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J'étais dans la joie quand on m'a dit... Les chants des montées
La rédaction
Nous trouvons, dans le Psautier, 15 petits psaumes (Ps. 120 à 134) qui débutent tous par cette mention de « Chant des montées » ou « Chir ha-Ma'alot » et qui étaient sans doute chantés par les pèlerins sur la route de Jérusalem. Ce nombre de 15 correspond, pense-t-on, aux quinze marches de l'escalier qui conduisait au vestibule du Temple de Jérusalem, marches sur lesquelles prenaient place les choeurs des Lévites lorsqu'ils chantaient les hymnes liturgiques du Temple. Ces 15 psaumes ont été comparés à une échelle conduisant Israël des humiliations de l'exil à la hauteur de sa vocation spirituelle symbolisée par le Temple saint de Dieu.
« On trouve dans ces psaumes toute une théologie de la Ville sainte, de la demeure de Dieu parmi les hommes. Ils expriment, avec des images toutes simples, la foi du peuple d'après l'exil, de ceux qu'on a appelés les pauvres de Dieu (les anawim en hébreu).
Le poète joue sans cesse sur quatre niveaux: le pèlerinage en cours, qui rappelle la montée d'Egypte lors de l'Exode et l'entrée en terre promise, ainsi que la montée de Babylone lors du retour d'exil. Et il pense déjà à la montée des nations vers Jérusalem aux temps messianiques, à la fin des temps.
Le chrétien célèbre et attend toutes ces montées, sachant que déjà elles ont été vécues dans cette montée de Jésus Christ sur la croix et vers le Père ».1
Le Psaume 122 - Un chant des a montées » (Chir ha-Ma'alot)
Nous reproduisons ici le psaume dans la belle traduction d'André Chouraqui en y insérant les notes de la glose.2
— Le pèlerin arrive aux Portes de la Ville-Sanctuaire dans le ravissement de sa joie. II contemple les Trônes du Jugement et prie pour le bien et la paix de la Ville.
Cantique des degrés, de David: Je suis en liesse quand on me dit: Allons au temple d'Adonaï.» Nos pieds s'arrêtent en tes portes, Jérusalem!
— Cet arrêt, nous dit Kimhi, est un rite, au seuil de la Ville-Sanctuaire.
Jérusalem, bâtie comme une ville où tout se rassemble dans l'unité!
Là où montent les tribus, les tribus de Yah, le témoignage d'Israël, glorifier le nom d'Adonaï.
— Comme une ville: les traductions ne rendent habituellement pas la densité de ce verset qui sert de support à la doctrine traditionnelle de la Jérusalem céleste dont la Jérusalem terrestre est l'image.
— La Ville sainte réalise la convergence de toutes les Tribus du peuple de Dieu qui s'y retrouvent dans l'amour de son nom.
Car les trônes du Jugement sont érigés là, les trônes de la Maison de David!
— Les Trônes: dans la Jérusalem terrestre l'un pour le Messie, l'autre pour le Grand-Prêtre; dans la Jérusalem céleste, l'un pour le Jugement, le trône de Justice; l'autre pour la miséricorde, le trône de Grâce.
Demandez la paix de Jérusalem! Ceux qui t'aiment seront réconciliés.
— Car la paix de Jérusalem ne sera parfaite qu'à l'heure de la fin de tous les exils.
Que la paix soit en tes remparts, la quiétude en tes palais,
A cause de mes frères et de mes pairs, oui, je dirai; «Paix sur toi».
A cause du temple d'Adonaï, notre Elobim, je rechercherai pour toi le bien.
Ajoutons que, dans la vision de certains prophètes, tel Isaïe, cette « réconciliation » touche aussi tous ceux qui viennent se joindre à Israël comme des « frères è, c'est-à-dire tout le Peuple de Dieu: vision de salut universel, de cette Unité vers laquelle nous tendons et que Dieu, selon le prophète, réalisera dans un jour à venir:
Et c'est dans l'après des jours:
la montagne de la maison de YAWH est ferme en tête des monts,
plus élevée que les collines.
Toutes les nations affluent vers elle.
Des peuples nombreux vont et disent:
« Allez et montons vers la montagne de YHWH... Oui, de Tsione sort la torab,
la parole de THWH, de Yeroushalatm.»
(Is. 2,2-3)
1. Le passage cité est emprunté aux fiches d'étude de PA.T. publiées par le Service Biblique « Evangile et Vie », 6 Av. Vavin 75006 Paris.
2. A. Chouraqui: Les Psaumes, coll. Sinaï, P.U.F. Paris 1956 ou: Le Cantique des Cantiques suivi des Psaumes, P.U.F. Paris 1970.