériences a nourri notre vie spirituelle de visions, de sons, de goûts et de sensations multiples. Partager le pain , c’est partager la vie.

II. Chacune de nos traditions souligne l’importance de la vie communautaire. L’Ecclésiaste 4,9-12 l’affirme : Deux hommes valent mieux qu’un seul, car ils ont un bon salaire pour leur travail. En effet, s’ils tombent, l’un relève l’autre (...) un fil triple ne rompt pas vite. Un grand nombre de nos rites et de nos fêtes insistent sur le rôle unificateur du repas partagé. En Exode 5, le peuple de Dieu s’est rassemblé dans le désert pour célébrer une fête. Selon la tradition chrétienne, Jésus se partage à une communauté de disciples dans la communion. En Juges 20,1 (...) la communauté s’assembla comme un seul homme auprès du Seigneur.

III. Certes, le repas que nous avons partagé à E Pluribus Unum ne durera pas éternellement, mais ce que nous avons retenu de nos partages nourrit tout notre être et contribue à nous rendre plus forts. Nous voulons appliquer à la société les recettes que nous avons apprises les uns des autres, prendre des responsabilités et appliquer les valeurs de la vie communautaire – service, respect, compréhension et ouverture d’esprit – à tous ceux que nous rencontrons. Nous voulons pratiquer la tolérance à l’égard de la religion, des convictions et de la sensibilité des autres et élargir notre altruisme à ceux qui sont en dehors de nos groupes et de nos sociétés. En nous ouvrant à des expériences et des opinions diverses, en goûtant à chaque plat, nous ne pouvons manquer d’approfondir nos connaissances et notre vie spirituelle.


Les droits de l’homme

I. Créés à l’image de Dieu, nous avons tous des droits. Nos longues discussions sur l’étendue exacte de ces droits nous ont conduits à la conclusion que les droits de l’homme s’enracinent dans la dignité fondamentale de tout individu. Pour la plupart d’entre nous, protéger les droits de l’homme fait partie des principaux devoirs de toute tradition religieuse. Néanmoins, la question des droits de l’homme nous a semblé plus complexe lorsque nous avons évoqué le conflit entre nos intérêts nationaux et les droits de l’individu.

II. Nous avons constaté que nos trois traditions religieuses soutiennent la notion de droits de l’homme. Isaïe 10,1-2 déclare: Malheur à ceux qui prescrivent des lois malfaisantes et, quand ils rédigent, mettent par écrit la misère: ils écartent du tribunal les petites gens, privent de leur droit les pauvres de mon peuple. En Matthieu 25,40, Jésus lance un message analogue: Alors le roi leur répondra: En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.

III. Pour sauvegarder, défendre et garantir les droits de l’homme, nous nous efforcerons de militer en faveur de tous les individus de par le monde, fût-ce au prix de grands sacrifices. En tant qu’êtres humains et représentants de nos traditions religieuses, nous nous devons de partager avec les autres hommes les grâces de liberté et de droits de l’homme qui nous sont accordées.

La pauvreté

I. Nous constatons que la pauvreté se manifeste sous la forme de la privation d’abri, de la malnutrition et de conditions de vie infra-humaines. En réfléchissant sur la pauvreté, nous avons été amenés à élargir notre définition à des éléments tels que l’absence d’espoir pour l’avenir, l’instabilité affective et/ou spirituelle, le déni de droits inaliénables, l’incapacité à donner un sens à la vie. Nous avons étudié les enseignements juifs et chrétiens et les avons appliqués à nos idées sur la pauvreté.

II. La pauvreté est l’un des sujets qu’abordent le plus souvent les Ecritures juives et chrétiennes. Les constantes allusions à cette question nous ont donné à penser que la manière dont nous traitons les pauvres revêt une grande importance. Ne me donne ni indigence ni richesse (...) car, trop bien nourri, je pourrais te renier (...) ou, dans la misère, je pourrais voler, profanant ainsi le nom de mon Dieu – Proverbes 30,8-9. En Matthieu 25,44-45, on trouve un enseignement essentiel du christianisme, qui sert de base à la notion catholique d’“option préférentielle pour les pauvres”: Alors, eux aussi répondront: “Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou en prison, sans venir t’assister?” Alors, il leur répondra: “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait”. En tant qu’êtres créés par Dieu, nous croyons que nous devons servir les pauvres, conformément à ce que suggèrent Romains 12,13: Exercez l’hospitalité et Lévitique 25,35: Si ton frère a des dettes et s’avère défaillant à ton égard, tu le soutiendras, qu’il soit un émigré ou un hôte, afin qu’il puisse survivre à tes côtés. Non seulement l’étude des valeurs de nos propres traditions religieuses ont forgé notre conception de la pauvreté, mais des manifestations telles que le partage de leur expérience personnelle par un groupe de sans-abri nous ont mis en prise directe sur la réalité de la pauvreté. Par ailleurs, Jim Wallis of Sojourners nous a enseigné que, non contents de travailler à l’avènement de changements immédiats, il nous faut aller jusqu’aux racines du problème de la pauvreté afin de trouver des solutions à long terme.

III. A présent, nous nous sentons plus engagés envers les démunis. Nous pensons que nous sommes appelés à mettre en application les principes de nos traditions religieuses afin de promouvoir la justice dans nos communautés, proches ou moins proches. Cet engagement est directement lié à la notion juive de tsedakkah, qui signifie littéralement “droiture”. Nous voulons travailler pour la justice, non pas parce que c’est charitable, mais parce que c’est juste. Dès maintenant et au lendemain de la conférence E Pluribus Unum, nous voulons réduire le dilemme de la pauvreté en abandonnant nos espaces de confort et en mettant en oeuvre des moyens matériels, spirituels et intellectuels afin de consacrer un peu de notre temps personnel aux pauvres. Nous voulons garder en mémoire ce sage adage du Talmud (Sanhédrin 37a): Sauver une vie, c’est sauver le monde entier.

L’environnement

I. L’environnement nous apparaît comme étant le milieu immédiat de tout individu, y compris la terre sur laquelle nous vivons, la ville ou le pays, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, la nourriture qui est la nôtre, nos congénères et toutes les créatures avec lesquelles nous vivons sur cette terre. En étudiant nos traditions religieuses respectives, nous nous sommes aperçus qu’il est essentiel d’avoir le souci de l’environnement si l’on tient à mener une vie saine.

II. Nous considérons que Dieu nous a nommés gardiens de la terre, que celle-ci ne nous appartient pas et que nous ne pouvons pas en faire ce que nous voulons. Au Seigneur la terre et ses richesses, le monde et ses habitants! (Psaume 24,1). Nous croyons que l’on peut trouver Dieu dans la nature, qu’entrer en communion avec la nature c’est entrer en communion avec Dieu. Le Royaume des cieux est comparable à un grain de moutarde... C’est bien la plus petite des semences; mais, quand elle a poussé, elle est la plus grande des plantes potagères: elle devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids dans ses branches (Mt 13,31-32). La nature est la véritable essence de Dieu (Israël Baal Shem Tov).Nous estimons qu’il est interdit à l’homme de se livrer à une destruction gratuite et vaine de la nature, même en temps de guerre. Quand tu soumettras une ville à un long siège (...) tu ne brandiras pas la hache pour détruire ses arbres, car c’est de leurs fruits que tu te nourriras; tu ne les abattras pas. L’arbre des champs est-il un être humain, pour se faire assiéger par toi? (Dt 20,19). Nous pensons qu’il n’y aura pas de seconde chance si nous détruisons la terre. En Ecclésiaste Rabba (7,28), Dieu dit à Adam: Tout ce que j’ai créé, je l’ai créé pour ton bien. Réfléchis à cela et ne t’avise pas de détruire ma création car, si tu le fais, personne ne viendra la restaurer après toi. Nous nous souvenons aussi non seulement que nos actes nous suivent, mais qu’ils affectent également ceux qui viennent après nous. Notre alliance nous lie nous seulement à celui qui se tient là avec nous aujourd’hui, mais aussi à celui qui n’est pas là avec nous aujourd’hui (Dt 29,13-14).

III. Voilà pourquoi nous reconnaissons que ces valeurs communes mises en avant par nos diverses traditions religieuses invitent chacun d’entre nous à considérer, protéger, cultiver et respecter la terre que Dieu nous a donnée à tous. Nous savons que nous devons être toujours attentifs à nos actes et à nos habitudes, car ils ont un impact sur notre environnement. Nous sommes prêts à donner corps à ces valeurs et à cette lucidité, au point de sacrifier certains agréments et certains luxes, afin de préserver et la santé de la terre et la nôtre..

Le service

I. Nous entendons par service les actes d’entraide effectués en faveur de ceux qui sont dans le besoin, afin d’améliorer le sort de l’humanité. Ces actes varient du plus abstrait au plus concret. Comme nous l’ont appris et notre expérience personnelle et notre expérience commune, nous devons faire en sorte que le service bénévole devienne un pilier de notre vie.

II. Nous savons que, en tant que croyants, nous devons tendre une main secourable à ceux qui sont dans le besoin. S’il y a chez toi un pauvre, l’un de tes frères, dans l’une de tes villes, dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne, tu n’endurciras pas ton coeur et tu ne fermeras pas la main à ton frère pauvre, mais tu lui ouvriras ta main toute grande et tu lui consentiras tous les prêts sur gages dont il pourra avoir besoin (Dt 15,7-8). Cette page de l’Ecriture montre qu’il n’est pas d’homme de foi qui ne doive tendre la main à ceux qui sont dans le besoin. L’Evangile énonce aussi cette notion universelle, dans la parabole du Bon Samaritain. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même (Luc 10,27).Ce passage nous enseigne que nous devons traiter les autres comme nous aimerions être traités. Notre service mutuel nous a amenés à comprendre que tout acte d’amour, grand ou petit, a son importance aux yeux de Dieu.

III. Les valeurs communes prônées par nos différentes traditions religieuses nous invitent à nous mettre au service de tous ceux qui en ont besoin. C’est pourquoi nous voulons nous efforcer d’agir différemment, en consacrant une partie de notre temps à la cause de la justice et de la miséricorde. Nous voulons appliquer à notre vie quotidienne notre expérience et les connaissances que nous avons acquises. En concrétisant des notions telles que l’humilité en esprit, la compassion dans le service et l’optimisme dans les tribulations, nous serons porteurs d’espoir pour l’avenir.

Les arts religieux et la prière

I. Les arts religieux et la prière servent d’exutoires à la créativité et nous permettent d’entrer en relation avec le Divin par l’expression personnelle. Ces manifestations de créativité sont des voix de l’âme qui soulignent ce qui est juste et vrai dans le monde. Comme s’écrie Isaïe 12,5, Chantez le Seigneur (...) Pousse des cris de joie et d’allégresse, toi qui habites Sion. Au cours de nos célébrations oecuméniques, nous avons enrichi nos différentes traditions religieuses en nous ouvrant aux autres religions. Souvent, l’expression personnelle a un effet thérapeutique: il nous faut trouver la paix intérieure pour pouvoir répondre aux besoins des autres. En mettant nos talents au service de Dieu, nous approfondissons notre foi personnelle tout en resserrant nos liens avec les autres au sein de la communauté. Chacun de nous perçoit Dieu à sa manière; nos modes de prière illustrent cette diversité. Les arts, toutefois, sont un langage international et transcendent la race et la religion. Parce que ces arts donnent lieu à un partage universel, ils sont pour nous tous une puissante source de communication
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II. L’Ecriture fait souvent allusion aux arts et à la prière . Nous sommes souvent appelés à nous exprimer par des moyens autres que les mots. Ainsi: Rendez grâce au Seigneur sur la cithare (...) Chantez pour lui un chant nouveau, jouez de votre mieux pendant l’ovation (Ps 33,2-3). Qu’ils louent son nom par la danse; qu’ils jouent pour lui du tambour et de la cithare (Ps 150,3-4). Dans le domaine de la création littéraire, les paraboles de Jésus sont d’éloquents morceaux de poésie et de prose. En Marc 4,30 la parabole de la graine de moutarde se sert de symboles pour faire comprendre aux autres le sens de l’enseignement. Dans l’Apocalypse (21,18-19), nous lisons: Les matériaux de ses remparts étaient de jaspe et la cité était d’un or pur semblable au pur cristal. Les assises des remparts de la cité s’ornaient de pierres précieuses de toute sorte.

III. Tout individu possède des dons uniques qu’il peut apporter à la collectivité. Néanmoins, “vous ne parvenez pas à l’harmonie lorsque tout le monde chante la même note” (Anonyme). En conséquence, tout en s’exprimant dans un groupe, chacun doit chercher à s’intégrer et à fondre ses talents dans l’ensemble sans perdre le style qui lui est propre. Il y a défi lorsqu’on entre dans le monde réel et que l’on cherche à établir un lien spirituel par le biais de la création artistique. Il est facile de découvrir la présence de Dieu lorsqu’on prend le temps de remarquer sa beauté dans tous les aspects de notre vie quotidienne.



Epilogue

Nous nous engageons donc à nous efforcer de vivre en accord avec les enseignements moraux de nos traditions afin de rechercher la justice par l’étude, le dialogue et l’action sociale. Mais prends garde à toi, garde-toi bien d’oublier les choses que tu as vues de tes yeux; durant toute ta vie, qu’elles ne sortent pas de ton coeur. Tu les feras connaître à tes fils et à tes petits-fils (Dt 4,9). “Ne doutez pas qu’un petit groupe de citoyens éclairés et décidés peut changer le monde; c’est même la seule réalité qui y soit jamais parvenue”- Margaret Mead. En signe de ratification de cet engagement commun, nous joignons ci-après nos signatures, ce 18 juillet 1997.


Un an plus tard, à l’issue de leur première année d’études supérieures, quatre participants de E Pluribus Unum (EPU) ont donné les témoignages suivants.


Sheila McCarthy, Duxbury, MA (catholique)

Ayant découvert ma foi à peu près un an auparavant, je suis allée à la conférence EPU pour tenter de concilier ma foi et ma religion. Ma propre Eglise ne me paraissait pas aller au devant des personnes nues, malades, affamées, emprisonnées, sans abri et, à ma connaissance, aucune ne le faisait. Ma participation à l’EPU m’a permis d’enraciner ma foi dans l’enseignement social catholique, la théologie de la libération, l’option préférentielle pour les pauvres et m’a ainsi rendue attentive aux évolutions de ma propre tradition religieuse. J’ai adhéré à ces idées et pratiques et ma vie spirituelle s’en est trouvée changée. Le fait d’avoir découvert ce que nos trois traditions ont à apporter en matière de pauvreté, de dénuement et d’environnement me donne de l’espoir pour l’avenir, mais aussi la lourde responsabilité de partager avec d’autres ce que j’ai appris, de ramener à la foi ceux qui ont perdu leurs illusions et de transformer nos modes d’engagement spirituel de manière à vivre vraiment en solidarité avec les pauvres. Et, par dessus tout, transformer ma propre vie, mettre ces idées en pratique, accomplir les Ecritures et servir Dieu.
Sheila vient d’achever sa première année d’études à l’Université Notre Dame, en théologie, sciences de l’environnement et sciences de la paix.


Adam Buckstein, Englewood, CO (juif)

La conférence EPU a eu une énorme influence sur ma vie. Cette expérience m’a aidé à nourrir et à fortifier mon patrimoine juif. Elle m’a parallèlement fait découvrir la richesse du monde des relations interreligieuses. Bien sûr, j’avais auparavant des amis chrétiens, mais j’hésitais toujours à aborder avec eux les questions religieuses et spirituelles. Dès les premiers jours de la conférence, j’ai intériorisé les impressionnantes réformes du Concile Vatican II, passant mentalement en revue les principaux édits protestants et, ce qui fut également gratifiant, partageant la sagesse des premiers maîtres du judaïsme avec mes nouveaux amis chrétiens, en étudiant avec eux l’éthique des Pères. L’alchimie des différents groupes a indiscutablement été un acte de la Providence. Et surtout, l’EPU m’a donné le courage de discuter de ma religion à plusieurs reprises au cours de ma première année à l’Université de Pennsylvanie où j’étudie la gestion et l’anglais. C’est ainsi que je me suis surpris à expliquer en quoi le port de la kippah est un défi à la loi de la pesanteur avant d’emmener mes amis chrétiens à l’office synagogal du vendredi soir. Et ce qui m’a le plus plu, c’est que mon expérience de l’EPU était loin d’être unique, puisqu’elle a été partagée par cinquante-neuf autres étudiants.


Briton Holmberg, New Hartford, NY (méthodiste)

L’EPU m’a rempli d’espérance. Elle m’a rempli de force. L’EPU m’a permis de m’asseoir avec une soixantaine de futurs étudiants et de discuter avec eux de problèmes importants touchant à la foi et au bien commun. L’espérance qui m’a été donnée, c’est que d’autres réfléchissent à ces problèmes, et la force que j’ai reçue tient au fait que ce dialogue a approfondi ma foi. L’EPU a ramené Dieu dans ma vie. Elle m’a fait rencontrer des gens incroyables, merveilleux, qui osent avoir de grands rêves et des ambitions encore plus grandes. Elle m’a inspiré en me sensibilisant aux trois questions des droits de l’homme, de l’environnement et de la pauvreté. Enfin, ma connaissance de la foi juive a été multipliée par dix. Mes échanges avec vingt étudiants juifs, notamment au cours d’un shabbat et d’un office religieux, m’ont nettement éclairé sur la tradition juive. Je sais que je ne peux qu’en tirer profit à l’avenir. J’ai maintenant quelques amis juifs avec qui je discute, à la fac comme à la maison, de questions comme les mariages interreligieux et l’Holocauste. C’est passionnant.
Briton vient de terminer sa première année d’études en sciences de l’Education à l’Université Cornell.


Jessica Intrator, San José, CA (juive)

Durant l’un des cours de littérature comparative que j’ai suivis cette année, nous avons étudié la difficulté que les auteurs éprouvent souvent à garder ce que nous avons appelé “l’esprit contenu dans la lettre”. En d’autres termes, il est courant de trouver des textes – simple écrit, lettre ou acte – totalement dénués de sens ou de valeur spirituelle. La discussion m’a rappelé l’une des questions qui m’avaient le plus frappée à la conférence E Pluribus Unum: comment transposer l’esprit d’une foi religieuse dans la lettre de l’action? Si la Torah se réduisait à des lettres, à des mots peints sur un parchemin, elle ne serait rien; et si elle n’était que spirituelle et divine, et ne donnait jamais lieu à aucune interprétation littérale, elle n’aurait pas plu de valeur pour l’homme. Or, en elle, le divin et les mots sont liés. Puis-je vivre comme la Torah et traduire ma profondeur spirituelle en lettre, en acte? Telle est la question à laquelle l’EPU m’a rendue attentive. Je ne peux plus me juger fidèle à ma foi dans le combat pour la justice tant je ne m’engage pas concrètement dans ce combat. Il s’agit d’uncombat positif de tous les instants pour que la lettre de ma vie donne chair aux valeurs spirituelles et religieuses auxquelles je crois.
Jessica vient de terminer sa première année d’études en sciences religieuses et sciences de l’environnement à l’Université Brown.

[Texte traduit de l’anglais par C. Le Paire]

 

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